mardi 28 janvier 2014

Joie De Vivre/Prawn : un split pour bientôt !


Et hop, je n'y vais pas par quatre chemins, voici d'emblée la cover du split Joie De Vivre/Prawn, à paraître le 11 Février prochain chez Topshelf Records ! Et pour nous faire patienter jusque là, une chanson de chaque groupe, toutes deux issues de ce split, ont été mises en ligne. Elles annoncent du très bon, du beau, de l'aérien, du catchy... Tout ce qu'on aime ! Pour écouter ces morceaux, rendez-vous juste en-dessous !





mardi 21 janvier 2014

Chronique : State Faults - Resonate/Desperate


Je suis en retard, c'est vrai. Mais il fallait que je vous parle de ce nouvel album de State Faults, clairement l'un de mes groupes screamo favoris, que ce soit musicalement ou pour leur culture Internet (le groupe est spécialisé dans le postage de statuts drôles et d'images "what the fuck"). Après l'EP Head In The Clouds très influencé post-rock à une époque ou le groupe se nommait encore Brother Bear, et le premier album Desolate Peaks ou les influences screamo se font bien plus présentes, les garçons de Santa Rosa, Californie, sont revenus mi-Novembre 2013 avec le très attendu Resonate/Desperate, sorti chez No Sleep Records. J'ai toujours pensé que le groupe était très sous-estimé par rapport au reste de la scène, et à ce qu'il délivre dans ses chansons et en live. Avec le soutien d'un label qui aura notamment vu passer La Dispute, Balance & Composure ou encore Now, Now, et avec ce que nous offre ce disque plus direct encore mais toujours aussi céleste, ceci devrait changer... 

La première chanson, "Meteor" porte très bien son nom : il nous tombe violemment sur la tête un hardcore mélodique énervé, saccadé, soutenu par une cascade de frappes impressionnantes de la part du batteur, et ce cri toujours aussi déchirant, perçant, intriguant. Il pourrait même s'avérer dérangeant pour les kids qui n'auraient pas (encore) écouté de skramz façon Raein. Au milieu du morceau, un brouillard shoegaze se fait sentir sur un pont plutôt aérien. Il nous plonge dans cet univers fantastique, aquatique même, qui ressort des paroles de l'album entre abstraction, tristesse et pessimisme d'un groupe fan de la saga Final Fantasy... Ceux qui suivent assidûment la saga verront notamment le rapprochement dans certains titres. Avant d'être des musiciens, chez State Faults ce sont avant tout de grands geeks ! Le titre suivant, "Wildfires", est le tube en puissance de cet album. Les mélodies sont aussi catchy que virulentes, s'impriment dans les oreilles et dans le cœur, et n'en ressortent plus. Une urgence aussi terrifiante que vivifiante. C'est un voyage quelque part entre les forêts, le ciel étoilé et l'aurore. Et au milieu de ça, une rengaine hurlée depuis les tréfonds d'une âme torturée : "Misery, do we fade into nothing ? / Misery, does this all mean nothing ? Misery, why do fireflies die ? Why wildfires wither away ?". Quelques phrases qui seront assurément reprises en cœur par leur public en live. Ce morceau est suivi de "Ultima", toujours aussi intrigante et prenante, un autre single potentiel, avec la petite rengaine qui va bien : "Stomp me on, cause I'm burning at both ends / Stomp me on, cause I'm burning on infinite"

