lundi 1 décembre 2014

Ces gens qui vendent des disques de punk à 100€ doivent mourir.

zoom sur l'image pour bien voir les prix et te brûler les yeux.


Y'a quelques jours, je me balade sur Internet pour voir si il y a encore moyen d'acheter l'un des meilleurs disques de punk venu des Yvelines : À La Dérive, de Belle Epoque, également l'un des meilleurs groupes de screamo français. Ce disque a une valeur presque sentimentale pour moi, car non seulement c'est un groupe qui me touche et me fait frissonner, mais c'est aussi parce que les mecs ont enregistré leur disque dans le désormais défunt squat de la Miroiterie, et qu'ils sont originaires de Versailles et de Vélizy (à quelques kilomètres à peine de mon ter-ter), autant dire qu'ils viennent presque de chez moi. À l'époque ou c'est sorti, y'a 7 ans, tu pouvais le trouvais à 7€, au grand maximum 12€ chez les disquaires de Paname. Jusque là, c'était normal. Mais aujourd'hui (à l'heure ou j'écris cet article), quand tu veux t'acheter cet album, tu dois t'affranchir de minimum 100€ hors frais de port. Non mais sérieux... SERIEUX.

C'est quoi ces mecs qui arrondissent leur fin de mois en se servant de la passion de punxs sûrement pas beaucoup plus riches que ces revendeurs malhonnêtes ? Comment est-ce que tu peux te sentir bien en bafouant autant l'éthique de ta scène (c'est même pas une question de codes au final, mais de respect des groupes et du public) pour te remplir tes poches ? Sur quelques LP de groupes de hardcore de chez nous, les mecs disent bien que leurs disques ne doivent pas être revendues plus chers qu'une certaine somme, rarement plus de 10€, comme l'illustre ce papier lyrics d'un LP de Carther Matha. Ceux qui vont te revendre ces disques 10 fois plus cher vont te dire "ouais mais c'est ça le collector mon pote, c'est des séries limitées, c'est normal que ça prenne de la valeur". Mais attends, on parle de punk ou de beaujolais là ? Si tu revends un disque 10€ plus cher que la valeur originelle du disque, ça va encore, bien que ce soit encore discutable, mais le faire monter à desfois plus cher que les charges de ton loyer... C'est un peu beaucoup se foutre de la gueule du monde. Y'a aucune justification à appliquer un prix aussi élevé à un art aussi marginal, spontané, avec des valeurs fortes contre tout ce qui touche à l'argent, la seule que tu peux trouver, c'est assumer que tu te fais de l'argent facile et malsain. Y'a 3 ans, t'achetais l'EP Cottbus de Birds In Row à prix libre à leurs concerts. Aujourd'hui, c'est pas en-dessous de 30 balles sur les Internets. wut ?

J'arrive pas à concevoir qu'un disque de punk se marchande de la sorte, alors que quel que soit les sous-genres qui ont découlé de cette scène, tous se réunissent sur un point : l'argent c'est de la merde. Enfin, du moins dans l'utilisation qu'il en est fait en règle générale, parce que tu diras moins que c'est de la merde si un mec illuminé te tend au milieu d'une gare très fréquentée un sac plastique rempli de liasses de billets de 500 palots comme ça m'est arrivé un jour ou j'allais faire mes courses, tu sais ce 21/12/2012 ou on était tous censés crever en se recevant des tonnes de trucs cosmico-religieux sur la gueule. Et tu sais quoi ? Le type me paraissait tellement chelou que j'ai refusé ses billets. Ouais. Bref, vendre des galettes de ponque aussi cher qu'une platine pour les lire, c'est les vider de leur message et de leur vraie valeur. Le pire, c'est que t'as du mal à résister, tu finiras au moins une fois dans ta vie à acheter ces disques, parce que au-delà de l'aspect financier, ben tu l'aimes ce disque devant lequel tu baves derrière ton écran, et tu sais que y'a une chance sur deux de plus jamais le retrouver en vente après... Ca m'est arrivé deux fois de céder, c'est vrai que je suis bien content d'avoir ces LP à la maison aujourd'hui, mais ça me fait toujours un peu bobo coeur d'avoir autant allongé de pépettes pour un opportuniste qui a profité de mon dévouement pour les deux groupes dont il est question avec ces albums. 

