Avec Chaviré, il était déjà démontré au début de cette année que le screamo français n'était pas mort, et que c'est par la jeunesse actuelle qu'il semblait renaître de ces cendres. Cet été, trois autres disques, autant interprétés par des papas du milieu que d'autres jeunes déterminés à en découdre, viennent raviver davantage cette flamme. Ainsi, voici ces albums/EP à ne pas louper, pour rendre votre été un peu plus sombre, histoire de vous protéger d'une chaleur devenue un peu trop écrasante ces derniers temps.
ANOTHER FIVE MINUTES - Half Empty
ANOTHER FIVE MINUTES - Half Empty
Après nous avoir livré un S/T très convaincant, plein de promesses, dont je vous avouerais avoir multiplié les écoutes, les Strasbourgeois de Another Five Minutes reviennent avec l'EP Half Empty nous livrer leur hardcore mélodique frontal et catchy teinté de skramz désabusé. Ça marche toujours aussi bien que le S/T, c'est toujours aussi sombre lyricalement, autrement dit un catharsis de qualité idéal à écouter les nuits d'été. Avec plus de spoken words ceci dit, un exercice risqué à un moment ou ce type de déclamation devient malheureusement fatiguant à entendre dans le hardcore, tant ce dernier est utilisé à tort et à travers. Mais ici, ça me semble justement utilisé et placé, pas trop maniéré (dieu merci on évite de tomber dans le La Dispute-like). C'est également moins véloce que les titres du single Love Like You've Never Been Hurt, mais ça n'affecte en rien la puissance de la décharge émotionnelle qui nourrit leurs titres. Les garçons avancent tranquillement, se font plaisir, et ça s'entend. Touchant, plaisant et revigorant.
POTENCE - Demo
POTENCE - Demo
L'air de rien, sans que personne ne se soit douté de quoi que ce soit auparavant, l'ex-frontman de Daïtro revient cette année, et il est pas content. Accompagné de mecs de Geraniüm et de Black Code, il nous délivre avec ses comparses un crust mélodique très librement inspiré du screamo. Ça s'appelle Potence, et comme le dit David, rédacteur de l'excellent blog Open Mind / Saturated Brain, "il faut s'imaginer Daïtro, mais énervé, violent et urgent". C'est un peu ça. Et ça défonce ! Pense Ekkaia, His Hero Is Gone... C'est violent, direct et frontal, et en même temps à fleur de peau. Ça commence à faire le buzz dans la screamosphère mondiale, et il y a fort à parier que ce n'est qu'un début... Un petit revival du screamo gras et borderline français façon Bökanövsky ? Espérons... Ils sont actuellement en train de composer des morceaux pour leur premier LP, j'ai déjà hâte de pouvoir écouter ça !
RAVIN - II
Vous savez à quel point j'aime ce groupe, si vous me suivez régulièrement. Grâce à eux, j'ai gagné deux LP de Secret Smoker (emo/post-hardcore US de grande classe) car j'ai fait découvrir ce groupe au frontman, et il a tellement aimé qu'il a tenu à me remercier avec ces deux disques et un petit mot trop gentil. Ravin, c'est un screamo underground très peu, TROP peu connu de notre scène, issu de Perpignan. J'avais chroniqué leur démo sortie l'an dernier le jour de la Saint-Valentin. Cette fois-ci, ça sort en été, et c'est encore plus lacrymal et violent. Ils sonnent comme encore moins de monde en France: pensez Eros + Massacre, We Came Out Like Tigers, Loma Prieta, puis les classiques français comme Mihai Edrisch ou The Third Memory... Vous obtenez un screamo lorgnant vers l'emoviolence, franc et sans compromis, plus brut et sauvage que leurs précédents morceaux. Et le bonus qui fait plaisir: tout est désormais chanté en français. Une plume fataliste et poétique, allant de pair avec des paysages sonores troubles, parfois carrément chaotiques. On a toujours affaire à quelque chose de précieux et d'éphémère filant dans nos oreilles à toute vitesse, telle une étoile filante, paraissant cependant blafarde de par le ton général du disque... Je ne pense pas que ce disque sortira des tréfonds des internets et des bacs des petites distros qui prennent soin de distribuer le disque, mais je ne saurais trop vous conseiller de tendre l'oreille à ce second effort si vous aimez le screamo brut et audacieux, celui-ci prouvant ainsi que le screamo français n'est pas mort, que c'était trop tôt pour lui de disparaître. Merci encore, messieurs.
