lundi 14 juillet 2014

Live report : OTB Fest, 27/28/29 Juin 2014 @ Paris, La Flèche D'Or/La Cantine De Belleville


Après une première édition en 2013 qui m'a laissé de beaux souvenirs et qui s'est tenue sur une soirée, réunissant Anteater, MNMNTS, Le Dead Projet, General Lee et Céleste, l'OTB Fest est revenu en 2014 sous une forme bien supérieure. Cette année, le festival s'est tenu sur trois jours, avec une affiche qui faisait rêver ! Mais malheureusement, une malédiction s'est abattue sur lui, avec des annulations en cascade, pour diverses raisons. Birds In Row, Rotting Out, Yussuf Jerusalem, Death Mercedes, Hangman's Chair, FJØRT... Sans compter trois autres très gros noms de leur scène qui ont annulé avant l'annonce du line-up. Cela a pesé lourd sur le moral de beaucoup de personnes qui pour certains se rendaient au festival exprès pour voir les groupes qui n'ont pas pu jouer, sur la gestion du festival, et sur l'équilibre financier d'Old Town Bicyclette. Mais l'OTB Fest 2014 a malgré tout été une réussite, lui qui a été maintenu jusqu'au bout, avec courage.

Première soirée (27 Juin) :

Le premier jour, c'était une affiche orientée vers l'épilepsie et la violence qui était proposée. Left In Ruins a ouvert les festivités. Et ce fût pour moi l'une des grosses découvertes de ce festival ! Quelque part entre punk hardcore, powerviolence et grunge, leur son est sans concession et joué avec une passion débordante, notamment par le chanteur Olly. Leur dernier LP Ghost était représenté ce soir. Le frontman jouait au plus près d'un petit public (pour le moment), grimpant sur les colonnes métalliques de la Flèche D'Or, se roulant par terre, passant à la limite de s'étouffer avec le câble de son micro. Je pense que la plupart des personnes présentes ce soir découvraient le groupe pendant ce concert, et c'est dommage dans le sens ou ça n'a pas bougé comme le groupe l'aurait mérité. J'en ai discuté avec Olly, et il m'a expliqué pas mal de choses intéressantes à ce propos. Vous pourrez lire tout ça, et plein d'autres choses, lors de mon interview de ce monsieur bilingue que je vous posterais dans les jours à venir. Un set totalement punk et inattendu ! 

C'est The Rodeo Idiot Engine qui les a succédé. C'était pas aussi anarchique que les Italiens, mais c'était hypnotique, comme à leur habitude. Ce groupe, c'est une avalanche de rythmiques extra-terrestres, une violence presque gênante, et des jeux de lumière tout aussi violents et épileptiques (à l'image de Céleste), en accord avec la musique du groupe, qui n'a pas failli à sa réputation. Un sans faute musicalement, même si le public était très timide. certains commençaient à vouloir faire bouger l'assemblée, mais sans grand succès malheureusement. Une prestation à laquelle ressemblait pas mal celle des suivants, Plebeain Grandstand. Mais la, il s'agissait plutôt d'une violence froide. La brume remplaçait les lumières. Les atmosphères malsaines remplaçaient les avalanches de déconstruction rythmiques. En effet, avec leur nouvel album Lowgazers, les toulousains sont passés d'un hardcore chaotique blackisé au genre inverse, un black metal influencé par le hardcore chaotique. C'était massif, envoûtant, finement joué, mais je m'attendais à une atmosphère plus "mystique" encore, ça aurait pu être cool d'avoir un jeu de scène plus en raccord avec leur univers, rien qu'en passant par le décor, comme savent le faire des groupes du terroir jouant également dans le registre dépression comme Cathedraal ou Bien À Toi (bon, dans des genres différents, il est vrai). 

