jeudi 6 octobre 2016

MUSIC OVERLOAD / EMOTIONS OVERFLOW #2



RESPIRE - S/T



Vous pensez que le post-black metal tournait en rond ces derniers temps ? Vous êtes du même avis pour le screamo ? Je pense que ce disque vous fera du bien. Respire propose avec son self-titled un mélange intense, compact, et intelligemment dosé entre ces deux univers musicaux, et a également décidé de voir plus loin que ça en intégrant à leur musique de régulières notes… De trompette. Oui oui, c'est (enfin ?) possible. J'ai eu extrêmement peur du résultat avant de me décider à écouter ce disque, intéressant sur le papier mais pas évident à concrétiser sans que cela sonne comme trop aléatoire ou brouillon, où qu'on se dise « OK, c'est du American Football gueulé et blasté quoi ». Et puis le charme a opéré au bout de quelques écoutes. Concrètement, imaginez-vous le dernier album de Foxing, Dealer, qui aurait été librement influencé par le screamo, et vous obtiendrez le résultat surprenant de ce S/T réussi, étonnant et prenant. Ces trompettes sont ce petit plus qui décuple la force d'impact de ces pièces aussi touchantes que virulentes. À ne surtout pas manquer si vous aimez les petits défis musicaux.

You think the post-black metal is spinning in circles lately? You have the same opinion for the screamo? I think you'll love this record. Respire offers with its self-titled an intense mix, compact and smartly dosed between these two musical worlds, and they also decided to see even beyond that, by integrating... Notes from trumpet. Yep, it's (finally?) possible. I was extremely afraid of the outcome before I decided to listen to this record, interesting on paper but not easy to achieve without this sounds like too random, or something that should make us say "OK, it's American Football with yellings and blast beats". And the charm has operated after a few listens. Imagine the last album of Foxing, Dealer, that would be freely influenced by screamo, and you will get the surprising result of this successfully, surprising and addictive LP. These trumpets are that little extra that multiplies the impact force of these parts as touching as virulent. An album you shouldn't miss if you like small musical challenges.

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4 WAY SPLIT - 5000, RÛTH, ILILL, ISTILAH


On le sait depuis longtemps, le Japon est une terre promise en termes de screamo, mais la plupart de ses groupes se font très discrets (ou souffrent des internets locaux pas si perfectionnés qu'on peut le penser en Occident). Ce split, qui ne casse pas la tradition (communication assez inexistante en dehors du post d'Idioteq.com, et groupes au top), c'est un peu un résumé du contenu de la scène screamo nippone : du plus violent au plus mélodique, des atmosphères délicates au chaos dissonant. 5000 ouvre le bal avec son emoviolence sans compromis, mais toujours hautement mélodique et mélancolique, quoique « Melody Good Speed » se veut chaotique, un peu à la Louise Cyphre. Rûth suit avec un ton plus moody en rappelant les cascades de riffs / rythmes des premiers Envy, la chaleur et la fragilité de Suis La Lune, le tout avec un chant pas mal influencé par la scène française, Daïtro en premier. Ilill nous propose un univers plus axé post-hardcore roots, tout en rage contenue, une tension palpable mais savamment distillée sur la longueur, la douceur, la mélodie, un ensemble qui atteint son paroxysme avec « ai ». Et Istilah conclut ce disque avec deux titres d'un screamo somme toute classique, mais efficace, qui rappellera Raein, entre autres, dans cet élan de mélodies furieuses et saturées. Sur ce split, il y en a pour tout les goûts, pour toutes les nuances de colère et de tristesse. Un beau témoignage de l'underground nippon, qui prouve encore une fois que beaucoup de choses ont l'air d'aller de travers, dans ces contrées qu'on idéalise par sa pop culture.

We know since a long time that Japan is a promised land in terms of screamo, but most of these bands are very discreet (or suffer from the local internets not so sophisticated as it sounds in Europe). This split, which doesn't break the tradition (pretty nonexistent communication outside the post of Idioteq.com, and bands at the top), it's a little summary of what is the Japanese screamo scene in 2016: the more violent to the more melodic  delicate atmospheres and dissonant chaos. 5000 opens the ball with his uncompromising emoviolence, but always highly melodic and melancholy, though "Melody Good Speed" is more chaotic, a bit like Louise Cyphre. Rûth follows with a moody tone recalling the waterfalls riffs / rhythms of the first Envy, heat and fragility of Suis La Lune, all with a song quite influenced by the French scene, Daïtro at first. Ilill offers us a sound more focused on post-hardcore roots, with a contained rage, but a palpable tension expertly distilled lengthwise, sweetness, melody, that reach the climax with "ai". And Istilah concludes the disc with two screamo songs altogether traditional, but effective, that will remind Raein, among others, in this burst of furious and saturated melodies. On this split, there's something for everyone, for all shades of anger and sadness. A fine example of Japanese underground, which proves once again that many things appear to go wrong, in this that we idealize through its pop culture.

