samedi 14 octobre 2023

Le dictionnaire de l'emo : 2011-2023.


Ça fait super longtemps que j’ai rien posté par ici. Y’a encore des gens qui se souviennent de ce blog en 2023 et qui me demandent entre deux concerts : « tiens, ça devient quoi le dictionnaire de l’emo ?». C’est vrai que je n’avais pas partagé ailleurs que sur Instagram ma décision de mettre le blog en pause. Mais ça me touche qu’il ne tombe pas dans l’oubli de toute façon… Bref.

Si vous ne suivez pas mon compte Instagram, un petit récapitulatif : malgré mon projet de lancer un format podcast pour le blog que j’ai expérimenté récemment, qui a plu à certain•e•s d’entre vous, j’ai donc décidé de faire une pause à durée indéterminée pour l’ensemble du blog. Il faut savoir que le fait même de m’enregistrer, et qui plus est dans un lieu non-insonorisé où les voisins peuvent m’entendre, m’angoisse terriblement. Mais j’ai tout de même aimé sortir le seul épisode réalisé à ce jour, que j'ai depuis supprimé. C’est juste que pour continuer, entre autres le besoin de faire de l’espace dans ma tête dont je vous parlerais en-dessous, j’ai besoin d’une pièce à part, où je peux m’isoler, où personne d’autre que moi m’entendra bafouiller avant de faire un enregistrement parfait. Et je ne l’ai pas actuellement.

Autre raison : je suis au chômage et j’ai un projet de déménagement. Depuis début 2023, j’essaie tant bien que mal de trouver du travail sur Rennes dans le but d’y déménager. Mais c’est archi compliqué, car je cherche quelque chose qui soit un minimum éthique et bienveillant, et surtout quand tu cherches en temps partiel. En parallèle, on cherche des logements, mais qui voudra bien faire confiance à une personne au chômage (moi) et à une personne en situation de handicap (ma compagne)… Une situation complètement absurde où on a les moyens de postuler pour un appart plus grand que celui qu’on occupe actuellement en région parisienne, mais sans CDI c’est 99 % d’échecs peu importe ton niveau de revenus.

En plus de ça, on doit gérer une situation terrible dans la famille de ma compagne que je ne détaillerais pas ici mais qui lui vaut un travail administratif et émotionnel gigantesque (allez, un indice : crime et prison), alors qu’elle doit déjà gérer son handicap et sa santé mentale très fragile, et qui empiète énormément sur notre projet de déménagement. C’est globalement un enfer, même si à l’heure où j’écris ces lignes la situation est moins chaotique qu’elle ne l’était encore le mois dernier.

Et enfin, disons les choses clairement : j’ai un traumatisme quand à ce que j’ai vécu depuis mi-2021 dans la scène punk/hardcore française dans son ensemble, suite aux révélations de Mediapart concernant Guerilla Poubelle et son monde. Et plus particulièrement me concernant, les frasques d’un certain groupe français de post-hardcore qui leur est très proche, à base de cyberharcèlement et de menaces. Je n’arrive plus à faire confiance à personne et je ne me reconnais plus dans ce milieu. Je vérifie maladivement si il n’y a pas de nouvelles publications à mon encontre, en sachant qu’à la suite de ce harcèlement, ma vie privée et celle de ma compagne sont allées jusqu’à s’afficher chez des individu•e•s d’extrême-droite. Je vois désormais les agresseurs revenir voir des concerts comme si de rien n’était (même si il faut être réaliste: on ne peut pas les interdire d’avoir une vie sociale et de voir des concerts, ça n’aurait aucun sens), des gens qui soutenaient le cyberharcèlement contre moi booker des concerts de punk/hardcore anarchiste et soutenir des assos féministes alors qu’iels m’ont viré de leur asso parce que j’étais trop politisé•e, je vois des assos parisiennes faire leur business avec un grand ami de mon principal harceleur… Et puis bonus : j’en ai eu ma claque des personnes qui vampirisent l’attention sur le sujet des violences sexistes et sexuelles et qui essaient de former une meute de soldats digitaux qui seraient disponibles à tout moment pour aller screener ceci, aller republier cela… À leur place, sur fond d’une pureté militante délirante et fatigante même si officiellement ces personnes dénoncent cette « pureté militante », qui a plus blessé les victimes de cette affaire qu’autre chose. Oui je dis les termes, je suis cancel, honte à moi. En vrai je le suis déjà car j’ai sauvé du lynchage twitteristique un pote qui soutient fermement et concrètement les victimes de VSS dans l’industrie dans laquelle il travaille, et qui était à deux doigts de se faire considérer comme un espion des cyberharceleurs par l’une des girlbosses de ce jeu malsain duquel j’ai décroché. C’est vous dire la taille du chaos.

À cause de cette situation, mon trouble panique que je subis depuis fin 2019 et que j’avais réussi à contrôler pendant 2 ans a repris de plus belle malgré mon traitement et mon travail sur moi-même. On va probablement me jouer les violons du type « ouais mais le mec que t’accuses de viol il a fait une dépression », wow quel dommage, qu’en est-il de sa victime et des victimes de ses potes ? Bref. Ca fait plus de 2 ans que le papier de Mediapart à ce propos est sorti, et j’en parle encore aujourd’hui. Ce bordel m’a traumatisé•e durablement, que ce soit les révélations en elle-même que les suites de tout ça. Quand je vais voir du hardcore en concert à Paris, je vois bien que je suis persona non grata même si je leur file mes thunes. Je vois bien les gens qui m’ignorent et qui me donnent un sourire de surface à l’accueil quand je vais à leurs concerts ou bien dans le public quand je croise certaines personnes. Je le vois et le ressens dans l’attitude, le body language. Alors oui, je pourrais boycotter, je pourrais rester terré•e chez moi. Mais il est hors de question de me priver et de laisser mes traumatismes l’emporter. Je veux continuer à voir mes groupes préférés, à en découvrir d’autres. Même si au fond de moi j’ai envie de prendre le micro entre deux sets et de dire à tout le monde tout ce que je ressens à propos de tout ça. Je me dis que mes thunes ont plus de chances de finir dans la poche des artistes que celle des assos. Constat cruel mais qui m’arrange bien.

Tout cet ensemble de choses font que j’ai besoin de tout mettre sur pause, et de repartir de zéro. Lorsque l’on aura réussi à trouver l’appartement qu’il nous faut, dans un environnement sain, je pourrais reprendre le blog, car j’y tiens. Pour l’instant, c’est juste trop compliqué.

Je reviendrais poster de nouvelles choses par ici quand la vie se sera stabilisée de mon côté. En attendant, je partage régulièrement des trucs en story, sur mon compte Instagram : des découvertes ou des classiques. Je n’arrête pas d’écouter de la musique, encore moins d’en découvrir.

Merci à toutes les personnes qui ont cru et qui croient encore en moi. Merci pour le temps que vous avez accordé à me lire/m’écouter jusque là. Merci aux personnes qui se souviennent encore de ce blog et s’en soucient. Ce n’est pas un adieu, loin de là. Mais cette page reprendra vie quand la mienne sera plus calme.

À une prochaine.

