mercredi 24 octobre 2012

Chronique : The Random Monsters - S/T



La scène post-rock française est très restreinte, mais compte tout de même quelques groupes importants et très respectés. Parmi eux les excellents Microfilm (notre Mogwai à nous, en quelque sorte), ainsi que Kwoon, Stellardrive, Absinthe Provisoire, et d'une certaine manière M83, cet artiste qui officie dans l'électro VS pop indé un peu planante tellement à la mode actuellement chez les hipsters et à la radio, qui tire ses origines et sensibilités musicales du post-rock et du shoegaze. Il y a ensuite énormément de groupes français influencés par le post-rock, peu importe leur style musical (à titre d'exemple, on peut citer aussi bien SWY que Mermonte, Nephalokia, Merge, Totorro, ou Daïtro). Mais c'est une autre histoire. Et aujourd'hui, nous avons un nouveau challenger. Nommé "The Random Monsters", ce groupe parisien, qui compte Sébastien, batteur de Doyle, dans ses rangs, est né en 2011 dans le but de créer une musique "lunaire", entre ambiant, indie et pop, sans réellement vouloir se définir "post-rock".
Citant comme influences Deftones, Mogwai, Envy (parmi tant d'autres consultables sur leur page Facebook et leur biographie officielle)... Ils ne peuvent que donner envie d'explorer leur univers. Je m'y suis donc aventuré, et ce fut une belle expérience.

Tout commence par "Ruins". C'est ici que commence le voyage, et c'est ainsi que nous finiront au final de cet album, en ruines. Douce brise. Des doux accords, ces bourdonnements hypnotisants (influences drone ?), laissent se lever la tempête. Des riffs lourds et mystérieux. Accalmie, les doux accords reviennent, mais cette fois-ci avec quelques sons mystérieux, assez occultes. Toute cette masse sombre de mélodies ténébreuses nous amènent vers "Hostility Towards Creation", qui démarre un peu comme un morceau post-hardcore, avec la même sensibilité, la même lourdeur et la même dissonance des guitares, et les chemins sinueux qu'emprunte le morceau, entre les explosions post-rock. On croit que le morceau s'achève, mais soudain, de doux accords relance le morceau, accompagné d'un sample de discours. Toujours hyper-efficace, dans le post-rock. Le morceau évolue ensuite dans des contrées très lourdes, presque à la Cult Of Luna, entremêlées de plans post-rock majestueux. Un morceau très atmosphérique, pour une première pièce majestueuse. La tempête n'a pas fini de souffler. Ne vous fiez pas au doux final. "Ghost Of A Smile" vous le rappellera. Ce morceau suit intelligemment le final du précédent morceau, mais s'alourdit au fil des secondes, puis se meurt doucement. Des accords de basse mystérieux, très graves, accompagnant quelques accords de guitares reposants introduisent le morceau suivant, "Sacridie", qui ensuite explose dans un genre assez "Deftonien" : Instru simple mais lourde et dissonante, et un chant ténébreux, rythmé et haut perché, parfois double. X y ajoute une touche blues qui rend superbement bien avec la lourdeur de l'instru, qui donne une intensité supplémentaire. Il est assez compliqué de placer du chant sur un morceau post-rock sans que cela devienne mielleux, mais ici, l'exercice est réussi, car le chant s'intègre parfaitement à l'ambiance du morceau. Le morceau suivant, "The Early Years", commence dans un univers qui nous renvoie à l'univers ténébreux de l'intro, avec ces sons de guitares curieusement déformés, fantomatiques, comme si elles sortaient d'un vieux film à la bande son usée, et ces accords oniriques. Et boum, la bourrasque ! L'instru explose ensuite dans un schéma typiquement post-rock, mais ô combien efficace, vraiment beau et puissant. Et le silence. Et VLAN, encore une bourrasque. L'apogée de ce morceau. Des riffs lourds, éclatants de grâce, qui se mêlent à de nouveaux arpèges post-rock superbe. Un très beau morceau ! Le déluge se termine avec "I've Buried You", un morceau très "blues", et ou vient à nouveau se mêler cette voix douce mais ténébreuse, qui me fait terriblement penser au chanteur des Black Keys, ne me demandez pas pourquoi, sans doute ce chant et cette instru influencés blues, encore une fois. Le morceau évolue tranquillement, nous gratifie même de superbes chœurs. Un petit silence, et une nouvelle progression, avant l'explosion finale, et peut être la plus géniale de l'album, avec ses arpèges éclatants, ces passages foufous un peu chaotiques, ce chant à son apogée, avant que le morceau ne se meure petit à petit, dans un dernier discours, de derniers accords. Et voilà, la tempête a cessé. Et dans les têtes des auditeurs, elle a dû faire beaucoup de dégâts. Entre deux éclaircies.

Conclusion : Pour un premier effort post-rock, le rendu est bluffant. Le groupe ne se contente pas seulement de jouer du bon post-rock, mais il le rend également original, presque pop par moment, sans avoir besoin de partir dans des délires math-rock ou screamo pour impressionner. C'est une belle première impression, mais j'aimerais à l'avenir entendre davantage cette voix particulière, assez inédite dans le genre. C'est finalement ce genre de groupe, inventif et sincère, dont la scène française a besoin pour qu'une scène post-rock solide puisse s'y créer...

Tracklist :

01. Ruins
02. Hostility Towards Creation
03. Ghost Of A Smile
04. Sacridie
05. The Early Years
06. I've Buried You


Ce premier album est disponible en digital ici.

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