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CAPELIGHT - S/T


Ces garçons auraient pu figurer sans problème sur la compile dont je vous parlais juste avant. Capelight est un génial groupe de screamo qui propose une musique assez éprouvante à jouer et écouter. Beaucoup de mélodies, mais très peu de respirations. Un ensemble brut (ça s'entend notamment dans la production à l'arrache), sonnant un peu "euro screamo" comme disent les américains du skramz. C'est très prometteur, et on prend un plaisir fou à écouter ces 3 titres. Il me tarde de découvrir les prochaines releases des japonais. Définitivement la terre promise du screamo.

These boys could have been included without any problem on the compilation I mentioned just before. Capelight is a great screamo band that offers a pretty challenging music to play and listen. Many melodies, but few breaths. The whole thing sounds pretty raw, and a bit like "euro screamo" as american skramz people say. It's very promising, and we take great pleasure to listen to these three songs. I look forward to discovering the next releases of this band. Japan is definitely the promised land of screamo. But not only...

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NARCIA - S/T



Eh oui, encore et toujours le Japon, mais cette fois-ci pour parler d'une découverte inattendue d'une nuit d'automne. Le copain Albert de chez Form Und Leere a partagé cet EP sur un groupe Facebook anglais, et d'autres copains ont dans la foulée partagé ceci avec plein d'enthousiaste : voici Narcia, un groupe japonais complété par Noah Sebek, un américain, qui d'après la description de la page bandcamp des garçons, a débarqué au Japon pour rencontré Shun, qui jouait dans l'excellent groupe de math-rock / post rock Origami JP (leur titre "Japan" est incroyable), et dont Noah était fan. Ce dernier est retourné aux USA pour ses études, mais le groupe a tout de même tenu à mettre en ligne les 5 titres composés durant leurs trois mois d'existence... Heureusement, à priori, aucun split en vue :) ! Tout le long de cet EP, enregistré en total DIY dans une chambre, on navigue entre douceur, chaleur, et quelques soubresauts inspirés du math-rock, voire du screamo. Un petit zeste d'American Football par ici, de Totorro par là, avec un soupçon de Empire Empire (I Was A Lonely Estate), le tout réuni sur la géniale "Path", un final acoustique nommé "Lighthouse" qui conclut l'album sur une note encore plus tendre... C'est tout doux, super sincère, et je suis déjà fan. Merci à eux et merci Albert !

Yes, again and again Japan, but this time to talk about an unexpected discovery of an autumn night. Albert from Form und Leere shared this EP on an english facebook group about screamo, and other friends have also shared this the same night: Here's Narcia, a Japanese band completed by Noah Sebek, an American, which according to the description of the bandcamp page of the boys, landed in Japan to meet Shun, who played in the excellent math-rock / post rock band Origami JP (their song "Japan" is 100% wonderful), and that Noah like very much. He returned to the US for his studies... Fortunately, a priori, there's no split :) ! And they decided to upload the 5 songs they have composed during their three-months existence. Throughout this EP, with a 100% DIY recording in a room, we navigate between sweetness, heat, and some math-rock or screamo ideas. A little touch of American Football here, a Totorro thing there, with a hint of Empire Empire (I Was A Lonely Estate), all gathered on the great song "Path", an acoustic final named "Lighthouse" which concludes the album on an even more tender note... Wow, it's sweet, greatly sincere, and I'm already a fan. Thank you to them and thank you Albert!

