lundi 2 juin 2014

Chronique : Sorority Noise - Forgettable



C'est l'histoire d'un engouement que je n'ai pas suivi tout de suite, et que j'aurais pu amèrement regretter... Sorority Noise, c'est l'un des énièmes projets de Cameron Boucher, guitariste/chanteur du groupe de screamo Old Gray. Je n'avais pas trouvé le temps et la motivation d'écouter l'EP Young Luck quand il est sorti. Chose que j'ai corrigé il y a 1 mois sous les conseils d'un ami, et ce fût le coup de cœur immédiat. Je n'ai pas pu résister à ce qui sonne comme de l'indie pop teintée de punk, d'emo... Du "party punk", d'après leur page Facebook. Pas faux. J'attendais alors avec impatience le premier album du groupe, Forgettable. Cet album reprend 3 titres de l'EP, mais en accueille 6 nouveaux, et mon sexe tout-puissant (à défaut de croire en Dieu, lol satan 666) qu'ils sont cools.

Pourquoi ce disque est si cool ? C'est parce que c'est ton âme et ton cœur que cela concerne. C'est ton estime de toi-même, tes amours déçus, qui sont mis en chanson. Des chansons entraînantes, qui donnent envie de chanter en chœur, de hurler (jugez-en par le premier titre "Rory Shield", doté d'un peps fou !) ! Et pourtant, cela contraste avec les paroles sombres et personnelles. Le meilleur exemple de cette harmonie, c'est "Mediocre At Best". Il est impossible de ne pas dodeliner de la tête et d'esquisser un petit sourire sur ce son plus que catchy. Ça rassemblerait presque à du Nouns, ma révélation de cette année... "Nobody likes me, that's what I tell myself, I live alone in my own hell, I want to be the person that you want me to be that I know I'll never be"...

En gros, Sorority Noise, on peut le voir comme le spleen de Cameron adapté à ceux qui ont du mal avec la violence de Old Gray. Un journal intime comme il en existe 46 547 sur la scène emo, mais celui-ci semble mieux écrit que beaucoup d'autres... C'est lui, c'est toi, qui est illustré par ce petit fantôme enfantin dessiné sur la pochette. Insignifiant, oubliable. Forgettable. C'est ce qu'il raconte sur "Nick Kwas Christmas" : "I'm not scared of ghosts, I embrace them all as friends, because one day I'll be dead, and they will know my name". Vous savez quoi ? J'en ai même fait un fan-art sur Tumblr, de cette phrase. Vous avez le droit de me tuer ou de me traiter d'hipster, j'ai pas écrit de testament, et vous direz à ma famille, mes potes et ma main droite que je leur fais des bisous. Au milieu de ces complaintes qui font écho à nos sentiments profonds, il fallait bien que la soupape saute, que les nerfs lâchent. Dans les cris et les pleurs, dans une peine harassante, sur "Blonde Hair, Black Lungs", notamment sur le final. "And I've drove home in a hundred miles an hour, just to see what it feels like to fly, and I crash my car into someone else's backyard, just to see what it feels like to die".

Mais derrière ces résignations, ce catharsis, il y a aussi des messages plus positifs sur cet album, comme sur "Dirty Ickes", qui raconte l'histoire d'un dude qui sort la tête haute d'une rupture, malgré les blessures : "You can call me a fool but I've got four girlfriends since, and I've learn to love myself more than I can ever love you!". Il y a également "Still Shrill", qui raconte ce moment ou tu voudrais devenir quelqu'un d'autre pour que ceux que tu aimes fassent attention à toi. "I thought I grew up my hair to see if you noticed, and I'll start dressing nice to make you believe that I'm alright, and I'll start playing sports to be more like my brother, and my dad might be proud, for once in his life". Mais que tu rends finalement compte que rester soi-même est la meilleure des solutions pour être aimé, te sentir bien dans ta peau : "Maybe I'll close my eyes to feel more like myself".

Ce LP, composé en très peu de temps, c'est un beau témoignage de vie. Il peut paraître vachement "adolescent" en soi, mais cette simplicité, ces textes à fleur de peau, font du bien à entendre, le tout soutenu par une musique forte et aussi saturée qu'elle peut être aérienne. C'est tout simplement 9 titres taillés pour le sing-along, pour se les passer en boucle quand ça va mal, pour se vider la tête, ne pas se sentir comme un fantôme, et se sentir un peu plus vivant, un peu moins seul... Et essayer de ne pas s'oublier.


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