mercredi 31 décembre 2014

Le top album/EP 2014 du dictionnaire de l'emo.



Comme tout le monde, je me prête à la tradition de fin d'année. Et cette année fût extrêmement riche en sorties musicales, et ceux dans tout les domaines ! Tellement riche que, ayant choisi de faire un top 20 LP et un top 5 EP, j'ai également choisi de faire un top 20 des disques qui auraient amplement mérités leur place dans ces deux tops... Eh ouais, carrément. À savoir que mis à part les albums que j'ai illustré en grand avec leur cover, mes coups de cœur de cette année ne sont pas classés par ordre de préférence, je les ai tous autant aimé !

Je vous avoue que cette année, je suis totalement passé à côté de pas mal de choses sur la scène emo, je n'ai que très peu écouté le nouveau Empire! Empire! I Was A Lonely Estate!, je n'ai pas été embarqué dans le buzz autour de The Hotelier, et je n'ai pas suivi non plus l'engouement autour des reformations de The Jazz June et Braid qui en ont tout les deux profité pour sortir un nouvel album... Alors que celles de Mineral et American Football m'ont rendu fou ! Je vais rattraper tout ça en 2015 ! En 2014, j'ai surtout été captif au screamo, au shoegaze, la musique lourde et pesante en règle générale et au post-rock sous plusieurs variantes, et ça se ressent sur mes tops. LE disque qui m'a touché, ému, qui m'a fait hérisser les poils tout haut, c'est Reverie Lagoon: Music For Escapism Only de Seahaven. Ces mecs ont sorti un disque formidable, ou ils se sont entièrement renouvelés, sortant allègrement des codes de leur scène pour sortir un album construit pour faire s'évader, comme son nom l'indique. C'est un disque réussi, bourrés de tubes, d'une maturité étonnante. Mais derrière, il y a également eu beaucoup de disques qui ont apporté quelque chose de nouveau à leur style, avec une personnalité forte, un univers prenant... Je pense notamment à l'orchestre math-pop Audiorama des français de Mermonte, au Still de Nouns, cet arlequin tout foufou sur lequel tu peux retrouver du post-punk, du shoegaze, du 8-bit, de l'emo... Et à Totem des lyonnais de Bâton Rouge, un des meilleurs disques de la scène post-hardcore française depuis bien longtemps. Et puis il y a aussi le S/T de Ravin, l'album screamo qui m'a le plus retourné le cœur, celui sur lequel j'ai plus déprimé avec Another Language de This Will Destroy You, LE disque de "doomgaze" comme ils aiment se catégoriser eux-mêmes. 2014 a été vraiment impressionnante en termes de sorties, une des meilleures années depuis longtemps, en 2015 s'annonce tout aussi conséquente niveau disques qui risquent de poutrer, voyez ma liste d'attentes pour vous en rendre compte ;)

Et vous, c'est quoi vos disques de l'année ? Lesquels vous ont marqué ? Lesquels vous ont déçus ? N'hésitez pas à réagir dans les commentaires !

Bisous, et bonne année à toutes et à tous ! Faites gaffe avec l'alcool, prenez un vieux téléphone tout pourri ce soir si vous passez le réveillon en ville et laissez le smartphone tout beau à la maison, soyez avec des gens de confiance, et prenez soin de vous !

LPs

Seahaven – Reverie Lagoon: Music For Escapism Only




















Bâton Rouge – Totem
Mermonte – Audiorama
Totorro – Home Alone
Sport – Bon Voyage
This Will Destroy You – Another Language
Crows-An-Wra – Kalopsia
Restorations – LP3
Sore Eyelids – For Now
Nothing – Guilty Of Everything
Ravin – S/T
Sorority Noise – Forgettable
Cheatahs – S/T
As We Draw – Mirages 
Nouns – Still
La Dispute – Rooms Of The House
Yob – Cleaning The Path To Ascend
Code Orange – I Am King
Corbeaux – Hit The Head
Pianos Become The Teeth – Keep You

EPs :

Nothing / Whirr - Split




















Old Soul / Nic – Split  
Death Of Lovers – Buried Under A World of Roses  
Gazers / Fleshword / Viscera – Split 
Avion – S/T

Les 20 disques que j'aurais voulu caler dans mon top :

The Tidal Sleep - Vorstellungskraft




















Jessica 93 - Rise
Killeur Calculateur - S/T
Whirr - Sway
Lingua Nada - Goodbye Ally Airships
Plèvre - S/T
Anna Sage - The Fourth Wall
'68 - In Humor And Sadness
Plebeian Grandstand - Lowgazers
Vi Som Älskade Varandra Så Mycket - Den Sorgligaste Musiken I Världen
Full Of Hell - Full Of Hell / Merzbow
Slow Bloom - EP
Xerxes - Collision Blonde
Punch - They Don't Have To Believe
Posture & The Grizzly - Busch Hymns
Lonely Animals - Let This Love Until I'm Gone
Nous Étions - La Manière Noire
Lovechild - In Heaven, Everything Is Fine / Migraine Music
All The Best Tapes - S/T
United Nations - The Next Four Years

Mes attentes pour 2015 :

Man Is Not A Bird, Thrice, Bien À Toi, Caspian, And So I Watch You From Afar, deafheaven, Brand New, Loma Prieta, Touché Amoré, Title Fight, Turnstile, Suis La Lune, Ravin, Revok, Valley, Lingua Nada, Sed Non Satiata, Carrion Spring, Their / They're / There... 

Et j'en oublie sûrement ! ;)

samedi 27 décembre 2014

Avec "For Now", Sore Eyelids fait fuzzer tes feels et invente le twinklegaze.




Ce mois-ci, je vous ai saoulé avec ce groupe. Mais honnêtement, si t'aimes la musique émotionnelle, le shoegaze et l'emo, tu peux pas passer à côté. Sore Eyelids, c'est ce side-project de membres de Suis La Lune et Trachimbrod qui a sorti il y a deux ans un album formidable, qui faisait le parallèle parfait entre le background emo/screamo des membres de la formation, et leurs amours pour le shoegaze et le post-punk. D'ailleurs, Sore Eyelids et Trachimbrod ont sorti un split en 2013, et "Next To Nothing" semble avoir été composée par Dieu. Cette alchimie magique se concrétise à nouveau sur For Now, un disque que le groupe a annoncé avec la plus grande des sérénités à peine un mois avant sa sortie, sûrs d'eux. Seul le label qui les distribuent aux USA, Protagonist Music (le même que pour Sed Non Satiata, desfois que des français résidant là-bas qui passerait sur ce blog souhaitent se procurer leur dernier album et le split avec Carrion Spring à venir sans dépenser le double du prix du skeud en frais de port), teasait un peu dessus. Mais je pense qu'ils sont loin d'être naïfs et savaient que l'attente était très grosse pour le peu de personnes qui connaissent ce trio. Et cette attente est aisément comblée avec ce disque tout beau.

En soi, For Now n'est pas très différent de ce qu'ils font depuis le début, mais la mélancolie semble être montée de plusieurs niveaux dans leurs compositions. Ces 6 morceaux se veulent toujours super entraînants, ça pourrait presque se nommer du twinklegaze t'sais, et y'a quelques internautes qui hésitent pas à employer ce terme pour parler du disque sur les emo-Internets d'ailleurs. Mais t'as aussi le mort quand t'écoutes ça, c'est du spleen psychédélique : Henning (chant/guitare) narre sur ce disque l'histoire d'un mec qui subit des blessures intérieures, des friendzones (mes éternelles copines !), le tout à cause d'une fille qu'il aime à la déraison et dont il se rend compte qu'elle ne ressent absolument pas pour lui ce qu'elle lui laisse croire, et dont il aimerait se détacher pour ne plus souffrir. Et c'est raconté avec une telle peine que tu croirais que c'est le frontman lui-même qui a directement vécu tout ça... Notamment sur le texte de la formidable "Apart", tout en dissonances, en mélodies aussi frissonnantes qu'entraînantes...

"This won't end well, I knew that from the start. I wish this could be something that would last, but then it, it all falls apart and it breaks me in two. My heart's been broken so many times before. Just patch it up and try to move on, try not to think of you."

Sur "Waste", les trois suédois s'amusent à pousser à l'extrême leur délire : toujours plus de riffs sautillants, toujours plus de fuzz, de riffs, de réverb... Faut faire gaffe à l'overdose ! Mais le groupe s'essaie aussi avec le morceau "For Now" à des presque-ballades qui ont plus le bourdon qu'autre chose (histoire d'aller de pair avec les effets de gratte tiens), qui d'ailleurs raconte avec une mélancolie toujours aussi puissante que le dude qui souffre depuis le début du disque veut en finir avec cette fille, pour de bon, pour guérir ses plaies. "I'm so sorry I called you this late, all I wanted to say is goodbye for now. What I tried to explain was so hard. Didn't want a reply just you know that it's over now"... Un titre dont le riff de transition avec le morceau final du disque, "En Plats I Ditt Hjarta" me fout toujours les gros frissons. Un titre qui d'ailleurs nous gratifie d'une outro très calme et ambiante, qu'aurait pu composer Hammock. Des effets de guitare hypnotiques qui sonnent comme du LSD façon Kevin Shields, t'en as toujours, et heureusement, nourrissant avec gourmandise un album déjà riche en mélodies et en explosions.

