lundi 14 décembre 2015

les trucs cools à écouter avant de boucler ton top 2015.



HS: J'ai galéré pour faire ce montage, ayant utilisé l'outil rudimentaire qu'est Photofiltre, a.k.a le Photoshop du pauvre, alors on respecte. 

Je suis désolé les petits loups. Désolé de ne pas vous avoir submergé plus tôt de toutes ces sorties chacune plus cool les unes que les autres avant cet abyssal flot de tristesse qui s'est abattu sur nos vies ces derniers jours. Mais la flemme et autres humeurs d'emokid m'ont envahi, puis je n'avais pas du tout le cœur à écrire ces dernières semaines, après les tragiques attentats parisiens, et la déferlante de haine, d'amalgames et de pseudo-patriotisme qui a suivi sur les réseaux sociaux. Tout ça m'a un peu vidé l'âme. Mais la musique est plus forte que tout, pas vrai ? C'est elle-même qui a été visée, après tout, en dehors des considérations politiques et religieuses des mécréants d'Allah qui ont frappé nos frères et sœurs. Alors suce toi Daesh, niquez-vous les politiques, branlez-vous ailleurs que sur nos internets les moralisateurs et les opportunistes, remballez vos drapeaux, et nan Gérome, cette fois-ci la musique n'est pas "un voyage comme un autre", voici pour vous et pour réchauffer nos cœurs le meilleur de la musique perverse et idolâtre de ces derniers mois, mettez-vous tout ça à fond avec un petit cierge et un verre/mug de votre boisson préférée, ça c'est un bel hommage à rendre, na.

The Saddest Landscape, Foxing, Envy, The World Is A Beautiful Place & I Am No Longer Afraid To Die, Beach Slang, Birds In Row... Voilà pour vous ma p'tite dame (bah ouais, j'ai jamais entendu un commercant dire "mon p'tit m'sieur", c'est con...) le peloton gagnant de cette fin d'année, représentant dans l'ensemble tout ce qui se fait de mieux dans l'emo et le screamo en 2015. Oui bon, Birds In Row n'est pas si screamo que ça, mais c'est tellement blindé d'émotions et de tripes que c'est difficile de pas les lier à cette scène. Alors justement, on va commencer par les deux disques des français, car oui, il y en a deux : un split avec leurs potes de WAITC sorti chez Throatruiner Records, et un EP, Personal War, quand à lui sorti chez Deathwish Inc. Et les deux galettes montrent deux univers : la première, celle du split, est plus chaotique et sombre, presque étouffante. La seconde, celle de l'EP, est bien plus directe. Plus mélodique, plus clair, lyricalement plus concret aussi, ce disque porte très bien son nom, puisque il raconte la guerre que beaucoup de monde, et le groupe lui-même, livre contre soi, contre l'ennui, contre la vie en général. Cet EP est un appel à vivre, au combat, au courage, servi par une instrumentation toujours virulente et sensible... Un peu trop disaient certains, à l'écoute de "Weary". Mais je trouve que ce parti-pris de laisser davantage d'espace au chant, c'est une bonne chose. "JUST DON'T FORGET WHO YOU ARE : A SON, A FRIEND, A HEART, A BRAIN !!"


  

L'hymne à la vie dans la souffrance, c'est justement l'une des spécialités de The Saddest Landscape, qui avec Darkness Forgives nous sert peut-être leur disque le plus cohérent. Réalisé sans prétention, avec la passion et la rage qui les caractérisent, le groupe dévoile une facette légèrement plus hardcore de leur musique. Sûrement pas un hasard si c'est Jay Maas (Defeater) qui est aux commandes de ce LP porté plus que jamais vers le sing-along. Mais je vous rassure, on retrouve toujours les instrumentaux saccadés, torturés et dissonants qui ont fait d'eux l'un des groupes légendaires du screamo des années 2000. À écouter lorsque la vie veut te bouffer, et que tu veux la croquer en retour, les crocs acérés, le poing fermé. "I DON'T WANNA FEEL ALONE ANYMORE!!"





On peut aussi avoir la même chose en plus punk et catchy : messieurs dames, voici enfin le premier album tant attendu de Beach Slang, The Things We Do To Find People Who Feel Like Us. Ce groupe, c'est avant tout une plume, des riffs, une voix : James Alex.  Et c'est le spleen le plus cool de l'année. C'est aussi dansant que c'est fuzzy (pas autant que le dernier Superheaven mais ça gronde déjà pas mal), les paroles sont peut-être un peu simplistes voire adolescentes, elles ne sont pas du tout straight-edge, mais c'est du sing-along assuré de A à Z tellement c'est universel, que ça correspond toujours à au moins un moment que l'on a vécu dans nos vies d'emokids ou de punks aguerris. Aucun titre n'est à jeter, c'est du soleil, c'est du fun, du rock'n'roll, c'est des feels, c'est BON. Ô toi, le fan de Hot Water Music, de Jawbreaker, de The Gaslight Anthem, je t'apporte ta nouvelle muse. Puis merde, parce que c'est plus vrai que jamais : "WE ARE YOUNG AND ALIIIIIVE !" (bon, normalement sur le prochain paragraphe je ne devrais plus citer de lyrics en caps lock).





