mardi 16 septembre 2014

Crows An Wra - Kalopsia : Mais qui a mis du LSD dans mon screamo ?


Des disques étonnants en 2014, y'en a déjà eu une pelletée. Mais alors là, celui-ci m'a tout simplement troué le cul... On le sait déjà, la scène anglaise est réputée pour nous livrer de très bons groupes dans tout ce qui est emo/screamo : Basement, Nai Harvest, Crash Of Rhinos, Playlounge, We Came Out Like Tigers... Et maintenant, elle devra faire de la place pour Crows-An-Wra. Ce groupe est né des cendres de Ravachol et de Crocus, entre autres. Et il nous propose avec Kalopsia, leur premier full-length, un mélange atypique, qui m'a totalement surpris dès la première écoute. Imaginez du rock psychédélique faire mumuse avec du post-hardcore. Eh bien vous obtiendrez ce que je vais vous chroniquer ici même avec joie et entrain.

Ils avaient commencé à bosser leur formule en 2013 sur un S/T, mais ça manquait encore de relief, de l'audace qu'ils voulaient délivrer mais qui était encore timide. C'est chose faite désormais. Pour redonner un coup de fraîcheur à un style qui peut vite tourner vite en rond, ils ont semble-t'il trouvé le chaînon manquant : droguer le post-HxC au LSD... 9 défonces auditives, aussi percutantes que perçantes, noyées dans la réverb'. Bah voilà, on sait pourquoi Comadre n'existe plus, c'est parce qu'il a été mangé par And So I Watch You From Afar, et voilà ce qu'il se passe dans son estomac ! Y'a de la castagne rythmique dans tout les sens, les guitares se veulent aussi incisives que légères, ça crisse et ça tricote de partout, c'est un arlequin musical, ouais, c'est vraiment psyché. Par-dessus cette atmosphère planante et glaçante, Greg (chant) s'évertue à nous hurler ses paroles pleines de réflexions et de colères d'une intensité permanente et frappante, s'amusant parfois à les chanter de manière accrocheuse (l'excellent titre "Dismay! The Seconds Slow" en est la preuve... "Wake up! And we all must learn the end is going to come..."), quand sa voix n'est pas elle aussi victime de réverbération aiguë. "We can't let this be, we are born to dream! We won't let them sleep!"

Des paroles qui concerne autant l'évolution de notre société que la complexité des relations amoureuses. "I fear silence, I fear myself. As well as the truth, I am not prepared to confront it and neither are you. I lie to you, I am a coward of course.", nous chante-t'il sur "Constraint In Secrets", un morceau saccadé, explosif, cathartique. Au milieu de tout ça, il y a tout de même un peu de douceur. De la douceur féminine, même. Une douceur troublante, mais envoûtante : "Heavy Heads (I)". Une chanson acoustique, chantée par Elizabeth Birchley, qui amène une douce brise de sa voix cristalline, de quoi nous laisser respirer un coup. "Madness is a kind escape, at least it's feeling something". Ce titre, même si il est à part de l'ensemble de l'album, c'est également l'introduction de "Blossom (II)", un titre bien plus virulent, ou Elizabeth continue de chanter, ou Greg l'accompagne de son cri plaintif.

Ce disque va vraiment chercher dans l'expérimentation et la réflexion. il fouterait presque la migraine le saligaud, une peu comme quand tu redescends d'une défonce, car aussi abstrait qu'il puisse paraître, il est aussi très réfléchi et travaillé, et ce jusqu'au final oppressant mais encore et toujours hypnotique "This Will Soon Be Forgotten", qui pose les bonnes questions au bon moment, quand tout va de travers dans notre monde, au moment ou l'apathie est légion : "We sit and watch from our home, thinking we made things go away. Do online petitions, really makes a difference?"

Décidément, vous ne trouverez pas beaucoup de disques qui ressemblent à Kalopsia, qui fait le pari d'une originalité très prononcée, une chose qu'il n'est plus si courante que ça de trouver dans la scène ou évolue Crows-An-Wra aujourd'hui. Ce premier opus est bluffant, il donne autant envie de se bouger le postérieur pour changer les choses que de bouger la tête sur ces mélodies saccadés. On se demande bien comment les garçons arriveront à faire mieux à l'avenir... En tout cas, je ne demande qu'une chose, c'est de les voir jouer ces morceaux en live, pour vivre cette expérience skramzédélique à fond ! Wow, ce terme génial que je viens d'inventer. C'est disponible chez les allemands de Adagio830 ("coffee saves my life!"), c'est 11€ pour 180g, bien plus rentable que n'importe quel pochon de dope acheté au dealer du coin, et je viens de chopper ma dose avec l'album Vile Art de Ritual Mess dont je vous parlerais bientôt, un supergroupe qui réunit juste 2 membres d'Orchid, un membre d'Orchid/Ampere, et un membre d'Ampere, t'as bien lu, oui oui...

Bon moi je vous laisse, je vais tenter de redescendre.


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