Guillaume.

vendredi 6 mai 2022

MUSIC OVERLOAD / EMOTIONS OVERFLOW #14



Coucou les emokids ! J'espère que vous allez du mieux que possible. Moi ça va plutôt pas mal malgré le fait que j'ai chopé la COVID récemment ! J'ai hâte de pouvoir vous proposer mon premier podcast, mais j'avoue que Cakewalk (le logiciel que je comptais utiliser pour l'enregistrement, le mix et les retouches audio) me fait assez peur, c'est galère à appréhender héhé ! Je suis entrain d'envisager des autres options, Audacity l'air vachement plus accessible à mon niveau. Je vais tester avec ce logiciel, on verra ce que ça va donner :).

Cet article pour faire cette première update (qui je pense s'est faite attendre par certain•e•s), mais aussi pour vous prévenir/vous rappeler que je ne serais présent•e que sur Instagram désormais, niveau réseaux sociaux. Ca ne sert strictement à rien pour un petit média comme le mien de rester sur Facebook où l'on ne peut atteindre absolument aucune audience sans payer, et je n'aime pas Twitter. Je vous invite donc à vous abonner à ma page Insta pour suivre les news du blog, et suivre mes écoutes quotidiennes :).

Enfin, je compte quand même poster une ou deux fois avant de proposer le premier épisode du podcast. L'article où je parle des connections emo et straight-edge que je prévois depuis des mois se fera très sûrement à l'oral (sans pour autant vous faire un épisode de 2 heures !), je ne l'ai pas oublié.

Sur ce, je vous laisse avec quelques coups de coeur musicaux de ces derniers temps !

PS : Oui, si comme moi vous suivez la F1, vous aurez peut-être remarqué que j'ai volontairement effacé un détail de la photo : pas de promo de la cigarette chez moi ;)

ANXIOUS - Little Green House :

Je l'attendais tellement celui-là ! Et il sonne vraiment comme ce que j'attendais de This Place You Know de One Step Closer avant qu'il ne sorte. Mais si ils partagent des membres et des influences, chaque entité s'est décidée à faire son truc : One Step Closer en évoluant clairement sur un hardcore mélodique à mi-chemin entre Have Heart et Turning Point, et Anxious en ne se contenant pas de devenir un Title Fight 2.0, mais de flirter volontiers avec The Movielife ou Jimmy Eat World, tout en gardant bien présent leur background hardcore et leur amour pour le meilleur groupe que Kingston n'ait jamais porté (mais ce n'est que mon point de vue). Un disque richissime en idées et mélodies diverses et variées, en petits moments de sing-along, qui je pense ne sera pas un énorme disque au point de les faire signer dans des plus gros labels, mais qui restera plutôt la hidden gem des hardcore kids. Et c'est plutôt cool comme ça :)



HANDSOME - S/T

Avec la trentaine qui approche à grand pas, on dirait que je suis le chemin classique des hardcore/emo kids passant dans un âge plus mature, au fur et à mesure que la vie s'endurcit (même si en soi, la trentaine est plutôt en passe de m'apporter de la sagesse et de la sérénité), en écoutant de plus en plus de disques grossièrement classés dans la catégorie "alternative rock", et joués par des membres de groupes de hardcore youth crew, de metalcore, d'emo etc... Et me voilà aujourd'hui à adorer un disque que j'ai détesté il y a quelques années : l'unique mais iconique album de Handsome. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de vous raconter un disque que beaucoup d'autres ont déjà décrit avec succès, mais pour vous donner mes 2 cents dessus : C'est une avalanche de riffs puissants et groovy, avec des mélodies archi-entêtantes. C'est un peu comme si Quicksand avait composé le disque parfait entre leurs débuts et les 2 albums de leur (formidable) comeback. Vraiment, si vous aimez tout les groupes shoegaze/grunge revival de la scène Run For Cover / New Morality Zine, foncez, c'est l'un des disques fondateurs de ce type de son.





PINEGROVE - 11:11

Oui je sais, Pinegrove sont censés être cancel, mais il me semble qu'amende honorable a été rendue, et que peu de personnes auraient choisi de prendre ses responsabilités et reconnaître ses torts dans l'histoire comme la personne ciblée l'a fait par respect pour son accusatrice, même si le communiqué de base était quelque peu cryptique. Bref : Pinegrove revient avec un fantastique album, qui à mes oreilles sonne très clairement comme une version alt-country de American Football. C'est pas aussi technique que le groupe culte d'emo/math rock, mais c'est le même mood j'ai l'impression. Je vous le recommande chaudement si vous souhaitez écouter un disque chaleureux et profondément sincère, et surtout si vous êtes OK avec le fait de les écouter (à nouveau).




AGE OF APOCALYPSE - Grim Wisdom

Alors là très clairement, cet album n'est pas là pour faire dans la dentelle, même si y'a de chouettes mélodies en fond. C'est un worship assumé mais pas trop pompeux non plus du son de Life Of Agony, Only Living Witness et consors de l'alt metal des 90's, avec un mix signé Taylor Young (Twitching Tongues et ex-Nails) qui met bien en avant les riffs pachydermiques et ravageurs des new-yorkais. Une musique bien calorique en somme, mais sans pour autant verser dans l'absurde. Y'a même un léger côté Alice In Chains, dans l'idée de faire un truc heavy et gloomy à la fois avec un je-ne-sais-quoi de scène Seattle des 90's ? Je suis absolument fan.




ANGRY SON - 4 songs

C'est le deuxième EP des japonais qui tiennent évidemment leur nom du fameux morceau d'Indian Summer, et qui plus est enregistré, mixé et masterisé par Yohei de Sans Visage, et on reste dans un registre chaotique et cathartique, un screamo que les connaisseurs•euses pourraient facilement qualifier d'emoviolence au vu de façon qu'à le groupe d'aligner les riffs et les rythmes de manière aussi rapide que saccadée tout en restant dans un élan mélodique, évoquant autant Orchid que Iwrotehaikusaboutcannibalisminyouryearbook ou encore leurs compères de Komusō.



I FEEL FINE : The Cold In Every Shelter

J'ai jamais écrit dessus alors que j'avais promis quelques mots à Antoine (batterie et wholesomeness) à ce sujet. Et voici donc un rappel d'écouter l'un de mes 10 disques préférés de 2021, ni plus ni moins. C'est un disque tellement bien écrit, tellement doux, tellement réconfortant et touchant. On est quelque part entre les sonorités de Crash Of Rhinos, Algernon Cadwallader, The World Is A Beautiful Place And I Am Longer Afraid To Die et Sport, mais chaque influence est subtilement distillée, on est jamais dans l'excès. Les textes sont majoritairement chantés en chœur, il y a une interlude avec le bruit des oiseaux... Une énorme surprise qui a pris une grosse place dans mon coeur, et qui transforme chaque moment où je l'écoute en un espèce de cocon spatio-temporel. Je ne peux que vous recommander de vous laisser aller à ce voyage sonore déconcertant d'émotions brutes, qui laisse imaginer la gentillesse et la douceur des personnes composant ce groupe. J'ai archi-hâte de les voir en live, et de pleurer devant ce groupe.




CHALK HANDS - Don't Think About Death

Et puisque l'on parle de I Feel Fine, il me faut aussi vous parler du projet screamo d'Antoine, Chalk Hands, où il officie à la guitare et au chant. J'ai eu la chance de découvrir cet album avant sa sortie, et sans surprise : il est magnifique. À l'image de son autre projet, on retrouve beaucoup de chaleur et de sincérité, avec un son bien plus plus brut et direct, qui vous rappellera fortement les premiers disques de Pianos Become The Teeth, le Envy du début des années 2000... Il y a même un titre en français, dont vous pourrez voir le videoclip ci-dessous. Le disque sort mi-Mars chez Dog Knights Productions, et croyez-moi, il figurera sur vos AOTY lists de la fin d'année.