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ABRE LOS OJOS - DEMO


Il semble se passer pas mal de choses cette année dans la scène française, et ça c'est cool. Abre Los Ojos (en français « ouvrez les yeux ») nous vient de Bourg-en-Bresse, et compte dans ses rangs Denis, batteur de Tobaïas, et Nicolas au chant, l'homme derrière le label Suck & Cut. Et le truc, c'est qu'on a pas seulement affaire à du screamo… Déjà, si l'on se fie à la biographie du groupe sur leur page Facebook, les influences vont de Birds In Row à Orchid, en passant par Ekkaia et… Gojira. J'aime l'idée, mais j'étais bien curieux de savoir comment du metal très travaillé et technique pouvait se mélanger à du skramz ma foi fort spontané et brut de décoffrage. J'arrive pas trop à saisir où cette influence précise peut se situer dans leur univers, j'y entends surtout des soubresauts crust punk, des petites cassures hardcore presque baston, parmi une dominante french screamo… Un bon petit essai qui ne plaira tout de même pas à la plèbe du metal français, mais qui montre une envie de se démarquer, nourri par une énergie et une envie chacun tenaces, des propos à l'image du ton général : court mais concis, taillé à la serpe, au vitriol, virulent et forcément triste. Bravo messieurs, au plaisir d'en entendre plus ! "Jeunesse sans vie, jeunesse meurtrie, perdu d'avance, depuis l'enfance. Jeunesse sous-vide, jeunesse avide, vivant d'abstrait. Nous brisons l'ennui, tiré dans l'abysse. Au coin d'une nuit, vomissant nos vices. Salis, meurtris. Et cette couche de crasse, devient plus épaisse. Salis, meurtris."

It seems to happen quite a lot this year in the French scene, and that's cool. Abre Los Ojos ("open your eyes") comes from Bourg-en-Bresse, and has in its ranks Denis, drummer of Tobaïas and Nicolas at singing, the man behind the small label Suck & Cut. And the thing is, with them, we're not only dealing with screamo... If we rely on the band's biography on their Facebook page, their influences range from Birds In Row and Orchid, to Ekkaia... and Gojira. I like the idea, but I was curious about how a very technical metal stuff could be mixed with very spontaneous and raw skramz. I'm unable to grasp where this precise influence can be in their sound, I mostly hear crust punk, small hardcore jolts, with a french screamo touch... A good demo that the pleb of french metal scene will not like, but it shows a desire to stand out, fed by an energy and a desire each tenacious, like the general tone: short but concise, rough-hewn, vitriolic, virulent and necessarily sad. Congratulations gentlemen, looking forward to hear more! "Jeunesse sans vie, jeunesse meurtrie, perdu d'avance, depuis l'enfance. Jeunesse sous-vide, jeunesse avide, vivant d'abstrait. Nous brisons l'ennui, tiré dans l'abysse. Au coin d'une nuit, vomissant nos vices. Salis, meurtris. Et cette couche de crasse, devient plus épaisse. Salis, meurtris."

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SCARED OF EVERYTHING - 2016


Oh mon dieu, quel bon souvenir du Miss The Stars Fest II. Ces garçons m'ont mis une grosse claque : Scared Of Everything, le skramz tel qu'il se vivait il y a 10-15 ans dans les caves américaines, sur une lame de rasoir, hurlé à l'unisson, les corps se mouvant jusqu'à l'épuisement moral plus que physique. Sur leur nouvel EP sobrement intitulé 2016, j'ai retrouvé l'énergie et la rage de vivre, de vaincre, que j'ai retrouvé en les voyant jouer à Berlin. Un screamo cathartique certes, mais également combatif et moshable avec ses petits plans hardcore un peu plus bagarre. C'est court mais concis, on sait où on va : droit dans le mur, pour mieux l'exploser. Peu importe si l'anxiété nous bouffe, on peut la croquer sur le chemin. C'est le message de ce disque. Faisons de cette vie un festin.

Oh my God, what a good memory of Miss The Stars Fest II. These boys just gave me a big slap: Scared Of Everything, the skramz as it was lived 10-15 years ago in american cellars, on a razor blade, yelled in unison, bodies moving until moral and physical exhaustion. On their new EP simply titled 2016, I found the same energy and the will to live and to overcome, that I found by seeing them play in Berlin. A cathartic screamo, but also combative and moshable with those small hardcore shots. It's short but concise, and we know where we are going: straight into the wall, to destroy it better. Regardless if anxiety ate us, we can also ate her on the way. This is the message of this record. Let this life, this fight, be a fucking party.