"Quitte à reculer, reculons ensemble. Il y a tant de choses que nous avons choisies de conjuguer au passé et de regretter au conditionnel."
"Quitte à reculer, reculons ensemble. Il y a tant de choses que nous avons choisies de conjuguer au passé et de regretter au conditionnel."
PS : à l'heure ou j'écris ces lignes, les lyrics des morceaux de l'album II telles qu'elles apparaissent sur la page Bandcamp du groupe sont dans le désordre. En espérant que ces messieurs s'en rendent compte ! ;)
CYCLAMEN - N.O.I.R.E.
CYCLAMEN - N.O.I.R.E.
En totale surprise, les manceaux de Cyclamen ont mis en ligne ces jours-ci leur deuxième disque, nommé N.O.I.R.E., un disque qui a vu le jour après bien des difficultés d'enregistrement, et qui a finalement été masterisé par le groupe avec un vieux lecteur à bandes. Derrière ce titre quelconque qui pourrait sembler quelque peu cliché se cache en fait un sens plus profond : "Nos Ornements Intègrent Rarement l'Elegance". Cet album, au-delà d'un simple brûlot screamo/hardcore qui sort de l'ordinaire lorgnant quelquefois vers le post-rock, est un essai plus ou moins complexe axé sur l'évolution de chacun, les choix que l'on fait, nos façons de vivre et de se comporter. "Écraser l'autre, dominer, c'est malsain, c'est un trait violent de l'être humain. Et je ne peux même pas m'excuser, dire pardon, car quand on est con, on est con." ("Parfois la vie...")
Il semble également que N.O.I.R.E. est une synthèse de ce que représente le milieu musical du groupe aujourd'hui, ses fardeaux, ses défauts, mais aussi ses plus beaux éclats de rage et de bravoure musicale, là ou s'épanouissent les trois garçons et pour laquelle ils bouffent des centaines de kilomètres dès que possible. Le côté sombre de cette synthèse semble s'exprimer sur le titre éponyme, le plus court de l'album. "Mais doit-on pour autant réduire la pensée à cette fragrance d'obscurité ? Pour beaucoup, l'ornement a cette portée. Noirs, nos ornements intègrent rarement l'élégance de la totalité de cette pensée. J'en arrive à me questionner sur mes idéaux". Ce texte soulève une vérité terrible, et rappelle qu'on ne doit pas avoir à se questionner si c'est pour vouloir dénoncer les injustices et les défauts de nos sociétés à cause de notre apparence, et également de ne pas avoir à se soucier du paraître pour être, dans le courant punk. Avec des morceaux instrumentaux où des nappes de violon viennent s'ajouter aux compos ("Le poids de l'envol"), ou carrément s'imposant comme pièce centrale ("Ils nous voient"), avec l'agressif "Nos pannes éphémères" où l'on tombe carrément sur une grosse mosh-part grasse et piquante, l'intriguant final "Les regards vides" au texte parfait, N.O.I.R.E. fait preuve d'une richesse phénoménale, et c'est ici le côté brillant de leur musique. D'autant plus que la résignation n'est pas maître-mot sur cet opus, quelques lignes appellent à tenir bon, à se faire confiance. C'est juste vraiment putain de dommage que la production ne suive pas... Après, c'est vrai, ça a son charme. Mais la richesse dont je parlais tout à l'heure, ça veut dire beaucoup de rythmes, de riffs, d'effets, et une musique un tant soit peu technique, ça mérite une meilleure mise en valeur. C'est pas leur faute et c'est d'autant plus triste. Après tout ce que je t'ai conseillé plus haut, si tu penses encore que le screamo français est mort, cet album blindé de courage, de persévérance et de vécu, te prouvera le contraire, et te montrera qu'il est encore plein d'idées et de messages, d'autant plus que Cyclamen, c'est du 100% DIY. Et gros big-up à la cover de "Weekend At The Fire Academy" d'Orchid que je te laisse trouver en écoutant l'album.
