lundi 13 juin 2016

Contre vents, marées et lovés, Chaviré garde le cap.


C'est impossible de trouver une bonne photo du groupe sur Internet, ne serait-ce qu'une photo d'un live, mais ce genre de groupe s'apprécie plus volontiers en scandant les paroles avec lui qu'en le prenant en photo pour alimenter son compte Instagram. Sur le front depuis 2015, avec déjà un concert à l'open stage du Fluff Fest à leur actif, les jeunes révoltés de Chaviré secouent le punk français en se nourrissant de screamo, pour lui redonner les lettres de noblesse qu'il a perdu sur notre scène après la disparition de groupes comme Aghast, Belle Epoque, Hyacinth ou encore Amanda Woodward. Et ça tombe bien, les combats sont de plus en plus nombreux à mener pour ces messieurs de la dite génération Y, qui subit de plein fouet la main-mise et la censure de plus en plus forte de notre gouvernement actuel sur nos contestations et nos revendications, quand il n'est pas question de déni total de démocratie. Allô, la tyrannie ? Ouais, à ce qu'il paraît tu fais des tiennes ? Coquine va, bon j'te laisse j'suis en interview, fais gaffe à toi, les grévistes lâchent rien, bisous ma puce, tchao !"

Parce que je suis de plus en plus attaché et concerné par les valeurs et les idées que défendent les nouveaux pirates du skramz, j'ai choisi de leur poser quelques questions pour découvrir un peu plus qui ils sont en tant que citoyens, pourquoi font-ils du punk, et le sens qu'ils accordent à leur combat.

- Ça fait maintenant un an que le groupe existe, et pendant ce laps de temps, le monde ne s'est évidemment pas du tout arrangé. Ce chaos, ça donne encore plus de sens à l'idée de faire du screamo de votre trempe en 2016. Y'a des sujets en particulier qui vous débectent plus qu'autre chose aujourd'hui ?

On a commencé à jouer ensemble il y a deux ans et on joue depuis un an et demi maintenant, on a passé un bon moment dans une salle de répète à essayer d'articuler le fait de jouer du punk hardcore avec la façon dont nous avions envie de le faire et d'une manière qu'on avait jusque là pas eu l'occasion d'expérimenter. On a un peu traîné à répondre à cette interview mais on aura gagné entre temps le bénéfice de l'actualité, ce que l'on voit se jouer dans les rues des différentes villes de France ces derniers mois - que ce soit Paris, Nantes, Rennes... - ce n'est pas une mobilisation contre la réforme du code du travail (tout le monde sait qu'il n'y a rien à sauver là-dedans) mais bien le ras-le-bol d'un monde qui décline... A peu de choses près, nous parlons des mêmes choses avec Chaviré.

- J'ai l'impression que de nos jours, nos luttes sont vaines. Trop peu de gens osent réellement se lever : ils sont freinés par la peur, ou bien pris de lâcheté ou de flemme, un peu de tout ça. Les gens se complaisent dans l'état d'urgence, ça ne les gênent plus de vivre dans des régimes liberticides. Et quand des gamin.e.s, des ouvrier.e.s, essaient de semer le trouble pour matérialiser leur colère, on les range dans la catégorie "délinquant.e.s". On laisse passer des lois votées tard la nuit par une minorité de personnes sans que personne ne s'inquiète du statut de la démocratie. Quand je vois se dérouler des manifestations , ça me fait plus penser à des fêtes de quartier bien orchestrées par les autorités, ça n'aboutit à plus grand chose. C'est quoi votre point de vue par rapport à ça ? On peut encore rêver du grand soir à notre époque ?

