samedi 26 mars 2016

Avec "I Miss Boredom", Miles Oliver fera également faire des loopings à ton coeur.



J'ai souvent eu, et j'ai encore beaucoup de frissons en écoutant son premier disque, Breathe, dont tu peux lire ma chronique par ici. J'aime beaucoup l'écouter quand je vagabonde dans les RER et les bus de banlieue, ou quand il faut se rendre au boulot. Ça donne un goût de poésie et d'abstraction à ma routine. J'espère toujours qu'il sera un jour pressé en vinyle... En attendant, Miles Oliver te propose de rêver encore un peu plus, de sortir un peu la tête de la brume, pour te faire voyager plutôt vers la rosée du matin, celle qui reflète des couleurs orangées. Voici I Miss Boredom, quelques nouvelles pages retranscrites en musique du journal intime du garçon, un (pas très) ancien activiste de la scène hardcore parisienne désormais assagi, expiant ses démons au travers d'une indie-folk atypique, profondément mélancolique, et complètement intimiste.

Tu ne le verras que très rarement jouer sur une scène plus grande qu'une superficie de 5m² (je te renvoie d'ailleurs à mon live-report du concert Rotters Damn / Miles Oliver / Throw Me Off The Bridge qui fût un instant de vie beaucoup trop cool). Un petit bar ou une petite scène lui suffit à délivrer sa musique aussi douce et suave que sombre et parfois grave. Et ça tombe bien, car I Miss Boredom suit scrupuleusement le chemin tracé par son prédécesseur, en se voulant néanmoins un peu plus ambiant musicalement, voire un peu plus abstrait. Je n'écoute que trop peu de folk, alors je ne saurais dire à quoi peut bien ressembler la musique de ce cher Miles Oliver. Peut-être à Vic Chesnutt ? Je retrouve un peu de Fog Lake, dans ce côté très vaporeux et brumeux, et c'est un très bon point. Mais sinon, ça ne ressemble à pas grand chose de ce que j'écoute, et au pire on s'en fout, l'important étant de se laisser aller à cet univers délicat, presque tendre.

Quand j'écoute "Take My Feather", en exagérant un peu, j'ai l'impression d'entendre un crossover entre trap de type s a d b o y 2 0 0 1, et le tout simple mais très beau titre "Portland", issu de Breathe. Y'a un petit flow saccadé balancé d'un ton grave qui me fait penser à Bones, ce rappeur fan de black metal qui sort presque un album par mois et qui doit compter une trentaine de disques dans sa discographie, puis le petit beat final ne trompe presque pas. Cependant, je ne pense pas que 1) Miles connaisse ce monsieur et que 2) Miles soit prêt à troquer ses trucker hats et son t-shirt Loma Prieta contre un survêt' Adidas et un bob, mais c'est pas plus mal ainsi. 

Quand j'écoute "Seaside Report", je me sens lentement dériver vers une mer calme mais déserte, rien à l'horizon, seulement la sérénité et le vide. Contraste. Quand j'écoute "Are You Living Far", j'ai l'impression d'entendre un soubresaut punk même si c'est joué d'une simple guitare acoustique. L'énergie, les dissonances et la tension n'y sont pas un hasard. Quand j'écoute "Cold Blood", mes poils s'hérissent, je rêvasse. J'aime d'amour cette chanson, elle rayonne, je sais pas comment l'expliquer, même si le texte est loin d'être posi. Puis la façon dont s'emporte Miles pour déclamer son texte, avec passion, force... Presque avec insistance en fait. Bah moi ça m'émeut.



"How long man will kill for nothing twice?
One masterpiece, one sacrifice,
waiting for the news to say his work will last, but crime won't pay.
" - "Cold Blood". 