SOFTCULT - Year Of The Snake / Year Of The Rat

Alors non, je ne vais pas vous parler de disques de Fucked Up, désolé•e, mais bien de deux EPs d'un groupe canadien qu'à priori personne ne connait, mais le clip de leur chanson "Take It Off" a atteint presque 600 000 vues sur YouTube à l'heure où je poste cet article. Est-ce que c'est par rapport à l'esthétique du clip ou des membres, ou bien parce que le titre a percé sur TikTok ? J'en sais rien, je ne suis pas sur ce réseau social, mais ça me paraît probable, Molchat Doma a bien percé via ce canal... Toujours est-il que si vous arrivez à vous défaire du cliché "Mainstream music? No thanks!", vous vous rendrez compte que ce groupe est chouette, arrive à se hisser au niveau du dernier album de Teenage Wrist en termes de catchiness et d'idées avec leur indie pop féministe, généreuse et allègrement teinté de grunge et de shoegaze. Ca ressemble pas mal à Neaux, ce projet shoegaze malheureusement peu connu et formé par des membres de Trash Talk et VersaEmerge, et ça évoque même parfois Now, Now. En tout cas, si ça peut permettre à des kids qui sont en dehors des cercles underground de découvrir ce genre de son qui nous fait vibrer pendant toutes ces années, je dis mille fois oui.





RUINED - Everything Is

J'étais ARCHI hypé•e par "Worn Out", le single issu du premier album du groupe suisse. Ca ressemble énormément à tout ce que j'adore chez Title Fight, alors forcément... Mais l'album dans son ensemble n'est pas une simple copie des morceaux de mes héros, mais globalement un chouette retour quelques années en arrière dans un pop-punk très mélancolique et chaud, situé quelque part entre les premiers disques de Turnover ou Basement, avec quelques titres plus heavy comme "Downward" ou "Regret". Un premier full-length bien cool de leur part qui contient un potentiel tube !



DRUG CHURCH - Hygiene

Dans la droite lignée de Cheer et de l'EP Tawny, Drug Church continue de nous servir du grunge de stade avec Hygiene, un nouveau rouleau compresseur post-hardcore à gros riffs et grosses mélodies, assez court, avec juste ce qu'il faut de background hardcore pour donner du relief au tout. La verve et le cynisme de Patrick Kindlon sont intacts, avec des influences pop un peu plus présentes encore, pour affirmer la personnalité de ce groupe devenu bien plus qu'un side-project de Self Defense Family, je pense. Même si j'ai un peu peur que SDF soit un peu délaissé au final...



SUPERNOWHERE - Skinless Takes A Flight

J'ai une histoire d'amour avec les groupes en Super-, et celui-ci n'est pas près d'en sonner le glas. Skinless Takes A Flight est le deuxième disque des américain•e•s, il est sorti chez Topshelf Records, et c'est une absolue douceur. Un indie rock tout en délicatesse avec une orchestration légèrement math-rock, avec une vibe générale qu'on pourrait facilement retrouver sur un disque de slowcore. Le chant me rappelle celui de Mothers, le tout forme des paysages sonores dans lesquels il est bon de se laisser emmener, tant le voyage est doux et réconfortant.



DOWNWARD - The Brass Tax

Un chouette nouveau disque pour la formation de Tulsa, Oklahoma, qui arrive 4 ans après leur premier album. Cet EP propose un bien chouette mélange entre un rock alternatif moody et des influences shoegaze bien présentes, qui n'a aucun mal à figurer sur le roster de New Morality Zine, le label qui sort ce disque. Quelque part entre Duster, Cloakroom et même Radiohead ?



YEARNING - MMXXII

Le screamo le plus allemand que vous trouverez à Montréal. Très influencé par la scène React With Protest Records, Yearning nous propose un premier disque qui a mis du temps à voir le jour, mais qui propose déjà du lourd. Avec notamment du personnel de chez Nous Etions et The Ultimate Screamo Band, il est normal d'entendre autant de skill dès le premier essai. Il me tarde d'entendre une suite qui ne saurait tarder !



SPITEHOUSE - 3-Song Promo

Qu'est-ce qu'il se passe quand des membres de Woodwork et Dark Cicles jouent ensemble ? Du veganedge crust ? Eh non : cette alliance (ex-)Toulouse/Montréal nous proposent un chouette worship de l'alt-rock des années 90 avec un twist moderne qui parlera forcément aux fans de Jawbreaker, Samiam, Seaweed et de la scène "Run For Cover records-grunge". Un album est en préparation pour cette année, et chez New Morality Zine s'il vous plaît !



BLIND GIRLS - The Weight Of Everything

Une superbe surprise venant du pays d'une scènes alternatives les plus sous-estimées du monde (et celui du si solaire Daniel Ricciardo, pour continuer sur la F1 -et qui est fan de la scène myspacecore, en témoigne une playlist de 2017 visible par ici-), après un premier album déjà très bon, mais un peu plus "classic skramz" je dirais. En ce moment j'ai du mal avec la musique chaotique que j'aimais beaucoup quelques années auparavant, que ce soit du mathcore ou même juste du screamo destructuré à la Jeromes Dream. Mais The Weight Of Everything me rappelle ce chaos contrôlé parsemé de breaks purement hardcore et de relents noise rock que j'aime tant sur I.V de Loma Prieta. J'aime le fait qu'on soit sur quelque chose d'intelligemment écrit et placé, plutôt que du purement performatif, ce qui pour moi souligne les émotions qui veulent être transmises. Dès la deuxième écoute, les frissons et les "yeah I can relate" étaient au rendez-vous... Faites attention, c'est une écoute qui peut-être un peu trop intense selon votre mood. Je pense que les fans de Nuvolascura aimeront également beaucoup ce deuxième disque court mais dense, qui regorge également de douces mélodies qu'on aime tant dans le screamo suédois, entre autres. 



G.I. BILL - Wednesday Service b​/​w Life of Labors of Love

Encore une sortie New Morality Zine, mais je n'y peux rien si c'est un label extrêmement cool... G.I. Bill fait son petit bonhomme de chemin depuis 2020, en enchaînant les singles. Le dernier en date est inspiré notamment par Fiddlehead et Fugazi, en gardant cette fameuse vibe Title Fight qu'on imagine apportée par le membre de One Step Closer qui figure dans ce line-up. J'ai l'impression que le groupe fait de mieux en mieux avec le temps, et il me tarde de les entendre sur un LP ! À coup sûr un futur gros groupe de cette scène.




DEATHCRASH - Return

Une très belle découverte venue des UK, dont je ne connaissais aucune autre release avant ce nouvel album profondément mélancolique, invitant à l'évasion et au laisser-aller, à écouter paisiblement. Quelque part entre Slint, Mogwai et Duster, Return est un long et intense catharsis, un essentiel pour qui aime les musiques lentes et introspectives, offrant une atmosphère aussi réconfortante que glaçante. Très probablement l'un de mes albums de l'année même si j'en écris peu à son propos...



DUSTER - Together

Et justement, puisqu'on parlait de Duster sur 2 précédents disques, voilà que les intéressés nous sortent un LP surprise cette année ! Together propose une formule que l'on connait bien avec l'un des groupes cultes de la scène slowcore : Une musique ambiante et éthérée, ponctuées de drones et de riffs généreux, des morceaux qui prennent le temps de se dérouler délicatement... Cette recette magique reste présente, avec un petit twist goth dans les guitares sur certains morceaux, de quoi donner encore un peu de relief à un univers musical déjà richissime. Bon à savoir pour frimer en concert emo : le groupe a été formé sur les cendres d'un des groupes pionniers du screamo, Mohinder.