Il est désormais impossible d'arrêter ce disque, l'univers sombre et hypnotique t'a désormais enveloppé, emprisonné. Ton cœur sera brisé, transpercé par les "Stalagmites". L'océan, un océan de tristesse dans lequel on semble se noyer, devient glace. Sur ce titre, on plonge encore un peu plus dans la détresse de Jonny (chant/guitare), qui veut à tout prix se faire entendre, et hurler la peine de ceux qui n'y parviennent pas. Briser la glace. "Cause you'll never ever know what it feels to resonate so desperately". Le nom de l'album prend ainsi tout son sens. Sur ce titre, un point culminant nous donne réellement envie de déposer une petite larme : lorsque Jonny s’époumone à hurler "I turn away, nothing is real, I close my eyes, and feel my body slip from me", avant un petit solo de guitare touchant et plutôt inattendu, avant que Jonny ne revienne une dernière fois répéter ses complaintes. De l'océan froid, nous sommes directement catapultés vers les montagnes avec "Diamond Dust". Un nouveau paysage glacial, qui devient apocalyptique quand l'avalanche déboule dans nos esprits. "I am an avalanche, swallow everything / I am an avalanche, burying myself alive". La poussière de diamant que l'on est, ces restes de matière lumineuse et fragile tel nos âmes tourmentées, se mêle au torrent de neige qui ensevelit notre être, nos espoirs impossibles. "Wishing impossible things", nous vocifère Jonny dans les ultimes secondes de cette rude escapade. L'avalanche avait déjà recouvert le paysage, il s'agit maintenant de le détruire. "Disintegration" se lance. Dans une ambiance grave et pesante autant que le cri de Michael (guitare) qui surgit sur quelques mots, ou les guitares se veulent incisives, percutantes, on assiste à la destruction de la matière. "I feel so empty, the universe inside of me has faded/ it just drifts away/ our bodies age and entropy / everything that is will disintegrate". Sous ces arpèges finaux, la poussière qui resterait ici et là se disperserait lentement. 

Nous ne sommes désormais plus rien. "You cant save me / Don't cry for me / I'm already dead", disait Jonny sur "Faultlines". Nous ne sommes plus rien d'autre qu'un rêve oublié, cristallisé, perdu dans l'océan astral. Un rêve qui explose une nouvelle fois en mille morceaux, en une explosion soudaine. Une cascade rythmique redoutable, contrastant avec les mélodies shoegaze du début. Rien ne semble arrêter les éléments dans cette fatalité pourtant si belle, au travers de ces eaux troubles, de ces glaces , de ces étoiles filantes. Une cascade qui coule sans discontinuer sur "Incantations". Une sorte de synthèse brutale et réaliste de tout ce fléau affronté depuis le début du voyage, depuis le début du disque. Un constat amer et résigné de la personne que l'on est. "I’m painting mountains across timeless passions / I climbed the tops of trees but all I saw in me / Were just cloud mouthed storm fronts clouding crystal visions / A ruined painting disintegrating.". Une incantation faite pour exorciser nos maux. 

Une lumière blafarde semble apparaître sur les premières notes cristallines de "Luminaria". Mais ce n'est qu'une illusion. "My heart is a desolate peak / Life is a lonely disease / Embedding splinters in me / Life is a lonely disease" hurle avec toute la douleur du monde Jonny, sur un son toujours plus cathartique et atmosphérique. "Amalgation" se veut plus terre à terre, moins aérienne. Elle nous rappelle au bon souvenir d'une forêt maintenant disparue. "Now the forest is gone / The ashes fall like snow / When winter sank in the soil / The garden just wouldn't grow". Et maintenant, que reste-t-il en définitive ? Le néant ? Un dernier brûlot vient nous le rappeler. "Old Wounds". De vieilles blessures qui ressurgissent. Les blessures de notre Terre, les blessures de nos cœurs. Sous d'ultimes arpèges, d'ultimes chœurs, un ultime voyage dans l'aurore, Jonny nous crie ces derniers mots : "We pulled the earth from the bone and emptied the vein / When the dust settled, an ocean remained and in its waves / old wounds reopened / Our hopes drowned in the ocean". Et tout se meurt dans quelques notes de piano funestes. Puis le silence. Tout est fini. Tout est probablement emprisonné sous des glaciers éternels. 

Éternels tel la beauté de ce disque poignant, lunaire, impressionnant. Une histoire tragique, un voyage unique. Rien que musicalement, l'alchimie entre screamo, shoegaze et quelques accents post-rock est justement distillée, rendant le disque varié, captivant du début à la fin, parfois catchy, parfois violent. On arriverait presque à un point culminant d'émotions proche de Pianos Become The Teeth. Une beauté cristallisée dans les glaces piquantes des ténèbres, doucement éclairée par les lueurs de l'aurore. Il vous faut vous plonger dans ce disque. "For your health", comme le dit l'une des quelques répliques cultes du groupe.