C'est cette richesse, la spontanéité, la sincérité du truc, et le côté brut de décoffrage de l'ensemble, aussi brut que les sentiments qui en découlent, qui donne toute sa splendeur à ce kaléidoscope musical, qui arrive à point nommé pour faire se décoller les oreilles des emokids de leurs albums de Whirr et Nothing et qu'ils puissent découvrent ce dont ils rêvent tous secrètement sans qu'ils sachent que ce groupe existe. Je ne sais pas si ce disque buzzera plus loin que dans la sphère des fans de Suis La Lune et des sessions d'un soir d'écoutes de groupes obscurs, mais en tout cas je trouverais ça dommage que ce disque tombe dans l'oubli, tant c'est un témoignage de vie fort et un essai musical consistant et intense. Viens donc pleurer un bon coup en écoutant un mec te raconter ce que t'as vécu au moins une fois dans ta vie, histoire de te rappeler que t'es pas seul mon copain, et que le shoegaze, tout à fait paradoxalement pour le coup, peut être joyeux... Au même titre qu'un bon disque d'emo moderne.

Notons le superbe travail de Stéphane Tartelin, illustrateur français s'il vous plaît, qui a réalisé l'artwork de For Now. Il a entre autres travaillé sur les artworks de Riala, et sur le design du meilleur t-shirt du monde.

Bisous.


mardi 23 décembre 2014

OK, Man Is Not A Bird se met maintenant à gazouiller, et veut me tuer d'impatience.



Je l'aime bien cette photo d'eux, ça fait un peu thug gentillet, puis Valentin (guitare/chant) te fait le logo de son groupe avec ses mains, me rappelant un petit instant de rigolade que j'ai eu à ce propos avec lui et une pote qu'on a en commun lors de leur dernier concert à Paris avec Bien À Toi et un groupe de black metal/coldwave plutôt cool en soi mais ou une nana jouait avec des lunettes de ski, un élément de style qu'on appelle "steam punk" chez les kids, mais qui ne doit pas se porter plus bas que les yeux une fois passé le cap des 16 ans et de ta période visual kei. Genre vraiment.

Tu as connu le Man Is Not A Bird enjoué, ensoleillé, ces dudes tout timides qui te jouaient un post-rock mathy dans les petits bars-concerts parisiens en première partie de groupes de hardcore ou d'emo ? Bon, eh bien maintenant tu vas connaître le même groupe timide dans les mêmes concerts, mais jouant quelque chose de bien plus obscur et avec bien plus de professionnalisme qui finalement vise bien plus haut que de jouer dans un bar au milieu de clients paumés qui cherchent les chiottes. Mesdames et messieurs, voici désormais un nouveau groupe de shoegaze français !... Enfin presque.

D'entrée, je vous rassure sur un point : non les petits potes, Man Is Not A Bird n'a pas perdu son âme, je vous le promets, on ne passera pas non plus de l'hirondelle au corbeau. Le premier album Survived The Great Flood sera une parfaite alchimie entre un shoegaze pesant, mélancolique et rêveur inspiré de la nouvelle vague du style que représentent Nothing et Whirr, et leur post-rock anguleux et spatial lui inspiré entre autres par And So I Watch You From Afar et leurs amours issus de la scène emo (histoire d'appuyer cela, le second guitariste Julian joue également chez Valley). Le soleil brillera encore sur leurs compositions même si des averses vont s'inviter. Ce disque sort en Mars 2015 via Splendid Records, les pré-commandes commenceront début Janvier 2015, et J'EN AI MARRE DE L'ATTENDRE. Sérieux, déjà avec le single "The Sounds Of Spring" et le petit bout de "La Tendresse" dévoilé il y a peu, y'avait de quoi être impatient. Puis à chaque fois que j'entends les nouveaux morceaux en live, ils me rendent fous, les garçons ont franchi un nombre de niveaux incalculables depuis leur EP Restlessness. Mais chaque mois, l'album est justement repoussé d'un mois... Dites-vous qu'à la base, il devait sortir en Octobre dernier le bordel... Mais là normalement, ça sort VRAIMENT en Mars. MARS PUTAIN. Et puis info utile, pour ceux comme moi qui ont participé au projet Ulule qu'a lancé MINAB pour aider au financement de l'album, les disques sont partis au pressage, et on devrait recevoir ça un peu plus tôt comme c'était convenu. Mais histoire de nous faire patienter, il y aura bien des choses qui sortiront avant, mais chut, je ne dirais rien, c'est aux petits gars de faire le boulot. :)

"D.I.P", premier titre extrait de cet album tant attendu, dévoile donc une face carrément plus mystérieuse et fantomatique de la musique des parisiens, qui se laissent ici complètement absorber par le fuzz et des atmosphères lancinantes, aussi planantes qu'un bon trip (ce qui constitue un peu l'une des bases du shoegaze jeu à la base), qui laissera se découvrir dans ton paysage imaginaire et dans ton train des couleurs violacées tirant vers le noir et le blanc. Et surprise, il y a du chant sur ce morceau. Il y aura par-ci par-là quelques parties chantées de la sorte sur l'album, mais MINAB restera avant tout instrumental. Allez, laissez vous vous noyer en attendant de découvrir des cieux plus lumineux vers lesquels les oiseaux n'oublieront pas de voler, papa Noël viendra te tirer des eaux parisiennes façon Alerte à Malibu avec sa belle combinaison et son corps grassouillet tout mouillé, sexy non ?

Bisous, et un chaleureux "joyeux Noël" à toutes et à tous, soyez heureux, passez tous un beau moment avec votre famille, vos potes, faites attention avec l'alcool, restez dormir sur place si vous êtes raides, c'est plus drôle de vomir dans les WC des autres que de mourir. <3


dimanche 21 décembre 2014

Killeur Calculateur : ce nom ne veut rien dire mais on s'en fout, leur musique est incroyable.


J'adore ce genre de moments ou tu découvres au plus grand des hasards un groupe qui te parle pas du tout rien que par son nom et l'artwork de son disque, et qu'en fait tu te prends une putain de mandale. C'est ce qui m'est arrivé avec ce putain de groupe qu'est Killeur Calculateur, sorti du trou de cul de l'Asie : la Malaisie, soit le pays que tu connais seulement parce que y'a la Formule 1 qui y passe chaque année.

Je les ai découvert il y a une semaine avec leur premier album nommé Book Of Flags, dont les vinyles édités en 300 exemplaires sont déjà sold-out après un mois de vente. Mais apparemment, c'est voué à être repressé... J'espère, parce que j'en veux un. Leur musique est totalement atypique, elle se veut dansante, les pieds sur des braises ardentes. Pour se faire une idée de comment ça sonne, faut s'imaginer une fusion entre Interpol, Fugazi, et Raein dans leur période "Sulla Linea". Et puis voilà, t'as ton album de folie. Ça commence avec tendresse et mélancolie sur "Red Marquee", qui te fait tout d'abord croire que tu vas entrer dans un album de skramz à la Lonely Animals ou Suis La Lune. Mais en réalité, ça va aller beaucoup, BEAUCOUP plus loin que ça. Déjà, dès "Golden Triangle", des mélodies intelligentes entre math et indie pop se glissent dans le screamo saccadé et éthéré de la bande. Des iinfluences qui vont aisément s'installer au fil du disque... Mais attends, tu sais quoi ? Ces mecs sont également capables de faire une track mêlant post-punk et funk, sur la justement nommée "Funk Facts" sans que ça devienne du The Gossip et que ça perde de son feeling emo. Et ça rend hyper bien ! Sur des morceaux comme  "Ghost Of Regret" ou "Mess History", on tombe sur un post-hardcore un peu plus traditionnel, mais pas moins original et tendu comme un string, et qui pour le second que j'ai cité fait d'ailleurs pas mal penser à Daniel Striped Tiger. D'autres comme le détonnant final "Good Things Don't Last Forever" sont de véritables arlequins, naviguant entre diverses humeurs, diverses influences musicales,  diverses émotions. Avec derrière tout ça, des messages forts, teintés de colère, d'envie de changement, de besoin de révolte.

Is it a crime to rule out the standards? Is it a standard to be ruled? From hate to migrate, disrupt normal perspective or common alternative. No instigator, no belief to reason. The world is calling at the doorstep, departing, leaving, come what may, the ghost of regret lives forever!

Cet opus n'est pas vraiment facile à décrire au final, mais il est aussi intense que complexe, aussi varié que consistant, il n'y a jamais un seul putain de moment ou tu t'ennuies, c'est impossible. C'est sans blaguer l'un des meilleurs disques de 2014 sur la scène alternative, et je le découvre à deux semaines de la fin de l'année, va falloir chambouler ma end-of-the-year list, tsssss. Mais vraiment, c'est l'une des grosses sensations de cette fin d'année, et même au-delà. J'espère sincèrement que le groupe va se faire connaître plus loin qu'en Asie, car ils apportent un vent de fraîcheur qui fait du bien sur cette scène. Et j'espère également que vous accrocherez à ce disque autant que moi.

Bisous.


jeudi 18 décembre 2014

Des traits partout et une référence nordique : UTØYA c'est soit hipster, soit forcément bien.


Pour répondre au titre de l'article, je pense que les deux possibilités se rejoignent avec ce groupe. Laissez-moi vous présenter messieurs dames UTØYA. Ce quintet se contente tout simplement de jouer une musique à l'image de leur Bretagne : triste. Mais nous (par nous, entends moi et toi), comme on est maso, on aime la musique triste, et encore plus quand c'est du post-rock. Donc voilà, ce groupe vous plaira forcément.

Issus de formations tels que les Furs, Kaiwone et notamment Dead Sailors dont vous connaissez pour certains mon dévouement, les musiciens nous délivrent ensemble une musique instrumentale pesante, lancinante, mais qui veut tout de même nous permettre de voyager, sûrement jusqu'à cette petite île norvégienne d'où le groupe tire son nom et qui illustre en elle-même les contrastes sonores qu'offre la formation Vannetaise : elle se veut autant être un petit havre de paix glacé qu'un sinistre autel, soit l'un des lieux clés de la fusillade du 22 Juillet 2011 perpétrée par Anders Breivik, tu sais, ce blond qui aime pas les arabes et qui aime Burzum, le beauf raciste de base en fait, je comprends pas qu'il se soit pas encore fait buter lui.

Un premier EP doit sortir début 2015, et pour teaser cela, le groupe a décidé de sortir une session live d'une de ses pièces illustrant relativement bien ces caractéristiques, un morceau nommée "III". Ça plaira notamment à ceux qui aiment Mogwai ou This Will Destroy You. C'est tout débutant et y'a des choses à travailler et du relief à grossir, mais c'est déjà suffisamment bien exécuté pour nous transporter...

Vous pouvez écouter et visionner cela juste en-dessous, c'est juste de l'amour et du bon son. Et puis comme ça vous pourrez entendre autre chose que des trucs en rapport avec des bateaux, des poissons et Nolwenn Leroy, venant de leur bled. Faut les soutenir, c'est pas facile pour eux d'être bretons t'as vu.

J'allais dire "bisous au caramel salé", mais j'en ai plus.


lundi 15 décembre 2014

Avec Corbeaux, attends-toi à un vol en rase-mottes qui raclerait les montagnes.


J'ai découvert Corbeaux y'a pas si longtemps que ça avec Terrain Blanc. Ça sonnait bien, ça oscillait entre post-rock tranquille, math-rock coolos, relents metalliques qui alourdissait l'ensemble, et des quelques envolées de rigueur dans le post-rock jeu. Mais c'était leur premier disque : ça manquait de puissance, ça aurait pu être plus captivant encore, ça se sentait du travail devait être apporté sur la composition en règle générale. Un travail qui a commencé à porter ses fruits sur leur split avec Volte Face, que m'avais sur-vendu un pote. Là, leur son avait commencé à prendre de la bouteille, à gagner en force et en singularité, et d'ailleurs, ils y ont fait une bien belle interprétation du "28 jours plus tard"... Et puis il y a Hit The Head, ce nouveau disque sorti trois ans plus tard. BADABOUM, les jeux sont faits, changement total de la donne ! Corbeaux porte désormais mieux son nom que jamais... Explications.

Corbeaux est désormais devenu ce qu'il a toujours été dans son état naturel, en dehors d'un nom propre : un oiseau de mort, mystérieux, troublant, de mauvaise augure. Un animal sauvage, intrépide, ténébreux. Il nous survole de son aura sombre tout le long de ces échappées tumultueuses, le long de ces vallées périlleuses, instables, brinquebalantes. Tout ce qu'évoque Hit The Head, c'est les gravas. 6 amoncellements de roche coupante, 6 chemins graveleux, que racle l'oiseau furieux en rase-mottes, au péril de sa vie. Chaque titre sonne comme une avalanche, chaque larsen sonne comme le gravier qui se soulève quand tu trébuches sur ces chemins abruptes. Alors que le post-rock a souvent tendance à t'emmener sur les neiges éternelles avec grâce et sérénité, il s'agit ici de les rejoindre avec violence, et une certaine bravoure.

Des terres rocailleuses ouvertes par un "Cran D'Arrêt". tu te figes devant ce paysage fracassé qui semble éclairé d'un soleil blafard, te demandant ou te mènera cette escalade. Et tu fonces, tu te lances dans cette ascension qui te brûle les mains sur cette roche lourde, alors que petit à petit le ciel s'assombrit. Puis la roche s'érode violemment, t'entraînant dans une chute vertigineuse. Tu te cognes, tu trébuches. Tu te relèves, tu retombes à nouveau, la roche se fait plus coupante et friable encore. Mais en tout bon aventurier, tu es protégé, harponné, et tu veux continuer malgré tout. Mais fais attention, l'oiseau mortuaire guette tes pas, espérant pouvoir te voir sombrer au fond d'un ravin et se délecter de ta carcasse. Ton périple ne fait après tout que commencer... Plus tu avances, plus l'ascension est douloureuse. L'aventure devient "La Bagarre". Une bagarre pour tenir la cadence et la souffrance. Des éclairs explosent dans ce ciel devenu chaotique, ceux qui finiront paradoxalement par éclairer ton chemin, et te donner une force supplémentaire pour gagner la bataille. Et tu finis par cavaler, emporté par une énergie foudroyante.

Sans trop que tu saches pourquoi, te voilà désormais sur la "7th Avenue". Une allée bien plus douce, à l'atmosphère bien plus sereine. Comme si c'était une pause dans cette épopée que tu t'es lancée. Une echappée plus calme, ou la roche devient neige, ou le noir devient bleu orangé. L'aurore tombe alors que le noir poisseux des cieux orageux se meurent. La nature est reconnaissante de tes efforts pour ta survie, ton courage, te voilà désormais contemplateur d'un paysage lointain, qui te redonne encore un peu plus foi pour avancer, pour ne jamais renoncer. Les dernières érosions sismiques se font ici introspectives, faisant plus vibrer le coeur que le sol... Mais tu dois te rappeler que tout cela ne fait qu'annoncer la nuit, qui tombe petit à petit sur cette avenue...

Une obscurité qui te renverra à ta réalité, que plus que jamais, ton équilibre et ta détermination tiennent "Sur Un Fil". Un fil décousu par les frottements de la pierre au rythme de tes pas sur ces liens fragiles, que la tranquillité fourbe de la nuit semble consolider malgré tout. Malgré tout, tu sembles trouver l'équilibre, une certaine forme de sérénité, dans ce qui semble ne plus être aussi sombre, malgré les quelques bourrasques qui surgissent. Les cassures sont toujours douloureuses, mais n'empêchent pas la légèreté de s'imposer, de t'enivrer, sur quelques petites escapades ou surgissent quelques étoiles filantes dans le ciel. En regardant ces étoiles, te voilà perdu, ton esprit disparaît, transporté vers ce paysage spatial... "Where Is Dave?"

Il est dans l'espace, là ou le temps n'a plus d'emprise, la ou le poids n'est rien, ou la vie n'en est pas beaucoup plus, ou tout s'oublie, ou tout se rêve. Finalement, derrière tout cet abyme se cachait la renaissance, l'évasion. Tu sais quoi ? Tu es arrivé au sommet. Tu as gagné la bataille contre ces massifs. "Ezimpurkor" est le point final de cette quête, de cet acharnement. Au bout de laquelle tu cries toute ta rage, pour te libérer, aussi fort que l'est la montagne, histoire que l'écho de tes maux arrivent jusqu'aux astres que tu contemples une dernière fois dans cette sérénité de bout de nuit, avant d'hurler...

Ouais, je vous ai raconté ce disque d'une manière bien particulière, quelque peu abstraite, mais ce disque ne s'écoute pas, il se vit. Je ne pensais pas ressentir quelque chose d'aussi fort à l'écoute de cet album, et pourtant... La production assurée par un Amaury Sauvé dont le talent n'est plus à prouver, ainsi que le mastering assuré par la valeur sure Magnus Lindberg (Culf Of Luna), mettent tout deux en relief un disque vertigineux, jouant avec nos nerfs et notre cœur. Vous l'aurez compris, c'est le disque le sombre et le plus abouti des garçons, délivrant un post-rock torturé et sinueux au possible, aux influences hardcore punk et progressives sensibles. Cet album semble malheureusement assez court, mais est-ce qu'il aurait eu le même impact si il était plus long ? Pas sûr. Un voyage bien mouvementé, que tu aimeras sûrement si tu aimes Bien À Toi mais que tu trouves que ça manque d'explosions soniques, ou que tu aurais été curieux de savoir ce qu'aurait donné Home Alone de Totorro si il aurait été plus sombre. Il ne te reste plus désormais qu'à te lancer, à partir à la découverte de cette soundscape tumultueuse et imprévisible, mais pas moins belle. Belle dans l'audace, et belle dans sa dureté.