T'imagines, un jour tu croise le mec à qui t'as acheté le LP de son groupe à 10 balles, tu lui dis que tu l'as revendu à 100, tu crois pas qu'il va te tirer la gueule ? Tu remettras totalement en cause l'intégrité et les principes de son groupe avec ton avarice, et t'auras sûrement aucun scrupule, et ça, ça me débecte. C'est peut être un caprice d'un mec qui pourra jamais chopper un LP de Belle Epoque en dessous de 50€ ce que j'écris là, mais l'occasion était trop belle pour me permettre de cracher sur ces voleurs. Y'a bien des chances que des copains qui ont déjà fait ça sur quelques uns des LP qu'ils mettaient en vente passent par là, donc ouais les amis, je suis pas du tout d'accord avec cette pratique-là, même si je vous aime. Après, tu as ceux qui vendent des disques aux enchères, généralement des labels, mais dont les recettes sont reversées à des associations qui défendent les animaux, divers droits de l'homme, et j'en passe. Là, c'est un peu différent. Les mecs qui achètent ces disques savent que leur argent sera (en principe...) reversé en totalité à des structures caritatives, alors ils donnent des sous avec plaisir, car c'est du double action : T'as un skeud que t'aime d'amour, et tu soutiens une bonne cause. C'est un peu plus punx dans l'esprit, je trouve ça cool.

Malheureusement, on arrêtera jamais ce business du LP plus cher à chaque année qui passe, et ça compte pour tout les styles musicaux. Ma complainte va sûrement pas servir à grand chose, mais j'espère avoir au moins réussir à mettre mal à l'aise les quelques personnes qui participeraient à ce business qui passeraient par là, et les faire réfléchir un peu. Toi aussi, revendeur peu scrupuleux, tu as été un kid en galère de thune qui a pleuré en voyant le disque de ton groupe préféré bien plus cher que son prix de base en te disant que t'aurais pu l'avoir 5 ans plus tôt en tendant chaleureusement un petit billet saupoudré d'amour et de joie à l'un des membres de ce groupe et lui montrer que t'aimes sa musique et que tu le soutiens.


Paye le juste prix mon copain.


Non, pas bisous, que des crachats.

14 commentaires :

  1. T'es juste vénère parce que t'es pauvre et que quand le disque est sorti tu devais écouter Fun Radio et des compils de Dance !

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    1. "T'es juste vénère parce que t'es pauvre" : J'ai toujours rêvé que Swagg Man me laisse un commentaire !

      Sinon à l'époque j'avais 11 ans, j'étais le mec marginal de mon collège avec mes pulls à nounours et mes jeans trop courts, j'étais carrément punx.

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  2. Vivement le repress du LP (et du single 7" !)

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    1. Si il y a vraiment un repress de ces deux disques, je suis joie !

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  3. Ouais je suis plus ou moins d'accord avec ton papier, j'avais déjà halluciner en checkant la page Discogs pour le repress 10" pic de la démo d'Amanda Woodward qui se revient à plus de 30€... Encore que des types crapuleux cherchent à capitaliser sur des disques des Beatles, Madonna ou je ne sais quoi, ça m'est égal, mais faire la même chose avec des disques pubk DIY no profit, ça pose vraiment un problème éthique.

    Bref, j'ai écrit au label pour savoir si un repress serait envisageable.

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    1. Oui voilà, c'est là aussi le problème, c'est comme tu le dis de capitaliser sur du punk, c'est un contre-sens énorme et c'est vraiment moche.