OVERO - Waiting For The End To Begin

Après une série de splits avec de chouettes groupes screamo, Overo revient enfin sur un long format, en proposant avec Waiting For The End To Begin un ensemble un peu plus sombre qu'auparavant, avec toujours une accentuation sur les mélodies (on rappelle que Lindsay et Mercy jouent dans Football, etc., pour situer le pourquoi du comment de la beauté de ces guitares), et sur les influences hardcore, qu'on retrouve de manière assez subtile comme sur l'album de 2019, mais bien marquées ("It Won't Be Pretty" ou "Lost Our Way" en sont de bons exemples). Un disque plutôt court, aux textes très concis, qui va droit au but, tout en proposant plein de chouettes moments de douceur, mais avec un morceau final asses surprenant, "Without You", long de 6 minutes, qui sort de l'ordinaire des compositions du groupe (mais pas du mood général de ses morceaux cependant). On retrouve sur ce LP des trompettes, du violon, et même du vihuela : un instrument à cordes proche du luth originaire d'Espagne, qui est notamment utilisé dans la musique mariachi. Overo a voulu élargir son univers musical sans pour autant le modifier en profondeur, et c'est réussi !



Et un rappel : écoutez Title Fight.

dimanche 3 octobre 2021

One Step Closer vient de sortir le deuxième album de Turning Point.



Voilà, merci, bonne écoute !

Non, plus sérieusement, ce disque va heureusement plus loin que ça. Il y a énormément de groupes qui ont été inspirés par les légendes du hardcore straight-edge Turning Point, ou qui le sont encore aujourd'hui (je pense souvent à cet excellent groupe US nommé Search For Purpose, notamment). Ils sont arrivés à la fin des années 80 avec un son relativement classique, mais qui avec le temps allait prendre un tournant (lol), mêlant un hardcore youth crew aux influences d’une scène emo qui continuait à grandir et à se construire. Ainsi, leur titre phare, « Behind This Wall », compte parmi l’un de leurs titres les plus emo, au chant finalement assez proche des groupes de chez Dischord Records comme Embrace, Rites Of Spring ou Dag Nasty. Et c’est cette facette du groupe qui a été la plus résonnante dans leur scène.

One Step Closer fait partie de ces groupes récents qui se réclament ouvertement de la formation originaire du New Jersey, et qui proposent un hardcore aussi puissant et intense que le fût celui de Turning Point. Actifs depuis 2016, cette inspiration assumée s’entendait déjà fortement sur leur première démo sortie en 2017, puis a évolué au fil des releases. Sur leur EP From Me To You paru en 2019, les kids de Wilkes-Barre, Pennsylvanie, montraient déjà un son plus personnel, et ce fût un tremplin énorme pour eux, tant le disque a bien été reçu.

This Place You Know est un album inspiré par la ville natale, la vie en périphérie des grandes villes, le rapport avec le chez-soi et nos lieux de vie. Il parle aussi de dépression saisonnière, de deuil, mais également de straight-edge (de manière relativement subtile dans le dernier morceau, "As The City Sleeps", en featuring avec le chanteur des excellents Magnitude) et de la vie en tournée. Des thèmes finalement aussi courants dans le hardcore que dans l'emo. Il pioche également énormément dans le hardcore mélodique intense à la Have Heart, sans abuser de son côté "anthémique" cependant. Et sur le "Record Selection" de Run For Cover Records consacré à One Step Closer, leur chanteur nous apprend que Diary de Sunny Day Real Estate a été une influence majeure du groupe : déjà dans les liner notes de From Me To You, ce groupe figurait dans leurs inspos. Il est facile de cerner la puissance émotionnelle que dégage ce disque culte de l'emo dans celui des kids de Wilkes-Barre.

À vrai dire je ne m'attendais pas à ce que ces influences ressortent autant sur cet album, on aurait pu s'attendre à quelque chose de plus "cliché" des groupes signés chez Run For Cover, à savoir un revirement shoegaze ou indie, mais pas du tout ! C'est vrai que One Step Closer essaie des nouvelles choses sur ce disque, comme cette inattendue ballade qu'est "Hereafter". Mais globalement, ça reste très fidèle à ce que l'on connait du groupe jusque là, et ils ont simplement fait passer leur musique à un pallier supérieur en termes d'intensité et de songwriting.

Cet album est très bien équilibré entre brûlots hardcore et morceaux plus "emo" dans l'esprit, s'illustre cependant avec une intensité constante, sans jamais qu'on se sente saturé•e par ce flots d'émotions. Une belle réussite, qui remet sur le devant de la scène des sonorités un peu mises de côté sur la scène hardcore aujourd'hui : pas d'effets de guitare à outrances, pas de forçage sur le côté rétro/90's, c'est spontané et ça fait vraiment plaisir à entendre.


dimanche 5 septembre 2021

LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURES #3 : KOYO, HAWAK, MILITARIE GUN...


C'est définitif : je vais finir par plus parler de hardcore à proprement parler que d'emo, et encore plus de screamo... Je ne sais pas vraiment expliquer ça mais j'écoute pas beaucoup de skramz en ce moment. Alors non, je ne suis pas en colère contre cette scène ou quoi, mais ça me fait plaisir et même grandir personnellement et politiquement de découvrir d'autres scènes, et de plonger un peu plus loin dans le milieu straight-edge, D.C hardcore, les groupes des années 80/90 etc... Alors attendez-vous à ce que je vous parle plus de ces styles de musique, mais en trichant un peu, parce que y'a toujours une connexion avec des groupes emo ou de la musique emo à l'arrivée ;).


HAWAK - nước

C'est l'un des disques les plus attendus de la scène screamo cette année, après beaucoup de teasing ces derniers mois et un retard de parution dû à des problèmes de qualité sur le pressing initial de cet album, qui sera peut-être vendu à peu cher. Une fois le problème réglé, HAWAK s'est empressé de partager nước, 10 titres d'un screamo virevoltant entre des bourrasques de riffs tricotant des mélodies aussi entrainantes que dissonantes, enveloppé d'un grain sonore saturé et érodé. Un ensemble qui vous rappellera avec bonheur LOMA PRIETA et KIDCRASH, ou éventuellement DANIEL STRIPED TIGER. Il y a même un petit air de TRACHIMBROD sur "Shattered Mirror". Peu de disques catalogués "screamo" me procurent les mêmes sensations en ce moment, et le mood est suffisamment prenant pour m'avoir fait m'endormir lors d'un trajet en TGV, sous ces bourdonnements sonores et ces accalmies délicates. C'est sorti chez Zegema Beach Records et Left Hand Label, deux labels sûrs de la scène emo/screamo internationale.



INSTEP - Demo 2021

Vous aimez TITLE FIGHT aussi fort que moi ? Vous devriez adorer cette démo. les québécois de INSTEP, avec entre autres un membre des excellents FRAIL HANDS, nous proposent un worship assumé de l'époque The Last Thing You Forget / Kingston des américains, en mettant en avant le côté hardcore. Cette démo est également présentée comme "four LIFETIME worship tracks", ce qui je pense est une description légitime de l'objet. C'est une très chouette première démo, et il me tarde d'entendre la suite !