Bisous.


mercredi 3 décembre 2014

Sur "For Now", Sore Eyelids va encore te prouver que mélanger emo et shoegaze est une évidence.


C'est quasi-impossible de trouver une photo de Sore Eyelids sur les Internets, alors voilà leur photo de profil de leur page Facebook... Oui bon, on voit rien, c'est lo-fi, mais c'est trve shoegaze, pas vrai ?
Puis au pire, on s'en fout un peu. Le meilleur groupe d'emo shoegazé au monde va sortir un nouveau disque le 16 Décembre. Il s'appellera For Now, et fera suite au fabuleux S/T sorti deux ans avant, ainsi qu'à un split non moins génial avec leurs compatriotes de Trachimbrod. Deux titres issus de cette nouvelle galette ont été postés hier (sachant que quand je poste cet article, on est le 3 Décembre) pour teaser le bonhomme, et ça suit avec discipline et grâce le chemin tracé par le précédent disque, en un peu plus mélodique encore me semble-t'il. 

Le chant de Henning (également à la guitare) se veut parfois plus mystérieux et sombre encore qu'à l'accoutumée, à tel point qu'il devient dur d'accrocher à celui-ci, notamment sur le titre "For Now". Mais sinon, y'a pas à dire, ce sera sûrement du Sore Eyelids grand cru. On garde cette forte sensibilité noyée dans le delay et la réverb, en poussant encore un peu loin le côté mélodieux et catchy du son des suédois, et en gardant les érosions soniques arrache-oreille et arrache-cœur, autant héritées des papas de chez My Bloody Valentine, que du projet principal de Henning, ni plus ni moins que Suis La Lune, soit l'un des patrons du skramz game. Et c'est tout ce qu'on aime chez eux, au final.

J'ai pré-commandé le disque 5mn après que les liens de pré-commande ait été posté en ligne par l'un des labels qui participent à la sortie de celui-ci, et ça va être bien dur d'attendre un mois de plus pour pouvoir l'écouter. Les deux singles s'écoutent juste en-dessous, et puis tiens, For Now nous fera patienter tranquillement jusqu'à la sortie de l'EP 4 titres que Suis La Lune a déjà enregistré et qu'il va sortir en 2015 chez Topshelf Records... LA HÂTE PUTAIN.

Bisous avec des morceaux de Krisprolls.



lundi 1 décembre 2014

Je l'avais prédit : avec "Hyperview", Title Fight va faire du shoegaze.


Les collègues de la rédaction d'AlternativNews m'avaient charrié quand je leur avais sorti ça. Mais sérieusement, c'était quand même putain de flagrant quant tu faisais attention à tout ces trailers que Title Fight mettait en route sur son site Internet depuis un mois ! Déjà que sur Floral Green et l'EP Spring Songs le groupe montrait un amour fort pour ce style et pour le grunge (et encore, même sur les sorties antérieures y'avait des sonorités semblables de temps à autres), le nouveau single "Chlorine", issu de l'album Hyperview à paraître le 3 Février 2015 chez Anti- Records, semble nous faire comprendre que les américains se sont complètement abandonné à tout ce qui se faisait de meilleur dans le rock alternatif des 90's, bien loin de leur melodic hardcore sautillant originel, mais toujours aussi prenant... Merci les gars, grâce à vous mes talents de divination sont désormais avérés.

Ce single laisse se découvrir un chant toujours sensible mais plus vaporeux encore que sur les deux précédents opus. Jamie (chant, guitare) suivant délicatement les nappes de guitares hypnotiques et aquatiques, tout autant que le clip lié à ce titre qui se déroule en mer, un clip visible ci-dessous, avec également la tracklist de l'album. Ça sonne trouble, tu te noies sans trop que tu fasses attention dans ces effluves de riffs tantôt éthérés tantôt frontaux, bien que légèrement moins lourds que ceux de Floral Green...

Si l'album sonne ainsi, il y a fort à parier que non seulement il agenouillera les fans qui les ont suivi jusque là, mais il saura également séduire un nouveau public très difficile à convaincre : les shoegazers. Mais il ne faudrait pas que le groupe perde son identité de base, ce serait dommage. Vivement le 3 Février pour le verdict final ! Par contre les petits potes, OK ce single est très cool, OK j'ai très hâte d'écouter cet album, OK le t-shirt tie & dye est swaggé soin, mais sérieusement...


POURQUOI ??


01 Murder Your Memory
02 Chlorine
03 Hypernight
04 Mhrac
05 Your Pain Is Mine Now
06 Rose Of Sharon
07 Trace Me Onto You
08 Liar’s Love
09 Dizzy
10 New Vision

L'album se pré-commande par ici, tout comme le t-shirt tie & dye et cet horrible survêt'.

Bisous.


Ces gens qui vendent des disques de punk à 100€ doivent mourir.

zoom sur l'image pour bien voir les prix et te brûler les yeux.


Y'a quelques jours, je me balade sur Internet pour voir si il y a encore moyen d'acheter l'un des meilleurs disques de punk venu des Yvelines : À La Dérive, de Belle Epoque, également l'un des meilleurs groupes de screamo français. Ce disque a une valeur presque sentimentale pour moi, car non seulement c'est un groupe qui me touche et me fait frissonner, mais c'est aussi parce que les mecs ont enregistré leur disque dans le désormais défunt squat de la Miroiterie, et qu'ils sont originaires de Versailles et de Vélizy (à quelques kilomètres à peine de mon ter-ter), autant dire qu'ils viennent presque de chez moi. À l'époque ou c'est sorti, y'a 7 ans, tu pouvais le trouvais à 7€, au grand maximum 12€ chez les disquaires de Paname. Jusque là, c'était normal. Mais aujourd'hui (à l'heure ou j'écris cet article), quand tu veux t'acheter cet album, tu dois t'affranchir de minimum 100€ hors frais de port. Non mais sérieux... SERIEUX.

C'est quoi ces mecs qui arrondissent leur fin de mois en se servant de la passion de punxs sûrement pas beaucoup plus riches que ces revendeurs malhonnêtes ? Comment est-ce que tu peux te sentir bien en bafouant autant l'éthique de ta scène (c'est même pas une question de codes au final, mais de respect des groupes et du public) pour te remplir tes poches ? Sur quelques LP de groupes de hardcore de chez nous, les mecs disent bien que leurs disques ne doivent pas être revendues plus chers qu'une certaine somme, rarement plus de 10€, comme l'illustre ce papier lyrics d'un LP de Carther Matha. Ceux qui vont te revendre ces disques 10 fois plus cher vont te dire "ouais mais c'est ça le collector mon pote, c'est des séries limitées, c'est normal que ça prenne de la valeur". Mais attends, on parle de punk ou de beaujolais là ? Si tu revends un disque 10€ plus cher que la valeur originelle du disque, ça va encore, bien que ce soit encore discutable, mais le faire monter à desfois plus cher que les charges de ton loyer... C'est un peu beaucoup se foutre de la gueule du monde. Y'a aucune justification à appliquer un prix aussi élevé à un art aussi marginal, spontané, avec des valeurs fortes contre tout ce qui touche à l'argent, la seule que tu peux trouver, c'est assumer que tu te fais de l'argent facile et malsain. Y'a 3 ans, t'achetais l'EP Cottbus de Birds In Row à prix libre à leurs concerts. Aujourd'hui, c'est pas en-dessous de 30 balles sur les Internets. wut ?

J'arrive pas à concevoir qu'un disque de punk se marchande de la sorte, alors que quel que soit les sous-genres qui ont découlé de cette scène, tous se réunissent sur un point : l'argent c'est de la merde. Enfin, du moins dans l'utilisation qu'il en est fait en règle générale, parce que tu diras moins que c'est de la merde si un mec illuminé te tend au milieu d'une gare très fréquentée un sac plastique rempli de liasses de billets de 500 palots comme ça m'est arrivé un jour ou j'allais faire mes courses, tu sais ce 21/12/2012 ou on était tous censés crever en se recevant des tonnes de trucs cosmico-religieux sur la gueule. Et tu sais quoi ? Le type me paraissait tellement chelou que j'ai refusé ses billets. Ouais. Bref, vendre des galettes de ponque aussi cher qu'une platine pour les lire, c'est les vider de leur message et de leur vraie valeur. Le pire, c'est que t'as du mal à résister, tu finiras au moins une fois dans ta vie à acheter ces disques, parce que au-delà de l'aspect financier, ben tu l'aimes ce disque devant lequel tu baves derrière ton écran, et tu sais que y'a une chance sur deux de plus jamais le retrouver en vente après... Ca m'est arrivé deux fois de céder, c'est vrai que je suis bien content d'avoir ces LP à la maison aujourd'hui, mais ça me fait toujours un peu bobo coeur d'avoir autant allongé de pépettes pour un opportuniste qui a profité de mon dévouement pour les deux groupes dont il est question avec ces albums. 

