jeudi 26 janvier 2017

Live report : The Saddest Landscape + Svalbard @ Paris, L'Espace B, 12 Janvier 2017



Il y a des concerts qui ont des valeurs strictement musicales, où l’on se rend pour faire plaisir à ses oreilles et ses yeux, et d’autres qui jouent beaucoup plus sur le caractère émotionnel, l’amour, le souvenir. Ces concerts où la joie, l‘impatience, et le soulagement se lisent sur chaque visage, ces rassemblements où les corps et les âmes se lient à l’unisson, et où tout explose en une fraction de seconde. Depuis maintenant 15 ans, The Saddest Landscape cultive avec attention et tendresse cet état d’esprit lors de leurs concerts. À l’occasion de ce quart de siècle, l’un des groupes les plus populaires de la scène screamo de notre génération nous a rendu visite une seconde fois à Paris, après un passage remarquable il y a 2 ans, pour fêter la vie, dans ses instants les plus douloureux comme les plus forts, faisant des peines et du manque une force, comme l’illustre la plupart des disques des américains. Chacun de leur concert est une véritable catharsis, et leur set donné à l’Espace B n’a pas dérogé à la règle, d’autant plus que le support band n’était autre que Svalbard, un excellent groupe anglais qui nous a préparé aux voyages dans les paysages les plus tristes en nous mettant sur orbite avec son… Post-crust ? On cherche encore, mais pour sûr : c’est bien du hardcore stratosphérique...


Le line-up de la formation anglaise était différent pour cette tournée : Serena (guitare/voix) ne pouvait pas être présente sur cette tournée. Le groupe a déjà joué à Paris dans une toute petite salle du quartier de Belleville à l’occasion de sa tournée européenne avec Meek Is Murder, et les conditions sonores n’étaient pas idéales, il nous tardait de revoir le groupe au complet dans une salle avec plus de place et une meilleure acoustique… Malgré son absence, les remplaçants de Serena nous ont fortement rassuré. À la guitare, on retrouvait Mark de Group Of Man, et Nicolas de The Tidal Sleep au chant. D’ailleurs ce n’est pas vraiment une coïncidence : The Tidal Sleep et Svalbard viennent de sortir un très bon split commun. Les deux messieurs ont parfaitement retranscrit l’univers, le propos, l’intensité du chant et des riffs de Serena, tout en s’intégrant à merveille au reste du groupe. Pendant une bonne demi-heure, ils nous ont emmené avec eux dans un élan effréné d’énergie, entre blast beats furieux et riffs éthérés, dans un rythme soutenu, sans que jamais cela ne soit déroutant, sans longueurs.  La plupart des titres joués étaient issus du dernier album en date de la formation, One Day All This Will End. Egalement, le titre « Open The Cages » issu du split avec The Tidal Sleep a été joué, un titre qui prouve que Svalbard s’engage sur plusieurs fronts, quand la tête d’affiche est plus centrée sur l’émotionnel et le relationnel. Redécouvrir tous ces morceaux interprétés avec conviction et passion nous a clairement redonné un regain d’intérêt pour la bande, qu’il nous tarde désormais de revoir…


Après un tel ouragan musical, il faut avouer que TSL avait une tâche ardue à assurer en leur succédant, même si peu de monde ici doutait de leur capacité à nous transporter et nous faire exulter. Il s’agit quand même de musiciens actifs depuis 10 ans de plus au moins, extrêmement rodés à l’exercice mais l’exécutant avec la même insouciance et la même envie que les premiers jours. Oui, c’est un groupe influent, mais comme ils le disent si bien dans l’un de leurs titres-hymne, « Eternity Is Lost On The Dying » : « we are desperate kids doing extraordinary things but we are just like you ». Et comme à chacun de leurs concerts, ils l’ont prouvé à Paris, une fois de plus. Une petite foule (le simple concept de foule est quelque chose d’assez inhabituel en ce moment pour du screamo dans la capitale) les attendait avec toujours plus d’impatience au fur et à mesure que les minutes passaient… Il faut dire que plus qu’un concert, un show de TSL est un soulagement face au quotidien. Et c’est avec un de leurs titres les plus fédérateurs, « In Love With The Sound », que la formation américaine a ouvert les festivités, Andy (chant / guitare) nous appelant à chanter, danser, slammer, à faire la fête. Le public fût un peu timide sur les premières notes, mais dès que ce fameux motto « We are the pulse that beats, and we are the breath that flows, and we will scream along until our heart stops! » fût déclamé par le frontman, le premier rang a donné le ton, en hurlant les paroles, les poings serrés, les mains sur le cœur, ou les bras autour des ami-e-s.