HOLLOW SUNS - Process Of Losing

Vous aimez toujours TITLE FIGHT aussi fort que moi ? Je cherchais leur équivalent japonais il y a quelques jours, parce qu'au niveau des musiques catégorisées shoegaze et emo, le Japon s'illustre remarquablement bien, mais je n'ai aucune connaissance de leur scène influencée grunge ou alternative rock des 90's, en gros de ce qui pourrait sonner comme si un groupe de leur scène voudrait signer chez Run For Cover. Eh bien HOLLOW SUNS est apparu dans ma vie en fouinant sur les comptes Instagram de certains acteurs du Tokyo Straight Edge, et ça correspond un peu à ce que je cherchais ! Ils viennent de sortir Process Of Losing, une compilation regroupant toute leur discographie. C'est pas non plus incroyable mais c'est bien stylé, c'est à cheval entre BASEMENT, JIMMY EAT WORLD et FOO FIGHTERS avec un background hardcore qui se fait sentir régulièrement surtout sur les titres les plus anciens. La compile est dispo en entier sur Spotify, mais voici le dernier 12" en date du groupe sur leur page Bandcamp.




FEVERCHILD - S/T

Une chouette recommandation faite par Hiroshi de ASTHENIA. Tous les membres jouent dans la scène hardcore belge dans des groupes comme ANIMAL CLUB, MINDED FURY ou FORCE), mais se sont rejoints pour jouer un emo mid-90's bien inspiré de SUNNY DAY REAL ESTATE ou TEXAS IS THE REASON. De chouettes vibes légèrement hardcore s'ajoutent à leur univers chaleureux et mélodique, histoire de bien nous ramener back in the day.




KOYO - Drives Out East

"emo's back", c'est ce que clame KOYO sur de grandes bannières et sur leurs flyers promotionnels. D'un point de vue médiatique et dans le mainstream, c'est vrai ! Et dans le hardcore qu'on peut qualifier de vénère, c'est vrai aussi, et c'est trop cool. Ce groupe, c'est 6 mecs dont 3 armoires à glace qui ont choisi de sortir un worship éhonté de TAKING BACK SUNDAY ou de SENSES FAIL, des groupes qui seraient facilement classés dans la catégorie scene ou MySpace-core, mais qui en réalité ont de chouettes disques derrière eux (j'adore les deux groupes). Le background hardcore est bel et bien présent comme sur Painting Words Into Lines, le songwriting est impeccable, le groove de la section rythmique est bien là, les guitares cisaillent aussi impitoyablement qu'elles sont hyper catchy, ça tabasse bien comme il faut !





SINKING - Only Echoes

Un autre groupe de hardcore kids qui ont la bonne idée de jouer une musique plus mélodique mais pas moins heavy. Ici, c'est d'ex-membres de RESTRAINING ORDER ou PIECE OF MIND, qui jouent un emo lorgnant allègrement vers le space rock ou le shoegaze. Si vous aimez CLOAKROOM, il y a de fortes chances que vous appréciez Only Echoes, leur premier LP sorti en 2020.




BLAIR - Tears To Grow

J'ai découvert ce groupe via les flyers de tournée de FIDDLEHEAD, et c'est le genre d'emo raw et qui chante faux qui me manquait ! On est assez proche de groupes rock alternatif des années 90 comme MODEST MOUSE dans le chant, et de quelque chose de pur et de brut à la HUMAN HANDS musicalement, et il y a un petit feeling à la THE WORLD IS A BEAUTIFUL PLACE AND I AM NO LONGER AFRAID TO DIE. Leur batteuse, très expressive, est issue du monde du jazz et du hip-hop. Le groupe est majoritairement composé de personnes racisées, et n'hésite pas à exprimer leur vécu dans "Promise", et leurs espoirs quand à ce qu'iels sont et leur légitimité. Un chouette disque qui fait suite à une série de singles et un premier disque éponyme sorti en 2019 dans la même veine, quoique un peu plus lumineux dans les mélodies, et avec quelques notes de synthé (ou de piano ?) en plus.




MILITARIE GUN - All Roads Leads To The Gun

Parmi les multiples side-projects des membres de DRUG CHURCH et REGIONAL JUSTICE CENTER, on compte les excellents MILITARIE GUN. Un chouette concentré de hardcore sauce Dischord Records, avec quelques influences noise rock. La série d'EPs que les américains ont préparé en 2021, All Roads Leads To The Gun, fait toujours la part belle à ce cocktail, avec un feeling différent sur les vocaux, autant scandés qu'aboyés. À l'heure où je boucle cet article, le second volet de cette série d'EPs n'est pas encore paru. Mais un titre est en streaming et il est très cool !


dimanche 4 juillet 2021

SLOW FIRE PISTOL nous offre le premier disque de screamo sorti chez Triple B.


Oh bah mince, j'allais oublier de vous parler d'un disque que j'ai beaucoup attendu : Rabbit Town Blues de SLOW FIRE PISTOL. Annoncé comme un 12", je m'attendais à ce que ce soit l'album que beaucoup attendaient de leur part. Mais c'est finalement un EP 5 titres (dont un morceau instrumental) que nous présente le groupe d'Atlanta, comptant en son sein des membres de FOUNDATION et de DEAD IN THE DIRT. Un line-up qui peut surprendre, mais qui me fait personnellement bien plaisir. Ce disque est sorti via Tiger Records (le record store de James Siboni, bassiste de LOMA PRIETA et de BANE pour le live) et Triple B Records. Un contexte également assez hors du commun pour du screamo mais qui fait du bien.


Rabbit Town Blues confirme ce que SLOW FIRE PISTOL sait si bien faire depuis sa première démo : un emo/hardcore abrasif, sinueux, spastique. Mais on note l'apparition de quelques éléments mélodiques supplémentaires, comme ces quelques notes de chant clair sur "Who Decides". Mais je le trouve un chouia en-dessous de son prédécesseur, dans sa globalité. Je m'attendais peut-être à plus de punch, avec une sortie chez Triple B. Bon, y'en a déjà pas mal en soi évidemment, mais j'attendais plus de background hardcore des musiciens dans le songwriting. Du "Sever Myself" ou du "Circles & Squares" un peu plus souvent en gros. Mais ils ont pris le parti de rester fondamentalement sur une veine emo, avec cependant les mêmes vocaux très typés 90's mi-scandés mi-parlés qu'on retrouve finalement souvent dans le hardcore et le metalcore (coucou FOUNDATION), et ça rend très bien ! Mais ouais, j'admets ma frustration... En même temps, Love Riddled With Conditions est imbattable.


Je ne sais pas si un album est prévu à l'avenir ou non, mais c'est peut-être avec des disques courts mais intenses que le groupe s'illustrera le mieux. C'est ce qui fait leur force jusque là, et ce serait dommage que ça se perde. Alors j'ai hâte d'entendre le prochain EP / split !

samedi 26 juin 2021

Les plus courtes sont les meilleures #2 : FIDDLEHEAD, SORCERER, WORKING THROUGH RUST, AU BOUT DE MES LÈVRES...



Ah la lecture de chroniques, c'est comme un France - Suisse (inter)minable : On a hâte que ça se finisse ;). Mais je continue quand même, parce que vous parlez de mes coups de coeur et leur filer un coup de pouce ça donne plus ou moins un sens à ma vie. Comme à mon habitude, je mets très longtemps à poster un article que j'ai commencé y'a quelques semaines. Que voulez-vous, le chômage c'est un travail harassant. Mais bon, je vous ferais quand même découvrir des trucs cool même un peu en retard, je l'espère. Il y a du hardcore qui tabasse mais un peu emo 90's sur les bords, du screamo touchant, un des meilleurs disques de post-hardcore de l'année à coup sûr, et quelques autres chouettes trucs.


AU BOUT DE MES LÈVRES - Malgré la nuit

Ce groupe n'a pas seulement tiré son nom d'une chanson de DAÏTRO, il a réussi à extraire toute la puissance et le catharsis phénoménal des compos des lyonnais et à nourrir leur musique de ce nectar, tout en ajoutant à cela encore plus de tristesse, et en ponctuant le tout d'une pincée d'ambiances et de textures sonores habiles, envoûtantes, le tout vous prenant à la gorge comme un lourd chagrin. Malgré la nuit, c'est le nouveau fruit tombé de cet arbre écorché, hurlant à la face du monde une poésie aussi douce que tragique. Chaque nouvel essai est un recueil d'histoires éphémères et poignantes, et celui-ci traite "de ces conjonctures nocturnes desquelles l'on ne revient jamais entièrement; je crois que certaines nuits sont en elles-mêmes toute une vie, une sorte de passage obligé, comme le sont les rêves.", pour citer la personne à l'origine des textes. Des mots accompagnées de compositions tout autant tourmentées, dans le fond comme sur la forme : d'un screamo virulent et perçant, à la limite de l'épique, on passe à des ambiances lo-fi lancinantes, qui ne contrastent finalement pas tant que ça. La cohérence est frappante, et le voyage n'en est que plus prenant. L'un de ces petits trésors que l'on prendra plaisir à écouter la nuit, dans nos errances attristées.




WORKING THROUGH RUST - Words About The End :

Le nom de Tom Schlatter ne vous dit peut-être rien, mais cette personne est une légende de la scène emo/hardcore américaine. Il a joué dans de multiples formations de qualité telles que YOU & I, BLACK KITES, CAPACITIES, LESS LIFE, et joue aujourd'hui dans HUNDREDS OF AU, EVERY SCAR HAS A STORY, et occasionnellement dans WORKING THROUGH RUST. C'est vraiment un projet pour le fun, et ce nouvel EP a été enregistré à distance. Mais à la grande différence des 2 autres EP sortis jusque là, celui-ci est une immense claque qu'on dirait tout droit sorti de la scène "Bremencore" des années 90, celle qui a vu éclore ACME, MÖRSER ou encore SYSTRAL. 4 titres, 4 coups de poing enflammés, avec une petite influence CONVERGE sur "Friend" ? Ecoutez ceci et évitez de casser le premier truc en face de vous de peur de le regretter, choisissez-le avec parcimonie.




SORCERER - Joy

Toujours dans un registre "THIS is hardcore", SORCERER nous viennent de Paris (et d'Orléans), et propose avec leur premier EP Joy un mix atypique de metalcore dévastateur en -TION à la FOUNDATION / INCLINATION, d'influences KICKBACK évidentes (j'arrive toujours pas à apprécier ce groupe : je supporte pas l'attitude de ses membres, mais je dois reconnaître leur influence sur la scène française), sûrement INCENDIARY, et même "by some 90's european screamo & emo", à en croire leur bio Spotify. Et c'est vrai que les voix ont un gros côté emo. Cependant je les rapprocherais plus d'un groupe comme BLINDFOLD que des classiques de l'emo 90's. Ce premier disque est archi-efficace, solide, et montre déjà une certaine assurance quand à leur univers musical. J'ai hâte d'en entendre davantage de leur part, en espérant qu'ils continueront à creuser ce sillon emo / screamo peu commun dans la scène hardcore qu'on peut qualifier de "bas du front", et pourquoi pas s'inspirer des travaux de tonton Schlatter ou de SLOW FIRE PISTOL (ce supergroupe screamo avec des membres de FOUNDATION et DEAD IN THE DIRT) entre autres ? Alleeeez, je veux un BLACK KITES revival! :(




IN SHAMBLES - Vicious Cycles

Malheureusement, je vais devoir vous le dire : Ne vous fiez pas à la pochette de ce disque de IN SHAMBLES. Les morceaux de cet album sont vraiment cool, mais la pochette est quelconque, c'est vraiment dommage. Vicious Cycles est un chouette disque de screamo influencé par les sonorités chaotiques et noisy de MOHINDER, avec pas mal d'éléments hardcore, un côté plus direct et percutant qui tranche avec les saccades habituelles du style. Un mélange malin et efficace, cette idée de rendre la musique des pionniers du post-hardcore plus mélodique et directe fonctionne parfaitement. Le chant semble également venir tout droit des expérimentations 90's de l'emo, ni chanté ni crié, quelque part entre les deux. Bref, c'est original, c'est plutôt frais, je vous le recommande !




COLISION - Lost Ghosts Vol.1

Sur ma précédente grande chronique, celle du superbe Fixed It All de PAERISH, j'évoquais les nombreux autres groupes français qui donnaient un coup de fouet à la scène rock alternatif / shoegaze nationale. Et cette niche est loin de se développer seulement à Paris, preuve en est COLISION, basés à Bordeaux. Déjà auteurs d'un très fort 1er EP, Healing Is Not Linear, ce second opus nous offre 3 titres dans la droite lignée des précédents, profondément influencés par NARROW HEAD et NOTHING : ça joue très fort, la réverb est omniprésente, et on est plongé·e·s dans un son aussi lazy que hazey entre grunge et shoegaze, bien sûr évocateurs de FAILURE ou HUM, un son que cette scène "tumblrcore" dont je parle avec amour dans ma chronique du PAERISH fait revivre depuis une dizaine d'années, tout en le teintant de hardcore ou d'emo, une scène dans laquelle COLISION semble pleinement se nourrir pour développer leur univers sonore aussi dreamy qu'agressif. Il me semble reconnaître une influence TOUNDRA sur "Swim While It Rains", sur l'intro et l'outro du morceau au riff de batterie percutant. "Hell Will Wait", le morceau d'ouverture de ce nouvel EP, en est définitivement le highlight, la parfaite balance entre tout ce que propose les bordelais musicalement, au niveau de "Knees" sur le précédent EP. J'ai bien hâte d'entendre le deuxième volume, tant le premier séduit par sa spontanéité, sa délicatesse certaine, l'amour du gros son qui découle de ces riffs puissants.



TENACE - Des marques sur nos mains

Les doux TENACE viennent agrémenter le screamo jeu parisien d'un premier long-jeu sans prétentions, personnel mais universel. Ca vous plaira à coup sûr si vous aimez les classiques comme DAÏTRO où le dernier BIRDS IN ROW en date. Ils confirment le potentiel dévoilé sur leur EP de 2018, affûtant leurs riffs et leurs cris. À noter le featuring de Fabien EUX sur la superbe "Sombre Tableau", qui va droit au but face à la haine que nous balance les Zemmour et compagnie sur nos écrans et qui influencent beaucoup trop nos sociétés, qui soulignent le fait que la lumière et l'espoir fait peur à ces gens. Même si c'est évidemment super dur de s'accrocher à quelque chose à une époque où tout se dérobe et nous déçoit, c'est bien de ça dont ils ont peur. Alors continuons à être à l'écoute les un•e•s des autres, bon sang.