Nous partageons ces constats sur la difficulté à faire sauter la chape de plomb qui nous étouffe et renverser la vapeur, la défaite dans les luttes politiques nous encercle un peu de partout et c'est dur de produire des choses collectivement quand on ne se souvient même plus du goût de la victoire... Nous sommes de ceux qui pensent qu'il faut essayer de conjuguer comme nous le pouvons et avec les moyens dont nous disposons des formes de luttes collectives (pas juste d'aller défiler lors de la parade de la militance, on est bien d'accord) et des moments qui font qu'on réussit à sortir nos vies du merdique qui les entoure, trouver des zones de confort individuelles et collectives pour y voir un peu plus clair que dans la noirceur générale. Selon nous ça passe autant par le fait de commencer à organiser des concerts, que d'ouvrir un squat avec des ami.e.s, que d'aller kicker une banque pendant une mobilisation contre un projet de loi merdique, les portes d'entrées sont multiples et les possibilités sans fin, là encore les dernières semaines en sont une preuve irréfutable.

- On en a parlé déjà auparavant, mais j'aimerais bien revenir dessus car c'est de mon point de vue important à rappeler. Les textes de la démo paraissent à première vue relativement simples et explicites, mais leur sens va souvent à l'inverse. Ça causait un tel mindfuck dans votre auditoire que vous avez décidé de distribuer vos paroles dans de petits dépliants gratuits pendant vos lives, pour clarifier un peu le message de chaque chanson. Du coup, ça suscite un regain d'intérêt pour ces paroles. Vous les aviez anticipées ces interprétations diverses qui allaient être tirées des textes ?

A vrai dire, on distribue les paroles depuis le début du groupe, c'était un truc qui faisait sens pour nous, histoire d'y voir un peu plus clair dans les quelques bribes hurlées qu'on peut saisir lors d'un concert. C'était aussi l'occasion de rappeler que pour nous, les mots ont un sens et qu'ils ne sont pas là de manière purement décorative, pour "faire joli". Nous n'avons rien anticipé en commençant les concerts, mais on s'attendait à ce que les paroles fassent sens différemment d'une personne à l'autre. Les textes sont juste là pour éclaircir la façon que l'on a de les voir, libre à chacun.e d'en faire ce qu'il ou elle en veut, d'y mettre un autre sens, c'est aussi ça qui est cool avec les mots. Quant aux explications qui vont avec les textes, c'est pour nous l'occasion de lutter contre l'idée que de parler de politique reviendrait à prêcher des converti.e.s, c'est l'occasion de se redire qu'on n'est pas tou.te.s d'accord, que le punk n'est pas une opinion politique uniforme et que c'est avec nos divergences qu'on doit essayer de composer.

- Votre premier LP est sorti chez Stonehenge Records, soit l'un des labels qui a importé la scène emo hardcore en France. Ça s'est passé comment, c'était du démarchage ou bien Christophe vous a repéré ?

Sortir un disque tient parfois à peu de choses, quelques ami.e.s en commun, des goûts partagés et une préférence pour l'anarcho punk plutôt que le skramz !

- Elyas, depuis un certain temps, j'ai envie de te parler de ce qui va suivre, je me souviens que t'avais abordé le sujet avec Till de Guerilla Poubelle après le concert que vous avez donné avec Coupure et Cruise On The Styx à Paris l'été dernier. Le texte de "Jeune À En Crever" fait des tourbillons dans ma tête actuellement. J'ai 23 ans, et j'ai l'impression que tout ce temps est passé injustement trop vite, surtout les 3 dernières années en fait. Je sais que ton point de vue, sur ce texte, c'est qu'il ne faut pas avoir peur de vieillir car ce n'est pas un fatal synonyme de perte de convictions et de vitalité. Mais hey, que faire face à la fatalité physique et le matraquage médiatique de campagnes de pub avec des jeunes de 20 piges maximum pour te vendre leurs sappes, leur parfum et leur bouffe, qui te lavent le cerveau à coups de "être jeune c'est trop cool, sois jeune, habille-toi jeune, mange jeune, fais des trucs de jeune, on te paiera tes trucs de jeune" ?