lundi 20 janvier 2014

Live report : Man Is Not A Bird + Devonmiles + Interior Queer + Bitpart @ L'Amsterdam, Paris, le 18/01/2014


C'est en recevant ce flyer un peu customisé, avec la main soigneusement découpée et un très tendre extrait des paroles du groupe 29/09 : "J'arracherai ton visage comme on déchire une page", écrit au dos du flyer par la main d'un des organisateurs du concert, que j'ai été informé de la tenue de cette date. Dans un petit bar parisien se tenait en ce frais Samedi soir cette affiche fort intéressante et très variée, la première soirée organisée par Out Of Boredom, toute jeune asso parisienne montée par trois jeunes gens, dont deux copains fort sympathiques. Ce soir, les wood rockeurs de Man Is Not A Bird ont partagé la scène de L'Amsterdam en compagnie de Devonmiles, Interior Queer et Bitpart. Retour sur une soirée palpitante !

C'est Bitpart qui est entré le premier sur scène. Les franco-américains, vivant entre Paris et Olympia, nous ont balancé un mélange détonnant entre post-punk et indie. Malgré des soucis de guitare qui se désaccordait souvent, le groupe a tenu un set haletant, et m'ont conquis par leur punk aussi sinueux et complexe qu’entraînant et introspectif. Je n'avais pas été plus marqué que ça par les morceaux présents sur leur page Bandcamp. Or en live, l'intensité et la complexité des morceaux ressort davantage. Je pense que c'est en concert que la musique de Bitpart prend tout son sens, surtout avec les messages forts qu'elle contient, et il me tarde de les revoir pour en juger une nouvelle fois !

C'est ensuite Interior Queer qui est venu prendre place. Et boom, une bonne grosse fessée hardcore punk à l'ancienne ! Le groupe est venu présenter son nouvel album éponyme, qui sortira le 1er Février. Percutant, incisif, virulent... Les adjectifs ne manquent pas pour caractériser leur musique pleine de rage et de rythmes effrénés, acharnés. Pas étonnant venant d'un chanteur/guitariste issu de Ravi et des bien plus sombres Death Mercedes. Une très bonne découverte, et un groupe qui a une bonne énergie et une présence scénique certaine. En plus leur bassiste avait un t-shirt Solids, bonus love. Ceci était un argument dégoulinant d'objectivité !

Les Orléanais de Devonmiles ont ensuite pris le relais. La, c'est un univers clairement plus saccadé auquel nous avons eu affaire, pas mal influencé par la scène post-hardcore des années 90. Il était un peu plus difficile de se laisser emporter par leur son très sec et lourd, et je pense que leur set aurait été encore mieux à vivre avec plus de mouvement. Mais néanmoins ce fut un plaisir d'entendre leur musique archi-remplie de tension et de colère. L'accueil a de plus été très favorable, chose à laquelle je ne m'attendais pas tellement ! 

Et c'était à Man Is Not A Bird qu'est revenu la tâche de clore la soirée. Mis à part des samples, la musique des parisiens est complètement instrumentale, et assez loin de l'esthétique punk des précédents groupes. Ce qui avaient un peu étonné quelques kids présents ce soir-là, plutôt étrangers au post-rock et au math. Mais le paradoxe est que le quartet jouait deux fois plus fort que les autres, et ce rien qu'aux balances, jouant des tours aux oreilles des non-initiés ! Comme à leur habitude, Man Is Not A Bird en live ce fut tout aussi aérien, enjoué et percutant que sur disque. Julian virevoltant dans tout les sens, Valentin concentré et passionné, Adrien "Monsieur Sourire" déchaîné sur ses fûts, et Julien tout aussi souriant soutenant avec rigueur le rythme des morceaux. De nouveaux morceaux fut interprétés ce soir, et autant dire que ce qui nous attend sur le LP est d'un niveau bien supérieur à ce que j'imaginais. Il sera une parfaite balances entre morceaux enjoués, vifs et ensoleillés, et d'autres bien plus atmosphériques, voire même carrément lourds et écrasants, à en juger par l'un de ces titres. Tout le long de leur set, les arpèges ont croisés les riffs acérés et les tappings, pour se terminer dans un déluge de larsens, d'aïgus.

Ce premier concert organisé par Out Of Boredom fût donc un petit succès. Plus d'entrées que prévu, des groupes au top, une ambiance au beau fixe, quoi de mieux ? Il me tarde de voir ce que cette asso nous réserve à l'avenir, et de revoir chacun de ces groupes tous plus doués les uns que les autres...

PS : Bravo et merci à vous, mes petits préférés Louise et Vincent ! Merci également aux garçons de Man Is Not A Bird qui font craquer par tant de passion pour leur musique et qui sont toujours super accessibles. Et merci à tout les autres groupes !

Découverte : Stavanger (post-rock, Nantes)


Les groupes de post-rock se comptent par centaines en ce moment. Les bons groupes de post-rock, c'est autre chose. Il me semble que Stavanger fait partie de la seconde catégorie. Originaire de Nantes, le quintet né en 2011 nous distille avec Far From Silence, Close To Violence, leur EP sorti le 19 Janvier, trois titres aériens, brumeux, hypnotiques. Pour un début, c'est très prometteur. Suffisant en tout cas pour me faire voyager dans des contrées lointaines sans même avoir besoin de bouger de mon lit... J'espère qu'il en sera de même pour vous ! Allez, je vous laisse savourer le tout par ici, vous m'en direz des nouvelles !

jeudi 16 janvier 2014

Chronique : You Blew It! - Keep Doing What You're Doing


Mon tout premier amour sur la scène emo, ce fut You Blew It!. J'ai connu ce groupe à ses tout débuts, avec le tout premier EP, et il berce mes oreilles depuis tout ce temps. Depuis, ils se sont taillés une petite réputation, et ont sorti un superbe album, Grow Up, Dude, chez Topshelf Records. Une réussite bien méritée ! Et les voilà aujourd'hui de retour avec un second opus, nommé Keep Doing What You're Doing...

Et ce disque est dans la parfaite continuité des précédents... Voire un peu trop ? Autant on y retrouve toujours la recette qui fait qu'on adore le groupe, à savoir un emo/indie chaleureux, enjoué, mathy, grizzly, autant on se dit que le groupe aurait pu varier davantage ses morceaux, comme il le faisait si bien sur les précédents opus. Il faut reconnaître que ce qui change tout, c'est d'abord la production. Derrière les manettes, on retrouve Evan Weiss (Into It. Over It., Their/They're/There), LE grand nom actuel de la scène emo. Jamais la musique du groupe n'aura aussi bien été mis en relief, relevant ainsi chaque envolée rythmique, rendant les passages down-tempo plus puissants et hypnotisants encore, faisant ressortir mieux que jamais les guitares rugueuses et ensoleillées, les larsens résonnant ici et là, laissant entendre chaque petit détail de voix mieux au millimètre près, laissant ainsi le côté émotionnel s'exprimer et se dévoiler au maximum. 

Même si en soi, l'ensemble du disque est assez linéaire, on y trouve quelques perles, comme les deux premiers titres "Match & Tinder" et "Award Of The Year Award" tout deux pleins d'énergie et extrêmement bien choisis pour démarrer le disque, les sensibles "Storng Island"' et "House Address" et son refrain frissonnant, ou l'éblouissant final "Better To Best", tout en montées, en explosions, et en douceur. Au final, on se laisse prendre par ce côté intimiste qui perdure encore et toujours. Et puis il faut le dire, on prend plaisir à se plonger dans ce disque qui donne le sourire instantanément, et à retrouver ce chant gorgé de sentiments, aussi éraillé que doux, qui ne faiblit pas au fil des années, bien au contraire... Les doubles voix qu'on entend chez ce groupe sont toujours incroyables, c'est jamais exagéré, toujours bien calé, toujours aussi beau. Comment ne pas se laisser envoûter ?

Si vous découvrez You Blew It! avec cet album, il y a de fortes chances que vous soyez conquis. Pour celui qui connait la bande depuis plus longtemps, ce disque demande plusieurs écoutes pour se dévoiler. Une situation paradoxale il est vrai. Laissez-lui deux ou trois passages dans vos esgourdes, vous y trouverez ainsi toute sa richesse ! Mais dans tout les cas, Keep Doing What You're Doing ne laisse pas insensible, loin de là. Soutenu par une production haut de gamme, le meilleur de la musique du groupe ressort, une musique toujours aussi sincère, introspective. Mais comme je le disais plus haut, on aurait pu s'attendre à plus de variété, à la manière d'un Into It. Over It., une influence que l'on retrouve néanmoins sur cet opus. Coïncidence ?


mercredi 15 janvier 2014

Live report : Calvaiire + Direwolves + Cowards @ La Miroiterie, Paris, le 13/01/2014


Il y avait foule en ce Lundi soir, dans l'invincible squat punk de La Miroiterie. 98% des personnes présentes ce soir étaient habillées en noir, la coupe "Hitler-like" qui va bien... Pas de doute, il s'y tenait ce soir là un concert 100% Throatruiner Records, organisé conjointement par deux assos faisant très fréquemment venir le meilleur des scènes screamo et hardcore : Old Town Bicyclette et En Veux-Tu? En V'la!. À l'affiche : le sludge/doom de Cowards, le crust/hardcore de Direwolves, et le hardcore chaotique convergien de Calvaiire.  La violence, la froideur et la démence étaient donc au rendez-vous.

Cowards a ouvert les festivités. "Festivités" est un mot bien ironique, tant ce fut un spectacle de lourdeur et de noirceur. Le groupe était concentré, jouant leurs morceaux avec précision. Froidement. Impitoyablement. Aucune pitié pour l'auditoire. Un auditoire pourtant hypnotisé par ce marasme de nihilisme résonnant fort entre ces murs fragiles. Le chant de Julien, ce chant dérangeant et perçant, arrachait littéralement nos tympans. Le groupe est sorti de scène comme il y est entré, négligemment : on remet nos vestes, on se casse, sans regarder les gens. De toute façon ils servent à quoi tout ces morpions ? Cette "bouillie informe", comme Julien le répète inlassablement dans "Du Soleil Vert On En A Tous Bouffé" de son autre groupe Death Mercedes... Voilà, on est là, un peu hagard à la suite de ce set, en attendant la suite, une nouvelle bière à la main. Avant le set de Direwolves, j'ai discuté un peu avec le frontman de Cowards, et j'ai finalement découvert un type gentil et humble, fier de sa musique. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences dans un concert de cette trempe.

Les cannettes vides et les corps chauffés, c'est maintenant à Direwolves d'entrer en scène. Ils ont plutôt cherché à la pulvériser, à vrai dire. Ce fut le premier set des bretons à Paris, et ils n'ont pas fait les choses à moitié. Distillant un hardcore puissant hurlé du fond des tripes mélangé à de méchantes parties 2-step, et des explosions crust crasseuses et virulentes, les garçons auront retourné la salle. Le premier rang a été très réactif, dont faisait partie l'un des guitaristes de Calvaiire qui est venu hurler avec eux le temps d'un couplet. Les autres étaient plutôt stoïques, malheureusement. Ah, le public parisien et son enthousiasme légendaire... Mais cela n'empêche pas le groupe d'avoir été chaleureusement applaudi. De nouveaux morceaux étaient joués ce soir, des morceaux qui figureront sur leur album à venir en 2014. Au vu de leur prestation et de leur enthousiasme, on ne peut que être rassuré sur le contenu de cet opus !

Il est maintenant temps de laisser place à Calvaiire. La, ce fut le chaos total, à l'image du premier album de la bande, Forceps, qui fut interprété ce soir là. Leur prestation fut à l'image du disque : folle et spontanée. Malheureusement, des problèmes de son ont étouffé le chant de Matthias, noyé sous la décharge sonore impitoyable que lançait le reste du groupe. Mais tant pis, il se démenait tant bien que mal pour se faire entendre au maximum. Si bien que ça marchait pour les personnes présentes au premier rang ! Le public a en majorité adhéré au torrent sonore de Calvaiire, même si encore une fois, très peu de monde était démonstratif. C'est dommage, car c'est pourtant le genre de musique qui donne au moins envie de bouger la tête même si il est pas évident de suivre cette déconstruction rythmique effrénée !

