Avant d'être un fan de musique alternative, je suis avant tout un éternel émerveillé par la culture asiatique en général, mais surtout par celle du Japon. Je n'ai pas une connaissance hyper étoffée des mangas, des traditions, de la mode, etc... Venus du pays du Soleil-Levant, mais chaque jour depuis plusieurs années, je découvre de plus en plus d'éléments de la culture contemporaine, culinaire et traditionnelle de ce pays, et j'en prends toujours plein les yeux, les oreilles et les papilles. Une copine japonaise plus tard (bien plus calée que moi sur le sujet, et ayant réveillé ma sympathie pour le Japon, que j'avais quelque peu perdue pendant un temps), me voilà encore plus atteint qu'à l'époque. Et en conséquence, dans ma tête, j'avais un doux rêve: concilier mes passions pour le Japon et la scène proche du mouvement "emo". En faisant de longues recherches, j'étais d'abord tombé sur l'évidence nippone du genre, Envy, la légende parmi les légendes du screamo, et qui à mes 16 ans à totalement bouleversé mon petit coeur naïf d'ado perdu dans ses conneries, et ma vision de la musique. Ensuite, je suis passé par un melting-pot du pire ou du mal placé, autrement dit des groupes soit comme "Fear And Loathing In Las Vegas", que je qualifierais poliment de colossal colombin musical à ranger aux côtés de Shoot The Girl First, Asking Alexandria ou Abandon All Ships, soit comme "Crossfaith" qui officie plutôt dans un metal/hardcore moderne sur fond de trance music (qui à l'inverse des groupes précédemment cités, est relativement crédible, j'assume être un auditeur de longue date du groupe). Et enfin, à force de persévérance, j'en suis arrivé à la très discrète scene emo locale, ainsi que d'autres scènes alternatives. Mais ça, je vous le raconterais sur un article à part ;) J'ai choisi de vous parler aujourd'hui d'un groupe en particulier: tricot. Sans majuscule. Leur premier opus "爆裂パニエさん (bakuretsu tricot-san)", un mini-album de cinq titres sorti en 2010, m'avait laissé sur le cul! Sur 4 membres, 3 sont des filles (guitaristes, bassiste, chanteuse), et ça m'avait étonné, à l'époque. Ils nous y délivraient un mélange entre un math-rock foufou et ensoleillé, du post-rock, un peu de pop locale, et un feeling emo omniprésent, de quoi attendrir un stade entier de rugbymen en colère. J'avais été totalement envoûté par cet opus, que je me repasse encore et encore depuis. Et aujourd'hui, elles reviennent avec un second mini album, nommé "小学生と宇宙 (school children and the cosmo)", à l'artwork qui correspond bien au titre. Ce second album confirme bien le statut de ce groupe: au-dessus de la mêlée..