FIDDLEHEAD - Between The Richness

Après leur immense premier album Springtime and Blind, autant en termes musicaux qu'émotionnels, le "supergroupe" qui comprend des membres de HAVE HEART, BASEMENT et YOUTH FUNERAL entre autres, revient avec un second disque tout aussi poignant, Between The Richness, mais le ton de ce disque est beaucoup plus "joyeux", même si les paroles traitent encore de deuil et de manque, de façon très poétique et imagée. Le climat des chansons est moins chargé de mélancolie mais reste profondément intime et cathartique. Pat Flynn s'adresse à ses enfants autant qu'à ses parents, sur ces nouvelles chansons. De nouvelles confessions à fleur de peau, de nouveaux morceaux de sentiments répétés et scandés avec passion, accompagnées par des instrus lumineuses. Certain·e·s voient en ce groupe un nouveau TITLE FIGHT, je comprends pourquoi mais FIDDLEHEAD propose un mood un peu différent, qui lui est propre, même si leurs influences FUGAZI et ARCHERS OF LOAF sont palpables. Un grower qui finira dans bien des tops de fin d'année, mais peut-être pas aussi marquant que le premier LP.


HUNDREDS OF AU - Acting From Remote Satellites

Un nouveau LP pour HUNDREDS OF AU, et une nouvelle correction infligée par l'un des nombreux projets de Tom Schlatter, qui n'a décidément pas chômé pendant les confinements successifs imposés aux USA à cause du coronavirus, à l'image de saon comparse Shawn Decker avec qui il collabore dans certains de ces projets (comme le superbe EP de LACRIMA). Acting From Remote Satellites nous propulse toujours dans un screamo/hardcore connoté 90's très abrasif et intense à la UNION OF URANUS ou PORTRAITS OF PAST, flirtant allègrement avec le metalcore de CONVERGE. Hormis la dense et aérienne "Identity Theft" qui s'étire sur 7 minutes, c'est un véritable ouragan que nous propose encore une fois le groupe, qui passera malheureusement encore bien inaperçu dans le paysage hardcore, même si le chant sonne pourtant presque comme du KICKBACK ??



MANNEQUIN PUSSY - Perfect

Tout ce que le producteur Will Yip touche devient de l'or, et cet EP de MANNEQUIN PUSSY ne déroge pas à la règle. Perfect synthétise parfaitement l'univers musical du groupe, quelque part entre post-hardcore, rock alternatif et riot grrrl, superbement mis en valeur par une production de haute qualité. Rien à ajouter de plus, si ce n'est que c'est une douceur pour les oreilles. Le morceau d'ouverture, "Control", est sublime...



FREE THROW - Piecing It Together

Les kids ressortent les skates, le pop-punk revient grâce à tout ces emorappers qui basiquement font du pop-punk avec des beats 808 ou Travis Barker en featuring... Une occasion parfaite pour FREE THROW de sortir un disque comme Piecing It Together, sublimé par une production Will Yip évidemment, à mi-chemin entre un emo chaleureux et délicat et un pop-punk catchy et direct. Je pense que ce disque met d'ailleurs en relief leurs influences plus "pop", ce qui est un bien grand mot tant leur musique reste tout de même brute en soi, mais le rythme est plus lent, leur musique un peu plus accessible. J'ai une préférence pour leurs releases précédentes, mais Will a parfaitement compris où ils voulaient en venir avec ce nouveau disque et les a bien aidé.



ANGRY SON - 3 songs demo
GENZENKAN - split with ZEAMI + S/T
ZEAMI - demo

Voilà quelques petites releases screamo venues du Japon que j'ai eu le plaisir d'écouter, et je pense qu'elles vont plairont grandement si vous aimez ces contrastes entre mélodies et chant parlé presque susurrées, et éruptions soudaines de catharsis. ANGRY SON et GENZENKAN se ressemblent beaucoup, mais chacun a son petit chouïa de différence qui les caractérisent dans les voix et le rythme. ZEAMI est peut-être encore plus axé sur la mélodie et avec un peu d'originalité, sans temps mort, c'est rapide et concis. Les amateurices de SAETIABELLE EPOQUE, ou bien d'autres groupes japonais tels que KOMUSŌ ou ASTHENIA vont être ravi·e·s !







mardi 27 avril 2021

Avec "Fixed It All", PÆRISH sort LE disque du "tumblrcore" parisien.



Que ce soit au niveau du respect des Droits de l'Homme, de sociologie ou des trends musicales, c'est bien connu que la France a toujours une bonne dizaine d'années de retard en moyenne. Essaie par exemple de deviner ce que ça donnerait dans l'opinion générale si demain, Christiane Taubira ou Danièle Obono annonçaient leur candidature pour les présidentielles de 2022 ? Sinon, bah observez le cas Aya Nakamura hein, ça fait des dizaines d'années que des rappeurs sortent des disques avec du verlan et mille et une manières de ré-inventer la langue, et aujourd'hui quand une personne noire sort un disque avec le même procédé : scandale médiatique, alors que quand c'est une personne blanche qui le fait : silence radio. Je vous invite à regarder cette excellente analyse de Linguisticæ à ce propos, sur les notions de "culture légitime" notamment, un principe très franco-français qui existe depuis très longtemps, mais que la re-banalisation actuelle des opinions d'extrême-droite tend à raviver.


Pour une fois, un groupe français, PÆRISH, basé à Paris, sort un disque bien après la hype de leur scène et qui s'avère attachant, ancré dans son époque et, je pense, indémodable tant sur le fond que la forme. Un album composé par ce que les boomers appellent encore des geeks, des millenials auxquels beaucoup de personnes peuvent s'identifier en France dans leur scène mais pas que, qui ont manifestement composé le disque fort de leur vie. Ca s'entend, ça se ressent, c'est super beau. Par contre, j'ai quasi-aucune culture ciné, alors je leur laisserais le loisir de vous parler de leurs films préférés (ca a déjà été fait en 2017 par ici).


Sans transition, mais avec un certain rapport avec le sujet principal de cet article et le fait que l'individu·e français·e fait les choses à la bourre, quand j'ouvre mon Tumblr aujourd'hui je suis assez nostalgique de ces lyric quotes sur fond "landscape" de tel groupe emo qui sonne un peu grunge ou de ces obscurs mais esthétiquement irréprochables groupes de screamo signés chez Topshelf Records, qui se faisait beaucoup il y a 10 ans (déjà), et apportait beaucoup à l'esthétique générale de la scène. Parce que ce genre de repost n'existe tout simplement plus, que l'esthétique même de ce microcosme semble avoir laissé sa place au retour du jean bootcut (sérieusement les kids, pourquoi ?), mais que la scène que j'appelle affectueusement "tumblrcore" (ma playlist Spotify disponible par ici) n'a heureusement jamais disparu, malgré des biais de communication aujourd'hui totalement différents pour parler d'eux (à l'époque où TikTok s'impose pour diffuser les nouvelles tendances). Certes, la plupart des acteurs•trices de cette scène se sont mis à faire de l'emo rap, du post-punk ou de la britpop et TITLE FIGHT (a.k.a le meilleur groupe du monde) a splitté à demi-mots mais hey, TIGERS JAW sont encore là à sortir des pépites d'emo/indie rock, et l'héritage de cette scène vit encore aujourd'hui en NARROW HEAD, GLEEMER, FIDDLEHEAD ou MOVEMENTS entre autres...