Cet élan d’amour, de laisser-aller, ne fera que monter crescendo pendant le set qui s’est étalé sur une demi-heure passée extrêmement vite sous le coup de l’euphorie. De ses hymnes cultes tels que « Declaring War On Nostalgia », à des chansons plus récentes (mais tout de même connues sur le bout des doigts par le public) tels que « ‘Til Our Ears Bleed », le groupe a pioché dans plusieurs de ses disques pour nous offrir (et s’offrir à eux-même) des instants inoubliables, des souvenirs forts… On n’oubliera pas ces sing-along passionnés réunissant toujours plus de monde au fur et à mesure que le temps passait. On n’oubliera pas ces échanges chaleureux et drôles avec cette jeune femme américaine enjouée qui s’amusait à troller la qualité des chansons des éternels emokids, qui s’est fait convaincre par l’osmose qui régnait partout dans l’Espace B, et par le talent du groupe à déverser son screamo percutant, incisif, intimiste, avec fougue, avec détermination. Et puis, forcément, on a pris d’assaut plusieurs fois la scène, autant qu’Andy fonçait dans le public, chacun.e pour hurler les paroles… Un truc cool, c’est que le micro se partageait bien !

Le groupe s’en est allé sur un encore tombé à point nommé : « The Stars In January ».  Une dernière occasion, ensemble, de décoller vers les étoiles, d’oublier nos repères, nos vies, et de foncer droit dans le mur et vers le ciel à la fois, et d’hurler : « And how many wishes until the stars fall ? ». C’est un peu ce genre de réflexions qui reviennent, quelques temps après ce concert revigorant et émouvant, en revenant à la vie normale : le poids des étoiles se fait menaçant sous la chape de plomb des vœux lourds que souhaitent des millions d’êtres humains chaque jour. La lumière est déjà éteinte depuis longtemps sur ces étoiles, nous ne voyons qu’une fois de plus ce que l’on observe chaque jour : l’illusion.


Bisous.
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jeudi 5 janvier 2017

On ne sait toujours pas qui ils sont, mais Portrayal Of Guilt défonce toujours.


UPDATE : Vous vous rappelez de cet article élogieux que j'avais écrit au tout début de l'année à propos de ce groupe texan sorti de nulle part qui mettait une dérouillée nucléaire au screamo jeu ? Eh bien non, ils n'ont pas disparu, et mon article non plus : seulement, les chansons que j'avais écouté lors de la parution de ce post étaient des morceaux pas encore masterisées, mises en ligne pour permettre aux labels de les écouter. Oui, Portrayal of Guilt a de l'ambition, et a bien raison : c'est désormais sous le label Miss The Stars Records que les américains vont venir casser des micros et des cœurs, avec un son que l'on pourrait facilement qualifier de "screamosh", pour le résumer, Je vous laisse redécouvrir ce que j'en disais à la sortie, et vous procurer ce 7" bien chouette et qui brille dans le noir par là.

● Alors que 2017 semblait commencer plutôt tranquillement, sans trop nous bombarder de soucis pour le moment, certaines personnes relativement lucides ont décidé avec insistance, sans prévenir au préalable, de nous rappeler de ne pas se fier aux apparences, et que 2017 risque d'être à l'image de l'année précédente, et de toutes les autres d'ailleurs. Grâce à l'encyclopédie sud-africaine de la scène hardcore que représente Quinn Jones, ex-The Death Of A Modernist et actuel The Sleepwalkers Guide, j'ai découvert un groupe qui vient tout juste de faire son apparition sur la scène hardcore et également sur les internets, manifestement pour tout détruire dans la discrétion et la sournoiserie.

Portrayal Of Guilt vient du Texas, c'est la seule chose qu'on sait du groupe pour le moment, et il cherche à en découdre dès le départ, c'est osé mais ça marche. Ils ont sorti ce Lundi 02 Janvier une démo 3 titres, et la surprise est proportionnelle à la claque que je me suis prise. Ces 3 chansons nous prennent du fond des tripes, les arrachent, et semblent vouloir nous pendre avec... Oui, c'est un screamo noir, défaitiste, auquel nous avons affaire, avec des influences metalcore assumées et fort plaisantes... L'ombre de Hesitation Wounds, le side-project de membres de Touché Amoré et Slipknot (oui oui) qui a sorti l'an dernier un redoutable essai de melodic hardcore violent, sombre mais malgré tout mélancolique, n'est pas loin, ça y ressemble. Une cascade crust sert d'intro à "Humanity Is Frail", croisant le fer avec ce qui sonnerait presque comme une version plus sombre et underground... D'Underoath ? Pas sûr que ce soit dans les influences des garçons, mais j'ai pensé à un riff d'une chanson de Define The Great Line...