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SORDIDE - La France a peur


Mesdames et messieurs, voici le disque qui résume le mieux la France en 2016. Par ailleurs, il est sorti avant les vagues d'attentats de 2014 à 2016 qui ont secoué le pays et qui l'on rendu encore plus stupide, et pourtant il transpire autant que les fous du porc label Le Pen à la vue d'une personne à la peau colorée. Ce groupe porte très bien son nom : le premier album de Sordide est sale, anxieux, grinçant, boueux, violent, extrême. Tout ce qu'évoque le simple fait d'évoquer de notre pays. Rappelez-vous de ce morceau d'Amanda Woodward qui disait que le bonheur en rance, c'est les feux d'artifices, eh bien cet album en est un rappel essentiel. Sauf qu'ici, le feu n'est pas artificiel, et consiste à s'alimenter de la haine contre les drapeaux, vos peurs, vos joies, vos idéaux crasseux. Hey toi, le kid qui ne jure que par Peste Noire ou Sale Freux, décroche tes symboles nazionalistes, arrête d'écouter ces groupes, oublie ce pseudo-élitisme géo-politico-musical, et écoute le vrai BM rural et désabusé, celui qui conchie l'ordre et l'uniforme. Surtout que bonus élitisme musical (car ceci est malheureusement une vertu essentielle pour plaire dans le milieu metal noir français), on entend dans ce disque des influences clairement issu du milieu punk, voire post-metal, le tout savamment distillé dans cet ensemble étouffant. Soit encore plus de spontanéité, de nihilisme et de vitriol dans la gueule, chouette non ? Et au-delà de ce catharsis, un texte effrayant de vérité et d'actualité, sur le titre éponyme « La France À Peur » : « Un doux enfant au regard profond, assassiné, étranglé ou étouffé par le monstre. La France a peur, chaque mère, chaque père, a la gorge nouée quand il pense à cet assassin qui a fait croire jusqu'au bout que l'enfant était vivant. Un jeune homme sans passion qui ne peut pas être autre chose qu'une sorte de malade mental. La France a peur, et nous avons peur, et c'est un sentiment qu'il faut déjà combattre, parce qu'il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe. »  Vous voyez, on peut être lucide, cru, acerbe et violent sans pour autant être raciste et avide de bon sens. Baise les fils de rance, nique les fachos, au bûcher ton drapeau.

Ladies and gentlemen, here's the record that sums up at best France in 2016. It also came out before the attacks of 2014 to 2016 that shook our country and made him even more stupid than before, yet he perspire as much as fanatics of french far-right politics at the sight of a person with colored skin. This group bears its name well: the first album of Sordide is dirty, anxious, squeaky, muddy, violent, extreme. Everything that evokes the mere mention of our country. Remember that song of Amanda Woodward who said that happiness in France is fireworks. Well, this album is an essential reminder of this. Except here, the fire is not artificial, and consists in feeding the hatred against the flags, your fears, your joys, your filthy ideals. Hey you, the kid who swears by Peste Noire or Sale Freux, take the fuck off your nationalists symbols, stop listening to these bands, forget this geo-politico-musical pseudo-elitism, and please listen to the true rural and disillusioned BM, who shits on order and the uniform. Musical elitism bonus (because this is unfortunately an essential virtue to please the French black metal audience), we can hear on this record clear influences of punk, post-metal, and even noise, all expertly distilled in this stuffy set. Even more spontaneity, nihilism and vitriol in your face, nice isn't it? And beyond this catharsis, a frightening text because of his truth and the actuality in parallel, the title track "La France A Peur" : « Un doux enfant au regard profond, assassiné, étranglé ou étouffé par le monstre. La France a peur, chaque mère, chaque père, a la gorge nouée quand il pense à cet assassin qui a fait croire jusqu'au bout que l'enfant était vivant. Un jeune homme sans passion qui ne peut pas être autre chose qu'une sorte de malade mental. La France a peur, et nous avons peur, et c'est un sentiment qu'il faut déjà combattre, parce qu'il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe. »  You see, we can be lucid, raw, harsh and violent without being racist and empty of good sense. Fuck the sons of rancid, fuck fascists, fire at will to your flags.

