dimanche 20 novembre 2011

Les origines : La crise d'identité, et la "renaissance".

Nous voilà au début des années 2000. L'emo s'est fait une place au sein de la scène punk et rock alternatif mainstream, le screamo est bel et bien présent tout autant que la scène emo underground bien que beaucoup jugent alors ces deux mouvements éteints, alors qu'il n'en est rien : sa discrétion fait sa force, et en tant que mouvement punk, l'emo dans son essence propre n'est pas voué à devenir un mouvement de grande ampleur... À ces éléments viennent se mêler l'apogée d'Internet, et le boom de nouvelles cultures alternatives venues du Japon et des USA profitant de la révolution informatique pour se répandre à travers le monde. Tout ceci va se mélanger, dans une suite "fatale" mais logique, à la popularisation de l'emo au grand public, bien en dehors du militantisme et aussi de l'élitisme punk.

Si il y a un groupe qui pourrait être considéré comme originaire de la troisième vague tel que ce grand public la connait, je pense qu'il s'agit de MY CHEMICAL ROMANCE. Leur premier album (produit par Geoff Rickly, chanteur de THURSDAY) laissait entendre quelques sonorités propres à la scène emo underground : un chant qui alternait entre spoken words et hurlements, des doubles voix parfois hurlées elles aussi, le tout sur un ensemble assez saccadé, mélodique mais acerbe, aux relents horror punk et metal cependant, il est vrai... Mais hey, avant eux, INK & DAGGER ou ANTIOCH ARROW se sont illustrés dans le post-hardcore avec le même registre d'influences ! C'était pas de l'emo pur et dur certes, mais il y en avait des éléments, et leur côté théâtral et "vampiresque" n'était pas nouveau dans la scène emo, comme dit plus haut. Mais ils avaient d'autres ambitions que de jouer dans des caves et partager continuellement des affiches avec AMERICAN NIGHTMARE dans des petites salles (et c'est sacrément dommage car je paierais des sommes indécentes pour assister à un concert réunissant les 2 groupes dans les mêmes conditions aujourd'hui), on sait tou-te-s l'ascension colossale du groupe et leur énorme influence sur toute une génération de kids !

MY CHEMICAL ROMANCE est profondément influencé par le stadium rock de QUEEN, autant que par les MISFITS ou THE CURE, tout en ayant également BLACK FLAG ou LIFETIME parmi leurs autres grosses influences  Et ils voulaient que leur musique soit un véritable théâtre, autant à écouter à qu'à voir. Leur esthétique scénique reprenait beaucoup de codes vestimentaires qui apparaissaient sur les Myspace des emokids de l'époque, ce qui a forcément eu un impact sur leur fanbase et les groupes qui allaient être inspirés par MY CHEMICAL ROMANCE par la suite.

Cela explique grosso modo pourquoi c'est cette image de l'emo qui s'affichera en grande partie sur MySpace ou d'autres précurseurs des réseaux sociaux d'aujourd'hui (Skyblog pour n'en citer qu'un), semblant signer pour certain-e-s, souvent par mauvaise foi ou alors par bêtise d'ailleurs, l'arrêt de mort de l'emo qui continuait pourtant à briller dans l'ombre. Plein d'autres groupes auront plus ou moins le même idéal que MY CHEMICAL ROMANCE, devenus aujourd'hui le porte-drapeau de l'emo tel qu'il est perçu aujourd'hui dans la pensée globale, souvent décrit comme une mode vestimentaire ou bien un mode de vie, le tout exposé en trophée sur une suite de documentaires affligeants diffusés sur Canal + et M6, instrumentalisant une majeure partie des kids ayant figurés sur ces docus, illustrant accidentellement d'autre part une partie problématique de cette époque, inhérente au facteur Internet : un sexisme violent. Les femmes devaient correspondre à des standards très précis pour exister dans ces milieux...

Être emo aujourd'hui, pour la conscience générale, ça renvoie à beaucoup de préjugés violents, psychophobes, à ce sexisme violent dont je faisais état, et de préjugés vieux comme le monde. Les kids ayant fait partie de la mouvance scene, sont parfois né-e-s bien après le Revolution Summer, bien après FUGAZI. Les personnes qui suivent cette vision biaisée de l'emo sont généralement soumises à ce qui est le plus visible sur Internet et dans le milieu rock en général, à ce que veulent vendre les majors aux objectifs plus financiers que musicaux, préférant évidemment mettre en avant ce qui est le plus rentable et ce qui marchera le plus chez une catégorie de population cherchant à exister dans une société impitoyable, que ce soit dans la vie de tout les jours ou bien leurs propres microcosmes. Pour satisfaire leur besoin de singularité et d'épanouissement, on leur donne ainsi à bouffer une vision totalement biaisée du punk, il est alors très important d'expliquer à ces personnes qui sont ces charognards, au lieu de les blâmer, et de leur conseiller d'écouter tel ou untel : ce n'est pas nécessairement leur faute si ils vous diront que FALL OUT BOY est emo et qu'ils ne connaissent pas FOUR HUNDRED YEARS, rappelez-vous que la culture underground n'est pas à la portée de tou-te-s, et que l'on y accède pas par la grande porte. C'est à nous de les guider et de leur montrer ce qui est "réellement emo", ce n'est pas du tout OK de se foutre de leur gueule sur Internet car on pense être supérieur-e, arrête-toi là et transmets ton savoir intelligemment, au lieu de causer du tort à toi et tes camarades. D'ailleurs, fait rigolo, la plupart des membres de FALL OUT BOY viennent de la scène vegan straight edge hardcore, et leur batteur y contribue toujours avec RACETRAITOR et SECT ! Pete Wentz a même joué dans un groupe de screamo avec des membres de RISE AGAINST et PELICAN : YELLOW ROAD PRIEST. Un split avec MILEMARKER existe, et c'est du screamo fin 90's somme toute classique mais sympa.

