samedi 21 février 2015

Live report : Throw Me Off The Bridge + Miles Oliver + Rotters Damn (La Dame de Canton, Paris, le 18/02/2015)



Je suis un mec qui a du mal à s'exprimer devant les gens. J'aime pas ma façon d'être. À la fois trop expressif, trop nerveux et trop timide. Après le concert que je te raconte aujourd'hui, j'ai voulu aller voir Quentin, revoir Flo, et les autres, pour leur dire merci. Mais voilà, j'avais pas les mots, et j'avais cette timidité qui me rongeait. Puis en plus, il ne fallait pas que je rate ce bus de substitution interminable pour rentrer dans ma sale banlieue yvelinoise à 2h du mat. Dans ce quartier-là, que je compte quitter ce mois-ci. Alors pour les remercier, puis parce que je tenais à te raconter ce live, je laisse mes doigts parler pour ce cœur qui a la nausée à cause du conducteur fou de mon bus de nuit qui me reconduit bien trop vite chez moi, mais adouci par cet instant intimiste et intense que m'aura permis de vivre ce soir des artistes qui ont joué un peu plus que de la musique ce soir.

C'était un jour de Février, quelques jours après la St-Valentin, les feels tout frais. Ce matin-là, il y avait beaucoup de brouillard, de quoi te glacer le sang, faisant se fondre les tours des cités dans cette épaisse couche de gouttelettes. Les prémices de ce qui s'annonçait pour ce soir. La tristesse, les paysages pluvieux, les arbres d'automne, la mélancolie, l'égarement... Ouais c'est ça, des trucs niais et qui font même pas rire, mais de temps en temps, ça fait du bien de replonger en soi, de faire une catharsis, pour en ressortir vidé, et en quelque sorte tout neuf.

C'est la Dame de Canton qui accueillait ce soir les maîtres à bord d'une soirée, faisant chavirer l'âme autant que cette demoiselle à flots s'amusait à nous faire tanguer sur ses eaux crasses d'une Seine qui porte bien mal son nom. Le cadre était très agréable : une péniche sur les quais de Seine, une toute petite salle de concert qui ne faisait qu'un avec les couverts. C'est ici qu'allait se jouer le théâtre de sentiments à fleur de peau, qu'a ouvert Rotters Damn. Je ne connaissais pas du tout ce groupe avant cette date, alors j'ai décidé d'attendre le concert pour découvrir leur univers. Et bien m'en a pris : c'est un folk rock puissant qui nous était proposé par ces garçons, qui se voulait parfois progressif, montant toujours plus en intensité, emmené par le chant hanté et rauque de Timothée. Le groupe a choisi de finir son set au milieu du public, entièrement en acoustique, et avec un tambour. Histoire de prolonger l'expérience d'une prestation riche en émotions. Une bien donne découverte que je vous conseille d'aller écouter, et que je demande à revoir. Quelle voix, Timothée !

C'est Throw Me Off The Bridge qui a ensuite pris le relais, dans ce lieu insolite mais très chaleureux. Quentin Sauvé, l'homme à l'origine de ce projet, et l'hyperactif de la scène hardcore de Laval, semble avoir été dans son jour de chance : une place de parking n'attendait plus que son van tout près de la péniche, et il y avait plus que monde que d'habitude dans les concerts qu'organisent Old Town Bicyclette. Et il y avait aussi quelques nouvelles têtes ! C'est avec une claviériste, un second guitariste (qui assurait également le xylophone) et un batteur qu'il nous a joué les titres de son récent album Blindfolded Traveler. De ballades mélancoliques à des histoires contées sur un ton plus joyeux, tout ce que Quentin exprime sur disque s'est retrouvé décuplé en live, jusqu'à ce final qui s'est joué sur ton presque aussi pesant et tendu que sur un disque d'As We Draw... Déjà qu'en écoutant le LP, j'ai les frissons qui viennent assez facilement, alors je vous laisse imaginer ce qu'il en a été devant la scène. De la joie au désespoir, de la peur à la fragilité, des peines aux sourires, tout aura été ressenti, partagé. Un voyage dans les tréfonds de l'âme, qui aura marqué les esprits, tous extrêmement captifs du début à la fin.

Et enfin, c'était à Miles Oliver (ce fameux Flo dont il est question plus haut) d'investir la petite salle. Lui, il joue tout seul, tranquillement, sereinement. Il te joue ses textes sombres et poétiques assis sur son tabouret, et t'invite à un voyage tout en douceur, avec parfois quelques turbulences. Il aura invité les personnes qui sont restés pour assister à sa prestation de s'asseoir avec lui, pour partager au mieux ce qu'il avait à nous partager ce soir. Il nous a offert des morceaux de son prochain album, qui suivra la lancée de Breathe, mais avec une ambiance plus brumeuse encore... La même que celle qu'il y avait ce matin-là, dans ma banlieue yvelinoise. Ça faisait penser à Fog Lake, à ce mélange de folk et de dream pop... Je pense notamment à ces deux dernières chansons que j'ai trouvé vraiment belles, tant dans la narration de Flo, que dans les atmosphères variées et envoûtantes, Evidemment, il nous a joué son petit tube, "The Rat", et "Just Swallow The Pill" qui aura eu un sens tout particulier ce soir, car ses parents étaient là pour le voir jouer, alors que le morceau parle de mamans. C'est sûr que maintenant que fiston a arrêté de jouer du hardcore pour quelque chose de bien plus calme, il peut les inviter sans risquer de leur détruire les oreilles. Un moment simple, dépouillé, une belle manière de terminer cette soirée.

Voilà, c'est ce genre de petites soirées qui fait de temps en temps beaucoup de bien. Surtout quand les musiciens qui étaient là ce soir, sans le faire exprès, racontent sur quelques chansons des histoires que j'ai pu moi aussi vivre, que t'as pu toi aussi vivre. Si tu as la possibilité de les voir un jour en live, fais-le. Chacun de ces artistes se donnent avec passion sur scène, et savent réveiller tes sentiments les plus profonds.

Bisous.

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