Le monde tel qu'on le connait, avec ces allures de catastrophe, a réussi à faire peser sur toutes nos têtes le poids de l'ordre qu'il fallait accepter de manière non-négociable. C'est déjà une première chose d'en avoir conscience, des provocateurs des années 60 disaient à juste titre que "ceux qui veulent dépasser, dans tous ses aspects, l'ancien ordre établi ne peuvent s'attacher au désordre du présent" et c'est sûrement la partie la plus difficile. Comment dépasse-t-on les valeurs que ce monde a érigé en piliers (qu'elles soient la jeunesse, la réussite individuelle à tout prix, ou toutes les autres) ? Ce sentiment de crever d'ennui dans des vies que nous ne voulons pas dont tu parles, on le connait tous et toutes, à traîner nos carcasses en attendant mieux... Mais ces dernières semaines sont une preuve qu'on peut lutter contre la fatalité de la survie dans ce monde de merde, continuons le début et commençons à nous retrouver ; il nous reste un monde à abattre.

- Je sais que certains d'entre vous jouaient auparavant dans Homesick, une sorte de Lifetime local qui balançaient des ondes plus positives, et je garde d'ailleurs un bon souvenir du concert à Paris en 2014 avec Bangers, Woahnows et CID. Pourquoi avoir choisi de retourner votre veste (à patchs) ? Un besoin plus fort d'expulser le négatif ?

Nous ne pensons pas que c'est un retournement de veste. Musicalement c'est différent, c'est sûr, et le truc c'est qu'avec les 5 membres d'Homesick, on s'est construit, ensemble, autour du hardcore mélo, avec des trucs comme Lifetime notamment ouais. À côté de ça on avait l'envie depuis un petit moment de faire un groupe screamo, emo à la française, et cette envie a pu se concrétiser. Ce groupe a ouvert une brèche, et a pu faire ressortir, d'une autre manière quelle celle de Homesick, notre rage, nos problèmes, nos inquiétudes, ce que tu veux. Nous serions en train de mentir si nous disions que nous avons été hermétiques aux codes apportés par le screamo. Mais dans le propos, Chaviré tient le même discours que tous nos groupes précédents réunis même si il y a un ton particulier qui y est apporté et une tentative de rendre notre fonctionnement un peu plus "transparent". Nous ne pensons pas que cela relève d'un "surplus de négatif" à expulser, nos propos sont plutôt optimistes sur le long terme même si c'est toujours délicat de ne pas être blasé par le monde de merde qui colle à nos vies.

- "Si c'est ça la racaille", pour moi, c'est le "Ultramort" de 2016. Un texte violent, osé, mais nécessaire. Aujourd'hui, cracher sur la marseillaise, c'est presque se ranger aux côtés de Daesh pour l'opinion générale, et je me fais régulièrement engueuler pour ça par ma grande sœur. Alors que c'est quand même un hymne sanglant, une apologie du meurtre et de la haine, peu importe ce qu'on peut dire dessus. Y'a une volonté de marquer les mœurs, même à toute petite échelle, avec vos compos ?

Il y a avec Chaviré une volonté assez affirmée de témoigner des questionnements qui nous traversent, d'ouvrir comme nous le pouvons et avec nos moyens des discussions, c'est pas une histoire de buzz ou de provoc pour marquer les esprits, ces trucs c'est bon pour faire des likes sur Facebook ou finir dans Noisey, on a mieux à faire. Mais si ça a l'air si tranché, c'est aussi face à l'état des choses qui à l'air si solide. Effectivement on préfère prendre le contre-pied du discours dominant et de l'ambiance générale qui fête le repli individuel et le chacun pour soi. On ne fait pas la course au "qui a raison et qui a tort", on fait pas la chasse aux sorcières ou aux plus intègres, mais si ça peut servir au débat général et que c'est une clé contre la résignation pour des personnes alors c'est déjà une petite victoire.




- D'ailleurs, vous faites quoi en dehors de Chaviré ?

