samedi 12 novembre 2011

Les origines : La première vague, la genèse.

Alors, le mouvement emo, d'où c'est que ça part ? Eh bien il trouve ses origines dans la scène hardcore de Washington D.C, du milieu à la fin des années 80. À cette époque, MINOR THREAT, des jeunes punks du coin, bouleversent les codes du genre en règle générale, notamment via leur fameux morceau "Straight Edge", lançant accidentellement un mouvement et une scène straight-edge, toujours d'actualité aujourd'hui (la personne rédigeant ces lignes se revendique d'ailleurs du SxE ;) !)... Le leader de ce groupe, Ian McKaye, s'est investi à la suite du split de MINOR THREAT dans un nouveau projet, EMBRACE, qui allait devenir l'un des groupes posant les bases de la musique emo. Une autre personne, Guy Picciotto, apparaît alors sur le devant de la scène avec un groupe qui jouera également gros dans une redéfinition profonde du punk durant l'été 1985, qui fut nommé "The Revolution Summer" : le groupe RITES OF SPRING.






EMBRACE
et RITES OF SPRING offrent alors une approche quelque peu nouvelle du hardcore : cathartique, plutôt expérimentale, avec des ambiances plus ou moins atmosphériques ou progressives, voire dissonantes, avec un parti pris politique loin des idéaux nihilistes du punk en général. Et comme le hasard fait bien les choses, Guy Picciotto et Ian McKaye sont devenus potes. Bref, ces deux approches touchèrent un large public dans le milieu, et cette musique était alors inclassable (tant mieux diront certain-e-s) ! Alors la légende veut que d'après certains membres de RITES OF SPRING, certains fans aient crée le terme "emo" pour caractériser la musique de ce groupe si particulier. Une autre légende raconte que le terme "emocore" fut utilisée comme une insulte contre EMBRACE, lors d'un concert, en 1985, au même titre que les anti straight-edge qui n'hésitaient pas à se rendre aux concerts de MINOR THREAT pour insulter et moquer les musiciens, et surtout Ian (iels se donnaient d'ailleurs un nom, les bent edge...). Enfin, le magazine "Thrasher" a également utilisé le terme "emocore" pour classifier la musique d'EMBRACE, plus positivement ici, même si Ian McKaye trouva cette appellation ridicule. 

Et voilà, tout commence ici. Mais "The Revolution Summer", c'est quoi exactement ? On peut résumer grossièrement ainsi : c'est plusieurs groupes qui se sont en quelque sorte donné le mot pour redéfinir le message du punk, rejetant l'idéologie auto-destructrice de ce dernier. Parmi ces groupes, on relèvera notamment GRAY MATTER, DAG NASTY, ONE LAST WISH, IGNITION, et bien sûr EMBRACE et RITES OF SPRING. Ce "Revolution Summer" est ainsi lié au mouvement "straight edge" naissant également à cette époque, qui suit la ligne directrice de vie que raconte Ian McKaye dans les paroles du morceau du même nom : ne pas fumer, ne pas boire, et ne pas avoir de relations sexuelles irréfléchies, pour garder une certaine lucidité d'esprit et sur le monde. Un mode de vie qui n'avait aucune vocation à établir des codes de conduite, mais qui sonnait simplement comme une revendication personnelle d'un homme ayant trouvé le juste équilibre pour vivre mieux. Mais hey, c'est ainsi qu'est né une scène aux convictions formidables ! (NDLR : chaque personne vit sa vie sexuelle comme elle l'entend, et la vie sexuelle n'est en aucun cas un vecteur de breaker son edge. Mais évidemment : prenez soin de vous, pratiquez le sexe toujours avec le consentement, protégez-vous, etc etc !)

De plus en plus de groupes s'inspireront de la musique de RITES OF SPRING et EMBRACE aux quatre coins des Etats-Unis, notamment THE HATED, RAIN et MOSS ICON, faisant naître une scène néanmoins fragile : chacun de ces groupes se disloquent aussi vite qu'ils se créent. Surtout que Ian McKaye et Guy Picciotto ont décidé pendant ce temps de se rejoindre dans un projet qui fera partie des grands noms du rock alternatif en général et pas seulement sur la scène post-hardcore, sœur de l'emo : FUGAZI. Certain-e-s auraient pu penser que l'emo s'arrêterait là, disparaissant au fur et à mesure que les groupes se séparaient mais en réalité, personne ne comptait le laisser mourir, et cela aurait été sous-estimer la scène...

RITES OF SPRING.


Mais existait-il alors, à l'époque, des disques qui ont été "précurseurs" du son emo ? Plus ou moins : c'est très souvent HÜSKER DÜ qui ressort, avec son album culte Zen Arcade, qui fût l'un des premiers disques à faire sortir le punk hardcore de son certain conservatisme sonore de ce temps, pour le nourrir de mélodies plu entraînantes, de rythmiques plus complexes... FAITH, le groupe qui figure sur le mythique split avec VOID, fût évidemment très important dans la genèse de ce son, notamment via l'EP Subject To Change : il y a beaucoup de similitudes entre leur son et celui que développait RITES OF SPRING et EMBRACE ensuite... Sans trop de surprises, sachant que des membres de FAITH composaient ces groupes !

Le terme "post-hardcore" que l'on voit pour catégoriser beaucoup de styles musicaux différents, qui n'ont pas grand-chose à voir ensemble au final, fût également utilisé à la base pour parler de cette scène de Washington D.C, et de toutes les autres scènes qui en ont découlé. Les évolutions et singularités entre emo et post-hardcore se sont creusées petit à petit, mais chaque étiquette a la même origine.


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