jeudi 5 avril 2012

Chronique : Worthwhile - Carry On Kid


C'est dans la nature humaine, on aura toujours peur du changement, à juste titre. J'en ai eu peur avec Worthwhile, un petit groupe californien qui a fait son petit bout de chemin depuis 2009 avec deux EP's, "Miracle Me" et "Not Fixed But Found", dans la veine pop-punk/hardcore au chant parlé limite rappé caractéristique, deux beaux essais pleins de spontanéïté, de simplicité, de sincérité, et de joie. Ici, ils nous reviennent heureux et fiers de nous livrer leur premeir album très attendu, "Carry On, Kid". Mais là ou les fans les attendaient dans la continuité, Worthwhile en a décidé autrement.

À l'écoute des trois titres qui ont servi de teaser à l'album, énorme surprise : On a affaire à du hardcore mélodique, voire même à du screamo, tout autre chose que la case easycore dans laquelle on pouvait facilement ranger le groupe, avec de la passion en prime, néanmoins. Mais pas n'importe quel hardcore mélo, attention. Celui de la "Wave", de Defeater, de Touché Amoré, voire de La Dispute dans ses instants hardcore (Il n'y a qu'à comparer le premier morceau de l'opus, "Evergreen", à un morceau de leurs collègues comme "New Storms For Olders Lovers", ou se fier à "Homebuilder"). Je ne m'attendais pas du tout à cette orientation musicale (et je ne serais sans doute pas le seul), qui il est vrai, peut être très déroutante pour les habitués du son originel, même si l'on trouvait des bribes du nouveau son dans les EP's. La ou l'on est déçu par la disparition du chant parlé qui caractérisait le tout et des choeurs qui donnaient de la forçe aux compos, on est subjugué par le chant crié qui lui n'as pas bougé, si ce n'est qu'il n'est plus puissant et écorché vif que jamais, refilant des frissons à chaque poussée sur la voix, ainsi que par les compositions cohérentes, soignées, et beaucoup plus incisives. Le quintet maîtrise son nouveau son avec aisance et brio. Quelques accords ambiants viennent relever la sauce, quand il le faut. On sent même des influences post-rock comme sur la belle interlude ""How Do I Look Up To A Man In The Ground?". À l'heure ou la copie sur le voisin est une religion, on est également soulagé de retrouver la même sincérité, la même spontanéïté, et ce soleil qui brille toujours sur la musique du groupe. Preuve en est par exemple sur "Melody, Save Me" et "Vagrant", des cavalcades hardcore à l'atmosphère chaleureuse. Pas étonnats que ce soit deux des trois titres utilisés comme teaser, car les moins déroutants. Sur ce CD, on a même le droit à une reprise majestueuse de "Unlovable", à l'origine présente sur l'EP "Not Fixed But Found", et qui se révèle être parfaitement ré-interprétée, encore plus intense. Elle vient nous rappeler que le groupe ne se trahit pas, qu'il n'oublie pas d'ou il vient, d'ou les éclaircies et les quelques relents pop-punk présentes un peu partout sur l'opus.

Conclusion : Sans jamais renier le passé, Worthwhile a énormément mûri pendant ces deux années de silence radio, a pris le temps de composer, de réfléchir, de se nourrir de nouvelles influences, et nous revient plus beau que jamais, complètement changé, mais en cohérence avec son passé. Leur travail acharné, à en juger par la qualité de ce premier album, a porté ses fruits. La déception de perdre ce fameux chant parlé qui, à la manière d'un "La Dispute", aurait pu apporter son lot d'émotions en plus (comme il le faisait sur les deux précédents efforts), nous mine un peu. Mais le combo se rattrape amplement sur sa maîtrise de son nouveau style, des émotions, et de leur jeu (le travail est hallucinant pour un groupe qui passe d'un genre basique à un autre bien plus technique). Le groupe perdra ici quelques fans, mais en gagnera beaucoup d'autres. En tout cas, ils en ont rendu un heureux...

Tracklist :

1. Evergreen
2. Homebuilder
3. Melody, Save Me
4. Full Hands, Empty Hearts
5. Live For What Lasts
6. 1937
7. At Seapoint
8. How Do I Look Up To A Man In The Ground?
9. Vagrant
10. Unlovable
11. Messy Masterpiece

L'album, sorti le 04 Avril, est disponible en physique sur leur BigCartel, et en digital sur iTunes.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire