mercredi 18 juin 2014

Chronique : P A S T - Never Fall Down


Ça fait bien longtemps que je devais vous parler de l'EP dont il est question aujourd'hui (comme pas mal d'autres disques...), mais je vous avouerais que ma flemme naturelle, et le fait de devoir gérer plein de petits trucs par-ci par-là tout seul, m'empêche de faire tout ce que je voudrais immédiatement, et ça me désole. Bref, on s'en fout, voici pour vos jolies oreilles messieurs dames un petit morceau de coolitude made in Bordeaux. Ah, Bordeaux, le soleil, la pétanque, le sauciflard et le rouge... Et le hardcore.

Ça s'appelle P A S T (avec les espaces, sinon c'est moins TRVE), c'était sludge/post-hardcore à la Cult Of Luna sur leur premier essai Weight Of Past, mais les garçons ont décidé de changer de style musical... J'ai presque envie de dire "ouf", au risque de passer pour une mauvaise langue. Parce que des groupes qui essaient de faire du Cult Of Luna, y'en a des centaines (même si il est vrai que certains le font bien), ça devient vite lourd, et c'est pas forcément très fun de ré-entendre les mêmes idées 20 fois par an... Mais le groupe se cherchait, voulait se faire plaisir, et honorer les groupes qui les ont bercé et leur ont donné envie de faire la musique. Sur ce second EP, Never Fall Down, enregistré par Amaury Sauvé, c'est dans un registre beaucoup plus vif, agressif et spontané qu'officie la bande. Et effectivement, avec tout ça, il y a de quoi bander. Ce jeu de mot était nul à chier.

Ça commence direct avec "Worn Out", qui donne à lui seul le ton de l'EP. Un hardcore mélodique mais pas mièvre. Corrosif, incisif, à vif. Des petits cleans vocals par-ci, du 2-step par là, le tout soutenu par des plans saccadés, des érosions rythmiques... C'est catchy et violent, c'est quelque peu tubesque en fait. Mais je vous rassure, c'est pas du tout comme le dernier More Than Life. Ouais je l'ai trouvé surfait et larmoyant pour pas grand chose, je vous emmerde et je rentre à ma maison. Sur la fin, ça a une certaine saveur Birds In Row, une influence qu'on ressentira assez souvent sur ce disque. L'intro du titre suivant "The Jacket" se fait carrément avec une voix susurrée, assez surprenant quand l'on se dit que c'est un disque virulent auquel on pense avoir affaire. Mais rassurez-vous (si jamais vous n'aimez pas la douceur, bande de brutes), ça repart au galop juste après, dans un élan Touché Amoresque très plaisant. De leur passé lourd et crasseux, il leur reste la basse vrombissante, les guitares crissantes, irritantes, et "Our Flesh", un titre bien plus pesant que les autres, même si dans l'absolu il reste assez direct. Je me disais bien que sur l'intro de "The Jacket", il y avait une guitare qui fait peu yoyo. On retrouve le même effet sur Our Flesh, lors de la phase post-rock (vous allez l'aimer, le final qui s'envole et qui finit au vitriol)... Ahlala, encore des coreux qui ont découvert que c'est cool de brancher une ou deux pédales d'effets en plus et de donner une légère couleur shoegaze à leurs compositions. Mais c'est pas moi qui dirait non, au contraire. 

Et BOOM, dégommage de tronche, "The Gun" t'envoie un gros calibre dans le crâne (tout les double sens sont acceptés), gros blast beat dans ta stéréo cousin, on s'enjaille ! Non je vous rassure, La Fouine n'est pas en featuring sur ce morceau. Mais le contraste entre celui-ci, très furtif, et le précédent est saisissant et assez impressionnant. Surtout que le suivant, "Dropout", revient sur les positions aériennes de "Our Flesh", pour mieux brouiller les pistes, et nous faire respirer. Le disque se termine de façon bien troublante et inattendue (encore une fois), avec une "Outro" qui elle nous étouffe, nous oppresse. Énigmatique, crasseuse, ténébreuse, ou les larsens noient petit à petit les dernière vociférations d'un chanteur dont la voix ne s'use jamais. Mais pour marteler un message paradoxalement positif. "we never fall down, yeaaaah!"

Au final, je pense que ce qui fait tout l'intérêt de ce disque, au-delà de l'aspect émotionnel important et palpable, c'est cette continuelle balance entre plusieurs orientations musicales. C'est jamais la même chose qui s'enchaîne. On est balancé sans arrêt entre violence et douceur, les plans changent relativement souvent, on retrouve plein d'influences, d'intentions, et c'est... Vivifiant ? Surtout quand la musique est mise en avant par une production au poil, mettant en relief chaque détail, et qu'elle est soutenue par un cri infatigable et (trans)perçant. Never Fall Down, c'est la boule de nerfs qui t'hérisse les poils et te donne des uppercuts, c'est une belle confirmation de ce que les jeunes bordelais ont dans le ventre, ET CA, J’ACHÈTE ! Pardon... Je n'ai pas de souci à me faire pour la suite, les garçons se sont trouvé une personnalité. Il ne reste plus qu'à la travailler soigneusement pour le prochain disque et hop, on aura notre nouvelle sensation hardcore française, mon copain !


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