lundi 16 septembre 2013

Chronique : Jean Jean - Symmetry


Le math-rock français c'est un peu comme le rap en Amérique. C'est une suprématie absolue sur la concurrence. You can't test his swagg nigga ! Oui je vous vois déjà venir les râleurs, genre "Mais mec c'est n'importe quoi haaan, t'oublie This Town Needs Guns, Loose Lips Sink Ships, And So I Watch You From Afar..." En toute amitié et politesse : vos gueules les grincheux, ici on a Man Is Not A Bird, on a Pneu, Papier Tigre, Totorro, Mermonte, et Jean Jean. Jeu set et match !

Ces jeunes garnements parisiens nous présentent donc leur premier album, faisant suite à un EP aussi fou qu'atmosphérique, mêlant rythmes math-rock effrénés à quelques touches electro, entrecoupés de belles envolées post-rock. C'est une recette que l'on retrouve sur Symmetry, mais avec encore plus de variété et de maîtrise. Je l'attendais de pied ferme le m'sieur, et il ne m'a pas déçu, et il est tout sauf symétrique tiens. Les plans post-rock s'allongent, prennent leur envol avec une grâce plus grande encore, les claviers s'harmonisent davantage avec l'univers général de l'album, les plans math sont encore plus enjoués, chaleureux et déments, et au moment ou l'on s'y attend le moins, des plans agressifs viennent alourdir l'atmosphère, au grand dam de nos cervicales et de nos cœurs. J'ai même une envie de parler de morceau emo sur le titre "Laser John" (dont les premières secondes m'ont d'ailleurs fait penser à du Envy), chanté timidement et hurlé avec toute la rage du monde. Sur la fin de morceau, les voix s'envolent légèrement, pour encore plus de beauté et d'émotions.

Le néophyte peut facilement se perdre dans cet enchevêtrement de mélodies, de rythmes, de claviers, d'arpèges, de sonorités pop, de cris... Mais celui qui se laisse un instant captiver par les morceaux de Jean Jean en sortira ébloui par cette dose de fraîcheur, de bonheur et d'intensité qui ressort de ces 7 morceaux tous plus beaux et délirants les uns que les autres. Oui oui, on en rigole tendrement parfois, de leurs conneries electropicales (check le jeu de mots ma gueule) glissées ça et là, histoire de faire grandir le sourire qui envahit notre tronche à l'écoute de ce skeud. Rien que le premier morceau "Coquin L’Éléphant" suffit à nous mettre d'accord. Ça change d'ambiance toutes les 30 secondes, c'est terriblement entêtant, dansant, t'as même envie de casser des trucs (testez le truc le plus proche de vous au moment ou vous lisez cette phrase, ça peut donner un truc rigolo. Au moment ou j'écris cette phrase, pour moi c'est un frigo...) dans les moments les plus rugueux. Sur le suivant, "Les Orgues de Gorah", tu reste sans voix face à ses rythmes saccadés suivi par des orgues épiques, une epicness qui se poursuit sur le superbe et frissonnant titre "Love" (illustré par un non moins superbe mais loufoque clip). Y'a une spontanéité nécessaire à du bon math-rock qui t'explose ici en pleine figure, c'est impossible de trouver cela répétitif ou ennuyeux, ou alors t'as beaucoup trop écouté The Dillinger Escape Plan dans ta vie.

Avant de conclure cette chronique, j'aimerais revenir sur deux points fondamentaux : Premièrement, les fervents partisans de Windows qui passeraient dans le coin doivent impérativement garder leur calme. Un titre présent sur ce disque se prénomme "Mac", ceci n'est pas une raison pour tenter d'aller hacker leurs ordinateurs lors de leurs prochains concerts, ce sont des musiciens avant tout, nom d'une huître ! Deuxièmement, j'aimerais préciser que dans la course aux noms de groupe et de titres loufoques, Jean Jean marque un bon point. Je crois que le math-rock français se livre à une bataille sans merci pour trouver les dénominations les plus mindfuck qui soit.

Bref, il s'agit ici d'un disque à écouter absolument le matin pour te réveiller et te motiver à aller au boulot, ou le soir pour s'évader après une journée de merde dans ce même boulot, surtout avec la douce fraîcheur qu'il fait en cette fin d'été. Ou alors pour te motiver à vivre, courir, danser... C'est monstrueusement efficace, c'est méga-varié, passionné, plein de puissance, de paysages, de couleurs... C'est juste impressionnant, et ça fait du bien au moral. Merci à eux pour le voyage !

1 commentaire :

  1. Une chronique qui donne salement envie !! Pas le temps d'écouter maintenant hélas, mais dès que je peux, je fonce, merci

    RépondreSupprimer