10 morceaux de "lo-fi poetry folk" comme il le dit lui-même, très personnelle, d'où le fait que ce soit aussi touchant. On s'imagine des histoires dans nos têtes, on aimerait les vivre parfois, tant ces expériences semblent avoir marqué le bonhomme. Des titres qu'il compose tout seul comme un grand, usant de loopings, de reverbs et divers effets pour densifier, aérer, magnifier son univers sonore. Vous comprendrez ainsi la private joke ci-dessous. Tu sais maintenant ce qu'il te reste à faire : réserve-toi une demi-heure au moment où le soleil se couche, écoute ce disque avec un café ("THE COFFEE'S NOT STRONG ENOUGH, BUT YOU TEARS AND YOUR FEARS ARE SO ROUGH!"), laisse-toi aller, tout simplement.




Bisous.




YOU CAND READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos' ! :)


I often had (and I still have) chills listening to his first album, Breathe, which you can read my review here. I love to listen to this record when I wander through the suburbian train, or when I have to go to work. It gives some poetry and abstraction in my routine. I still hope that he will be pressed on vinyl one day... Meanwhile, Miles Oliver suggest you to dream a little more, to get out the head of the mist, to make you rather travel by seeing the morning dew in your way, the one that reflects orange sky. Here's I Miss Boredom, some new pages of the diary of the boy, a (not very) old activist of the Parisian hardcore scene now appeased, expiating his demons through a unique indie-folk, deeply melancholic, and completely intimate.

You'll see very rarely this dude play on a bigger stage than a small bar or a small stage, it's enough for him to deliver his music as soft and sweet as she can be pretty dark. And that's good because I Miss Boredom scrupulously follows the path set by his predecessor, maybe a little more ambient musically, even a little more abstract. I really don't have a strong knowledge in folk, so I can't concretely say what artists are similar to the music of Miles Oliver. Maybe Vic Chesnutt? I found some Fog Lake influences in this very misty and foggy side, and that's a very good point. But otherwise it sounds like nothing of what I listen to, and hey, we don't care : the important thing is to let ourself go at this delicate universe, almost tender.

When I listen to "Take My Feather", by exaggerating a little, I seem to hear a crossover between sadboy 2 0 0 1-style trap, and the simple yet beautiful song "Portland", from Breathe. There's a little jerky flow swung in a serious tone that reminded me Bones, this black metal fan rapper who released almost an album per month and must have thirty records in his discography, and the final small beat almost can't take us wrong. However, I don't think that 1) Mr. Miles knows the existence of Bones and 2) Miles is ready to swap his trucker hats and his Loma Prieta shirt against an Adidas sweatsuit and a bob.

When I listen to "Seaside Report", I feel slowly drifting towards a quiet but deserted sea, with nothing on the horizon, just serenity and emptiness. Contrast. When I listen to "Are You Living Far" I have the impression to hear a punk blip, even if it's played with a simple acoustic guitar. This energy, these dissonances and this tension aren't accidental. When I listen to "Cold Blood", my hair stands on end, I daydream. I love this song, she radiates, I don't know how to explain it. Even if the lyrics are far from being posi. The way Miles gets carried away while he declaims his words, with passion, strength... Almost done with insistence. Well, it touched me.

10 pieces of "lo-fi folk poetry" as Miles says himself, very personal, hence the fact that it was so touching. We imagine stories in our heads, we would like to live sometimes these experiences which seem to have marked the man. He composes these songs alone, by using loops and reverbs and other effects to densify, airing, magnifying his sound universe. You will understand the private joke above. Now you know what you have to do: Keep you half an hour when the sun sets, listen to this LP with a coffee ("THE COFFEE'S NOT STRONG ENOUGH, BUT YOUR TEARS AND YOUR FEARS ARE SO ROUGH !"), let yourself go, period.

XOXO.

mercredi 23 mars 2016

Uwaga n'aura pas grande peine à te mettre mal.


Uwaga, c'est un mot polonais. Selon Google Traduction, ça veut dire plusieurs choses : "vigilance", "attention", "observation", "alerte"... Je ne sais pas quelle définition est la plus appropriée pour définir ce groupe, mais l'ensemble de ces termes peuvent coller à sa musique. Uwaga, c'est également le groupe d'un homme avec qui je partage une passion pour Rainmaker, qui joue toutes vos chansons de screamo préférées au piano, et avec qui j'ai maladroitement chanté "Never Meant" d'American Football à la Gare d'Austerlitz, grand moment de honte et d'émotion. Bon, évidemment, puisque un bon copain joue dans ce groupe, y'a des chances que cette chronique soit pas très objective. Je pense que si, faut pas déconner non plus.

Uwaga, originaire de Strasbourg, a sorti en Mai 2015 À Peine, un 5-titres profondément marqué par un certain penchant local pour la rage, la volonté d'agir et d'en découdre, qu'on retrouve également chez Another Five Minutes, Jeanne ou encore More Dangerous Than A Thousand Rioters. Sur cet EP, on sait pas trop où on va, mais on y va quand même. Bon, on sait déjà que c'est très orienté screamo. Un screamo brut et virevoltant qui évoque The Third Memory, parfois même les aînés de chez Stonehenge Records, où l'emo-violence de Danse Macabre. Ainsi, tu ne sais plus vraiment si tu as affaire à du punk hardcore tendance mélo ("Des Fourmis et des Loups"), du metal ("Sermons", quelque part entre du grind et "None More Black" d'Orchid) ou du skramz pur jus ("Bouffeur De Ferraille"), mais tu sais que tu passes un pur moment cœur-brisé ou headbang.



"Il faut croire que tout est à perte, qu'apprendre à vivre n'en finit jamais jusqu'au dernier instant, où l'on souffle à peine."


Comme je le disais plus haut, il est question d'observation du monde qui entoure les strasbourgeois, fortement teintée de fatalisme. La difficulté d'être, l'exploitation de l'humain, le quotidien au charbon suffocant, le "religion = guerre", les charognards qui dirigent nos vies : la peine, tout simplement. La peine de vivre, la peine de voir tout ce qui nous entoure et de constater que, globalement, c'est de la merde. 

Pour un premier EP d'un groupe ma foi assez riche musicalement, c'est relativement bien fichu, et le niveau de charge émotionnelle et de tension est suffisant pour donner envie de revenir dessus et pourquoi de faire de la gymnastique dans la fosse lors des lives du groupe. Il ne reste plus qu'à ces messieurs à bosser un peu leur sujet et leur coordination, et le prochain disque risque d'être encore meilleur. En attendant, la version CD de la démo est d'ores et déjà vendue aux USA via des petites distros DIY dont Zegema Beach Records, vous pouvez bien entendu vous la procurer en contactant directement le groupe, et son packaging est super beau, un bonus qualité non négligeable.

Bisous.





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dimanche 20 mars 2016

Bien À Toi est toujours le groupe le plus caliente du post-punk déprimé.



C'était vraiment le disque parfait de l'été dernier, du moins pour les moments de rêvasserie et les orages de chaleur. En juin 2015, l'un de mes groupes instrumentaux parisiens préférés, Bien À Toi, a sorti son premier full-length que j'attendais de pied ferme, qui s'est permis de ré-inventer le post-punk hypnotique et aride des Swans, ainsi que l'éther acoustique et vaporeux des Cocteau Twins, entre autres. Vous pouvez lire mes louanges sur ce disque par ici. J'avais prévu de vous faire découvrir le groupe encore un peu plus via une interview, une chose que je devrais faire plus souvent. Et nous voilà arrivé.e.s pas loin de fin Mars 2016, et rien n'a encore été publié... Autant ces garçons que moi, on a chacun été extrêmement (pré)occupés jusqu'à maintenant, ce qui explique ce retard. Alors voilà, ENFIN, mon interview de Bien À Toi. L'occasion de revenir sur la composition de ALTA LOMA, sur leur tout dernier morceau nommé "DOGRA MAGRA" paru ce mois-ci, les inspirations de ces messieurs, et quelques autres trucs rigolos.

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- Avec ALTA LOMA, on est toujours face à une musique simple en elle-même, mais un peu plus complexe dans ses progressions et son approche, un contraste intéressant mais pas facile à mettre en place, j'imagine.

Antoine : Oui, on avait cette volonté d'avoir un côté accrocheur dans les rythmes et les mélodies, quelque chose d'entraînant. Ça peut paraître paradoxal quand on écoute l'album parce que les structures sont relativement alambiquées, il y a des morceaux qui partent dans plusieurs directions, d'autres qui ont tendance à s'étirer. Mais finalement c'est avec cet album qu'on a trouvé notre équilibre en tant que groupe instrumental.

