jeudi 26 février 2015

Syrtis Major, ou ce genre de postmachin dont seul Paris a le secret.


Je n'aurais sûrement jamais entendu parler de ce projet sans que Vincent (chant, guitare) vienne me le présenter. Un dude que je connais depuis que j'ai vu l'un de ses groupes en live, j'ai nommé Hier. À savoir qu'il excelle aussi dans la photographie de trucs complètement random dont le sens est à potasser pendant un quart d'heure. Ce projet, c'est Syrtis Major. Ça vient de banlieue parisienne, et comme je l'indique dans le titre, c'est l'un de ces groupes parigots qui font du post-rock pas comme les autres, qui savent y caler de l'originalité, qui a cette dose d'intimisme à fleur de peau que j'aime tant, comme avec Bien À Toi. Le groupe a mis en ligne le mois dernier un premier disque éponyme. Et ce disque, c'est l'art de faire chavirer l'âme avec douceur.

Il faut prendre le temps de se laisser emporter par ce tumulte aussi tendre que troublant. Parce que sur 4 chansons, il y en a une, "statue", qui dure pas moins de 28 minutes. Ça m'a fait extrêmement peur au début, parce que c'est seulement avec du cascadian black metal ou avec Jesu que je tolère de telles durées, autrement tu as 90% de chances de te faire excessivement chier. Mais ici, la magie à opéré : c'est un voyage dans la nature, entre diverses couleurs, une invitation à une ballade dans une forêt ensoleillée par un soleil d'automne, celle d'une douce chaleur, comme celle qui te réconfortera (ou te bouleversera) tout le long de ce disque, qui pourtant se veut assez sombre lyricalement. Tu seras emporté par l'harmonie de ces voix pleines de mélancolies et de délicatesse, tant par celle de Sonia que celle de Vincent (qui n'arrêtera jamais de me percer le palpitant), soutenues par des petites notes de guitares introspectives inspirant la quiétude, et des riffs qui ne font que monter crescendo, pour atteindre doucement leur point culminant, devenant toujours plus musclés, mais jamais violents, ça reste toujours apaisant, obsédant.

Les trois autres compositions se veulent toutes aussi belles, dans ces contrastes entre une certaine tristesse, et la sérénité. L'une d'entre elles, "明日", est chantée en japonais. Il me semble que Vincent aime pas mal le folklore musical alternatif nippon, du coup ce choix ne m'étonne pas. Le morceau le plus court de l'album, qui est suivi par "aeon", nous lançant sur 13 minutes d'une nouvelle soundscape introspective sonnant comme une brise d'été qui virerait de temps à autres à la bourrasque.

Je parlais de l'aspect sombre des paroles tout à l'heure. ça se vérifie tout simplement lorsque l'on lit le texte de "aeon" : "Day, soothe and empty, cold and clear. Light feeds anger. Soon Void will come and swallow me. Dog ate dog when Nephilim was born. Full moon is reflecting Earth's wounds. Soon Void will come and save me, save me...". Il y a aussi quelques références à l'astronomie (et ce jusqu'au nom du groupe, je vous laisse chercher la raison), à la religion, qui donne ce côté mystérieux et encore plus personnel à l'ensemble. Mais cette obscurité, voire ce fatalisme, est contrastée par cette instrumentation "ciel de traîne", ce qui donne au final une alchimie qui fonctionne au poil. Oui, les mêmes qui s'hérissent sur ton crâne et tes bras. Te cache pas, je te vois !

Ce premier album, c'est un de ces disques ou aucun titre ne peut se dissocier, ou tout doit s'écouter d'un bloc, ou chaque pièce est le chapitre d'un conte. Ça tombera sûrement dans l'oubli de la galaxie infinie de la musique, mais je suis heureux d'avoir pu découvrir ceci et de faire partie de ce microcosme qui fera vivre l'opus, tant ce disque fait du bien. Ouais, ça détend. Certes, il demande de l'effort, mais pas par sa complexité car c'est quelque chose de très pur. Mais plutôt parce qu'il ne faut pas avoir peur de donner du temps à quelque chose d'autre qu'à la médiocrité dans laquelle tu survis chaque jour. Ceci est un câlin, ceci est le meilleur de tout tes cafés, même si en lisant les paroles, il semblerait que ce soit le réconfort par le désarroi. Mais c'est ça qu'on aime, pas vrai ? (hashtag homme fragile)

"Dust inside my lungs 
I am breathing sand, it hurts"

Bisous.

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