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DEPARTURES - Death Touches Us, From The Moment We Begin To Love


Le hardcore mélodique anglais avait jusque là tendance à m'agacer un peu, je trouvais cette scène trop théâtralisée et dramatisante, je l'avoue. Mais il y a quelques groupes qui tiraient leur épingle du jeu (Grappler en haut du podium pour toute la vie), et Departures en fait partie, d'autant plus avec son nouvel album. Death Touches Us From, The Moment We Begin To Love est un superbe concentré de nostalgie, de mélancolie, soutenu par une musique constamment mélodique, qui ne nous agresse jamais, on est toujours sur un élan de quasi-douceur, alors qu'il s'agit pourtant toujours d'un hardcore puissant, à la composition impeccable et soignée, à la production carrée. Ce qui fait réellement la différence, c'est sûrement le fait que le groupe ait choisi de se débarrasser de tout le superflu qui restait accroché à leur univers sonore : exit les cassures violentes, les moshs parts, il ne reste plus que le strict nécessaire pour les feels, hocher la tête, regarder l'horizon de l'océan (testé et approuvé), et réfléchir sur sa vie. Un très bel album, poignant et sincère qui mérite toute votre attention.

The English melodic hardcore scene had hitherto tended to annoy me a bit, I found this scene too theatrical and oh-so-dramatic, I admit. But there are some bands that managed to stand out of the scene (Grappler at first place forever), and Departures are a part of it, especially with his new album. Death Touches Us, From The Moment We Begin To Love is a beautiful concentrate of nostalgia, melancholy, supported by a constantly melodic music, never violent. This is just some desperate love songs and confessions about anxiety and time, then it's still a powerful hardcore record, with an impeccable and careful composition and production. What really makes the difference is surely that the band chose to get rid of everything superfluous that stayed clinging to their sound universe: farewell to the violent breaks, the moshs parts, it remains only the bare necessities for the feels, to nod, to look at the horizon of the ocean (tested and approved), and to reflect on his life. A beautiful, poignant and sincere album that deserves your attention.

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FOX WOUND - In Passing, You Too Faded


Sur les pages Facebook dédiées au partage de musique emo/screamo, on fait souvent face au meilleur comme au pire. En ce qui concerne ce groupe, c'est clairement le tout meilleur qui m'est tombé dessus. Une magnifique surprise comme je n'en attendais plus dans le registre emo/indie. J'ai ainsi le plaisir et la chance de pouvoir vous faire découvrir Fox Wound. Originaire d'Atlanta, Georgie, les garçons viennent de sortir In Passing, You Too Faded, un superbe condensé de fragilité, de sincérité, et d'expérimentations musicales. L'emo/indie simple et dépouillé y côtoie les vrombissements éthérés et hypnotiques de This Will Destroy You et quelques effluves shoegaze. Ça me rappelle un peu ce qu'a fait Knola sur To The Rhythm, le feeling post-rock en plus. Après avoir voyagé avec ces titres tout en contrastes sonores, en émotions fortes et en moustaches travaillées, ce disque se termine sur un titre encore plus surprenant à la première écoute que l'ensemble du disque lui-même, mais grandiose ensuite : «  Colour Me Gray », qui exprime une balance émotionnelle fréquente dans nos esprits, le fait de se sentir plus ou moins bien en soi, de voir les couleurs autour de soi perdre de leur intensité, mais au final essayer de ne jamais se laisser broyer du noir. « I believe in myself, and I'm comfortable for once », pouvons-nous aussi entendre sur ce final épique complètement plagié sur Deafheaven. Un disque rafraîchissant, unique, et pour moi l'une des meilleures découvertes de 2016 à n'en point douter. Ces quelques mots ne suffisent vraiment pas à décrire ce superbe disque.

On Facebook pages dedicated to the sharing of emo / screamo music, we have to often face to the best and the worst. Regarding this band, this is clearly one of the very best of all that fell under my radar this year. A wonderful surprise I didn't expected anymore in the emo / indie register... I have the pleasure and the opportunity to introduce you Fox Wound, a band from Atlanta, Georgia. The boys just released In Passing, You Too Faded, a superb compendium of fragility, sincerity, and musical experiments. The simple and stripped emo / indie meets ethereal and hypnotic roars of This Will Destroy You, and some shoegaze scents. It reminds me a little of what Knola did with To The Rhythm, with a more post-rockish feeling. After traveling with these tracks filled with sound contrasts, strong emotions and worked mustaches, this disc ends with an even more surprising song at first listen that the entire LP itself, but then grandiose : "Colour Me Gray", which expresses a common emotional balance in our minds, the fact of feeling more or less good by itself, to see the colors around you lose their intensity, but ultimately try to never leave us mope. "I believe in myself, and I'm comfortable for once", we also hear on this epic outro, completely plagiarized on Deafheaven. A refreshing, unique album, and for me one of the best discoveries of 2016, undoubtely. Really, hese words are really inadequate to describe how wonderful In Passing, You Too Faded is...

