mardi 18 décembre 2012

Live report : Totorro + Jean Jean + Man Is Not A Bird + Hier @ La Cantine de Belleville, Paris, 17/12/2012


C'était à la Cantine de Belleville qu'il fallait être en cette soirée humide du 17 Décembre pour se réchauffer et s'évader un bon coup. En effet, quatre groupes prometteurs de la scène math-rock et post-rock française y jouaient ce soir-là. Nous avions d'abord Totorro et Jean Jean, qui passaient par là dans le cadre de leur tournée européenne, qui se finissait le lendemain. Et ensuite, deux groupes locaux : Man Is Not A Bird et Hier. Le premier impressionne l'auditoire en ce moment avec son premier EP "Restlessness", chroniqué dans ces pages par Néhémie. Le second était encore quasi-inconnu du public post-rock. Jusqu'à hier, du moins... OH MON DIEU, CETTE BLAGUE DE MERDE !


Et c'est donc Hier qui a lancé les festivités, nous envoûtant d'entrée de jeu avec "The Fall", premier morceau de leur EP "Rhizomes", téléchargeable à prix libre sur leur page Bandcamp. La voix du chanteur est frissonnante, aussi douce que possédée. Le chant était d'ailleurs parfaitement maîtrisé durant le set du groupe, qui était à l'image de leurs morceaux : Intimiste, reposant, poignant, mais également oppressant, chaotique. Hier, c'est un peu une sorte de Sigur Ros qui aurait mangé du post-metal, pourrait-on dire. Il aura su convaincre le public, emporté par les compositions tranquilles et puissantes de ce groupe décidément surprenant, lui-même emporté par leur propre musique. J'ai moi-même été agréablement surpris par cette prestation. Un groupe à suivre de près...

Place ensuite à la sensation du moment, j'ai nommé Man Is Not A Bird. J'étais bien curieux de savoir ce que pouvait donner un live du groupe, après avoir été convaincu par l'EP. Eh bien les quatre parisiens nous ont bien fait bouger la caboche, avec un set énergique, carré, efficace, ou le côté enjoué et ensoleillé de leur post-rock mathy planant ressortait bien. Le son n'était pas toujours parfait, les guitares un peu à côté par (rares) moments, mais l'essentiel était là, les musiciens étaient à fond, et n'oublions pas que le groupe est tout jeune. Il a tout de même assuré, et a bien défendu son disque, chapeau. Nous avons même eu le droit à deux nouvelles compositions, qui montrent des envies de passer à quelque chose d'un peu plus agressif, tout en restant dans la lignée de "Restlessness". Pour en avoir discuté avec le batteur, un vrai métronome tant sur l'opus que ce soir-là, et souriant comme pas deux lors du live, l'EP est un peu une base sur laquelle le groupe travaillera pour élargir son horizon musical à l'avenir, et pour d'éventuelles nouvelles sorties. Vous êtes sur la bonne voie, les petits loups !

Le public est désormais bien rôdé, prêt à accueillir les fifous de Jean Jean. Ah, ce groupe, son post-rock survolté, nourri aux synthés, au math-rock et aux tropiques... Déjà deux ans que leur seul et unique opus à ce jour, un EP 5 titres, est sorti, mais il reste toujours d'actualité. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas trahi la folie de leurs compositions ce soir-là ! "Fresher", premier titre joué, nous a directement mis dans l'ambiance, servi par un batteur absolument fou tout au long du set (un grand bravo à lui) et un guitariste hanté. Une prestation intense, qui donnait réellement envie de bouger, ou les morceaux devenaient encore plus dingues que sur l'EP. Le public a positivement réagi à l'assaut tropico-chaotique des trois musiciens présents pour achever du faible d'esprit avec leur musique complexe et écrasante. Les gars de Jean Jean se sont donnés à fond malgré une fatigue de fin de tournée logique, et je les en remercie, tant leur set était puissant et rythmé.

Pour le dernier set, celui de Totorro, le plus "connu" des quatres groupes présents, la salle était presque pleine. Il faut dire que le post-hardcore surpuissant aux explosions Envyesques du groupe est très apprécié du public connaisseur français (et japonais, soit-dit en passant, le groupe étant signé chez les excellents Tokyo Jupiter Records) et de moi-même, après deux premiers EP salvateurs, dont "All Glory To John Blator" produit par Amaury Sauvé, monsieur Birds In Row. Le groupe nous aura joué les trois morceaux du troisième et récent EP "Home Alone" avec une hargne phénoménale, un talent indéniable, montrant une orientation nouvelle, beaucoup plus lumineuse, plus mathy, plus fun, mais toujours aussi puissante et aérienne, toujours avec une touche hardcore. Un fan apparent du groupe ne s'y est pas trompé, bougeant frénétiquement à chaque morceau du groupe. A raison, car ces trois morceaux feraient danser un stade entier de kids mordus d'emo/indie à la Sport. Une belle démonstration de leur nouvelle direction musicale, dont je suis impatient de découvrir l'entier potentiel sur l'album prévu en 2013, et que le public a accueilli avec enthousiasme.


Ce concert nous aura réservé bien des émotions et des surprises ce soir. Chacun confirmait aisément leur statut, les deux premiers ayant un sacré potentiel et de très belles bases, Jean Jean toujours aussi carré et déjanté, et Totorro qui évolue intelligemment et d'une bien belle manière. Chacun aura donné le meilleur de lui-même, avec passion, pour des sets à l'énergie et à la bonne humeur communicative. Tout le monde était heureux d'être là, et aura aimé ce concert. Le seul a ne pas avoir apprécié le concert, c'est le propriétaire des lieux, arrivé en furie lors des balances en hurlant : "Ça joue trop fort les jeunes, baissez un peu le volume !" Cela aura occasionné l'un des plus beaux blancs que j'ai vécu jusque là, pour un pur moment black metal ado-feeling.

PS : Un grand merci à Laura et Ingrid d'I Scream Asso, à tous les groupes présents pour leurs prestations, aux musiciens avec qui j'ai pu discuter et auprès de qui je m'excuse pour ma grande timidité, à la bonne humeur et la gentillesse de chacun, à l'un des mecs de Totorro pour m'avoir fait rêver avec son t-shirt Mermonte (je le veux), et à cet éternel train de 00H35 à la gare de Paris-Montparnasse qui me sauve bien des nuits...

Voici quelques liens pour écouter tout ce beau monde :


Guillaume.

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