Le chant constamment chanté en high-pitch donne une agressivité supplémentaire à un ensemble déjà saturé en lourdeur et en castagne. Et à chaque fois, on se fait surprendre par ces traversées mélodieuses qui scindent les morceaux dans leur folle lancée, "The One" en est un parfait exemple. C'est froid, percutant, étouffant, mais on redemande, et on est en quelque sorte charmé par ces instants de douceur trompeurs.

Je ne saurais pas dire à quoi cela ressemble, car leur son est au final assez unique, même si c'est au final on reconnait bien du screamo, du crust et du metalcore, le tout habilement mélangé et executé... En tout cas, c'est une démo surprenante, et à mon goût excellente, et de surcroît qui bénéficie d'une chouette production, une très bonne mise en jambe pour commencer l'année sur le ton dont il serait logique qu'elle s'aligne. Sérieusement, quoi de plus véridique que "The system will always fail you, as it has always failed me" ("Mourning Ahead") ? Il me tarde d'en découvrir plus sur les musiciens qui composent ce groupe, et ce qu'ils comptent faire après cette démo, car c'est TRÈS prometteur. Et que tu le veuilles ou non, ils prédisent déjà l'avenir.

C'est chiant, je dis "il / ils", mais si ça se trouve, il y a au moins une fille dans le line-up. AAAH, trop de suspens !

Bisous.





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UPDATE: Remember this super enthusiastic article I wrote at the very beginning of the year about this Texan group that came out of nowhere and offering an absolute banger to the screamo game? Well no, they didn't disappear, and my article either: actually the songs I had listened to when this post was published were not yet mastered, and were put online to allow the labels to listen to them. Yes, Portrayal of Guilt is an ambitious band, and it's alright: It's know under the label Miss The Stars Records that the Americans will come to break microphones and hearts, with a sound that could easily be called "screamosh", to sum it up, I let you rediscover what I said on the original post, and grab this very nice little piece of "glow-in-the-dark" wax right here.

● While 2017 seemed to begin fairly quietly, without bothering us too much at the moment, some lucid people decided with insistance to remind us not to rely on appearances, and that 2017 could be the image of the previous year, and of all the previous ones for that matter. Thanks to the South African encyclopedia of the hardcore scene named Quinn Jones, ex-The Death Of A Modernist and current sharemaster in The Sleepwalkers Guide, I discovered a band that just appeared on the hardcore scene and on the internets, with the goal to destroy everything in discretion and with some slyness.

Portrayal Of Guilt comes from Texas, it's the only thing that we know of the band for the moment, they're trying to smash out their world from the start, and it works. They released this Monday, January 2, a 3-song demo, and the surprise is proportional to the slap I took. These 3 songs take us from the bottom of the guts, tear them away, and want to hang us with... Yes, it's a pretty dark, defeatist screamo, with very pleasant metalcore influences... The shadow of Hesitation Wounds, the side-project of members of Touché Amoré and Slipknot (yes, for real) who released last year a great piece of violent, dark and uncompromising hardcore, isn't far. Yup, that kinda sounds like them. 

A cascading crust serves as the intro to "Humanity Is Frail", crossing paths with what would almost sound like a darker and underground version of... Underoath? Not sure if it was in the influences of the boys, but It makes me think of a riff in a song of Define The Great Line... The singing constantly sung in high-pitch gives an additional aggressiveness to a whole already saturated in heaviness and darkness. And each time, we're surprised by these melodious crossings that split the pieces in their crazy race, "The One" is a perfect example. It's cold, percussive, stifling, and we're in a way hypnotized by these moments of deceitful sweetness.

I can't say what it sounds like, because their sound is in the end quite unique, although if ultimately we recognize screamo, crust and metalcore, all skillfully mixed and executed ... Anyway, it's a surprising demo in my taste, and in addition, the songs have a nice sound production. This is a very good way to start the year in the tone of which it would be logical that it aligns. Seriously, what more truthful than "The system will always fail you, as it always failed me" ("Mourning Ahead")? I look forward to discovering more about the musicians who make up this band, and what they plan to do after this demo, because it's VERY promising. And whether you like it or not, they already predict the future.

