mercredi 24 octobre 2012

Interview, ouh, ouuh : When Icarus Falls



Aujourd’hui, j’ai l’honneur de vous proposer une petite interview de Xavier et Diego de When Icarus Falls, un groupe qui m'as surpris avec leur premier album, "Aegean", sobre, planant, lourd et puissant à la fois. Il fait suite à l’EP « Over The Frozen Seas », qui avait révélé le groupe sur la scène post-hardcore, bien que plus lumineux.  Après avoir chroniqué ce très beau premier effort, j'avais envie d'en savoir plus sur leur univers, sur le concept que suit l'album, et simplement sur le groupe lui-même.

-  Bonjour les gars ! Alors, comment allez-vous ? Les retours sur l’album ont été positifs ?

Xavier : Oui, les retours ont été assez positifs, spécialement au niveau de la production. Après, une certaine partie de la presse nous reproche notre côté trop « post-hardcore classique », et auraient souhaité quelque chose de plus original. D’autres regrettent la chaleur et le calme de l’EP, et notamment les passages chantés. Au contraire, certains sont agréablement surpris par le tournant artistique que le groupe a pris avec Aegean. Cela traduit la diversité de notre audience, et c’est finalement très bien comme ça. Néanmoins, j’attends avec impatience la chronique de ces bâtards de NextClues qui n’avaient pas hésité à nous chier dessus avec Over the Frozen Seas. Trois ans après cette chronique mémorable, on se fait encore des private jokes entre nous là-dessus. Nous les mettons donc au défi de faire encore plus absurde et gratuit que la dernière fois ! 

-  C’est vrai que cette chronique était super crue, je la trouve personnellement consternante, et pas très respectueuse de votre boulot, ce n’est même pas de la critique constructive mais du lynchage gratuit… Enfin, passons. 

-  Je voudrais d’abord me pencher sur le thème de l’album. Pour rappel, vous avez été inspiré par les travaux de Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre renommée qui avait décrit les « cinq phases du mourir » : Le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Est-ce que chaque morceau, si l’on excepte les interludes, représentent une de ces phases ? Est-ce que, personnellement, vous adhérez à cette idée des « cinq phases du mourir » ? Y-a-t-il d’autres personnes qui vous ont influencés, pour cet album ?

Diego : Tout le concept lié autour de l'album est venu à un stade où le processus de composition était déjà bien avancé.  En ce sens que cela n'a pas été une contrainte artistique mais plutôt une direction à prendre. Les observations rapportées par Elisabeth Kübler-Ross ont permis de mettre des mots sur des stades émotionnels intéressants et je crois que cela se perçoit assez bien sur l'album. Adhérer, je sais pas mais l'idée qu'il existe un certain schéma de réaction face à des situations difficiles m'amuse assez je dois dire. 

-  Était-ce une volonté que de donner un ton plus sombre, plus agressif à votre musique, ou est-ce venu spontanément ? Peut-être pour correspondre au thème donné ? Ou pour correspondre, peut-être, à l’évolution de la vie de chacun d’entre vous, de vos vécus… Je me dis que peut-être, cela se retranscrit dans ce changement ?
-   
        Xavier : Je crois que le groupe a simplement évolué vers ce côté sombre de façon naturelle. On s’en est rendu compte au fil du temps, alors que nos compositions et nos live se trouvaient de plus en plus en décalage par rapport à notre premier EP. Le concept de l’album est la conséquence de ce changement et non la cause. Pour ce qui est de nos vies respectives, elles sont nettement moins tourmentées que nos compositions, je te rassure…

    -  Haha, c'est cool alors ! En plus de ce changement d’univers, depuis l’EP, dans la voix, je sens personnellement une certaine influence que je qualifierais de « black metal », cette façon d’hurler très aiguë  lointaine, et crasseuse… Je constate également qu’en même temps, pas mal de récents groupes s’amusent à mélanger black metal et influences shoegaze, hardcore et/ou post-rock, comme Bosse-De-Nage, Alcest, deafheaven, Wolves In The Throne Room, Hierophant… Et certains de ces groupes se rapprochent finalement, sous certains plans, de votre musique. Y-a-t-il des groupes de ce genre qui vous ont inspiré ?

Xavier : Tu vois Diego, je t’avais bien dit de nettoyer ton ipod de tout ce black norvégien… Avec le temps, ça finit par te bouffer le cerveau !

Diego : Wolves In A Throne Room, Altar Of Plagues sont des groupes que j'apprécie, en effet. Après, je n'irais pas jusqu'à prétendre que je suis un féru de la scène black et qu'elle m'influence dans la manière que j'ai d'appréhender l'univers de When Icarus Falls. Quand je pose des voix, je ne me dis jamais "faut que je chante gras ou faut que cela sonne black", je chante c'est tout.  