Et à Paris, on a peut-être plus de comptes Tumblr (où alors on le garde pour le souvenir car c'est globalement moins honteux que nos skyblogs et on y retourne une fois par an pour vérifier que son thème est pas parti en vrille) mais on a jamais arrêté d'écouter Magnolia ou Colourmeinkindness entre le moment où c'est sorti et maintenant, et le nouvel album de PÆRISH semble bien le confirmer. Je ne sais pas si ce groupe est calé sur la question du décolonialisme ou si il apprécie les chansons d'Aya, mais il se fiche de sortir en 2021 un disque qui aurait pu sortir il y a 10 ans chez Run For Cover, et pour ça je les aime fort. Après un premier album, Semi-Finalists, plein de belles choses, avec 2 ou 3 tubes mais sur lequel j'avais du mal à accrocher dans son ensemble, peut-être à cause des influences FOALS / BLOC PARTY que je trouvais un peu superflues, les voilà de retour après de longues années de préparation avec ni plus ni moins qu'un mastodonte. Oui, j'ose le terme. Je ne m'attendais vraiment pas à avoir un tel coup de cœur, et les singles sortis jusque là ont été suffisants pour me faire réclamer l'album à l'un d'eux avant sa sortie pour pouvoir vous en parler aujourd'hui tant que c'est tout frais. Et aussi pour me faire plaisir personnellement, j'avoue. Après avoir dépensé 40 balles en frais de port pour me faire importer le pressage trop cool de leur label américain. Je suis un•e pigeon•ne ? Certainement.


Semi-Finalists avait déjà été masterisé par Will Yip, ce producteur qui a participé à TELLEMENT de disques de cette fameuse scène "tumblrcore" avec laquelle eux et moi, on a fini nos adolescences et entamé nos jeunes vies d'adultes dans un monde vachement plus compliqué à vivre que prévu (à croire qu'on a réellement atterri dans "Terre", le reality show créé par des extra-terrestres dans South Park). Eh bien sur Fixed It All, Il a tout simplement produit le disque du début à la fin. Et c'est un petit évènement : c'est juste le premier groupe européen avec qui Will a travaillé sur un album. C'est à classer à la même échelle que BIRDS IN ROW et leur signature chez Deathwish Inc. en termes de reconnaissance et d'opportunités, et j'espère qu'ils auront autant de succès qu'eux à l'avenir. Les parisiens sortent d'ailleurs ce deuxième LP chez SideOneDummy, un label qui a vu éclore ni plus ni moins que TITLE FIGHT, PUP, ou encore GOGOL BORDELLO. Oklm, comme dirait l'autre.


Bon alors, je ne vous parle ici clairement pas de quelque chose qui sonne "trve emo", même si on a des connaisseurs en la matière chez PÆRISH. Ici, c'est plutôt passion rock 90's avant tout. WEEZER, SMASHING PUMPKINS, HUM ou encore SILVERSUN PICKUPS avec qui ils ont eu l'honneur de tourner en 2016, répondent présents pour ce qui est de la "FFO list" de Fixed It All, un disque résolument plus sombre que le précédent, franc et puissant dans tout les sens du terme, dont le mood se développe doucement et brillamment. Mais ce n'est pas pour autant une copie de ces groupes, il y a une touche plus "moderne" et personnelle dans leur musique.


Les novices du shoegaze vont vite se croire dans un morceau de MY BLOODY VALENTINE en entendant l'intro de "Fixed It All", un morceau qui pose joliment le thème général de cet album. "412" sonne à peu de choses près comme les meilleures chansons de Colourmeinkindness de BASEMENT, et c'est pas du tout pour me déplaire, c'est un potentiel tube. "Archives" m'évoque aussi la musique des Anglais sur certains couplets. Le riff d'intro de "Violet" aurait pu figurer dans un morceau de BLINK-182 mais ça bascule direct dans un morceau bien typé space rock/post-hardcore. Un couplet de la sombre et assez CITIZEN-esque "You & I" est sublimé par Patrick Miranda de MOVEMENTS, un joli flex de la part du groupe qui apporte du punch au morceau, mais moins étonnant quand l'on sait que PÆRISH a également tourné avec eux en 2018 et que des liens se sont crées entre les 2 groupes. Il y a également l'excellente et très aérienne "Albert Suffers", mon morceau préféré du disque et sûrement inspiré par le film français du même nom sorti en 1992 et dont les PIXIES assuraient la B.O, que les fans de NOTHING apprécieront sûrement. La douce "Mike + Susan" au refrain génial devrait également parler aux personnes qui suivent Desperate Housewives j'imagine ? Et on relèvera "Journey Of The Prairie King", qui évoquera d'agréables ou de pénibles souvenirs aux gamers qui passeront par ici ;) . Un peu de contexte : le nom de ce morceau est également un mini-jeu qui peut se jouer dans le "Stardrop Saloon", une salle d'arcades qui se trouve dans la map de Stardew Valley, un RPG sorti en 2016 sur la plupart des consoles et disponible également sur smartphone. C'est un jeu qui invite au chill, au farming, au graphisme pixel très doux qui appelle à la nostalgie, qui nous suit au quotidien, dans la lignée d'Animal Crossing.


Les parisiens sont toujours fidèles à leur amour pour l'univers du cinéma, des séries, des jeux vidéos... Des univers qui sont un infini puits d'inspiration, et qui ajoutent une vraie plus-value à cet album, qui nourrissent les paysages et les histoires qui nous viennent en tête quand les morceaux défilent, et qui fera également découvrir de nouvelles choses à regarder ou jouer en bonus (je réclame un morceau avec un hommage à Super Mario World ou Yoshi's Island). J'aime également le fait qu'on est pas uniquement sur quelque chose de fondamentalement heavy et sombre. C'est un disque très accessible au final, axé sur les mélodies, qu'elles soient douces ou blindées d'overdrive.


C'est simple : plus j'écoute ce disque, plus je l'aime. Les morceaux restent en tête, y'a quelques punchlines qui se retiennent même si le disque aborde des thèmes personnels, et j'adore les compos. Avec Fixed It All,  PÆRISH arrive à nous faire nous évader un peu de cette partie de Jumanji infernale qu'est la vie sur Terre en racontant des choses assez universelles en termes émotionnels, mais avec un thème sonore qui me rappelle ce que j'adore avec NOTHING : cette nonchalance qui traduit une fureur de vivre tout autant que de vouloir parfois directement arriver au game over. J'aurais pour toujours le gros seum de ne jamais avoir pu voir SUPERHEAVEN en live, eh bah je pense que je pourrais me consoler avec PÆRISH quand les concerts seront à nouveau possible, c'est très clairement leur équivalent français désormais.


Alors que la scène française voit éclore de plus en plus de chouettes groupes niveau shoegaze / rock alternatif 90's comme JESSICA 93WATERTANK, MASCARA, PENCEY SLOE (dont la chanteuse assure des backing vocals sur "You And I"), COLISION, HALLOWED GROUND, ELLAH A.THAUN, WONDERFLU ou encore APPLETOP, PÆRISH vient poser sa pierre à l'édifice, avec un background particulier et surtout une production aux petits oignons made in USA, chose finalement assez rare en France. Aucun groupe français n'avait bossé avec Will Yip auparavant, et j'espère que cette opportunité se présentera pour d'autres groupes locaux, tant cette personne sait mettre en relief les meilleures caractéristiques de la musique du groupe qui bosse avec lui.


Allez tiens, vous savez quoi ? Une belle lyric quote 100% Tumblr illustrée ci-dessous, cadeau :