Allez, maintenant, place à deux chefs-d'œuvres absolus, qui écrasent à plate couture le potentiel titre d'album of the year que semblait remporter (à ma grande incompréhension) Peripheral Vision de Turnover, a.k.a les éternels sous-Title Fight. Sérieusement, je m'ennuie en l'écoutant, et je l'ai essayé avec toute la volonté du monde, mais j'ai juste l'impression d'entendre une version pas du tout inspirée du magnifique Reverie Lagoon de Seahaven... Bref, deux albums plutôt similaires, mais l'un plus triste que l'autre. Je commencerais par le fabuleux Dealer de Foxing. Un disque délicat, adulte, grave, très personnel, avec des orchestrations très proches du post-rock... Le spectre des dernières compositions de This Will Destroy You n'est pas loin. La musique des américains atteint un point de sensibilité et de mélancolie extrême, touchant à des thèmes très intimes et abstraits à la fois, alors que The Albatross faisait déjà pas mal pleurer avec ses histoires d'amour déçus. L'album de l'année, dans l'emo jeu, il est peut-être là... Même si Harmlessness de TWIABP est tout aussi incroyable, mais bien plus rythmé et direct. Ce groupe, c'est un peu le Self Defense Family de l'emo, au niveau du line-up et du nombre de releases, mais en moins pénible du point de vue vocal (ouais, j'ai jamais réussi à accrocher au chant de Patrick Kindlon, à part quand il chante chez Drug Church...). Et je me souviens qu'ils avaient été critiqués par certains fans du fait d'avoir été signés chez Epitaph Records. Mais allez vous faire foutre les rageux, ce disque est grand, aussi grand que votre seum, et au moment ou je rédige cet article, je re-découvre cet album et l'écoute en boucle. Avoir un background punk et avoir du talent ne doit pas vous condamner à être signé toute votre vie sur un label DIY qui tient dans une chambre de 10m² mal rangée et peu hygiénique, ça s'appelle avoir de l'ambition et savoir saisir les opportunités qui vous permettront de tourner plus facilement et de mieux faire distribuer sa musique, tant au niveau des supports que de la distribution en elle-même, je le conçois. Sur Harmlessness aussi, le post-rock n'est pas loin dans les progressions, les tremolos-pickings, la construction des morceaux, tout autant que l'indie rock ou l'emo. Mais lyricalement c'est moins abstrait que le nouveau Foxing : du storytelling sur fond de leçons de vie, et un tube ultime, "January 10th, 2014", qui est d'après moi le tout meilleur morceau du groupe à ce jour, relatant l'histoire de Diana The Hunter. Un album plein d'énergie, de vitalité, d'(en)vie, et de beauté. Puis juste, "You Can't Live There Forever". Ce son, pour toujours.






Et enfin, il fallait que je finisse sur l'absolu. Le disque-clé de l'équilibre spatio-temporel. Le Sylvain Durif et le PacificSound3003 de l'industrie musicale (en termes de grandeur cosmique j'entends, car en termes de stabilité mentale, c'est tout autre chose). Mesdames et messieurs, voici le nouvel album des maîtres du jeu, envy : Atheist's Cornea. Y'a 10 ans, tout l'internet punk aurait pété un câble en ayant été tenu informé de ce fait. Aujourd'hui, j'ai l'impression que beaucoup de monde est passé outre, ou s'en est juste foutu. Et c'est fortement dommage, tant ce nouvel opus mérite son heure de gloire. Il faut dire que la promotion de ce disque a été quasi-inexistante ou au mieux très confidentielle : souvenez-vous de ce morceau sans nom diffusé sur un obscur site japonais quelque part entre websérie et art abstrait... Eh bien il s'appelle "Two Isolated Souls", il évoque la grande époque de All The Footprints [...], et il est présent sur ce nouvel album. J'ai écrit une chronique-fleuve de ce LP que je n'ai pas pensé à poster sur ce blog, alors qu'elle est prête depuis des semaines...  Je la mettrais en ligne avant 2037, si tout se passe bien. Bon, objectivement, Atheist's Cornea n'est malheureusement pas si extraordinaire que prévu (et ça me fait extrêmement mal de l'admettre) car il se veut bien trop propret et gâche un peu les intentions de la bande, mais hormis ce caprice, c'est une nouvelle pièce musicale de grande qualité que nous offrent les japonais, quelque part entre leurs racines screamo et expérimentales, et leurs idéaux post-rock et indie. Une synthèse de toutes leurs époques, leur genèse quasi-youth crew en moins, pour un disque qui sonne finalement très atypique. Mais ouais, il manque de cette spontanéité, de cette fougue, qui faisait de leurs premières œuvres d'incroyables morceaux de vie, d'urgence, de fabuleux témoignages d'une époque, d'existences meurtries, sacrifiées pour la musique.




Bisous.

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