T'imagines, un jour tu croise le mec à qui t'as acheté le LP de son groupe à 10 balles, tu lui dis que tu l'as revendu à 100, tu crois pas qu'il va te tirer la gueule ? Tu remettras totalement en cause l'intégrité et les principes de son groupe avec ton avarice, et t'auras sûrement aucun scrupule, et ça, ça me débecte. C'est peut être un caprice d'un mec qui pourra jamais chopper un LP de Belle Epoque en dessous de 50€ ce que j'écris là, mais l'occasion était trop belle pour me permettre de cracher sur ces voleurs. Y'a bien des chances que des copains qui ont déjà fait ça sur quelques uns des LP qu'ils mettaient en vente passent par là, donc ouais les amis, je suis pas du tout d'accord avec cette pratique-là, même si je vous aime. Après, tu as ceux qui vendent des disques aux enchères, généralement des labels, mais dont les recettes sont reversées à des associations qui défendent les animaux, divers droits de l'homme, et j'en passe. Là, c'est un peu différent. Les mecs qui achètent ces disques savent que leur argent sera (en principe...) reversé en totalité à des structures caritatives, alors ils donnent des sous avec plaisir, car c'est du double action : T'as un skeud que t'aime d'amour, et tu soutiens une bonne cause. C'est un peu plus punx dans l'esprit, je trouve ça cool.

Malheureusement, on arrêtera jamais ce business du LP plus cher à chaque année qui passe, et ça compte pour tout les styles musicaux. Ma complainte va sûrement pas servir à grand chose, mais j'espère avoir au moins réussir à mettre mal à l'aise les quelques personnes qui participeraient à ce business qui passeraient par là, et les faire réfléchir un peu. Toi aussi, revendeur peu scrupuleux, tu as été un kid en galère de thune qui a pleuré en voyant le disque de ton groupe préféré bien plus cher que son prix de base en te disant que t'aurais pu l'avoir 5 ans plus tôt en tendant chaleureusement un petit billet saupoudré d'amour et de joie à l'un des membres de ce groupe et lui montrer que t'aimes sa musique et que tu le soutiens.


Paye le juste prix mon copain.


Non, pas bisous, que des crachats.

samedi 22 novembre 2014

Un mec est en train de faire renaître le concept du piano/screamo.


Le gars que vous voyez hurler sur cette photo avec son groupe Après La Chute (screamo from Metz plutôt cool qui s'écoute par ici), c'est celui qui a compris que le concept de pianoter et gueuler en même temps peut être un art aussi cathartique que noble, et qui surtout se doit de rester dépouillé pour garder sa fragilité précieuse, chose qu'à oublié My Own Private Alaska avec son bien trop superficiel Amen, après avoir enregistré un EP d'une intensité rare et qui n'allait pas plus loin que cri/batterie/piano. Le garçon dont il est question aujourd'hui, il s'appelle Franky. Et lui, il joue sur un VRAI piano (un Scholze), pas sur un clavier, et c'est ça qu'est bon. Il synthétise en gros ce dont je rêve de pouvoir réaliser moi-même, pour ne rien vous cacher... Enfin, à défaut de savoir jouer du piano, je serais juste au chant.

Ses compos, il les hurlent en français, et elles sont écrites dans un style bien "french screamo" : entre spleen sentimental et critique de la société, le tout crié avec passion. Les notes de piano sonnent comme les accords de guitare d'un morceau de skramz... Mais dans tout ça, il manque d'un truc. Je me suis d'abord dit que ça manque de percussions. Mais j'ai peur que cela étouffe l'instrument principal, qui en temps normal n'a absolument pas besoin d'être accompagné tant sa prestance et sa puissance sont grandes. Puis j'ai finalement trouvé ce que ça peut-être : la production. Un piano, ça a un son lointain, profond, ça résonne fort. Et la, cette prod ne semble pas réellement mettre en valeur l'instrument... C'est ces caractéristiques qui ont besoin d'être plus mis en avant, pour nous envoûter encore plus, pour mettre en relief ces mélodies qui peuvent être plus salvatrices et éthérées encore que peuvent ne le sortir une guitare pleine de fuzz branchée à 36 pédales d'effets. D'ailleurs, je suis ultra-fan de la manière dont le piano sonne sur l'intro de "Les Ruines De La Cité", cette espèce de réverb'...

Et y'a aussi le cri. Il m'a l'air plus metal que screamo en fait. Franky arrive à sortir une gueulante comme je les aime sur "Post-Mortem"... Ou alors c'est peut être le fait qu'il soit plus "lointain" que sur le restant du skeud ? Mais sinon, ça me fait parfois un peu trop penser à des vocaux black metoool. Mais ça n'enlève rien au quota d'émotions qui ressort de tout cela, rassure-toi. Je peux sûrement pas demander au mec de changer sa manière de chanter, mais disons que j'me suis fait mon idéal en tête, et de voir qu'un mec le touche du doigt et qu'il manque encore deux/trois trucs pour aboutir à la perfection, c'est frustrant, t'as vu. Puis même, le chant parlé qu'il adopte sur l'intro de "Post-Mortem", ou sur "Un Chemin Chaotique", ça serait chouette qu'il y mette plus de détresse. Sois plus en colère, Franky !

Maintenant, je te laisse juger tout cela, toi, lecteur/lectrice impitoyable. Je te laisse décider si ça te prend suffisamment aux tripes, si ça te marque autant que ça a pu m'intriguer. Le dude a encore besoin de bosser son projet, d'affûter ses armes, mais la base est déjà fichtrement intéressante. À lui de nous bluffer à l'avenir. J'ai confiance...

"Alors je marche dans les ruines de la Cité, j'ai beau vouloir y croire mais plus rien ne tient.
La décadence est amorcée et la masse tient bon pour l'instant, mais aucun empire n'est éternel, 
Et imposer l'uniformisation par la peur ne me semble pas une solution.

Mais l'humain est tel le cours du blé; plus il y en a moins l'unité n'a de valeur, 
Alors à quoi bon vous cacher derrière des valeurs humanistes, 
Il suffisait de refuser de marchander la Vie, mais tout est question de pactes économiques."


Bisous, et quitte à écouter du piano, mets-toi à écouter du Chopin.


mercredi 19 novembre 2014

Plaids : Ou comment garder au chaud le Revolution Summer.



Je vous parlais il y a quelques jours de Xerxes et son second album Collision Blonde qui ravive la flamme d'un D.C hardcore un peu oublié sur la scène emo ces derniers temps. Eh bien il semblerait vraiment que la tendance s'inverse. À une semaine de leur concert à Paris, j'ai le plaisir de vous faire découvrir Plaids. Ce groupe, c'est quatre britanniques qui ont sorti un album éponyme au printemps dernier, leur premier full-length, après une pelletée de splits (dont un avec Football, etc) et de démos. Une catapulte qui nous propulse 25 ans en arrière.

C'est délibérément inspiré par le post-hardcore roots des caves de Washington, c'est ultra-dynamique, et il y a même pas mal de plans math-rock qui rendent encore plus énergique et enjoué la musique des anglais, jouant presque avec abus du contraste lumière/ténèbres (l'exemple de "twenty-four" est flagrant). Il y a également des tracks plus traditionnelles mais pas moins puissantes, comme "twenty-six". Ce premier LP, c'est comme si le temps s'était arrêté à la fin des années 80. Les garçons distillent un punk rock aussi détonnant que dissonant, parfois plutôt dur, qui expérimente à tout va comme à la grande époque, et teinté de ces mélodies chaleureuses qui caractérisent le mouvement musical que représente Plaids à la perfection. 

Rien ne se ressemble vraiment, chaque piste a son petit riff, sa petite ambiance qui la rend unique et prenante. C'est à ne surtout pas rater si vous aimez les métronomes musicaux effrénés mais toujours sensibles. Tiens, vu qu'elle repasse dans mes oreilles lorsque je rédige ces lignes, "nineteen" va d'ailleurs plaire aux fans de Tiny Moving Parts... Il me tarde réellement de les découvrir en live et de voir si ils peuvent être aussi fous que l'étaient leurs aînés Rites Of Spring. Allez m'écouter ça, et guinchez, cher(e)s punxs !

"I want to speak, I want you to speak, OPEN YOUR MOUTH !"

Bisous.


lundi 17 novembre 2014

Miles Oliver : Le Dead Projet est mort, vive la folk éthérée.