On essaye de garder le maximum de temps libre pour vaquer à nos occupations, s'extraire le plus possible du monde du travail et de ses employeurs. Dit comme ça ça peut sonner cliché, évident ou utopiste. Mais nous pensons qu'il est possible de dire que nous avons choisi volontairement des tafs qui nous "autorisent" à faire d'autres choses à côté. Étudiant salarié à mi-temps, intermittent du spectacle, petits boulots... C'est un plaisir d'avoir du temps. Pour soi, pour ses proches, pour de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences. Monter un autre groupe juste pour le plaisir de trouver un concept ou bien pour jouer collectivement de la musique, lire, étudier, dormir, "bénévoler", s'ennuyer, organiser des concerts, découper du carton...



- Quand je lis les textes, quand je vois les annotations dans le livret de la démo, tout ce merch DIY, cette implication forte dans le message que vous délivrez, quand j'écoute "La Commune"... Belle Époque revient fortement à l'esprit. C'est l'influence principale du groupe ?

Oui, et puis le choix de notre nom, qui est sans doute un clin d’œil à ce groupe... C'est difficile de parler "d'influence principale" parce que notre inspiration n'est pas unilatérale, mais ce groupe a, pour nous tous, été important à un moment donné dans nos vies. Mais comme on l'a aussi dit un peu plus tôt, nos influences sont diverses et modèlent autant le son que les paroles, autant que Belle Epoque on peut considérer que le Revolution Summer de DC, la rage de Lunatic ou un fanzine comme Plus Que Des Mots ont été des sources d'inspiration sur lesquelles s'appuyer.

- Vous comptez être de ces groupes qui vont splitter après la démo et un EP avec un groupe de potes, où bien vous comptez être un peu plus qu'une simple étoile parmi tant d'autres ?

Moins que d'être une simple étoile nous préférons croire qu'il nous reste encore beaucoup à faire avec tant d'autres. On a encore des choses à dire, on a encore à des choses faire et à partager. Tout ça nous plaît, et puisque les paillettes ne font pas encore de nous une génération heureuse, on fait avec nos grises pensées, on essaie de les dépasser, tou.te.s fatigué.e.s de cultiver la distance. Pour le reste, pas de plan de carrière, on a toujours pas de réponse, on est de ceux et celles qui préfèrent avancer à la dérive.

- Le champ lexical nautique est hyper présent dans le screamo français. Y'a très souvent des références visuelles ou lyricales aux bateaux, à la piraterie, au naufrage... C'est une sorte de tradition millénaire ? Est-ce qu il y a un colloque de jeunes loups de mer et de vieux briscards de la piraterie dans les caves ?

"Depuis les chaînes et les bateaux je rame, t'inquiète aucune marque dans le dos man, j'les ai dans le crâne." Booba - Le bitume avec une plume.

- C'est quoi le bonheur en France aujourd'hui ?






Chaviré se prépare actuellement à tourner dans l'Europe de l'Est, et jouera à Vienne le 25 Juillet, un jour après le Fluff Fest, avec Dawn Ray'd (black metal anarchiste ex-We Came Out Like Tigers) et Lost Boys (sublime screamo allemand). Et ils passeront bien évidemment le 14 Juillet sur scène, à la Salle Gueule (Marseille), avec Canine. Voici le récapitulatif des dates, dont celles ou le groupe a toujours besoin d'aide.

14.07 – Marseille (FR)
15.07 – Cesena (IT)
16.07 – Mantova (IT)
17.07 – HELP ! (SLO / CRO)
18.07 – Belgrade (SR)
19.07 – Kumanovo (MKD)
21.07 – Istanbul (TUR)
22.07 – HELP ! (BRG)
23.07 – HELP ! (ROM)
24.07 – HELP ! (HUN)
25.07 – Vienna (AUT)
26.07 – Munich (DE)
27.07 – TBA (FR)

Vous pouvez retrouver les manifestes de Chaviré et les punchlines les plus sensées de PNL via leur page Tumblr, et les y contacter pour les faire jouer dans un squat, un bar, un salon, n'importe quoi.

"On sort de la merde, on sent même plus l'odeur, j'suis tombé et je me relève, ouais mais à quelle hauteur ?".