Paul : Nous n'avons rencontré que très peu d'obstacles pendant la conception de cet album. Tout est assez instinctif chez nous. Même si ça peut paraître complexe, nous jouons ces chansons naturellement. Je dirais que "0°C" est la chanson sur laquelle nous avons le plus galéré à l'enregistrement. Il y a aussi un titre que nous avons abandonné au mixage : bon, mais pas assez pour figurer sur l'album.



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- Sur les deux précédents disques, il y avait un chant crié lointain, aux paroles imperceptibles qui restent encore un mystère aujourd'hui. Il n'est plus présent sur l'album. La colère s'est estompée ?

Antoine : C'était le premier batteur du groupe qui criait sur les EPs, lui était très branché screamo et à l'époque on cherchait encore la place d'une éventuelle voix. Quand le groupe s'est formé en 2011, on n'avait pas prévu d'être un groupe instrumental, on a essayé quelques personnes derrière le micro mais rien ne fonctionnait vraiment. Le premier EP a été enregistré sans chanteur mais à l'origine ces titres-là avaient été composés avec l'intention d'y poser une voix. C'est pour ça qu'on retrouve ces quelques interventions, mais on a mixé le truc pour que ce soit presque comme un instrument supplémentaire qui se rajoute dans le fond. Après, sur le concept de cri = colère, je pense que c'est un truc un peu galvaudé, il y a tellement de groupes avec des types qui s'égosillent sans te faire ressentir la moindre rage…

Paul : Je rejoins Antoine là-dessus, nous croisons beaucoup de groupe qui crient mais très peu de violence. La colère est toujours là.



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- Ouais, je suis assez d'accord avec vous. Ça m'arrive désormais de plus en plus de tomber sur des groupes où ça joue très vite, très fort, très noir, mais où au final c'est bien plus matériel qu'émotionnel, c'est dommage. Ou alors c'est que je vieillis. Enfin, ainsi va la vie et le noyau dur.

Au moins 2 membres sur 3 jouent dans d'autres groupes qui tournent pas mal à travers la France. Ça ne vous a pas compliqué la tâche pour la composition du disque ?

Antoine : On s'adapte, pour la phase de composition on se voit pas mal en duo. À l'époque des deux premiers EPs du groupes, c'est Paul et moi qui avions peaufiné les morceaux sur mon canapé. Pendant que je composais pour l'album, Paul était en tournée avec Guérilla Poubelle, donc la majorité des titres a été finalisé avec Esteban cette fois, on a passé quelques semaines à bidouiller des démos sur Garageband. Finalement, on n'a même pas trop répété les titres en groupe avant d'entrer en studio.

Paul : Plus le groupe avance et moins je compose, effectivement. Mais il y a aussi une question de goûts et de direction, je crois qu'Antoine et Esteban sont en moins en moins emballés par mon style. Je prends pour exemple la chanson "Pour les autres" figurant sur la premier EP, cette dernière a vite été évincée des setlists. Je n'y vois aucun inconvénient car le reste me plait beaucoup !

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- Est-ce que ce background punk vous influence dans la manière de composer, votre désir de sortir des conventions musicales ?

Antoine : Le punk sort des conventions musicales ? :) (NDLR: cette réponse te vaut un cookie, cher Antoine)

Esteban : Tout mon background musical m'influence. Nous n'avons pas qu’un background "punk". Je joue et j'ai joué dans beaucoup de groupes différents. Bien À Toi est pour moi plus personnel, je participe à la composition, alors que dans mes autres groupes je suis plutôt interprète.

Paul : Le punk est très codé. à tous les niveaux et dans tous les styles de "punk". J'ai l'impression que les gens qui sortent des conventions musicales ne se revendiquent absolument pas punk ! Toujours est-il que oui, si tu écoutes certains titres de Bien À Toi que j'ai composé, il y a un lien direct avec le punk américain. À vous de le retrouver !