L'une des activités préférées des musiciens officiant dans le hardcore, c'est de lancer des side-projects folk. Et très souvent, ça vaut le coup : Alcoa, Throw Me Off The Bridge, This Is Me, Said Goner... Et tant d'autres. Parmi eux, il y a un dude que je connais depuis plus d'un an et que je croise de plus en plus souvent aux concerts parisiens. En vrai, on l'appelle tous Flo. Il jouait à la base dans le groupe Le Dead Projet, qui fût jusqu'à son split l'an dernier l'un des tout meilleurs groupes de la très vaste étiquette post-hardcore, sur la capitale. Après tant d'années passées à bouffer de la route, à jouer dans des squats et des cafés-bar dans la frénésie et l'euphorie d'un public encore vivant dans ce milieu, à déverser des kilotonnes de colères et de dissonances, quand ses collègues sont encore partis sillonner la route et balancer des séismes soniques (le frontman Ben a fondé No Place Like Road juste après la séparation du Dead Projet, et même pendant si tu veux tout savoir), il a choisi de se poser, tout en continuant de jouer de la musique, chose qu'il n'arrêtera probablement d'en jouer... Et même si c'était le cas, il ferait encore jouer des groupes via l'asso avec laquelle il bosse, Old Town Bicyclette. Flo, c'est donc maintenant Miles Oliver. Et sur Facebook, c'est encore quelqu'un d'autre... Je vous rassure, il n'y a aucun cas de schizophrénie ni chez le bonhomme ni dans ses textes.

Désormais seul avec sa guitare, mais toujours accompagné de son pedalboard et de ses t-shirts de groupes obscurs, il vient de sortir son premier album, Breathe. Pour l'avoir déjà vu deux fois en live, je savais que sa musique avait l'air très personnelle, chantée d'une voix sensible, forte mais teintée d'une fragilité qui touche au cœur. Ces caractéristiques, on les retrouve aujourd'hui à ma grande joie sur ces 9 titres, tantôt dépouillés et à fleur de peau, tantôt riches en instrumentations. C'est peut-être parce que je suis obsédé par ce que j'écoute en temps normal ou que ma culture en musique folk est nulle, mais j'ai l'impression que sa musique sonne comme une version acoustique d'un groupe de skramz : les mêmes sonorités, les mêmes rythmes de guitares, mais avec bien plus de douceur et de tranquillité. Breathe s'ouvre avec "Curtains", qui commence avec le son d'une horloge qui tourne. Là ou pourtant, le temps semble s'arrêter lors de ses complaintes aussi tendres qu'éthérées. T'as un cœur à peu près équivalent à celui de Anders Breivik si il ne ressent rien sur "The Sandman", ou sa voix se fait parfois très caverneuse, laissant s'échapper quelques mots qui font écho à cette horloge qui ouvre l'opus.

"A ghost, a boy, a 3 wheels toy to fix, to play, the time to say. The sandman is driving away.
He's just so busy to stay, please wait for a ride, he just stopped for his bride."

Je m'attendais à un truc uniquement guitare-voix, mais il y a de temps en temps la batterie de Boris qui vient soutenir le rythme. Bonjour Boris ! Il y a également l'ovni du disque, "Portland", essentiellement jouée par un synthé comme t'en entendais à outrance dans la musique des 70's. Au début, j'ai trouvé ça étrange. Mais à la deuxième écoute, tu comprends le certain psychédélisme de la chose, toujours en raccord avec la délicatesse et l'introspection qui découle de l'univers musical de Flo. Et ça t'emporte sans que tu comprenne vraiment pourquoi... Puis, il y a le mini-tube de l'artiste, qu'il jouait sur son EP sorti précédemment (et que j'ai à la maison, joie !), que l'on retrouve sur l'album : "The Rat". C'est le morceau que tu verras toujours repris en sing along par une dizaine de gens à chacun de ses concerts... Et peut-être plus un jour, qui sait ?

"The reaper is in town, the stones are raining down,
Silence seems so cold, Your smile gets too old."

Ce monsieur cherche un label pour sortir son disque en CD ou en vinyle. Alors si Breathe vous a ému et que vous voulez participer à son histoire, n'hésitez pas à le contacter sur sa page Facebook. Je vous en remercierais, histoire de pouvoir écouter ces morceaux sur un format physique, ça mérite plus que de rester au format MP3, c'est bien plus vivant que ça. Si tu habites à Paris et que tu vois qu'il se produit en concert (auquel cas pour crâner un peu et jouer le mec trop au courant de l'underground musical parigot tu pourras dire à tes potes "Eh mec, The reaper is in town ce soir, tu viens ?"), ne le loupes pas, tu verras que c'est un mec gentil et abordable.


Bisous.


lundi 10 novembre 2014

Slow Bloom : le groupe de punk hardcore qui est tagué "surf punk" et "goth" sur Bandcamp.



Depuis mi-Juillet, State Faults (le groupe dont je possède 8 t-shirts à leur effigie, entres autres LPs, patchs, badges, dessins et cartes Pokémon), anciennement Brother Bear, se fait très silencieux. D'habitude, ces mecs, c'est le genre à poster au moins une fois par semaine des conneries dénichées sur les internets et à liker 99% des commentaires laissés sur leur page FB. Puis le 30 Juillet, le groupe y a posté une image du film "Le Tombeau Des Lucioles", tu sais ce moment ou la petite Setsuko dit en pleurs "why do fireflies have to die so soon?"... Et puis plus rien. Sauf pour annoncer il y a quelques jours que 3 des 4 drangus ont lancé un side-project avec le bassiste de Strike To Survive... Moi je pense plutôt que le groupe est en hibernation pas assumée, et que ce nouveau projet en est l'évolution... Et ça me ferait CHIER de savoir que State Faults est possiblement en suspens. Mais rassurez-vous, le nouveau projet est très cool.

Ça s'appelle Slow Bloom, on y retrouve donc 3 membres sur 4 de la formation screamo-trucquiplanegaze californienne, et c'est comme la Renault Kangoo, "la même, mais en différent". Leur premier EP, éponyme (dont l'image qui illustre l'article en est la pochette), dévoile un son plus entraînant et plus punk. Y'a toujours des riffs qui transpirent le delay et la réverb, mais plus pour balancer des arpèges, et plutôt pour donner un aspect "gloomy" et brumeux à leur punk-rock teinté de post-hardcore old school. Ça ressemble un peu à ce que Xerxes a fait avec son album Collision Blonde cette année. Au final, c'est toujours aussi perçant et virulent que State Faults, mais plus accessible, plus porté vers le sing-along, moins abstrait, même si on reconnait bien la plume de Jonny sur "Heaven".

"We're all living in a codeine dream! 
We're all living in a senguine gleam!"

Y'a un tas de lyrics que je peux citer, parce que c'est des uppercuts droits dans le cœur et le vécu, mais autant vous citer les trois textes en entier dans ce cas, mais je préfère vous laisser les découvrir par vous-même, ils sont en ligne avec les chansons sur la page Bandcamp de Slow Bloom. Il me tarde de voir si ce groupe a un avenir, ou si ça a juste été un exutoire pour se changer les idées pendant la situation instable dans laquelle State Faults semble être. En tout cas, c'est 3 pistes qui passent en répétition dans mes esgourdes, et c'est bon signe. J'ai pas grand chose à dire de plus, si ce n'est : kiffez le son et mettez-moi ça à fond les enfants. UP THE PUNX.

Time just wont heal these dizzy wounds,
It's a lie, it's a lie, it's a lie!
I'm feeling so much better, 
Singing la la la la,
I'm feeling so much better, 
Singing la la la la,
Its a lie, it's a lie, it's a lie, I'm feeling fine!

Bisous.


jeudi 6 novembre 2014

Souvenirs : le groupe emo que j'ai découvert en écoutant des sons "souvenirs d'enfance" genre Nuttea.


Je te jure que mon titre n'est pas une blague, et c'est même pas ma faute, mais celle du chanteur de Quasar. Normalement, je devais prendre le temps de rédiger en priorité 4 chroniques qui font la queue dans mes brouillons, mais là, par patriotisme et parce que du coup, j'ai l'inspiration des grands moments, bah j'ai fait passer une cinquième en priorité... Est-ce que vous vous rappelez des Dead Sailors ? Vous savez, ce groupe entre emo et post-rock originaire de Vannes que j'avais encensé sur mes chroniques de leurs deux EP (ici la review du premier, et ici celle du second), et qui ont malheureusement splittés depuis... Eh bien l'un de ces marins n'a pas totalement jeté l'encre ! En effet, l'un des deux Corentin a de nouveau pris le large et nous embarque dans un nouvel océan de feels, quand l'autre est parti dro)))ner avec UTØYA, mais je vous parlerais de ce groupe-là plus tard ;)... Il s'agit ici de vous parler de Souvenirs. Autrement dit, ces deux apollons qui rigolent au calme dans leur jacuzzi, quand toi tu plonges dans ta jalousie t'as vu.

Cette formation toute fraîche, un duo formé avec un certain Ronald (bonjour Ronald !), nous dévoile ce qui est à TRÈS juste titre qualifié comme des "heavy melodic pop songs" par le groupe lui-même. Mais malheureusement qualifiée de "post-grunge"sur leur page Facebook, ça les gars, c'est une grave erreur que vous avez faite... Après avoir sorti en toute fin d'année dernière leur premier EP éponyme qui dévoilait déjà une musique intimiste et paradoxalement très enjouée (emogame RPZ ma gueule), les Vannetais reviennent cette année avec un second EP, nommé This Is Our Pride, qui suit justement fièrement la route tracée par le premier opus.