      Eh ben tu vois, ça fait pas mal de temps que je me retiens de le chopper ce disque-là, j'ai pas envie de payer ça 30€, et pourtant qu'est-ce que j'aime Amanda Woodward...

      Dis-moi si tu as une réponse si tu veux bien !

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  4. Je te conseille de contacter Vincent d'Emergence record sur Rouen, il a pas mal de disque assez recherché pour des prix super dérisoire

    http://wfstasso.free.fr/index2.htm

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  5. Hey !
    Je comprends ta réflexion, et je peux même la partager en partie, mais il me semble y avoir un fond contradictoire... Pourquoi vouloir payer dix euros, ou cinq, ou un, pour quelque chose que tu peux avoir gratuitement ? On vit à une époque où la plupart des oeuvres culturelles peuvent être chopées d'un clic, disques de Belle Epoque y compris. Et je trouve ça assez cool, perso.
    Si tu cherches le "vrai" LP de Belle Epoque, celui que tu peux toucher, tout ça tout ça, on va pas se mentir, on peut sortir l'argument du "gnagnagna, le son chaleureux du vinyle", mais on connaît la vérité, et elle n'est pas honteuse, de toute façon : c'est probablement par instinct matériel, par envie de collectionner des objets. Pas de souci, hein, ce n'est pas un jugement de ma part, je suis pareil avec certaines choses.
    Mais à partir du moment où tu rentres dans une logique de vouloir un objet limité en nombre, un objet qui, dans les cas qui nous intéressent, existe en moins d'exemplaires qu'il n'y a de personnes à le vouloir, forcément, tu rentres sans même forcément t'en rendre compte dans un schéma d'offre et de demande.
    Je n'essaie pas de légitimer les disques à deux cent euros, mais simplement de dire que la gratuité du "fond", on l'a, dans les faits. La disco de Belle Epoque, je te l'envoie, si tu veux. Et en plus, dans la scène punk, on l'a généralement avec l'accord tacite ou explicite des artistes.
    Mais à partir du moment où tu souhaites aussi avoir la "forme", et si la forme en question est "rare" (comprendre "moins d'exemplaires qu'il n'y a de demandeurs"), tu rentres dans une logique différente, et la nature même de ton envie appelle l'inflation que tu condamnes.

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    1. Yo Vincent !

      Pourquoi je suis dans cette idée de donner des sous ? Parce que pour ce qui est de la musique par exemple, je sais que dans la scène punk, c'est super dur de monter un projet et de le faire vivre. Alors moi qui aime profondément cette scène, j'aime profiter des supports physiques que les groupes du genre que j'aime offrent pour les soutenir, les aider avec ne serait-ce qu'un billet pour qu'ils puissent tourner, enregistrer, voire même simplement manger entre deux concerts. Mais pour le coup, je sais qu'en achetant un LP 100€, ça ne reviendra jamais à l'artiste, mais à un mec peu scrupuleux qui gagne autant qu'un groupe aurait pu avoir besoin pour le pressage de ces disques par exemple...

      Pour ce qui est de l'objet et de l'aspect matériel, je dirais que c'est autant le côté sonore que le côté "collection" qui m'attire dans tout ça. J'aime l'idée d'avoir l'artwork, le disque, les lyrics à portée de main, les voir, les lire, plutôt qu'un format mp3 qu'on peut modifier et effacer avec le même clic que celui qui te permettrait d'acheter le disque... C'est vachement plus froid je trouve. Même si c'est vrai que je suis bien content de les avoir sur mon ordi et mon smartphone pour mes trajets quotidiens au final.

      Ce schéma d'offre et de demande, c'est ce que me rappelait quelques copains aujourd'hui, malheureusement on y participe fatalement en convoitant tout ces LP rares, c'est sûr... Mais je me dis dans une scène ou des valeurs fortes règnent pour qu'on aille au-delà de la valeur de l'argent, ce schéma devrait pouvoir être évité.