Le premier rendez vous crust/hardcore de l'année signé OTB/EVTEVL fut donc une bonne réussite. Des sets bien rodés, un accueil général positif, et assurément de bonnes découvertes pour quelques personnes présentes ce soir. Direwolves reviendront peut-être sur Paris, heureux du retour du public, et il est fort à parier qu'il en sera de même pour Calvaiire ! Quand à Cowards, la question ne se pose même pas au vu de la situation géographique et de leur réputation.

PS : Merci à tous les musiciens à qui j'ai pu discuter pour leur accessibilité et leur gentillesse, auprès de qui je m'excuse pour ma timidité et ma nervosité, à eux comme aux autres d'ailleurs. Merci également à OTB et EVTEVL pour cette soirée, et merci à Matthias de Throatruiner Records/Calvaiire.

Découverte : I Was A Cosmonaut Hero (screamo/post-rock, Besançon)


Il y a pléthore de groupes screamo français qui sont connus au-delà des frontières hexagonales et qui ont compté dans l'évolution du genre, nul besoin de les citer. Puis il y a les autres, qui suivent le chemin tracé par les patrons avec passion et attention. I Was A Cosmonaut Hero en fait partie. 

J'ai découvert ces petits gars au travers d'un S/T intense, oscillant entre onirisme et lourdeur écrasante, qui montrait un groupe à l'aise musicalement, savant distiller leurs influences tout en restant eux-mêmes. Un split avec The Solexine Chapter et Cheval plus tard, le groupe est retourné en studio pour nous préparer un nouvel album. Nommé MMXIII, il sortira le 1er Mars 2014, et contiendra 6 titres, dont "Mes Faiblesses", que je vous ai posté plus bas. Lorsque j'ai découvert ce titre, j'ai été subjugué. On y découvre un son toujours aussi atmosphérique, mais également plus frontal et direct par moments. Peut-être même plus lumineux ? Un violoncelle vient relever le contenu de ce morceau particulièrement fort émotionnellement. J'ai vraiment hâte de pouvoir écouter ce nouvel album, qui j'en suis sûr va confirmer ce dont le groupe est capable, au vu de ce single excellent...




Et puis tiens, un petit bonus, le side-project punk hardcore du bassiste : Brainwashed.

La Dispute : nouveau single, tracklist de l'album


On en sait un peu plus désormais sur Rooms Of The House, le prochain album de La Dispute ! Prévu pour le 21 Mars prochain, la tracklist de l'album a été dévoilée, ainsi qu'un single issu de ce troisième opus. Intitulé "Stay Happy There", il semble continuer sur le même chemin qu'a tracé Wildlife, mais avec plus d'énergie et moins de retenue. Ça sent bon pour le reste du disque ! Ce morceau sera la 7ème piste, sur 11 morceaux dont voici les noms et l'ordre ci-dessous !

1) HUDSONVILLE MI 1956
2) First Reactions After Falling Through the Ice
3) Woman (in mirror)
4) SCENES FROM HIGHWAYS 1981-2009
5) For Mayor in Splitsville
6) 35
7) Stay Happy There
8) THE CHILD WE LOST 1963
9) Woman (reading)
10) Extraordinary Dinner Party
11) Objects in Space

Et voici également le nouveau single !

lundi 13 janvier 2014

Chronique : Avion - S/T


Il semblerait qu'un petit microcosme math-rock parisien est entrain de se créer. Un petit îlot de paradis dans la crasse pourrissienne (rooh oui, j'ai pas pu m'empêcher de citer Death Mercedes pour le coup...), représenté entre autres par les foufous de chez Jean Jean, et par mes chouchous Man Is Not A Bird. Il faudra maintenant compter sur les petits loulous de chez Avion, qui ont récemment assuré la première partie de Joan Of Arc, l'un des groupes de la fratrie Kinsella. Eh oui, un nom random de plus dans le math-rock français ! Y'a bien un jour ou on verra un groupe s'appeler "Vélib", ou bien "Jacques Chirac" (quoique ça je l'attends plutôt sur un skeud de Sport)... Bon allez, fini les conneries, on va bientôt décoller. Direction les cieux...