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MON AUTRE GROUPE - Décadence


À tou.te.s celles et ceux qui se moquent des gens qui écoutent encore Guerilla Poubelle en 2016, je vous le dit et je le répéterais : vous êtes dans le déni. Mais je ne veux pas vous forcer à aimer le punk-rock existentialiste, alors voici pour vous le nouveau 7'' du side-project hardcore/fastcore de Till, notamment accompagné de fanny.dx au chant et de Priscillien, ici bassiste, mais sinon batteur dans d'innombrables groupes : Traverse, Bien À Toi, Guerilla Poubelle... : Mon Autre Groupe. OK, ces messieurs dames ne se sont pas foulés sur le nom du groupe, mais on s'en fout, le contenu défonce depuis le début. Avec Décadence, on a toujours affaire à un trio qui veut en découdre avec les stigmats, avec la société en général, le masculinisme… Des propos d'actualité toujours servi par un hardcore virulent, violent, sans compromis. Pas l'temps d'niaiser, c'est un peu ça. Si vous aimez les groupes de la trempe à Punch, je pense que cela peut vous plaire. « TOUT VA BIEN, LE PIRE RESTE A VENIR ».

At all those who make fun of people who still listen to Guerilla Poubelle in 2016, I'll say it to you and I'll reiterate every damn time: you are in denial. But I will not force you to love existentialist punk rock, so here's to you the new 7'' of the hardcore / fastcore side-project of Till, with fanny.dx on vocals and Priscillien at bass : Mon Autre Groupe. OK, these ladies and gentlemen have not trodden on their band name, but who cares, the content smashes from the beginning of the band. With Décadence, we still dealing with a trio who wants to fight the stigmats, with society in general, masculinism... Words that still necessary to scream as loud as possible (and Fanny is doing it super well), served by a virulent, violent, uncompromising hardcore. No time to fool around. If you like the groups that sounds like Punch, I truly think it may please you. "TOUT VA BIEN, LE PIRE RESTE A VENIR."

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COLD HEART DAYS - Demo 2015



Je vais être franc avec vous : au début, j'avais du mal avec ce groupe, je m'ennuyais un peu, je crois que j'étais vraiment pas dans le mood à écouter du punk « simple » (comprendre sans blast beats et effets de guitare qui pleuvent de partout). Mais au fil des ré-écoutes, en lisant les paroles, en étant un peu mieux saisi de l'atmosphère, du contexte des morceaux, je les ai découvert sous un autre jour, et me voilà conquis par cette démo. Cold Heart Days, c'est la nouvelle saveur emo punk caennaise (enfin, nouvelle, pas tant que ça au final, ça date de l'an dernier...), influencée par Hot Water Music ou les Get Up Kids, composée par des ex-Amanda Woodward et Situations. Nous voilà ainsi face à un contraste intéressant entre textes intimistes et coeur-brisé, revenant également sur des thèmes universels (le temps, le deuil, la crame…), et brûlots contre l'autorité, nos sociétés merdiques. Richesse des propos, sing-along et pavés en l'air, bah c'est très plaisant tout ça voyez-vous les petit.e.s potes. Un GROS regret de les avoir loupé lors de leur dernier passage à Paris (à l'heure où j'écris ces lignes) avec Traverse, en espérant corriger le tir rapidement. Et procurez-vous leur cassette, l'objet en lui-même est magnifique.


I'll be honest with you: at first, I had trouble with this band, I was a bit bored, I think I really wasn't in the mood to listen to this "simple" kind of punk (like without blast beats and guitar effects raining everywhere). But with re-plays going on, reading the lyrics, and being a little better grasped by the atmosphere, the context of the songs, I discovered them in a different light, and then I was captivated by this demo. Cold Heart Days is the new flavor of Caen, France emo punk scene (well, new, not that much : it was released last year already...), influenced by Hot Water Music or the Get Up Kids, composed by former members of Amanda Woodward and Situations. We are thus facing an interesting contrast between intimate texts and broken-heart songs, also returning to universal themes (time, grief, being drunk...) and fire-at-will stuff against authority, and our crappy societies. Richness of the purpose, sing-along and pavers thrown at the air, well this is very pleasant. I have a BIG regret for having missed them during their last gig to Paris (at the time I write this review) with Traverse, hoping to correct it quickly. And yo, buy their cassette, the item itself is beautiful.