      Bah la discographie de Belle Epoque du coup je l'ai en entier, et ce depuis 6 ans et plusieurs voyages entre 3 PC et 2 clés USB, c'est avec Amanda Woodward le premier groupe de screamo que j'ai écouté... Mais merci beaucoup pour l'attention !

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    2. Re-hey !

      Je me suis en effet mal exprimé, concernant ton premier point, et ce que je disais sur la gratuité et le dématérialisé concernait principalement les disques désormais introuvables, encore plus quand, comme pour Belle Epoque, ils ont été sortis par des groupes qui n'existent plus. Quand le groupe existe et que ses disques sont dispos, il me semble bien entendu plus cool de soutenir dans la limite de son envie et de ses moyens.

      Pour le reste... En réalité, pour faire baisser l'inflation des disques rares, c'est assez simple : dans la plupart des cas, suffirait de simplement les ressortir (j'exclue de cette logique les disques qui sont chers par pure pokémonerie, genre "erreur d'impression sur la pochette" et autres "vinyle double-couleur exclusif à une distro précise"). Si les groupes concernés, ou leurs ex-membres, ou les labels qui pourraient le faire, ne s'y collent pas, on aboutit forcément à une situation simple : il y a, avec le temps, toujours le même nombre de disques en circulation pour toujours plus de gens qui voudraient l'avoir. Et ceux qui le possèdent déjà n'ont a priori pas de raisons de vouloir s'en séparer, surtout au bout de genre dix ans. Tu peux toujours tomber sur quelqu'un qui veut faire de la place, mais ça reste exceptionnel.
      Donc tu finis par devoir payer le prix non pas du disque, ou de sa qualité, ou de l'intention du groupe, mais de sa rareté, et rien d'autre.

      D'ailleurs, en fait, si tu veux avoir un disque de Belle Epoque à un prix raisonnable et en plus vivre une expérience probablement très cool, humainement, il y a un moyen... Contacte les anciens membres du groupes et vois s'il t'est possible de presser une nouvelle édition de leur disco ! Ca aussi, c'est un schéma important dans la scène punk : ne subis pas, fais.
      Après, je dis ça, moi je suis un gros branleur et je ne ferais jamais un truc du genre, par paresse et couardise. Mais je me dis que ça pourrait avoir du sens pour un mec de La Verrière que de faire "revivre" Belle Epoque le temps d'une réédition !

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    3. Donc on est d'accord pour de bon sur le premier point ;) !

      Mais justement, payer juste la rareté, c'est un investissement plus que rare, dans ce cas si je veux du rare je passe mon temps sur mes Pokémon à essayer de chopper Mew, puis ça au moins c'est gratuit... Toi qui me parlait de pokémoneries... Pardon u_u.

      Eh bien figure toi que je récupère une copie neuve de "À La Dérive" ce Samedi au prix d'origine grâce aux copains de Revok chez qui joue justement un Belle Époque qui a conservé des disques ! Je suis vraiment content et même carrément gêné... Après, un des dudes avec qui j'ai parlé à la suite de cet article a contacté leur label pour savoir si il y aurait un repressage de prévu: réponse négative, car l'investissement serait risqué dans la mesure où au final on sait pas si ça intéressera tant de monde que ça... Alors me lancer dans un repressage moi-même ? L'aventure serait intéressante à tenter, c'est vrai. Participer à un second souffle de Belle Époque, de ma fierté locale, c'est sur que ce serait mortel... Après, niveau flemme je pense qu'on est à égalité ;)

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    4. Un investissement plus que NAZE*, nique sa race le correcteur automatique de mes deux.

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  6. Yo, au passage, je précise faire un represse coût bien moins cher que le premier tirage car la matrice existe déjà, elle est conservée par l'usine une dizaine d'année. Donc techniquement faire 200 copies c'est possible.

    Sinon, est ce qu'ils leurs reste juste une dernière copie du LP ????
    Merci !

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