mardi 11 février 2014

Chronique : Merge - Elysion


Aaaah je te vois venir jeune garnement, à des kilomètres à la ronde, toi, sous ton t-shirt de groupe screamocrusthardcoresludgedoomsexesanslatex obscur de chez Throatruiner Records, la coupe hitlérienne qui s'hérisse, s'exclamant devant son écran du genre : "Mais putain, pourquoi il parle de ce groupe de poseurs sur le dico de l'emo ?" Bah ouais négro, tu vas lire sur ce site une chronique d'un groupe de post-hardcore "moderne" de mecs qui zonent à Citadium et à Landscape Rockshop, et je suis bien content de te la proposer. Et c'est pas parce que c'est des mecs gentils que je connais plutôt bien en vrai pour certains que j'ai choisi de défendre le skeud, mais bien parce que ça m'a flatté les esgourdes, et aussi parce qu'il m'a détendu parce que je stressais comme un connard dans le train qui m'emmenait voir une de mes meilleures amies a.k.a la plus belle fille du monde, même que c'était un jour de Juillet. Bref, ça on s'en tamponne le coquillard en esti, oublie pour cinq minutes tes clichés sur le metalcore parisien, Our Theory, tout ça, et permets-moi de te présenter un groupe qui en vaut la peine.

Merge c'est quoi ? Tout d'abord, c'est un challenger de taille dans la catégorie "band bashing" (une pratique très parisienne initiée par moi-même et quelques trublions de chez Old Town Bicylette et Gazers, qui consiste la plupart du temps à illustrer/détourner le nom d'un groupe dans un .jpg absurde, comme celui-ci), aux côtés de ATELO/phobia. On a pu notamment voir passer les "olol c vrémen de la merge mdr", ou alors "j'm bokou la verge, eeeuh merge lel". En dehors de ces blagues qui méritent la chaise électrique tout nu et tout mouillé, Merge c'est cinq personnalités bien trempées dont un chanteur, Anthony, qui était le frontman originel de The Prestige. Originaire de Paris, le groupe est un peu sorti de nulle part en 2011 avec son premier EP nommé Transmission. Avec un line-up ayant évolué, voyant arriver Louis (alias El Pimptatoo) à la guitare, Charly à la basse et Kazu qui est passé à la batterie, les parisiens, qui ont réussi en un an à se tailler une petite réputation sur la scène française et même jusqu'en Amérique à force de persévérance, arrivent avec un premier album, Elysion, dont l'histoire est chargée de galères et de mérite. À la hauteur du potentiel du groupe, il ne sombre à la fois ni dans les clichés du metalcore, ni dans la quête du "true hardcore", et pourrait bien faire décoller la carrière des garçons. Récit d'un album que j'attendais de pied ferme...

Elysion, c'est un disque ou ils ne se prennent pas la tête à vouloir être les meilleurs de X ou Y scène, ils sont simplement eux-mêmes, donnant tout ce qu'ils ont dans les tripes et jouant ce qu'ils aiment, pour nous proposer un son aussi frais et catchy qu'agressif et planant. Un disque sincère qu'aura produit un collègue de leur scène, j'ai nommé Nicolas Delestrade (Novelists et ex-A Call To Sincerity, des groupes qui parleront fort bien aux kids qui suivent la scène metalcore), qui a ici fourni un travail de production remarquable faisant ressortir au mieux les différents univers qui constituent Elysion. Ils ont su allonger leurs compositions et mieux répartir leurs influences, comme je l'avais suggéré sur ma chronique de leur EP (oui, je l'avais encensé, oui c'était aux débuts du dico, je vous emmerde et je rentre à ma maison). Le gros bonus qualité de cet opus, c'est la voix d'Anthony, qui ressort justement davantage sur cet album. Imaginez Jonny Craig sans drogues qui aurait mangé un chanteur de screamo éthéré, et vous avez le petit gars (au sens propre comme au figuré) qui se démène comme un beau diable pour vous impressionner par sa puissance vocale et vous faire voyager un peu dans votre esprit, au gré des atmosphères que les instruments dessinent. Parce qu'on a certes affaire à un post-hardcore calibré et produit au millimètre, mais les influences du chanteur sont à chercher chez Glassjaw, Deftones, et dans les cris violents, aboyés, qui sortent des tripes (pensez par exemple à des gars comme Julien de Death Mercedes/Cowards) et celle des guitaristes plutôt chez Thursday, Underoath ou dans le post-rock. Tiens d'ailleurs, l'interlude "Divinia Comedia" ne rappelle-t'elle pas curieusement "Zero" d'Envy ?