En tout cas, il y en d'autres qui savent mêler leur jeu de scène et leur musique en France, et ils sont monté sur scène après Plebeian Grandstand, j'ai nommé General Lee ! Les garçons ont défendu leur sludge/post-hardcore avec une folie certaine, allant de pair avec l'élan de violence et de férocité que le groupe de Béthune a pris avec l'album Raiders Of The Evil Eye. Le frontman se roulait par terre, venait pogoter avec les quelques personnes qui osaient bouger, les autres musiciens n'ont également pas hésité à descendre venir jouer au plus près des plus motivés à en découdre, quitte à aller embêter les plus timides. Mais ce fût toujours bon enfant, toujours fraternel. Pas comme avec le dernier groupe de la soirée, Providence... Un groupe parisien bien connu du beatdown hardcore, avec lequel j'ai bien du mal, et qui contrastait totalement avec la soirée. D'ailleurs, on voyait bien que le public a bien changé pour eux. L'ambiance est soudainement devenue beaucoup plus pesante, des disputes ont commencé à se lever... Rien à faire, c'est vraiment pas ce que j'aime voir et entendre. Mais ils ont reçu un bon accueil de la part de leurs fans, et les mecs ont donné ce qu'ils savent faire de mieux, un beatdown frontal, violent, qui sent le ghetto et les pieds-bouche. La définition de la violence qui sera proposée le lendemain était bien meilleure...

Deuxième soirée (28 Juin) :

C'est à la Cantine de Belleville que s'est déroulée la deuxième soirée de l'OTB Fest. Elle n'a pas pu se tenir à La Flèche D'Or, pour des problèmes de logistiques. Ces problèmes ont forcé l'asso à annuler la venue de Hangman's Chair et FJØRT pour maintenir la soirée et pouvoir jouer dans cette salle... Mais il faut dire que cette petite salle était adéquate aux styles musicaux représentés ce soir : crust, hardcore chaotique, black metal, screamo... Un line-up qui promettait de faire couler des litres de bière et de sueur ! C'est Gazers qui a ouvert le match de boxe, euh pardon, la soirée. Et justement, comme je pense vous l'avoir déjà dit dans mes précédents live reports des parisiens, je préfère les voir dans ce genre de salles, ou les spectateurs sont au plus proche de la scène, ou on se fait limite gueuler dessus. Ils n'ont pas dérogé à leur réputation, les gaziers. C'était "un set crust" comme me le disait Adrien (basse), massif, prenant, spontané, alternant entre quelques morceaux du nouvel EP qui arrive bientôt, et d'autres issus du premier disque The Decline. Une bonne mise en bouche pour chauffer la salle et les préparer au groupe suivant, leurs copains de The Prestige, qui ont joué un set tout simplement à l'image de Gazers, avec cependant un public plus réceptif : les pogos commençaient timidement à fuser, quelques moments de sing-along ont pu se faire entendre sur la fin, et notamment sur l'éprouvant et oppressant titre "Backward". Ce coup-ci, on aura pas eu le droit à "Burn Down Vegas", un de leurs gros hits. J'avais pourtant milité avec une amie pour qu'ils la jouent, haha ! 

La bagarre a vraiment eu lieu lorsque Hierophant a débarqué et a délivré son crust/hardcore diabolique. Le groupe de crust/black, plus timide sur scène il est vrai, a déchaîné la foule, se laissant désormais complètement aller au son furieux et ténébreux des garçons. Un défouloir formé par un groupe au taquet qui a plutôt bien fait son effet dans cette petite cave, bien qu'il est vrai que leur son ne ressortait pas excellemment bien, quelque peu étouffé. Faute de temps, et parce que ma banlieue se situe à une heure en train de Paris, je n'ai pas pu assister au set de The Secret. Mais les témoignages des guerriers présents dans le public ont été clairs : Hierophant n'était qu'un feu de paille (et pourtant, je trouve que ça bastonnait sévère...), quand The Secret fût l'éruption totale, l'explosion thermique, la Cantine est devenue un ring, au rythme du black metal/hardcore furieux et noir au possible des Italiens, qui étaient contents de jouer devant un public autant motivé à en découdre qu'eux, ce fût un moment intense pour les deux partis. Je suis tellement déçu de ne pas avoir pu participer à cette boucherie :'(... Mais bon, au moins, j'ai pu rentrer à temps pour une bonne nuit de sommeil et récupérer comme il faut pour la dernière soirée, aux horizons musicaux bien différents, fini le hardcore !

Troisième soirée (29 Juin) :

Quand les hardcore kids avaient encore assez de force pour aller se la donner au concert de Nails, les irréductibles de l'OTB Fest et les amateurs d'ouverture musicale sont venus se nourrir de garage, de post-punk et d'électro ce soir. Et ça a commencé avec Hyperstation, toujours un peu sage sur scène par rapport à leur musique entre electro-pop et post-punk, mais très cool quand même à voir. Le guitariste de la formation a fait quelques escapades au milieu d'un public pas encore trop important lors de cette prestation. On a eu le droit à un nouveau morceau au ton carrément aérien sur le refrain, qui rafraîchit encore un peu plus leur musique. J'ai hâte d'en entendre plus de la part de ce groupe ! Je pense d'ailleurs qu'il a le potentiel pour buzzer vachement plus qu'actuellement... Peut-être avec le prochain disque ? 