Ce disque, c'est 5 ritournelles super catchy mais en même temps lacrymales avec des guitares aussi denses que chaleureuses, une sorte d'indie emo grungy. De ce côté-là, ça vous évoquera Nai Harvest, voire même Mineral dans les instants les plus traînants de leur musique. De l'autre côté, il y a l'aspect lyrical. Des paroles très simples mais touchantes, universelles, qui te parlera à toi, puis à ton pote à côté, et puis toi là-bas... Bref, à tout le monde. Et ce genre de textes sur ce genre de musique, bah c'est simple, c'est Sorority Noise mon gars, le side-project de Cameron Boucher (Old Gray) qui a sorti avec Forgettable un des tout meilleurs disques d'emo-pas-vraiment-emo-mais-un-peu-quand-même de cette année et sur lequel je suis également revenu sur ces pages. 

Le jour ou j'écris ce paragraphe précis, c'est le lendemain de ma découverte de Souvenirs. En allant au taff ce matin, j'ai écouté This Is Our Pride, alors déjà qu'il faisait beau, ça a illuminé ma putain de journée, surtout en reprenant en sing-along (dans ma tête hein) les paroles de "This World", qui devrait je pense devenir mon réveil matin, si tout va bien.

"Every morning when I wake up
My mind is dark, my mind is stoned,
But what can I say about it,
This shitty life's not made for me, I know, I know, I know!
This world is not for us!"

Ces paroles, elles sont chantées par la voix de Corentin, également guitariste, une voix aussi éraillée que sensible, que j'aime toujours autant que lorsque il jouait dans Dead Sailors, tu sais, quand il y gueulait avec toute la peine du monde "my heaaaaarts stoooops liviiiiing..."... Eh ben là, elle me fout encore les mêmes frissons, sans déconner. Souvenirs est un groupe qui ne va probablement pas se faire beaucoup plus connaître que les marins morts (qui le sont plus que jamais aussi, hohohooo hissez hauuut), mais qui mérite sérieusement que vous preniez une petite heure pour les découvrir, pour vous laissez transporter, les laisser vous faire bader et sourire. Si tu aimes ce qui sonne sincère, mélancolique et chaleureux, tu seras servi(e).

"WE'RE PROUD OF BEING WHAT WE ARE!"

Bisous au caramel salé.

mercredi 22 octobre 2014

Sed Non Satiata : un nouveau single en eaux troubles, mais pas trop.


L'un des grands crus de notre scène screamo nationale, Sed Non Satiata, va bientôt sortir un split avec les excellents Carrion Spring. Bientôt, c'est sûrement entre Novembre et Décembre. Mais bref, avant toute chose, voyons ce que Google me suggère lorsque je recherche une image pour illustrer cet article :




Maintenant, passons à l'essentiel : la musique. Nommé "Minéral", ce nouveau single extrait du split se veut être peut-être l'un des plus beaux sons que Sed Non Satiata ait enregistré jusque là. Toujours aussi intriguant, aérien et à fleur de peau, leur alchimie entre screamo et post-rock (et même quelques petits riffs emo) est toujours aussi bien dosée... Et il faut croire que ça le sera à jamais. Mais ici, y'a encore un truc en plus que je ne saurais expliquer. Mais on s'en fout, parce que c'est beau. J'ai hâte de pouvoir poser ce disque sur ma platine, et de rêver comme un gosse avec. Merci pour ce que vous faites les gars.

"Au pied de cette immense étendue trop grise, 
Je fixe, pétrifié, la courbure de l'horizon."


lundi 20 octobre 2014

Les nouveaux albums de Pianos Become The Teeth et Restorations en streaming.



C'est dire à quel point je l'ai attendu ce nouvel album de Pianos Become The Teeth. Après le formidable LP The Lack Long After, l'un des tout meilleurs disques de l'alchimie screamo/post-rock de ces dernières années à mes yeux, les garçons de Baltimore reviennent cette année avec un disque bien loin de cette époque. Keep You est en effet beaucoup plus... Serein ? En effet, on dirait que Kyle Durfey (chant) est désormais en paix avec soi-même, mettant de côté son cri déchirant et sensible au possible, préférant miser sur un chant tout aussi sensible et tremblotant, mais plus enjoué, plus doux. Instrumentalement, c'est également plus pacifique, plus lumineux. On sent que les influences post-rock et indie ont largement pris le dessus. Plus question de screamo désormais, Pianos Become The Teeth est un groupe nouveau, qui va désormais officiellement déclencher les passions des petites nanas qui traînent sur Tumblr et qui écoutent La Dispute en boucle, chose qui commençait à devenir le cas depuis quelques temps, et surtout depuis le single "Hiding". Ça va faire râler les skramzeux, mais je suis sûr que la nouvelle mouture de PBTT va faire fondre le cœur des plus fragiles d'entre eux. Je vous avoue que j'ai pas mal de peine que le groupe se soit éloigné de ses influences originelles, et j'avais peur de me faire chier avec ce disque, en écoutant les extraits postés sur les Internets... Mais ce nouveau disque n'est pas à jeter. En effet, c'est dur d'accrocher au premier abord, mais c'est quand même bien beau au final. Le final "Say Something" n'est vraiment pas aussi épique que "I'll Get by", mais il réserve quand même sa dose d'adrénaline et de frissons. Ça s'écoute par ici, tranquillement, posé avec un café, les yeux fermés. Puis ensuite, tu iras t'écouter un autre nouveau disque, qui m'a fait avoir le zizi tout dur.




Alors là, gros coup de cœur. Le nouvel album de Restorations, le quintet de Philadelphia, reprend à merveille la formule atypique qu'il avait présenté avec LP2 : un punk rock teinté de shoegaze et d'un stadium rock à la Bruce Springsteen. Avec le nouveau disque, tout simplement nommé LP3, Restorations assume davantage son alchimie magique, avance en laissant parler ses amours musicaux de toujours. En gros, ils suivent le même chemin que Chamberlain avec son album The Moon My Saddle. C'est puissant et chaleureux au possible, aussi aérien et enivrant que rock'n'roll et tendu. Dès le premier titre "Wales", tu es tout de suite mis dans le bain. Des échos sur des guitares aussi gruffy que célestes, un spoken word d'une voix éraillée de crowner, et des solos de gratte qui alternent avec des tremolos-pickings pas loin du post-rock, le tout t'emmenant vers "Separate Songs", son country  (punk) rock avec de l'orgue et du soleil de fin de journée qui se finit avec quelques douces notes... Vraiment, cet album, c'est de la magie. C'est hyper éclectique, libre de toute étiquette. C'est simplement du vrai beau rock alternatif au final. Ça s'écoute et se ré-écoute par ici, et ça finira sûrement dans pas mal de top 10 des punxs de cette planète. Et peut-être dans le mien...

Bisous.

dimanche 19 octobre 2014

Live report : The Saddest Landscape + Frameworks + The Tidal Sleep @ Le Picolo, Saint-Ouen, le 11/10/2014



OK, c'est la crise. C'est pas forcément une nouveauté, mais je l'ai constaté concrètement sur ce concert que j'ai co-organisé. Je ne vous parle pas de la crise financière hein, mais de la mort certaine de la scène screamo en France. J'y reviendrais plus tard sur cet article. La flamme qui brûlait si fort y'a 10 ans encore dans nos petites salles s'est éteinte, il n'en reste plus que des fumerolles, soigneusement entretenues par quelques kids qui y croient encore, et que je remercie chaleureusement de partager le même espoir que moi. Et ces kids étaient là, heureux et impatients d'assister à la prestation des trois bandes. Sur la petite et conviviale scène du Picolo (Saint-Ouen), perdue au milieu des revendeurs à la sauvette de téléphone volés quelques minutes plus tôt et du marché aux Puces, les américains de The Saddest Landscape se sont produits en cette soirée du 11 Octobre avec leurs compatriotes de Frameworks, les jeunots qui pourraient bien prendre leur relève à l'avenir, et les allemands de The Tidal Sleep. Je disais récemment sur un live report que j'ai rédigé pour AlternativNews sur le concert d'Hexis + Rainmaker + Another Five Minutes que j'avais assisté à l'un des concerts de l'année. Eh bien le show de ce Samedi entre également en lice. Retour sur une soirée riche en émotions fortes, pures, et communicatives... 