YOU CAN READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos" ! :)



It's impossible to find a good picture of the band on the Internet, not even a picture of a live, but this kind of band is more readily appreciable by singing the lyrics with him rather than taking pics to feed our Instagram accounts. On the front since 2015, with a show on the open stage of Fluff Fest the same year, the young rebels in Chaviré shake up the French punk scene by feeding their music with screamo, to restore the lost glory of this genre on our stage since the disappearing of important bands like Aghast, Belle Epoque, Hyacinth or Amanda Woodward. And it's good, because the fights are more and more numerous to lead for the gentlemens of the so-called Y generation, which suffered the brunt of the stranglehold and censorship increasingly strong our government on our contestations and our claims, when it is not a matter of total denial of democracy. "Hello, tyranny? Yeah, it seems you do again some bad jokes? Oh you naughty honey! Well, I'm in interview, see you later and take care, the strikers will unleash nothing. Ciao!"

Because I am increasingly concerned with the values and ideas that defend the new pirates of skramz, I've decided to ask them some questions to find out a little more about who they are as citizens, why they make punk, and the meaning they give to their fight. And wow, the final thing was a great reading. 

- It's been a year now that the band exists, and during this time, the world obviously hasn't changed at all, and gets worse instead. This chaos, it gives even more meaning to the idea of making ​​screamo of your temper in 2016. There's particular subjects that disgusts you more than anything else today?

We started playing together two years ago and we play since a year and a half now, we had a good time in a rehearsal room to try to articulate the fact of playing hardcore punk with how we want to do it and in a way we hadn't previously had the opportunity to experiment. We have a bit dragged to answer this interview but meanwhile we have won the benefit of current events, what we see in the streets of different cities in France in recent months - Paris, Nantes, Rennes... - this is not a mobilization against the reform of the labor code (everyone knows that there is nothing to save in there) but the ras-le-bol of a world which declines... We almost talk about the same things of what streets says, with Chaviré.

- I feel that nowadays, our struggles are futile. Too few people dare to actually get up: they are held back by fear, or taken by cowardice or laziness, a bit of everything. People delight themselves in a state of emergency, there aren't bothered by the fact of living in liberticidal regimes. And when teenagers, students, workers, try to cause trouble to materialize their anger, they are stored in the "wrongdoers" category. We let the laws passed late at night by a minority of people and nobody is concerned about the status of democracy. When I see unfold events, it makes me think of well-orchestrated block parties by the authorities, it will lead to something bigger. What is your point of view in relation to that? One can still dream of the big night in our time?

We share these observations on the difficulty to break the wall of silence that stifles us and to reverse the trend. The defeats in political struggles encircles us a little everywhere and it's hard to produce things together when we don't even remember the taste of victory... We are some of those who think that we should try to combine, as we can with the resources we have, forms of collective struggle (not just go marching in the parades) and moments that make you able to get out of the shit that encircles our lives, find individual and collective comfort zones to see a little more clearly than in the general darkness. We believe it goes through the fact to begin to organize concerts, as much as opening a squat with friends, than go kick a bank during a mobilization against a crappy law. Entry doors are multiple and possibilities are endless, once again, events of the last weeks are irrefutable proofs.

- We already talked about it before, but I want to go back on it because it's important  to remind it, to me. The lyrics of the demo seems relatively simple and explicit at first read, but their meaning is at the opposite. It caused such a mindfuck in your audience, so you have decided to distribute your words in small free brochures during your shows, to clarify a little the message of each song, and it sparked renewed interest for these words. You had anticipated the various interpretations that people had/have of the lyrics?

Actually we distribute the words since the beginning of the band, it's something that made sense to us, just to see a little clearer in the few screamed scraps of words we can grab during a show. It was also an opportunity to recall that for us, the words have meaning and they aren't there to be purely decorative, to "make nice". We haven't anticipated anything when we started playing shows, but it was expected that the words have different senses from one person to another. They are just here to clarify the way that one has to see them, it's free to everyone to do what he or she wants with these words, to put another sense to them. It's also that which is cool with words. As for explanations that go with the lyrics, this is an opportunity for us to fight against the idea that talking about politics would be to preach the converted, it's the opportunity to reiterate that we aren't all OK with each other, that punk is not a uniform political opinion, and that it's with our differences that we must try to compose.