English translation:
With Chaviré, it was already shown earlier this year that the french screamo was not dead, and that it's by today's youth that seemed to rise from the ashes. This summer, three other records, as interpreted by the dads of the scene that other determined young people, are just came for rekindle the flame. So, here's the albums / EP not to miss, making your summer darker, to protect you from overwhelming heat.
After delivered us a very convincing S/T EP full of promises, which I confess I've listen to it a lot of times, The guys from Strasbourg, Another Five Minutes, return with the EP Half Empty we deliver their direct and catchy melodic hardcore tinted with disillusioned skramz à la Loma Prieta. It works just as well as the S/T, it's still dark lyrically, and it's a quality catharsis, perfect to listen in the summer nights. With more spoken words than before, a risky exercise at some point this type of declamation unfortunately becomes tiresome to hear in hardcore these days. But here, it seems to me it's precisely used and placed, not too mannered (thanks god we avoid falling into the La Dispute-like). It's also less swift than songs of the single Love Like You've Never Been Hurt, but it doesn't affect the power of the emotional discharge that feeds their titles. The boys quietly progressing, are making fun together, and you can hear it. Touching, pleasant and invigorating.
Without that nobody is doubting anything, the former frontman of Daïtro is back this year, and he's not happy. Accompanied by guys from Geraniüm and Black Code, they deliver us with his cronies melodic crust very loosely influenced by screamo. It's called Potence, and as David, editor of the excellent blog "Open Mind / Saturated Brain", said on his review of the band: "think along the sames lines as Daïtro but angry, urgent, violent". He's right. And it rips! Think of bands like Ekkaia, His Hero Is Gone... It's violent, direct, frontal, also full of sensibility. It's getting the buzz in the screamosphère, and it's a safe bet that this is just the beginning ... A small revival of the sludgy and borderline french way of screamo launched by bands like Bökanövsky? Hopefully! They actually writing songs for a new LP, I'm stoked about it!
You know how much I love RAVIN, if you follow me regularly. Thanks to them, I won two LPs from Secret Smoker (very good emo/post-hardcore from USA!) because I did listen this band to the frontman, and he liked it so much he thanked me with those two LPs and a very nice note. RAVIN is a little underground screamo band, TOO little known in our scene, from Perpignan. I reviewed their demo who was released last year on the Valentine's day. This time, it comes out in the summer, and it's even more violent and teary. Now they sound like even less people in France, think Eros + Massacre, We Came Out Like Tigers, Loma Prieta and french classics like Mihai Edrisch or The Third Memory... You get screamo peeping into emoviolence, frank and uncompromising, more raw and wild as the previous songs. And the bonus that gives pleasure: everything is now sung in french. Fatalistic and poetic lyrics, coupled with disordered soundscapes, sometimes downright chaotic. We always deal with something precious and ephemeral go away at full speed in our ears, like a shooting star, however, appearing pale by the overall tone of the record... I don't think this record will come out from the depths of internets and small distros that take care of distributing the record, but I would strongly advise you lend a ear to this second effort if you like raw and audacious screamo, this proving that french screamo is not dead. It was too early for him to disappear. Thanks again, boys.
"Quitte à reculer, reculons ensemble. Il y a tant de choses que nous avons choisies de conjuguer au passé et de regretter au conditionnel."
"Quitte à reculer, reculons ensemble. Il y a tant de choses que nous avons choisies de conjuguer au passé et de regretter au conditionnel."
PS: at the moment where I write these lines, the lyrics of the songs on the album II, as they appear on the page Bandcamp of the band, are in the mess. Hope these gentlemen realize it! ;)
In total surprise, the guys from Le Mans, Cyclamen, have released these days their second album, named N.O.I.R.E., a record that was born after many difficulties of recording, which was finally mastered by the band with an old tape drive. Behind that title that could sound somewhat cliché actually hides a deeper meaning: "Our Decorations Rarely Integrate Elegance". This album beyond a simple rant screamo / hardcore unusual sometimes peeping towards post-rock, is a more or less complex test focused on the evolution of each, the choices we make our ways of living and behaving. "Écraser l'autre, dominer, c'est malsain, c'est un trait violent de l'être humain. Et je ne peux même pas m'excuser, dire pardon, car quand on est con, on est con." ("Parfois la vie...")
