vendredi 2 août 2013

Chronique : Sed Non Satiata - Mappō


Sed Non Satiata. Un nom qui a marqué la scène screamo mondiale, notamment grâce au disque Le Ciel De Notre Enfance. Un nom qui m'inspire beaucoup de souvenirs divers, et que j'admire depuis plusieurs années. Alors quand j'ai appris qu'un nouvel album du nom de Mappō se préparait, je vous laisse imaginer ma joie. Cet album, je l'ai découvert lors d'une rupture amoureuse extrêmement douloureuse (so emo !). Un paramètre qui a rendu l'expérience plus intense encore. Retour sur cet album rempli de paysages, de tensions, de messages.

Les Toulousains ont choisi de suivre le chemin tracé par le S/T sorti en 2009. Un petit opus ou le groupe mélangeait son screamo abrasif et mélancolique avec des mélodies à la fois mystérieuses et claires. Brumeuses mais lumineuses. C'est ce type d'atmosphères que l'on retrouve ici. Le voyage commence par une violente extériorisation de la rage et de la fatalité des textes. Une "Extrospection" qui emporte tout sur son passage. Un titre ou l'on retrouve l'univers musical que le groupe avait crée sur le S/T. "Sehnsucht" poursuit sur cette lancée, avec autant de délicatesse et de puissance, au travers d'écrits toujours criants de vérité. "A force de mentir, à force de consentir et de feindre l’innocence, on ne saura même plus où est la vérité." Dans ce titre, j'ai l'impression d'y entendre du Suns, et du Envy. Deux univers bien spécifiques que l'on retrouve souvent sur ce disque, deux ambiances envoûtantes...

L'envoûtement. C'est l'adjectif qui qualifie au mieux Mappō. En témoigne la longue montée de "San Andrea", une montée douce, pleine de mélancolie, qui se veut de plus en plus grave au fur et à mesure que le morceau avance. Le morceau entre à son paroxysme de puissance lorsque que résonne cette phrase d'une voix claire torturée : "Entends-tu le glas résonner ? Pour ceux qui croyaient pouvoir, espérer vivre libres et croire, que leur combat aboutirait.". Le glas vient de sonner, nous sommes condamnés. Condamnés à se plaire dans la sérénité traître de ce disque. "Ghost" nous prend aux tripes, nous fait frissonner de par ses envolées vocales. Des chœurs agrémentent les mélodies, avant que les guitares ne reprennent leur droit, pour combler davantage ce vide intérieur en soi que nous inspire l'ensemble. "Mais le vide est comme un fantôme venu me hanter et froidement a tué les visions d'avenir.". 

L'avenir n'ira pas mieux ensuite, d'après "Entropia". "Voilà que s'érodent les amitiés, les convictions, les volontés. Ces massifs que l'on croyait inaltérables sont eux aussi bien vulnérables". Ce morceau raconte avec une beauté certaine le combat que l'on mène tout les jours pour conserver ce qui nous maintient chacun en vie. Toujours dans une mélancolie profonde, et des érosions sonores qui nous prennent au cœur pour nous rappeler l'urgence et la véracité de ces propos. Parce qu'il est finalement important de se rendre compte de cela, de notre situation à tous. "Nemesis" nous transporte ensuite dans un élan extrême de sensibilité, comme si la fraîcheur et l'amertume ne nous avait pas déjà assez assommés. Parce que les massifs s'érodent, "face à l'avenir obscur, je me tourne vers le présent, hélas insipide et fuyant.". Un présent qu'exorcise avec grâce ce titre mettant davantage l'accent sur les explosions screamo. Pour mieux nous préparer à cette "Vague à l'âme" qui viendra nous dire que "au loin la terre disparaît, avec elle les détails d'un relief aiguisé, et d'un passé qui bientôt s'estompera pour donner naissance à un autre que moi". Ici, ce sont les espoirs d'oubli de nos souvenirs sombres qui virevoltent sous ces guitares lancinantes, entre des envies de voyages et des paysages noyés dans l'aube qui nous rappellent diverses douleurs vécues. Des paysages au goût amer, mais sublimés par "Soma", qui rappellera la noirceur brumeuse des échappées de The Black Heart Rebellion. Une dernière pièce qui nous rappelle que peu importe le vécu perdu dans les arbres, les rues, les coins d'ombres, il y subsistera une lueur d'espoir. Une dernière supplication : "Mais pourvu que dans le ciel la couleur, et dans tes yeux la lueur, brillent un jour de nouveau, illuminent mes jours à nouveau.".

Conclusion : Avant d'être un album superbe, Mappō est une histoire. L'histoire de toi, de moi, de nous. D'une personne regardant autour d'elle, se cherchant en soi, dans le vide, dans le temps, cherchant des réponses à son avenir. Une histoire qui nous parlera à tous, aussi soigneusement que violemment contée soit-elle, sur une atmosphère froide, orageuse. Avec cet album universel, matûre, soigné, Sed Non Satiata nous prouve qu'il compte encore sur la scène emo française, et qu'il comptera encore pour longtemps. Pour lui au moins, l'avenir semble radieux.


Tracklist :
1. Extrospection
2. Sehnsucht
3. San Andrea
4. Ghost
5. Entropia
6. Nemesis
7. Vague à l'âme
8. Soma


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