- Your first LP is released by Stonehenge Records, one of the labels which imported the emo hardcore scene in France. It was canvassing, or Christophe (owner of the label) spotted you?

Releasing a record sometimes holds to a few things, some friends in common, shared tastes, and preference for the anarcho-punk rather than skramz!

- Elyas, for some time, I want to talk to you about what follows, I remember that you had discussed this with Till from Guerilla Poubelle after the concert you gave with Coupure and Cruise On The Styx in Paris last summer. The lyrics of "Jeune À En Crever" fact swirls in my head now. I'm 23, and I feel that all this time has passed unjustly too fast, especially the last three years actually. I know your point of views on this text is to not be afraid of aging because it's not a fatal synonymous to losing convictions and vitality. But hey, what can we do against physical fatality and the media hype based on ad campaigns with young people up to 20 y/o max, with the aim to sell you their clothes, fragrance and food, which wash your brain with blows of "being young is too cool, be young, dress yourself young, eats young, make young stuff, we will pay your young stuff!" ?

The world as we know it, which looks like disaster, managed to impose on all our heads the weight of the order we had to accept so non-negotiable. This is already a first thing to be aware of it, provocateurs of 60s rightly said that "those who want to exceed, in all its aspects, the old established order, can't be attached to the disorder of present", and it's probably the hardest part. How does one exceed the values ​​that this world has erected in pillars (whether youth, individual success at any price, or all the other things)? This feeling of dying of boredom in the lives we don't want that you mention, we all know it, to drag our dead bodies until we see something better... But the events of recent weeks are proof that we can fight against fatality of survival in this world of shit, keep the start going on and begin to find us; we still have a world to tear down.

- I know some of you were playing before in Homesick, a kind of french Lifetime that sent more positive vibes, and I also have good memories of the concert in Paris in 2014 with Bangers, Woahnows and CID. Why did you choose to return your jacket? A stronger need to expel the negative?

We don't think it's a jacket reversal. Musically it's different, for sure, and the thing is that with the 5 members of Homesick, we built ourselves together around melodic hardcore, with stuff like Lifetime particularly. But besides that, we wanted since a little while to make a screamo/french-way emo band, and this desire has been realized. This band has opened a gap and was able to bring out, in another way than Homesick, our rage, our problems, our concerns, what you want. We'd be lying if we said we were sealed to the codes brought by screamo. But in Chaviré, this is the same speech that all our previous bands even if there is a particular tone that is provided and an attempt to make our operation a little more "transparent". We don't think that it comes from a "negative surplus" to expel, our words are quite optimistic on the long term even if it's always difficult to not be jaded by the world of shit that sticks to our own lives.

- "Si c'est ça la racaille", for me, is the "Ultramort" in 2016... A violent, bold, but necessary text. Today, spit on the Marseillaise, it's almost considered as a terroristic act, like being a Daesh supporter or something like that, to the general opinion, and my grand sister regularly berates me for that. While it's still a bloody hymn, an apology of murder and hate, no matter what can be said on it. There's a will to mark the manners, even at very small scale, with your songs?

With Chaviré, there's a fairly strong desire to testify of the questions that run through us, to open with as we can do and with our means some discussions, it's not a story of buzz or provocation to make an impression, that stuff is good for the likes of Facebook or finish in Noisey, we have better things to do. But if it looks so sharp, ​​it's for facing the state of things that looks so solid. Indeed we prefer to do the opposite of the dominant discourse and the general atmosphere that celebrates the individual decline and the "every man for himself" spirit. We don't do the race of "who is right and who is wrong", there is no witch hunts or hunts to the more honest, but if it can serve in the general debate and if it's a key against resignation for some people then it's already a small victory.