Il y en a un en tout cas qui a crée un gros buzz autour de lui et qui était présent ce soir : Jessica93, LA surprise du soir, pour remplacer Yussuf Jerusalem ! Alors, il ne fallait pas s'attendre à beaucoup de chaleur et de sourire de la part de Geoffroy Laporte, l'homme qui se cache derrière ce pseudo façon Skyblog, c'est pas son truc, mais on a eu du sombre, du glauque, du froid, et c'est ça que j'aime avec son projet, qui transpire la moisissure urbaine, la dépression, la banlieue maussade, la "crasse pourrissienne", cet enchevêtrement de post-punk, de noise, de cold-wave, de shoegaze, de l'héritage de ses premiers amours grunge. Il jonglait entre sa basse, sa guitare, son micro et sa boîte à rythmes, nous matraquant avec ses boucles musicales qui cognaient fort dans nos têtes, finissant dans un déluge de guitares assourdissant.

S'en est suivi La Secte Du Futur, une totale découverte pour moi ce soir. En soi, c'était pas mal, le garage rock burné à la réverb' old school sur la voix, j'achète ! Mais je les sentais pas totalement en confiance sur scène, ça semblait jamais prêt. Leur son aurait mérité vachement plus de peps de la part des musiciens ! Dans le registre découverte, il y a également eu Peter Kernel, la GROSSE découverte de ce soir, j'ai totalement accroché à leur indie/post-punk fou et explosif (pas mal de riffs pourraient d'ailleurs vous faire penser à de l'emo !) mais également très doux par moments. Je les découvrais ce soir, et ça a été le coup de foudre. La complicité entre le chanteur/guitariste et la bassiste/chanteuse était touchante, et ils nous ont bien fait marrer à se rejeter la faute sur leurs erreurs, à se faire le kamehameha, et autres pitreries ! Vraiment, une excellente surprise, et un groupe que je vous recommande chaudement. Et pour finir l'OTB Fest en beauté, quoi de mieux que de le faire sur le ton de la fête ! Et c'est Kap Bambino qui s'en est chargé. Ce duo, c'est tout simplement l'art de rendre punk l'electro. Une electro fun mais endiablée, qui castagne, saccadée, brutale, avec une chanteuse... Pardon, une extra-terrestre bougeant dans tout les sens, qui a slammé à plusieurs reprises, qui a viré un photographe et levé le doigt à un autre. Une boule de nerfs qui a explosé en mille morceaux, transmettant sa folie à un public déchaîné ! Finalement, on était pas très loin de l'ambiance crust de la veille, héhé ;) !

Et c'est avec plein de musique dans la tête, et de la sueur plein le corps, que ce festival se termine. Une édition 2014 qui a été pleine de surprises, de chaos, de bagarre, d'évasions, et même de bonnes rencontres, malgré les grosses galères qu'aura vécu Old Town Bicyclette avec les annulations en cascades, ce qui aura eu un gros impact financier... L'asso a d'ailleurs lancé une campagne sur Ulule pour l'aider à renflouer ce gros handicap, qui a amputé une partie de leur programmation de fin d'année, et qui menace jusqu'à son existence même. Si vous souhaitez aider ces trois personnes dévoués à nous faire vivre des lives toujours plus intenses, votre scène, et une bonne partie de l'avenir de la scène hardcore/screamo/alternative à Paris, c'est le moment ou jamais. Avec En veux-tu? en v'là!, c'est l'une des rares assos à autant se bouger pour faire vivre leur milieu sur la capitale. Je les en remercie personnellement pour ceci. Si la santé financière leur permet, il y aura une nouvelle édition de l'OTB Fest en 2015. En espérant qu'elle ne soit pas autant maudite que cette année, mais qu'elle soit aussi réussie dans le cœur des personnes qui auront hoché la tête, chanté, hurlé, pogoté, et j'en passe, durant ces trois jours. Allez, rendez-vous bientôt pour le prochain concert OTB, et à l'année prochaine pour un festival qui je l'espère sera encore plus fou !

Un grand merci à Adrien, Flo, et Laure, pour tout ce qu'ils font, pour ce fest, pour les concerts de l'asso, pour tout encore une fois.

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