It's annoying, I say "he / they", but hey, maybe there's at least one girl in the line-up. AAAH, too many suspense!

XOXO.



mercredi 4 janvier 2017

Avec "Heavenward", Youth Funeral explore encore plus la douleur et la peur.



Vous l'aurez remarqué, j'ai été très peu actif ces derniers temps. J'ai totalement perdu le rythme. Et il y a des raisons à ça. Une sévère procrastination quasi-maladive, couplée à de l'anxiété, des soirées passées à errer dans mes pensées et à chercher qui je suis, entre autres. Mais hey, je suis encore là. Et pendant ces périodes troubles, j'ai eu de parfaits compagnons musicaux. Ce disque en fait partie. Formé en 2013, Youth Funeral a déjà sorti plusieurs releases, dont la dernière en date, I Would Do It All The Time, révélait précisément ce qu'allait contenir Heavenward : une balance entre chaos hyperactif, furieux et brusque, et mélancolie contrôlée, lancinante, voire même traînante. Chez Youth Funeral jouait Raph Bastek, soit l'un des membres de Old Gray, jusqu'à l'excellent EP See You When I See You. Il n'est plus présent, mais l'identité du groupe n'a en rien été changée. J'attendais impatiemment ce disque, tant See You When I See You m'avait marqué, et je n'ai pas du tout été déçu... 

On retrouve les mêmes balances entre mélodies crève-cœur, aussi puissantes que douces, et des avalanches de rythmes et de guitares aussi chaotiques que dissonantes, sans pour autant que l'on se retrouve plongé dans du mathcore primitif... Non, là, on est simplement dans la vision la plus extrême du screamo sans que cela parte dans le tricotage ou le n'importe quoi. En fait, pensez à 3 groupes : Ampere pour le côté spontané et concis, Loma Prieta pour le côté expérimental et "bagarre avec distance de sécurité entre emokids et skrampas", et Takaru pour l'ensemble. C'est en gros un bon name-dropping pour vous mettre dans l'ambiance.

Ce disque, il est nourri à la peur, l'anxiété, la dépression... Comme le dernier Old Gray. Mais les deux disques sont assez différents : alors que Slow Burn est essentiellement basé sur le thème de la perte, la mort, le suicide, les textes de Heavenward se veulent plutôt orientés vers la peur et les troubles liés aux relations qui tournent mal, toute la peine, le doute, la perte de confiance en soi que cela peut engendrer. Ils sont courts, vont à l'essentiel, proposent de petites rengaines qui restent en tête et symbolisent concrètement des états d'âmes. Définitivement.



"Fear will be the death of me" -  "Only In Sleep Safe".

On retrouve les éléments qui ont fait la qualité et la puissance de leur second EP, mais il n'en pas pour autant une bête copie. Ils sont ici savamment poussés à l'extrême, tout en proposant un groove issu du pan un peu plus "violent" du hardcore, ces cordes à vide qui viennent apporter un poids supplémentaire sur les épaules de l'auditeur - de l'auditrice déjà étouffé par cette constriction (l'attaque Pokémon est un sacré bon exemple), potentiellement pris de cours par ce lot d'émotions brutes, et cette atmosphère pesante. Ce que j'aime profondément et ce qui me donne les larmes aux yeux et me fait serrer les poings sur "Confidante", je le retrouve ici, sur "Unthought", sur "Only In Sleep Safe", sur "Perfume"... Oui, cette urgence cathartique, où le chaos et le désordre ne se font pas repoussantes à l'oreille, celle qui te prend à l'âme, qui creuse au fond de ton cœur et ressort par ta poitrine, ta peau, tes yeux, tels des lames tranchantes te rappelant la douleur que c'est d'être, de ressentir.

Mais comme toujours avec le screamo bien fait dans le registre cathartique, cette douleur n'est pas néfaste. Elle encourage à se vider de ses démons, à les côtoyer pour mieux les recracher, à les abattre avec virulence. Après tant de conflits, on a même le droit au répit, à la sérénité, avec "Bloom". Même si, comme en témoigne ces petits accords très légèrement dissonants, le trouble n'est pas loin. La paix intérieure, elle peut s'embraser à la moindre étincelle. Et c'est ce que rappelle le titre suivant, "Armors"...