- What things you do besides Chaviré?

We try to keep a maximum of free time to go about our occupations, get out as much as possible of the working world and employers. Said like that it may sound cliché, obvious or utopian. But we believe it is possible to say that we have voluntarily chosen jobs that "allow" us to do other things beside. Part-time employee student, intermittent of show, odd jobs... It's a pleasure to have time. For himself, for his family, to meet new people, new experiences. Create another band just for the pleasure of finding a concept or just to collectively play music, to read, to study, to sleep, doing volunteering, to be bored, organize concerts, cut cardboard...




- When I read the lyrics, when I see the annotations in the book of the demo, all this DIY merch, this strong involvement in the message you deliver, when I listen to "La Commune" ... Belle Époque strongly returns to the mind. This is maybe the main influence of the band?

Yes, and the choice of our name is probably a nod to this group ... It's difficult to speak of "major influence" because our inspiration is not unilateral, but this group, for all of us, was important at some point in our lives. But as we have also said earlier, our influences are diverse and they also shape our sound and our words, as far as Belle Epoque we can consider that the Revolution Summer in DC, the rage of Lunatic (ed. note: good old french rap band) or a fanzine as Plus Que Les Mots were sources of inspiration on which we built what Chaviré is today.

- You expect to be one of those bands that will break up after the demo and an EP with some friend bands, or you expect to be a bit more than just a star among so many others?

Less than being a single star we prefer to believe that we still have much to do with so many others. We still have things to say, we still have things to do and share. All we like, and since the glitters doesn't make our generation happy, we deal with our gray thoughts, trying to overcome this, all tired to cultivate distance. For the rest, no career plan, there is still no response, we are of those who prefer to move adrift. (ed. note: many Belle Epoque lyrics quotes here.)

- The nautical lexical field is super present in French screamo. There's often very visual references or lyricales to boats, piracy, shipwrecks... It's kind of millennial tradition? There is a seminar of young sailors and veterans of piracy in the cellars?

"Depuis les chaînes et les bateaux je rame, t'inquiète aucune marque dans le dos man, j'les ai dans le crâne." Booba - Le bitume avec une plume.

(ed. note : well, kinda complicated to translate a french rap sentence but I think it's good : "Since the chains and boats I row, no mark in the back, bro, I have it in the head.")

In 2002, Amanda Woodward said that happiness in France was fireworks. What is happiness in France today?





Chaviré is preparing to turn in Eastern Europe, and will play in Vienna on July 25, a day after Fluff Fest, with Dawn Ray'd (anarchist black metal, ex-We Came Out Like Tigers) and Lost Boys (awesome german screamo). And they will obviously being on stage on July 14th, at La Salle Gueule (Marseille), with Canine. Here is the summary of dates, including those where the band still needs help :

14.07 – Marseille (FR)
15.07 – Cesena (IT)
16.07 – Mantova (IT)
17.07 – HELP ! (SLO / CRO)
18.07 – Belgrade (SR)
19.07 – Kumanovo (MKD)
21.07 – Istanbul (TUR)
22.07 – HELP ! (BRG)
23.07 – HELP ! (ROM)
24.07 – HELP ! (HUN)
25.07 – Vienna (AUT)
26.07 – Munich (DE)
27.07 – TBA (FR)


You can find the manifests of Chaviré and some of the punchlines of french cloud rap band PNL via their Tumblr page, and contact them to make them play in a squat, a bar, your kitchen, anywhere.

1 commentaire :

  1. Stop avec PNL... Déjà que c'est bien moyen politiquement parlant, faut arrêter de vouloir se tailler une sorte de crédibilité de tiékar car c'est un peu facile lorsque l'on est un petit groupe de blancs besc tout pimpant issu d'une culture bourgeoise. Trop facile de s'encanailler en balançant des vidéos riot porn, c'est se confiner dans une posture militante aussi stérile qu'autosatisfaite... mais bon je leurs laisse le bénéfice du doute.

    Bon disque par contre !

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