L'une des autres raisons pour lesquelles on appréciera cet album, c'est pour le côté humain et spontané qui s'en dégage, qu'on a du mal à retrouver dans ce milieu. Le fait que tout ce que l'on entend n'est pas le fruit d'innombrables retouches venues d'un simple ordinateur, mais bien d'un groupe soudé, passionné, mené d'une main de maître par un bien courageux et tenace Julien (guitare). Il y a bien quelques insertions électroniques, mais pas question d'eurotrance dégueulasse ni de dubstep redondante (j'avoue qu'un petit break à la O-Zone entre deux arpèges, ça aurait été plutôt swaggy pour se donner un côté "Jacky La Déconne"), mais plutôt de légères programmations qui renforcent le caractère froid, astral et saccadé de leur musique. En gros, tu pourras pas casser du sucre sur leur dos parce que ça ressemble à Pierce The Veil ou Asking Alexandria, parce que ça vole bien plus haut. Et bien moins homosexuel. Bien que...

La variété est l'adjectif qui décrit le mieux Elysion. Des accents chaotiques et progressifs de "Wolf's Dagger" (avec Alex de The Prestige en guest, rien que ça) et "Cometa", aux envolées de "Us Against Our Cities" (même que je chante dans les choeuuurs, nananèèèère), en passant par la puissance glaciale de "Joy Illusion" (y'en a un qui a évidemment fait l'erreur de dire Joy Division sur la page Facebook de Merge, en parlant de cette chanson, ben c'était plus fort que moi, j'étais obligé de lui répondre en une image), et le superbe et surprenant final post-rock "Is This My Wish, Is This My Will" (la suite du titre "In Details" présent sur Transmission. Je me rappelle avoir réclamé une version longue de ce titre, mon vœu est exaucé, et je vous raconte pas ma joie quand j'ai découvert ce titre !), il y en a pour tous les goûts ! On navigue entre ambiances atmosphériques, de gros riffs metal et même presque rock'n'roll par moments, ou plus saccadés façon post-HxC, et couplets énergiques soutenus par le chant infaillible qu'il soit chanté ou hurlé.

La, j'en place une pour les rageux du skramz parigot : il est clair que l'on a le droit de défendre le côté TRVE du post-HxC, et à juste titre, mais on ne peut pas leur enlever la qualité du boulot fourni et les comparer à du vulgaire Risecore. Ni même vouloir les caser je sais pas ou, on s'en fout de ça. C'est un disque efficace, accrocheur, puissant, vraiment prenant, et une belle démonstration de force et de maturité. C'est également un album taillé pour le live, là ou la musique du groupe prend le plus de sens. Si vous voulez oublier que vous ne verrez probablement jamais Daryl Palumbo (Glassjaw) sur scène, Anthony réglera votre complexe en live ! Ne soyez pas surpris si vous entendez "Pink Roses" en plein milieu du set du groupe, haha ! Les parisiens n'ont pas loupé le chemin que je leur avait conseillé de prendre pour être au meilleur d'eux-mêmes, et bien leur en a pris... Alors ouais, bravo les gars, vous m'avez fait bien plaisir, et vous avez bien votre place entre Merchant Ships et Metronome Charisma dans mon smartphone.

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