J'attendais ce disque avec beaucoup d'impatience, curieux de savoir où pourraient m'emmener ces garçons, où allaient-ils repousser leurs limites... Ce disque a eu exactement l'effet que j'en attendais : me donner l'envie de me battre, de me résigner, de pleurer, d'hurler, de me rebattre, de me reposer, d'y croire à en toucher le désespoir, à n'en plus pouvoir.

Bisous.




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mardi 3 janvier 2017

Heritage Unit est un bel héritage de l'emo d'antan.



J’avais dit que je revenais en 2017 pour la renaissance du blog. Nous sommes en 2017, mais le blog n’a pas encore connu sa mutation, je triche un peu, car je viens enfin de rattraper mon retard sur l’écoute de ce disque, et j’en suis heureux. Cet éclair de conscience m’a permis de découvrir un disque que je suis par conséquent heureux de vous faire découvrir, tellement il rend ses lettres de noblesses à l’emo. Ce disque, c’est le premier album de Heritage Unit, Everything Made Obsolete. Je connais de mieux en mieux l’un des musiciens du groupe via les internets et un groupe Facebook de partage de musique ou se croisent plusieurs skramlords. Il s’agit d’Omar, et est un vrai mordu d’emo, et ne se cache pas de le dire assez souvent sur Facebook, et je le soutiens entièrement dans sa démarche… Il aime tellement ce genre musical qu’il le joue à merveille avec ses bandmates, avec une passion débordante. D’ailleurs, grâce à lui, j’ai découvert Boilermaker, et je l’en remercierais jamais assez.

Cet album d’Heritage Unit nous fait remonter le temps, vers cette époque où l’emo était encore du punk hardcore imprévisible, tendu au possible, mais ou la sensibilité se frayait un chemin, et donnait du sens et de la subtilité dans ce chaos. C’est ce qu’ont tenté de reproduire les garçons, en y ajoutant leurs influences plus « actuelles ». Et ça marche très bien : le groove, l’énergie, la tension, la surprise, la sueur, la folie, le stress, la spontanéité… Toutes ces émotions, ces caractéristiques se mêlent dans un fracas incontrôlé, mais pas désarticulé. Une rage adolescente, qui bout continuellement sur ce disque, en laissant s’échapper quelques instants de calme.  Des compositions clairement inspirées par le post-hardcore à la Drive Like Jehu, par la colère sensible de Yaphet Kotto, et par l’emo pur jus early 90’s en règle générale.

Un cocktail détonnant, qui nous prend à la gorge dès le premier titre, « You don’t deserve my passion », et qui se fait moins acide en s’écoulant, à partir du morceau suivant, « Zero equals pedestral », l’un des tout meilleurs morceaux du disque, où l’on retrouve l’ensemble de l’univers du disque, des changements d’ambiance et de mood trépidants, entraînants, et ces cassures dignes d’un grand cru du post-hardcore qui donnent envie d’hurler, de détruire des trucs, à défaut de pouvoir faire la même chose avec la société et nos vies. On ne se perd pas dans des expérimentations qui seraient un peu trop personnelles, on est réellement dans de la spontanéité plus que de la technicité, au final. Ce qui en fait un disque accessible dans sa complexité. Comme un bon vieux disque de punk post-Revolution Summer :) . « Piss angel bathroom magic », au-delà de son titre random assez chouette, est un parfait moment d’intrigue, de tension, de post-hardcore haletant, en équilibre sur un fil conducteur qui ne cesse de menacer de céder, mais qui tient bon, malgré l’intensité qui ne fait que monter crescendo. Une intensité qui devient sarcastique sur « Don’t hesitate », où des rires malicieux et de l’entrain viennent se mêler au coup de poing sonore. « ha-ha, ha-ha-ha, begging boy, hands up, do a dance, clap your hands, clap your hands, do a dance! Is this sorta what you wanted ? »

J’ai été surpris par ce disque, que j’ai découvert après avoir bouclé mes tops de fin d’année, mais qui aurait eu toute sa place à l’intérieur, bien évidemment. Comme d’autres disques que j’ai oublié d’insérer dans ces tops d’ailleurs, haha. À priori, un nouveau disque sortira en 2017, il me tarde de le découvrir tant Everything Made Obsolete m’a fait plaisir. Il est autant anxieux qu’il est fun, et c’est pas souvent qu’on entend un contraste du genre et de qualité. Merci messieurs…

Bisous.



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