lundi 13 janvier 2014

Chronique : Avion - S/T


Il semblerait qu'un petit microcosme math-rock parisien est entrain de se créer. Un petit îlot de paradis dans la crasse pourrissienne (rooh oui, j'ai pas pu m'empêcher de citer Death Mercedes pour le coup...), représenté entre autres par les foufous de chez Jean Jean, et par mes chouchous Man Is Not A Bird. Il faudra maintenant compter sur les petits loulous de chez Avion, qui ont récemment assuré la première partie de Joan Of Arc, l'un des groupes de la fratrie Kinsella. Eh oui, un nom random de plus dans le math-rock français ! Y'a bien un jour ou on verra un groupe s'appeler "Vélib", ou bien "Jacques Chirac" (quoique ça je l'attends plutôt sur un skeud de Sport)... Bon allez, fini les conneries, on va bientôt décoller. Direction les cieux...

Ça commence avec "Ghosts Of Sunday". Un riff rugueux et mélancolique, un chant entraînant, sensible... Ça ressemble pas mal à ce qu'on aime entendre dans tout l'emobordel. Puis on commence à tiquer sur ce chant qui parfois prend un accent particulier, très grave. Mais ce xylophone qui arrive après, JUSTEMENT PLACÉ, il nous réconcilie avec ce son, qui progresse petit à petit dans un élan math-rock tendre, soutenue par une réverb' omniprésente, relevant à mort le côté aérien de la musique du groupe (ben comme quoi, leur nom de groupe a pas été choisi au pif). Une musique qui s'érode, qui s'attriste davantage lorsque en un moment furtif, les guitares prennent les devants. Une atmosphère touchante, vraiment plaisante, qui m'a convaincu d'écouter la suite. Je commence à planer, au-dessus de ma banlieue morose. Au revoir les cités HLM, moi j'me casse là ou l'Avion voudra bien m'emmener !

Et la prochaine escale, elle sera nommé "Hymne". Probablement un hymne à la joie, tant ce titre est rempli de bons sentiments. T'as envie de participer à ce chant en chœur, et de danser sur cet improbable mais génial plan à la limite du zouk. Bon bah y'a moyen que j'invite quelques résidents de ma cité à faire un petit coupé-décalé dessus, haha ! Par contre, je ne sais pas si ils continueront à danser sur le final explosif, plus adapté aux fans de Crash Of Rhinos, encore plus frissonnant que celui du titre précédent, encore plus dissonant et percutant.

Tout s'apaise avec "Too Far From The Sea". Le vol passe au-dessus d'un océan tranquille, lointain. Des eaux qui deviennent presque troubles, à la fin de ce titre. Mais on ne fait que se noyer dans une mer douce, pas question de sombrer dans des contrées obscures. "See You Behind Your Wall" enchaîne avec un ton plus saccadé. Nous traversons quelques turbulences messieurs dames, veuillez accrocher vos ceintures ! Mais c'est pour mieux nous plonger dans ces perpétuelles atmosphères dansantes que le groupe sait si bien distiller. Mais comme à chaque fois, le morceau finit dans un tonnerre instrumental jamais bien long et toujours plus fort. Le voyage se termine avec "Faces". Un des titres les plus frontaux du disque. Quelques hurlements déchirants se font entendre, histoire de soutenir la tension qui règne du début à la fin sur ce morceau... Mystérieux ? Un vol qui semble s'achever dans un épais brouillard, un brusque atterrissage. On est déjà arrivé ?

Ce premier essai d'Avion est vraiment une belle surprise. C'est beau, sincère, rafraîchissant, planant. Mais également troublant et brumeux. Les explosions finales des morceaux forment une apothéose dans cet univers enjoué et mélancolique à la fois. En fait, on dirait une version pop de Sore Eyelids (et la c'est un beau compliment je trouve, au vu de mon total dévouement aux suédois), c'est vraiment réconfortant et bénéfique à écouter au matin pour te réveiller en douceur, ou dans ton bus de nuit en voyant les tours parisiennes défiler puis en fermant les yeux, s'imaginant pousser des ailes et partir loin, naviguer dans l'aurore, traverser des forêts, des montagnes, des campagnes... Tu ne peux que te sentir bien à l'écoute de ces morceaux. Puis il y a ce chant atypique qui au début peut rebuter, mais on s'y fait après une ou deux écoutes. C'est justement ce côté brut de décoffrage, ce fait d'éviter la justesse à tout prix au profit d'un cœur à vif, qui ajoute à la sincérité des émotions ressenties à l'écoute de l'EP. J'ai vraiment hâte d'en entendre davantage de la part de ces messieurs, que je remercie pour le voyage. Si les voyages en avion se déroulent toujours comme ça, moi j'oublie tout de suite mes peurs de le prendre.

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