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MODERN COLOR - CHROMESTESIA



L'intention de ce disque est un peu curieuse, à la fois géniale, pertinente et prétentieuse : « tiens, si on jouait à peu près tout ce qui marche dans la scène hardcore aujourd'hui, et ce sur le même disque ? », c'est à peu près ce que l'on peut déduire en écoutant Chromestesia, le premier album des américains de Modern Color qui, dès la première écoute, a attiré toute mon attention et a aiguisé tout mes sens. Concrètement, imaginez-vous un mash-up entre Counterparts, State Faults, Turnstile et Nothing, et vous obtiendrez ce disque qui a tout le potentiel pour être un bijou, mais qui quelquefois s’essouffle un peu dans sa course folle à l'énergie, au fun et à l'exutoire, et qui sonne un peu trop fourre-tout par moments. Mais il n'en reste pas moins top à savourer pour ces instants où tu ne sais plus si tu veux être old-school ou hardcore kid d'aujourd'hui

The intention of this record is a bit curious, but great, relevant and pretentious at the same time, like "yo guys, what if we play almost all things that people like to hear in the hardcore scene today, and on the same damn record?" This is what we can deduce by listening to Chromestesia, the debut album of the californian band Modern Color that attracted my attention from the first listen and instantly sharpened all my senses. Specifically, imagine a mash-up between Counterparts, State Faults, Turnstile and Nothing, and you get this record that has the potential to be a gem, but which sometimes runs out of breath in his mad race for energy, fun and catharsis, and sounds a bit too tote. But it still great to savor for those moments when you don't know if you want to be an old-school hardcore kid or a modern one and you're like "fuck it, let's daaaance !".

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FIRE AT WILL - Life Goes On



J'aurais mis un temps fou à parler de ce disque, et c'est dommage, tant Jojo Krod Records a bien cerné mes goûts en me proposant d'écouter ce disque. Car sous ses airs de melodic hardcore somme toute déjà connu et derrière cette cover qui ne m'inspirait pas grand chose pour être honnête (je ne suis pas aussi geek que certain.e.s punxs le sont souvent en (f)rance...), mais dans la continuité des précédents artworks, on prend plaisir à se laisser emporter par ce disque qui semble se situer quelque part entre Comeback Kid, Lifetime et un disque d'emo 90's à la Saves The Day. C'est aussi percutant et bagarreur que sensible, on se prend de belles montées d'adrénalines dans la tronche, tout autant que des instants de sing-along. Personnellement, la première fois que j'ai écouté ce disque, c'était au petit déj', et j'ai eu envie de retourner ma cuisine puis de la ranger avec amour. C'est ça, Life Goes On : c'est la rage intérieure qui explose, mais pour ne jamais distiller aucune négativité, un peu comme Have Heart. Là ou dans une vibe similaire, Hightower propose des instants gymnastique, Fire At Will propose surtout de s'égosiller à en perdre la voix, une main sur le coeur et le café dans l'autre (bon, on évitera le mug plein en concert par contre). Si tu aimes ton hardcore chaleureux mais pas mièvre, ce disque devrait te plaire.

I've put a crazy time to talk about this album, and it's a shame, because Jojo Krod Records has understand my tastes super well by offering me the opportunity to listen to this record. Because under its well-known melodic hardcore aspects and behind the artwork that doesn't inspire me that much to be honest (I'm not as geeky as some punxs are in France...) but in coherence with previous artworks, we take a real pleasure to get carried away with this record that seems to be somewhere between Comeback Kid, Lifetime and 90's emo records à-la-Saves the Day. It's also powerful and sensitive than brawler, we take beautiful climbs of adrenaline in the face, as well as moments of sing-along. Personally, the first time I listened to this record, it was for breakfast, and I wanted to destroy my kitchen, and then clean it with love. That's the spirit of Life Goes On: the inner rage that explodes, but never to distill any negativity, much like Have Heart. On a similar vibe, their french colleagues of Hightower offers gymnastics moments, but Fire At Will especially proposes to scream until we burn our lungs, one hand on the heart, and the other on the coffee mug (OK, just avoid to have this mug during a gig). If you love your hardcore warm but not cutesy, this record should please you.