It also seems that N.O.I.R.E. is a synthesis of what is the musical milieu of the group today, its burdens, its flaws, but also its most beautiful bursts of rage and musical bravura, there or bloom the three boys and which they eat up hundreds kilometers as soon as possible. The dark side of this synthesis seems to be explained on the title track, the shortest of the album. "Mais doit-on pour autant réduire la pensée à cette fragrance d'obscurité ? Pour beaucoup, l'ornement a cette portée. Noirs, nos ornements intègrent rarement l'élégance de la totalité de cette pensée. J'en arrive à me questionner sur mes idéaux". This text raises a terrible truth, and recalls that you shouldn't have to question ourself if you want to report the injustices and defects of our societies because of our appearance, and also to not have to worry about the look,in the punk movement. With instrumentals where violin sheets are added to the compositions ("Le poids de l'envol"), or downright itself as center piece ("Ils nous voient") with the aggressive "Nos pannes éphémères" where one falls squarely on a big greasy and spicy mosh-part, and with the intriguing end "Les regards vides" with a perfect text, N.O.I.R.E. demonstrated a phenomenal wealth, and this is the bright side of their music. Especially since the resignation is not watchword on this album, a few lines call to hold on, to trust ourselves. It's just really damn shame that the production doesn't follow ... After that, it's true, it has its charm. But the wealth of which I spoke just now, that means many rhythms, riffs, effects, and music a little bit technical, it deserves a better development. It's not their fault and that's all the more sad. After all that I advised you earlier, if you still think that the French screamo died, this album shielded of courage, perseverance and experience, will prove you wrong and show you that it is still full of ideas and messages, especially as Cyclamen is 100% DIY. And a big-up for the cover of Orchid's "Weekend At The Fire Academy" which I let you find while listening to the album.
In total surprise, the guys from Le Mans, Cyclamen, have released these days their second album, named N.O.I.R.E., a record that was born after many difficulties of recording, which was finally mastered by the band with an old tape drive. Behind that title that could sound somewhat cliché actually hides a deeper meaning: "Our Decorations Rarely Integrate Elegance". This album beyond a simple rant screamo / hardcore unusual sometimes peeping towards post-rock, is a more or less complex test focused on the evolution of each, the choices we make our ways of living and behaving. "Écraser l'autre, dominer, c'est malsain, c'est un trait violent de l'être humain. Et je ne peux même pas m'excuser, dire pardon, car quand on est con, on est con." ("Parfois la vie...")
It also seems that N.O.I.R.E. is a synthesis of what is the musical milieu of the group today, its burdens, its flaws, but also its most beautiful bursts of rage and musical bravura, there or bloom the three boys and which they eat up hundreds kilometers as soon as possible. The dark side of this synthesis seems to be explained on the title track, the shortest of the album. "Mais doit-on pour autant réduire la pensée à cette fragrance d'obscurité ? Pour beaucoup, l'ornement a cette portée. Noirs, nos ornements intègrent rarement l'élégance de la totalité de cette pensée. J'en arrive à me questionner sur mes idéaux". This text raises a terrible truth, and recalls that you shouldn't have to question ourself if you want to report the injustices and defects of our societies because of our appearance, and also to not have to worry about the look,in the punk movement. With instrumentals where violin sheets are added to the compositions ("Le poids de l'envol"), or downright itself as center piece ("Ils nous voient") with the aggressive "Nos pannes éphémères" where one falls squarely on a big greasy and spicy mosh-part, and with the intriguing end "Les regards vides" with a perfect text, N.O.I.R.E. demonstrated a phenomenal wealth, and this is the bright side of their music. Especially since the resignation is not watchword on this album, a few lines call to hold on, to trust ourselves. It's just really damn shame that the production doesn't follow ... After that, it's true, it has its charm. But the wealth of which I spoke just now, that means many rhythms, riffs, effects, and music a little bit technical, it deserves a better development. It's not their fault and that's all the more sad. After all that I advised you earlier, if you still think that the French screamo died, this album shielded of courage, perseverance and experience, will prove you wrong and show you that it is still full of ideas and messages, especially as Cyclamen is 100% DIY. And a big-up for the cover of Orchid's "Weekend At The Fire Academy" which I let you find while listening to the album.
Que de plaisir de redécouvrir le chant de daitro :D
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