Ça commence avec "Ghosts Of Sunday". Un riff rugueux et mélancolique, un chant entraînant, sensible... Ça ressemble pas mal à ce qu'on aime entendre dans tout l'emobordel. Puis on commence à tiquer sur ce chant qui parfois prend un accent particulier, très grave. Mais ce xylophone qui arrive après, JUSTEMENT PLACÉ, il nous réconcilie avec ce son, qui progresse petit à petit dans un élan math-rock tendre, soutenue par une réverb' omniprésente, relevant à mort le côté aérien de la musique du groupe (ben comme quoi, leur nom de groupe a pas été choisi au pif). Une musique qui s'érode, qui s'attriste davantage lorsque en un moment furtif, les guitares prennent les devants. Une atmosphère touchante, vraiment plaisante, qui m'a convaincu d'écouter la suite. Je commence à planer, au-dessus de ma banlieue morose. Au revoir les cités HLM, moi j'me casse là ou l'Avion voudra bien m'emmener !

Et la prochaine escale, elle sera nommé "Hymne". Probablement un hymne à la joie, tant ce titre est rempli de bons sentiments. T'as envie de participer à ce chant en chœur, et de danser sur cet improbable mais génial plan à la limite du zouk. Bon bah y'a moyen que j'invite quelques résidents de ma cité à faire un petit coupé-décalé dessus, haha ! Par contre, je ne sais pas si ils continueront à danser sur le final explosif, plus adapté aux fans de Crash Of Rhinos, encore plus frissonnant que celui du titre précédent, encore plus dissonant et percutant.

Tout s'apaise avec "Too Far From The Sea". Le vol passe au-dessus d'un océan tranquille, lointain. Des eaux qui deviennent presque troubles, à la fin de ce titre. Mais on ne fait que se noyer dans une mer douce, pas question de sombrer dans des contrées obscures. "See You Behind Your Wall" enchaîne avec un ton plus saccadé. Nous traversons quelques turbulences messieurs dames, veuillez accrocher vos ceintures ! Mais c'est pour mieux nous plonger dans ces perpétuelles atmosphères dansantes que le groupe sait si bien distiller. Mais comme à chaque fois, le morceau finit dans un tonnerre instrumental jamais bien long et toujours plus fort. Le voyage se termine avec "Faces". Un des titres les plus frontaux du disque. Quelques hurlements déchirants se font entendre, histoire de soutenir la tension qui règne du début à la fin sur ce morceau... Mystérieux ? Un vol qui semble s'achever dans un épais brouillard, un brusque atterrissage. On est déjà arrivé ?

Ce premier essai d'Avion est vraiment une belle surprise. C'est beau, sincère, rafraîchissant, planant. Mais également troublant et brumeux. Les explosions finales des morceaux forment une apothéose dans cet univers enjoué et mélancolique à la fois. En fait, on dirait une version pop de Sore Eyelids (et la c'est un beau compliment je trouve, au vu de mon total dévouement aux suédois), c'est vraiment réconfortant et bénéfique à écouter au matin pour te réveiller en douceur, ou dans ton bus de nuit en voyant les tours parisiennes défiler puis en fermant les yeux, s'imaginant pousser des ailes et partir loin, naviguer dans l'aurore, traverser des forêts, des montagnes, des campagnes... Tu ne peux que te sentir bien à l'écoute de ces morceaux. Puis il y a ce chant atypique qui au début peut rebuter, mais on s'y fait après une ou deux écoutes. C'est justement ce côté brut de décoffrage, ce fait d'éviter la justesse à tout prix au profit d'un cœur à vif, qui ajoute à la sincérité des émotions ressenties à l'écoute de l'EP. J'ai vraiment hâte d'en entendre davantage de la part de ces messieurs, que je remercie pour le voyage. Si les voyages en avion se déroulent toujours comme ça, moi j'oublie tout de suite mes peurs de le prendre.

lundi 6 janvier 2014

You Blew It! : Le nouvel album en streaming !