Derrière tout ces dénigrements, ces contradictions, il restera encore et toujours une scène underground, qui se maintient et se renouvelle perpétuellement. Non, l'emo n'a jamais été mort, comme j'ai pu le lire quelquefois sur Internet, l'emo n'a jamais disparu. Il a juste été évidemment noyé sous le tsunami du "mainstream". Quelque part, c'est tant mieux, cela a toujours préservé le style et son authenticité. Serait-ce logique qu'un groupe comme RITES OF SPRING soit signé chez Universal et jouent dans des stades ?

J'en vois beaucoup parler de "revival" depuis que j'ai commencé à écouter du trve emo, pendant mes premières années de lycée. Les années 2010 ont été marquées par ce phénomène, alors qu'à mes yeux, il s’agissait tout simplement d'une mise en lumière un peu plus importante qu'auparavant sur une scène riche, qui se nourrissait d'elle-même, favorisée par les réseaux sociaux et les smartphones, un bouche-à-oreille par conséquent beaucoup plus aisé que dans les années 90... Sacrifiant par ailleurs des coutumes comme le tape-trading et les mixtapes physiques au passage, ça a aussi eu cet effet négatif. J'ai même pas connu tout ça ! On ne peut pas parler de "revival" alors qu'il n'y a jamais eu de fin à cette scène.

Aujourd'hui, il est très facile d'accéder à l'ensemble de ce qui constitue la musique emo, tant pour ses origines que la scène actuelle : vous pouvez commander des disques, des zines, lire des chroniques d'albums, des interviews, des live-reports... Sur des dizaines et des dizaines de sites internets spécialisés. Pour suivre l'actualité de la scène, je vous conseille notamment de suivre des sites et/ou pages Facebook tels que Washed Up Emo, (We Built The World And) Miss The StarsIDIOTEQ.com ou Open Mind / Saturated Brain. À partir de ces sites, vous trouverez tout les liens nécessaires pour écouter la musique des groupes dont parlent ces sites, et découvrir tout ce qui tourne autour de ces groupes, de liens en liens. Soyez tout simplement curieux-euses :) ! Et pour découvrir en profondeur la scène emo à partir de ses origines, je vous conseille fortement de fouiller le site Fourfa.com, une véritable encyclopédie du mouvement tenue par Andy Radin, qui fût le bassiste de FUNERAL DINER de 2000 à 2002. En France, AlternativNews ou Metalorgie relaient assez régulièrement l'actualité de la scène emo et screamo internationale, sans porter attention à son niveau de popularité. Et des blogs et forums tels que WarmzineEmo France ou EmoJoliCoeur, vous permettront également de ne rien rater de l'actualité et des origines de l'emo, de la scène locale, et de ce qui s'y passe autour... Et sont des archives éternelles de tant de chouettes affiches de concerts, 
de débats interminables, de ce qu'est devenu-e untel-le de tel groupe, etc...


       

5 commentaires :

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    1. A en juger par l'évolution actuelle du mouvement, y'a vraiment de l'espoir à avoir. Je ne fais pas trop de souci. :)

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  2. Bonjour, je me présente comme la dernière catégorie que tu as citée, celle des métalleux et punk pleins de préjugés envers le mouvement emo, à cause de ses prétendues tendance gays et commercials. Du moins je l'étais ... Je tenais à te féliciter pour cet article sur ce style qui, je trouve, est bien construit et donne une toutes autre dimension à l'emocore que je ne lui connaissait pas, ou trop peu. Il y a quelques années, j'étais un petit metalhead fier et con, et à présent; loin d'adhérer à la cause, j'ai aquit un plus grand respect pour le mouvement qui se rapproche au final beaucoup du post hardcore que j'écoutes. Voilà, bonne continuation ! Et si je puis me permettre, tu devrais être chroniqueur pour un mensuel ou un webzine, tu fais du bon boulot !

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    1. Bonjour anonyme,

      je tiens à te remercier pour ton commentaire, ça me fait vraiment plaisir de savoir que j'ai pu te permettre d'apprendre quelques trucs sur les véritables origines du mouvement emo. Et je te remercie également pour tes compliments !

      À côté de ce blog ou je rédige des chroniques et ou je poste de temps à autres des actualités de la scène, je suis intervenant sur le webzine AlternativNews, ou je poste souvent les chroniques que je rédige sur le dico, mais en plus "neutre" on va dire. ^^

      Encore une fois, merci beaucoup, et j'espère que tu feras de bien belles découvertes dans l'univers de l'emo et du post-hardcore, monsieur métalleux ;) !

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    2. "métalleux et punk pleins de préjugés envers le mouvement emo, à cause de ses prétendues tendance gays" ? On est ou là ?

      Qu'on m'explique en quoi la remise en questions des rapports sexué et du genre est synonyme de préférence sexuelle ? Je trouve ça hallucinant qu'il subsiste encore ce genre de commentaire sous entendu homophobe dans nos scènes. C'est aussi gogol que d'affirmer que le black métal est un bouillon de fascistes beauf de tout poil, ou que les punks sont globalement des nihilistes scandant nique le futur par tradition mais aussi pour ne pas à se sortir les doigts du cul.

      https://www.youtube.com/watch?v=pc4Q1fQFNPs&hd=1

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