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- Le premier qui trouve le bon groupe gagne une invit' au prochain concert ? ;)

Votre musique est toujours assez conceptuelle, dans son ensemble, et elle l'est davantage sur le LP. Quelle était la ligne directrice avec ALTA LOMA ?

Antoine : Le concept, c'est plutôt un truc qui vient vers la fin de la composition. Une fois qu'on comprend un peu à quoi le disque va ressembler et qu'on met en place l'ordre des morceaux. Ça ne dicte pas les idées musicales mais c'est un élément qui va aider à donner un contexte à l'ensemble. Cette fois-ci, c'est l’idée de chaleur qui dominait, d'un soleil écrasant. Je crois qu'on parlait déjà de ça avant d'entrer en studio et ça nous a influencé dans le choix de certains sons. Le titre ALTA LOMA vient du roman Demande à la poussière de John Fante, son héros déambule sous le soleil dans les rues de Los Angeles, c'est un homme qui ne trouve pas sa place dans le monde moderne et qui cherche une issue. La pochette de l'album (une peinture de Felice Casorati) serait une représentation visuelle de cet échappatoire, un havre de paix à l'abri du soleil et du poids du monde. En regardant cette image, on peut presque ressentir la chaleur qu'on veut évoquer.



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- Il y a désormais une grosse place pour la guitare acoustique dans votre son, des riffs parfois japonisants. Ça me renvoie même à mes premiers émois METOL avec un truc totalement en dehors de votre style: Dir en grey, qui utilise beaucoup cet instrument, mais c'est pas fait exprès je suppose. Mais simplement, d'où vous est venue l'idée d'intégrer de l'acoustique ?

Antoine : C'est vrai que ça vient en partie de Dir En Grey, c'est un groupe dont je suis fan depuis l'adolescence. On peut parler aussi de Luna Sea, un autre groupe japonais mythique qui utilise beaucoup la guitare acoustique de manière similaire. Leur influence se sent par exemple sur l'intro de notre titre "Les baigneuses" avec ces leads de guitare acoustique par dessus une rythmique plus sale. Après, il y a énormément de groupes qui utilisent de l’acoustique de différentes façons, je citerai aussi les Cocteau Twins et Swans que j'écoutais beaucoup au moment de la composition de l’album.



Paul : Esteban et moi avons toujours posé des grattes acoustiques sur nos disques. Que ce soit sur les albums de Paul Péchenart (mon père) ou de notre ancien groupe Copenhague ou même de notre projet éphémère Cave of the Moron, on a toujours kiffé en poser !


Juste parce qu'il ne faut jamais oublier, et que Dir en grey c'est mieux que ce que tu penses.

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- Il y a souvent une petite mise en scène lors de vos lives : vous n'êtes éclairés que par de petits pieds de lampes, histoire de mettre en lumière (t'as vu comme je suis drôle ?) le côté intimiste et introspectif de votre musique. C'est quelque chose qu'on retrouvera encore à l'avenir ?

Antoine : Ce n'est pas une mise en scène systématique mais ça a plutôt à voir avec les lieux dans lesquels on joue, dans le circuit des tournées DIY ce n'est pas rare de jouer dans des bars-concerts où il n'y a pas forcément de jeux de lumière. Les lampes, c'est juste une manière de mettre l'accent sur la musique en tamisant l'ambiance sans être complètement dans le noir.

Paul : On fait avec c'qu'on trouve le soir, ouais.

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- Bon bah du coup vu que je bosse dans le luminaire, faites-moi signe si jamais vous êtes en galère de lights, je vous bricolerais des lampes ou je ferais des gestes commerciaux de 10%, c'est maximum punk.

J'ai découvert l'album sous un temps assez bizarre, un soleil pale puis un temps couvert, avec un vent fort. Ça me semble être le meilleur temps possible pour l'écouter... 

Paul : J'avoue que plus je vieillis et plus la météo influe sur mes choix musicaux ! Cependant, ALTA LOMA colle avec beaucoup de moments de ma vie, c'est assez caméléon comme bande originale d'une de mes journées (même si je ne l'écoute jamais, haha !).

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- Le nu revient souvent dans votre son, vos artworks. Pour moi, ça semble illustrer à fond l'intimisme encore une fois et la certaine fragilité qui découle de vos morceaux. Un peu comme les lampes sur scène. Ça représente quoi concrètement, au final ?

Antoine : Ça ne représente rien de précis, pour ce qui est de l'artwork de l'album il me semble que ça aide à donner un côté intemporel qui correspond bien à ce qu’on cherche. Mais je n'ai pas d’explication concrète à donner, j'aime qu’il y ait un certain mystère et que cela reste ouvert à l'interprétation de chacun. Quand j'étais ado je passais des heures à tout analyser de mes groupes préférés, des titres des morceaux à la moindre photo ou illustration dans les pochettes des CDs, et je suis dans cet état d'esprit quand je m'occupe des visuels de Bien À Toi. Chaque élément est une pierre à l'édifice qui vient enrichir l'univers du groupe. Pareil pour les titres, comme nous n'avons pas de paroles, c'est le seul moyen de créer une ambiance avec des mots. Celui qui a envie de s'intéresser à la façon dont tout ça s'enchaîne depuis le premier EP, peut y trouver une logique et des connexions. Par exemple il y a un lien entre notre nouveau morceau et une affiche de tournée de 2014.

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- Pour ou contre le naturisme ?

Antoine : Gi ga go ge gu ga go ge.

Paul : Je suis bien trop pudique pour ça !

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- Vous écoutez encore du screamo du genre des groupes pour lesquels vous avez ouvert (Suis La Lune entre autres), ou vous êtes passés à autre chose ?

Paul : J'adore Suis La Lune et les écoute depuis 2010. J'aime à fond. Il n'y a pas vraiment d'histoire de "passer à autre chose" me concernant. En 1991 j'écoutais Nirvana et Michael Jackson, en 2016 aussi.


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- Ça me rappelle encore une fois que j'ai loupé ce putain de line-up Suis La Lune / As We Draw / Man Is Not A Bird / Bien À Toi en Juillet 2012 au Klub (Paris), à cause d'une sombre histoire d'ex possessive, j'aurais ce regret toute ma vie. Et Nirvana ça reste au top en 2016, je confirme.

À chaque fois que je vois le nom de l'album, je pense à Loma Prieta. Vous aimez bien ce groupe ? Leur nouvel album défonce.

Paul : J'adore. Je les ai vu 2 fois récemment, et c'était très bien. Heureux de voir que des groupes comme ça tiennent et gardent l'énergie à chaque show. Bravo !


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- Le concept de danser en pleurant est cool, mais est-ce que balancer ALTA LOMA en soirée c'est pas un peu risqué ? Dites-moi que j'ai des chances de conclure avec un slow sur la basse mega-sex de "Ice is for the eagles"...

Antoine : Je rêve de balancer la fin de "Vert-de-gris" dans un club.

Paul : Ouais, c'est risqué. Comme dis Antoine, il faudrait sélectionner une seule partie, la plus dansante, et la mettre en boucle. Une sorte de remix night-club, là ça pourrait coller ! :)



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- Quelques mois sont passés depuis le moment où j'ai que j'ai rédigé cette interview jusqu'au jour où je la poste, et nous voici désormais à la clôture de celle-ci avec un nouveau single, "DOGRA MAGRA". Ça reste dans l'aride et le répétitif, mais on sent qu'il fait plus sombre dans l'ensemble, c'est plus boueux que sablé. Ces horizons plus "dark" et pesants, c'est ce qui va caractériser les prochains morceaux ?

Paul : On ne prévoit rien. Quand tout le monde est dispo, on se voit et on joue, c'est aussi simple que ça. La dernière fois Esteban avait ce riff, on l'a joué, on a aimé, booké un jour de studio, enregistré le titre en live, et le voilà pour vous.




Merci messieurs... Bien à vous, hohohooo.

Bien À Toi jouera avec Lascaux le 20 Avril à Rouen, avec Novak le 21 Avril à Tours, avec Acidez et Replicunts le 24 Avril à Montreuil, et avec Toundra et Valley le 25 Mai à Paris.