-  Bonne réponse ;) ! Je remarque actuellement que la scène suisse est en train d’exploser. D’abord révélée par Nostromo et Le Pré Ou Je Suis Mort, plein de petits nouveaux suivent en ce moment. Je pense notamment à vous, Prométhée, Abraham, Life As War, et Elizabeth. Y’a-t-il d’autres groupes de la sphère hardcore et metal qu’il nous reste à découvrir, nous, petits franchouillards jamais contents ? Le plus drôle, c’est que chacun de ces groupes envoient de sévères parpaings…

Diego : Exploser, pas vraiment. Ecce Lex a déjà 10 ans, certes mais avant cela il y avait une flopée de petits groupes que personne ne connaissait comme Celtic Frost par exemple ou Coroner... Plus sérieusement, il n’y a jamais eu d'explosion à mon sens mais plutôt une évolution des outils de communication et une démocratisation des home studio qui aujourd'hui permettent à n'importe quel groupe de balancer 3 micros dans une pièce et d'enregistrer un son qu'on peut ensuite balancer dans le monde merveilleux d'internet. Je ne crache pas dessus car je sais qu'il y a 10 ans on aurait jamais pu avoir la visibilité, si minime soit-elle, que l'on a aujourd'hui avec When Icarus Falls et cela grâce au web et aux micros pas chers. Sinon, c'est marrant mais tu me cites une majorité de groupes issus de la scène genevoise alors que si tu te diriges un peu plus du côté de Lausanne ou de La Chaux-De-Fonds, tu découvriras monts et merveilles. 

-  Oh mon Dieu, j'ai totalement oublié que Celtic Frost, c'était Suisse, haha ! J'ai également fait de gros oublis en rédigeant l'interview, honte à moi, je me rattrape ici en citant Knut (sludge/hardcore), Iscariote (hardcore chaotique aux relents post), Impure Wilhelmina (post-hardcore), Each Day Starts Anew (emo/indie 90's VS post-hardcore façon Thursday et Quicksand), Mr.Willis Of Ohio (emo/screamo signé chez Ape Must Not Kill Ape Records), Equus (post-rock), Coilguns (hardcore rock'n'rollesque), Abraham (post-hardcore), et Eluveitie (folk metal).

En tant que « dictionnaire de l’emo », je me suis automatiquement demandé si l’un d’entre vous suit la scène « emo », de près ou de loin… D’autant plus que j’ai pu remarquer que vous avez déjà partagé une date avec le groupe « La Dispute », que j’affectionne particulièrement, et qui fait partie du renouveau de cette scène. Y-a-t-il des groupes du genre qui ont marqué, ou même peut-être influencé l’un ou l’autre ?

Xavier : Notre live avec La Dispute est bel et bien le seul lien que nous ayons avec la scène emo, je pense. Cela dit, ce sont vraiment des types formidables et qui envoient comme il faut ! « Emo-nous » les uns les autres malgré nos différences…

Diego : Le seul lien que j'ai pu avoir avec la scène émo c'est quand j'avais encore la possibilité de mettre du gel coiffant. Maintenant que j'ai plus de cheveux, je me pose plus la question. 

-  Tout à fait d'accord pour La Dispute ! Et puis d'abord, je suis un féru d'emo et j'ai pas de rideau capillaire devant les yeux... Du moins, moins souvent qu'à mes 16 ans haha ! Ça écoute quoi en ce moment, un coreux suisse ?

Xavier : Lausanne FM, n’ayant pas réussi à pirater la radio de la boîte où je bosse.

Diego: Humores I - IV de Arafúra, c'est joliment introspectif et magnifiquement exécuté. 

    -  Dernière question : Votre album colle parfaitement au zouk, je vous renvoie à ma chronique.  Et je vous sais grand fan de ce genre musical, ça se ressent à l’écoute, au chant. C’est d’une chaleur, d’une sensualité exotique plus excitante que le porno de 22H30 de RTL9... Une première partie de Colonel Reyel en prévision ? Une ré-édition de « Aegean » en zouk ? Ou alors mieux, une chorégraphie en mode « zumba » pour un éventuel clip ?

Xavier : Oui, alors sur ce point,  tu ne crois pas si bien dire. Il faut savoir que notre local est situé juste en-dessous d’une boîte de nuit africaine, donc chaque fin de semaine nous avons droit au coupé-décalé. A force, je pense que nous avons été influencés par le pouvoir subliminal du zouk. D’ailleurs, je pense que notre label sera d’accord pour que l’on te révèle le concept du prochain album : 10 reprises de Converge en version zouk. Accrochez-vous, ça va chier !

 -  Haha, excellent ! Je l’offrirais à mes colocs africains !
Allez, je vous laisse le mot de la fin ! Une annonce, une dédicace, une blague, une menace terroriste contre les pays utilisant l’euro et dévalorisant le franc suisse ?

Xavier : Achetez nos albums ! C’est un excellent placement à ne pas manquer, avant que l’euro ne disparaisse.

Diego : de la fin? mais de quelle fin? la vôtre? la mienne? la nôtre? méditons là-dessus. 


« Aegean », le premier album de nos joyeux lurons, est disponible en digital et en streaming complet ici, ainsi qu'en physique ici.
P.S : Merci beaucoup à Jérémy de Blue Wave Productions, à Diego et Xavier !

Ne vous fiez pas à la descente gratuite et peu constructive de certains webzines élitistes et hipsters sur les bords, pour vous faire une idée de ce que vous écouterez à l’avenir, mieux vaut consulter d'autres webzines plus passionnés et respectueux, ou vous forgez un avis vous-même ;).

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire