mardi 15 novembre 2011

Envy, ou l'équivalent du Big Bang pour le screamo.

Envy... Mais qu'est-ce que ce groupe ? Eh bien il était une fois quelques jeunes japonais dont le rêve était de sortir un disque et de faire des concerts afin de voyager un peu. À ce moment-là, ils ne savaient pas encore que leur musique allait renouveler un genre : le screamo, et les propulser au devant de la scène hardcore. Envy, c'est d'abord 3 amis lycéens, Tetsuya, Nakagawa et Nobu qui décident en 1992 de se lancer dans l'aventure de la création d'un groupe. En 1995, leurs espoirs prennent racine, il faut trouver un nom. C'est le mot "envy" qui figurait en haut d'une page du dictionnaire prise au hasard. A la base, c'était tout simplement du hardcore virulent, mélodique mais frontal et grinçant. Mais au fil du temps, les garçons y ajoutèrent leurs envies et leurs idées, des passages plus mélodieux et plus violents encore s'installent, et Tetsuya Fukagawa, le chanteur et claviériste, commence à installer du spoken word, puis quelques passages chantés. Ce puzzle progressif, entre post-rock de mieux en mieux maîtrisé qui se fraye un chemin et screamo de plus en plus intense et personnifié, se terminera par une pièce maîtresse, ô combien importante dans l'histoire du screamo, une oeuvre d'art, un bijou musical, majestueux, merveilleux. Unique.

All The Footprints You've Ever Left And The Fear Excepting Ahead, sorti en 2001.

Voilà, le screamo est chamboulé, comme si cet album redéfinissait à lui seul les bases. Comme si Envy s'était approprié le genre. Une oeuvre qui aura bouleversé presque chaque personne ayant découvert cet album, et encore aujourd'hui, 10 ans après. Un chant désespéré d'un homme torturé qui voudrait se faire entendre par le monde entier comme si il devait mourir demain, hurlé du plus profond du cœur et de l'âme. Et derrière, une musique que l'on peut réellement définir comme épique, saccadée, un déchirement sonore, des avalanches rythmiques, une batterie furieuse, déchaînée, comme semble l'être la haine envers ce monde de chacun des membres de ce groupe, une pluie de guitares poussées à bout, anthologiques, destructrices. Oui, épiques... Et au milieu de tout ça, des cordes majestueuses, des mélodies magistrales, des atmosphères merveilleuses, un rêve sonore, une envolée magnifique au doux son de la voix claire de Tetsuya-sama, ou de ses spoken words... Les paroles de cet album parlent des chutes inéluctables, des choix laissés à l’abandon, de l’obsédante réalité de la douleur, de l’angoisse qui ne meurt jamais et de la solitude face à l’effondrement.

Cet album sera un électrochoc pour la scène screamo, une sorte de second Big Bang après la genèse du genre initiée par Heroin. Beaucoup s'essaieront ensuite à ce mélange entre screamo et post-rock, certains y arriveront avec succès, proposant des disques immenses de beauté et de talent. Déjà avant All The Footprints [...], certains groupes très talentueux s'essayaient au mélange screamo/post-rock comme Funeral Diner, City Of Caterpillar... Mais pour être francs jamais personne n'a su, et ne saura sans doute mieux créer cette alchimie que sur cet album qu'à crée le groupe du Soleil-Levant.

Aujourd'hui, plusieurs EP et albums ont suivi All The Footprints [...], Envy a trouvé son équilibre, son idéal musical. Recitation, sorti en 2010, a d'abord surpris, puis séduit, et enfin mis à terre la plupart de leurs auditeurs. La parfaite alchimie entre un post-rock qui a certes pris le dessus sur l'ensemble de leurs influences, mais plus maîtrisé que jamais, onirique, aux guitares complémentaires, saupoudré de leur screamo légendaire. Envy sera considéré comme le lancement de la seconde vague screamo, qui aura emporté dans ses flots sauvages le post-rock, liant à jamais les deux genres.

Même ceux qui, actuellement, jouent du screamo et seulement du screamo vous le diront. Même si évidemment, pour eux, il existe d'autres légendes qui la aussi ont eu un impact fort sur la scène, comme Orchid ou Ampere, qui jouent un screamo très rapide, très chaotique, saturé à l'extrême, qui écrase l'auditeur sous des tonnes de haine, de désespoir, de vérité et de désillusions. On parle alors d'emoviolence, pour cataloguer ces groupes, et ce depuis que le groupe In/Humanity s'est volontairement qualifié le premier d'emoviolence, pour identifier sa musique. Même si ceci est assez discutable, ça reste du screamo, point...


Envy, lors de leur concert le 21/10/2011 à La Maroquinerie, à Paris


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