Et voilà ! Le nouvel album de You Blew It!, nommé Keep Doing What You're Doing, est désormais en streaming ! C'est sur Pitchfork que cela se passe, et à la première écoute, je peux vous dire qu'il est vraiment à la hauteur de mes attentes. Toujours aussi chaleureux, un côté rugueux toujours présent... Impossible d'être déçu par ce disque ! Il paraît même un peu plus puissant encore que les sorties précédentes. J'espère qu'il vous plaira tout autant qu'à moi ! C'est par ici qu'on va pour l'écouter :)

jeudi 2 janvier 2014

Chronique : Foxing - The Albatross


2013 nous réserve des surprises jusqu'au bout. Et cela se confirme avec le premier album de Foxing. Tout droit sorti de chez Count Your Lucky Stars, le groupe présente, avec The Albatross, plus que de la musique : Une évasion. Récit d'un album inattendu, impressionnant de maturité et de force.

Dès les premières notes de "Bloodhound", on est directement happé, transporté, par ces notes de violons gracieuses et aériennes suivie par une flûte à leur égal, par ce piano mélancolique et pesant, et surtout ce chant doux, aussi fragile que touchant, plutôt inhabituel dans la sphère emo. Une douce envolée, nous laissant doucement nous diriger vers une première apothéose avec "Inuit", ou les arpèges et la rythmique post-rock déferlent derrière un chant qui devient parfois hurlement, toujours dans une fragilité qui donne des frissons. La douceur d'un emo/indie plus traditionnel mais joliment exécuté vient justement adoucir le morceau, avant de le laisser s'envoler à nouveau, laissant s'entremêler le post-rock, une trompette, des violons, pour un final éblouissant...

À jouer de l'emo à coeur plus ouvert que jamais, Foxing montre clairement son génie, comme le montre "The Medic" et ses textes simples mais touchants, chantés puis hurlés, le nœud à la gorge, comme si il appelait à l'aide. "Now if you want me to slow down / Just tell me to slow down / Cause I want to be loved".  "Rory" perpétue dans cet appel de détresse, toujours plus troublant, introduit par un piano cette fois plus aïgu mais toujours empreint de mélancolie. Et toujours ces complaintes simples qui sont répétées, avec toute la tristesse du monde : "I swear I'm a good man / So why you don't love me back ?"

Heureusement, tout n'est pas joué sur un accent de tristesse aussi prononcée. "Bit By a Dead Bee pt. I" montre un ton plus enjoué, et un surprenant passage entre screamo et rock progressif à la Dance Gavin Dance. "Her teeth marks patched up the lines on my palms / The edge of her spine braided into mine / We were mute in the mouth of the moon / We were mute in the mouth of the currents of blood vessels containing the sea / That keep you from coming back to me" laissant encore une fois la place à un final grandiose, ou les hurlements cathartiques croisent un chant aérien. "Bit By a Dead Bee pt. 2" peut ainsi se jouer, tout en douceur et en harmonies envoûtantes, comme toujours sur cet album. Point de hurlements ici, tout se joue dans le calme et la sérénité. Une sérénité perceptible sur "Den Mother", un véritable rayon de soleil, qui finit en explosion de bons sentiments, réchauffant ainsi les coeurs brisés par les précédents titres, qui après un interlude à l'accordéon ("Calm Before") finiront apaisés sur la dernière piste du LP, "Quietus", mêlant toujours avec grâce des guitares légères et ce chant toujours hanté, transcendant, qui nous guide jusqu'à la fin du disque vers un imaginaire et un espace sentimental ou l'on ose trop peu souvent mettre les pieds de nos jours...

Cet album est incontestablement l'un des plus grands opus emo de cette année. Touchant au possible, varié, original et passionné, il se démarque clairement de la concurrence, là ou un The World Is A Beautiful Place & I Am No Longer Afraid To Die avait pourtant déjà mis la barre très haute, dans le mélange emo/post-rock/violons, trompettes et compagnie. Ceux qui ont aimé Whenever, If Ever vont inévitablement craquer pour le premier jet de Foxing, empreint d'une maturité et d'une personnalité impressionnante. Vous ne pourrez pas passer à côté de ce chant hors du commun, rempli de vécu, d'émotions diverses, se liant avec perfection aux différents univers découlants de cette musique pouvant presque passer pour une symphonie, une symphonie pleine de grâce, une réelle invitation au voyage.