Il commence avec le titre "G.N.S". Dès la première seconde, on assiste à une avalanche rythmique, suivie par un chant vaporeux et mystérieux, qui finira par exploser sur le couplet de fin, qui touche autant à la pop japonaise qu'au math-rock. On ressent toujours la même sensibilité au chant, et l'irrésistible voix aiguë et toute mignonne typique des japonaises marche toujours. Mais attention, Ikkya sait aussi s'énerver! La preuve avec le morceau suivant, "夢見がちな少女、舞い上がる、空へ (yumemigachinashoujyo, maiagaru, sorae)", un de mes morceaux préférés du groupe, qui commence toujours très fort rythmiquement parlant, avant d'enchaîner sur un spoken word rapide, comme souvent avec les groupes japonais, qui à chaque couplet s'intensifie, et se finit avec une petite phrase délivrée avec une intonation toute mignonne. Kawaii desu ne? D'ailleurs, la voix parfois enfantine de la chanteuse donne beaucoup de charme et d’émotions aux compos. J'apprécie particulièrement le refrain, ou Ikkya chante d'une voix légèrement plus grave. On passe ensuite à "しちならべ (shichinarabe)", qui démarre un peu plus tranquillement, et continuera sur cette lancée tout au long du titre, autant au niveau du chant (cette douceur suave...) que de l'instru. Le refrain en double voix entre est absolument superbe, tout comme le plan emo qui surgit en fin de morceau en complément de l'instru déja magnifique, pour nous emmener vers le dernier refrain, sorti du plus profond du coeur et des cordes vocales. Le quatrième titre, "ひと飲みで (hitonomide)", commence d'emblée avec des envolées vocales, et toujours une instru très technique mais douce. J'aime beaucoup le couplet qui suit le refrain, à la fois pop, funky, et toujours mathy, et le petit essoufflement de fin. Un morceau tout en douceur, reposant, tranquille, qui explose à chaque refrain. Changement total de rythme sur "~フレミング(fleming)", qui commence très calmement. Le chant de Ikkya, à la limite du chuchotement, et qui deviendra plus clair et tout doux (cette petite voix...) vient s'ajouter à l'instru. Du post-rock chanté par une fille, si c'est pas la classe. Après trois minutes et quelques, Ikkya donne de plus en plus de sa douce voix, avant qu'elle ne s'emporte, en chantant la gorge nouée, presque en larmes, totalement emportée par le morceau, qui semble se terminer en douceur, mais qui après quelques secondes de silence explose dans un final éblouissant, très (J-)pop dans l'esprit. Un morceau à part sur l'opus. Sous le désordre des instruments, des larsens, on enchaîne sur le titre suivant, "MATSURI", avec un riff funky qui groove bien, qui nous mène vers un plan déchaîné semblable à du Dance Gavin Dance, qui se spécialise dans le mélange improbable entre funk et hardcore, entre autres styles utilisés. Un morceau presque punk, assez bourrin, ou tout déboule à une vitesse grand V, ou Ikkya nous étale son texte à une vitesse qui ferait rager un chanteur de reggaeton. Un spoken word chanté de manière urgente et appuyée, comme si la chanteuse voulait à tout prix notre attention, sur un morceau qui restera continuellement sur une folle cavalcade des instruments, histoire d'achever l'opus (et l'auditeur) en beauté. Et au beau milieu de ce morceau, on retrouve ce riff funky entraînant, enchaînant à nouveau sur l'acharnement sonore.
Conclusion: Les japonais frappent vraiment fort sur ce deuxième effort, en confirmant le potentiel du précédent. Varié, technique, ensoleillé, mais également urgent et cathartique, cela ressemblerait presque à un "threesome" entre Toe, Empire Empire I Was A Lonely Estate, et la rythmique d'Envy. Les fans de spoken word vont sûrement fondre en écoutant ceux de Ikkya, les auditeurs d'emo, de math-rock et de post-rock devraient facilement y trouver leur compte, et les fans de J-pop/J-rock peuvent y voir ici un bon moyen de faire la transition avec leur musique favorie et une musique plus "underground". J'attends beaucoup de ce groupe à l'avenir, étant très fan d'eux. J'espère qu'ils sortiront vite un vrai album, ou l'on pourra vraiment apprécier toute leur créativité, leur univers, le tout à sa juste valeur!
小学生と宇宙 (school children and the cosmo) est sorti chez Bakuretsu Records, le 9 Mai dernier. Il est disponible en digital ici, et en physique ici.
Et maintenant, je tiens à rendre un petit hommage à ma copine Lora, qui m'as fait découvrir tant de choses, particulièrement au niveau "Japon". Pourquoi toi en particulier, tu aimerais ce groupe? Je pense que tu apprécieras l'ensemble très personnel de leur musique, la voix des chanteuses, le superbe jeu de basse de Hiromi bien mis en avant, le côté ambiant et en même temps à fleur de peau des compos, puis pour la maîtrise qu'à chacun de son instrument. J'espère que tu aimeras, ma princesse! :)
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