La soirée a été ouverte par The Tidal Sleep, que certains kids attendaient plus encore que les américains ! Il faut dire que les garçons ont fait forte impression cette année avec leur nouvel LP Vorstellungkraft ("imagination" en français), qui font en gros ce que Pianos Become The Teeth ne feront plus à l'avenir, comme je le disais à l'un des guitaristes parfaitement francophone. C'est ce disque qu'ils ont représenté en majorité, devant un public acquis à leur cause. Entre arpèges flamboyants et screamo retentissant aux riffs très lourds, il était difficile de ne pas se laisser emporter dans cette musique aux thèmes personnels et introspectifs. Ce fût le premier concert de la formation en France, et ils étaient surpris de l'accueil qui leur était réservé, et à juste titre. Ils ont démontré que la puissance de feu de leur musique aussi aérienne qu'abrasive, sublimée sur disque par la production de Jack Shirley, pouvait frapper aussi fort sur scène. Le guitariste au français sans faute nous a particulièrement remercié d'être présents ce soir, et pour notre engouement envers eux, nous expliquant que The Tidal Sleep n'est que le fruit de la passion de chacun des membres pour leur musique, qu'ils ont tous un travail et qu'ils tournent pendant leurs vacances. Ils vendaient ce soir-là un PUTAIN DE MAGNET A COLLER SUR TON PUTAIN DE FRIGO. Sérieusement, tu peux pas faire plus 90's, ces mecs ont tout compris. En dehors de ça, je pense que les spectateurs qui ne connaissaient pas The Tidal Sleep ont dû avoir une belle surprise en les découvrant ce soir...

Et qui d'autre mieux que Frameworks pouvait mieux assurer la transition entre les allemands et la tête d'affiche ? En effet, l'un des groupes les plus prometteurs du roaster Topshelf Records distille un post-hardcore marqué par des complaintes brut de décoffrage, et un son saccadé et acerbe mais toujours teinté de mélodies poignantes. Entre l'époustouflante "Old Chokes" issue de Small Victories, le single "Loom" issu de l'album du même nom, et "True Wealth" et son intro dantesque, le groupe a su piocher dans le meilleur de sa discographie, dans un set court mais intense... Ponctué de leur cover survitaminée de "Fell In Love With A Girl" des White Stripes, présente sur un split avec The Saddest Landscape qui y ont eux repris "Burning Flight" de Inside Out, et qu'on pouvait se procurer au stand de merch. Quelques sing-alongs se sont improvisés, pour le plaisir des américains qui ne s'attendaient sûrement pas à un tel accueil. Il faut dire que même dans la scène qu'il représente, le groupe est vraiment très peu connu en France, j'ai moi-même été surpris. Pour ma part, j'ai trouvé que ce qui caractérise le son de Frameworks se dévoile beaucoup plus en live, un son qui symbolise au mieux la colère, une colère hurlée avec une conviction palpable. Les garçons n'avaient rien à envier aux headliners tant attendus depuis leur dernier passage en 2010 à Paris, et je parie qu'ils se risqueront à repasser nous voir à l'avenir...

... The Saddest Landscape. LE groupe screamo à l'heure actuelle. Celui qui synthétise au mieux ce que ce style musical représente. 4 ans qu'on les attend en France, et les voilà, fiers et heureux de partager leurs morceaux avec un public parisien pas aussi nombreux que prévu sur l'event Facebook, mais qui aura vécu l'osmose, qui l'aura incarné, une passion et une joie qui s'est transmis dans toute la salle, sur les mines des musiciens. Andy Maddoxx, le frontman, nous a confié qu'il aime particulièrement les concerts ou les sing-alongs pleuvent, ou il peut hurler en communion avec la foule, se mêler à eux, ou la chaleur humaine est à son paroxysme. Il aura pu vivre un moment intense ce soir, les corps se mouvaient, s'entrechoquait, et les larmes coulaient... De sueur, de joie ou de tristesse, ou ne savait plus. Nous n'étions plus sur Terre. The Saddest Landscape nous a fait voir la plus belle des soundscapes, en jouant aussi fort que possible, d'un aspect autant musical que sur le plan mental. Andy chantait au plus près des spectateurs, leur laissant le champ libre pour venir hurler avec lui. Les musiciens débitaient leurs mélodies et cassures rythmiques avec précision et bravoure, ce qui a fini d'achever un auditoire qui aura vite été à bout de force face à ce flot déchaîné d'éther. Evidemment, nous avons eu la chance de pouvoir voir le groupe nous jouer "Eternity Is Lost On The Dying", ou une bonne dizaine de personnes sont grimpés sur scène pour chanter ce fameux "we are desperate kids doing extraordinary things and we are just like you", avant que Andy ne se jette dans la foule, dans une apothéose quelque peu cathartique. Ce qui était censé être leur dernier morceau ne l'a heureusement pas été... Les américains visiblement à bout eux aussi n'ont pas pu résister à l'appel du public, qui voulait au moins juste un titre en plus, histoire de vivre l'évasion jusqu'au bout (un mot qui revient souvent, décidément...). Et ce fût "The Sixth Golden Ticket" qui a clôturé la cérémonie. Tout aussi poignant et émouvant que le morceau précédant, les emokids se tenaient le bras, chantant ensemble, ou savourant tout simplement l'instant présent, ces émotions qui pouvaient presque se toucher du doigt. Un moment de partage rare et intense qui restera gravé dans les mémoires des musiciens comme du public. Ce fût peut-être le dernier passage de The Saddest Landscape en France, et le groupe a reçu l'accueil et les remerciements qu'il méritait, surtout après une prestation aussi solide et passionnée.

Maintenant, venons-en à mon incompréhension personnelle, qui va plus loin qu'un simple coup de gueule... Pourquoi avoir eu si peu de monde avec un plateau pareil, avec un tarif aussi réduit ? Pourquoi ce mouvement est-il autant en perte de vitesse en France alors que vous êtes beaucoup à vous en plaindre ? Car il n'y a pas qu'à ce concert-là que j'ai remarqué que le public était de moins en moins présent, mais je l'ai constaté de plein fouet étant passé de l'autre côté du comptoir. Certes, dans notre minorité nous sommes un public parfois plus fun et réactif que nos voisins allemands, italiens, anglais... Et ça c'est bien, c'est entre autres pour ça qu'on a encore des affiches cools comme celle-ci qui peuvent encore se produire chez nous. Mais en ce moment, et depuis quelques mois, jamais un concert ne dépasse 100 entrées (c'est pas rare de voir des concerts à Paris avec difficilement plus de 10 entrées). Pour le concert de ce Samedi, plus de 110 personnes ont répondu présent sur l'event FB, et 70 ont réellement été présentes. Et c'est de pire en pire à chaque concert. Non messieurs dames, vous n'avez pas tout vu de cette scène, vous loupez tellement de jeunes talents ! Si vous commencez même à ignorer des pointures telles que The Saddest Landscape, c'est que quelque chose ne tourne vraiment pas rond... Je me souviens d'un concert de The Wonder Years il y a quelques mois à Paris, qui n'a réuni que 10 personnes... On m'a souvent raconté que les parisiens étaient habitués aux concerts, qu'il y en avait tellement dans leur ville qu'ils choisissent délibérément d'en zapper au profit des gros noms. Quitte à tuer les petites assos qui se démerdent à faire venir des groupes pas tous aussi talentueux que peut le prétendre sa fanbase certes, mais qui méritent le coup d’œil pour certains si ce n'est plus, que ces assos vont venir de loin à perte. ce "support your scene" que la scène punk scandait il y a 10 ans là aussi. Un certain laisser-aller s'installe, au grand dam des groupes qui sont pourtant quasi-tous très excités à l'idée de jouer devant nous. Une fois avoir vécu l’atmosphère d'un concert parisien tel qu'on les connais aujourd'hui, cela les décourage de venir se représenter chez nous. Dépenser du temps, de l'argent et de l'énergie devant 20 gus aux bras croisés qui parlent à leurs potes pendant les chansons (quand ils ne consultent pas leur smartphone), c'est pas forcément motivant t'as vu. Et quand ce n'est pas un problème de monde, c'est un problème d'humeur. J'ai fait pas mal de concerts depuis 2 ans ou la plupart des spectateurs tiraient la tronche, blasés par ce qui se jouait devant eux, parfois carrément blasés par ceux qui persuadés d'avoir déjà tout vu. C'est quand même dramatique. A partir du moment ou le groupe a un message fort, qu'il joue une musique avec passion, on peut pas leur réserver un accueil aussi morose... Ou alors OK, tu découvres le soir-même et t'accroches pas, ça arrive. Mais par respect (sauf si le groupe est ouvertement raciste, sexiste, homophobe ou partisan des tongues), tu vas pas leur tirer la gueule quoi, c'est pas très posi. Heureusement qu'il reste quelques personnes passionnées par ce qu'ils écoutent, qu'ils soutiennent leur scène en se rendant aux concerts, en achetant des disques. Et puis, je parle de Paris, mais en province, c'est pas forcément mieux. Beaucoup de monde ici pleure la perdition du mouvement emo en France, le fait que beaucoup de tournées évitent soigneusement l'Hexagone,  etc... Mais on le cherche un peu, vous croyez pas ? Les groupes n'ont sûrement pas envie de risquer des sous (ou d'en faire perdre aux tourneurs) et du temps en venant jouer devant une vingtaine de personnes dont la moitié n'accrocherait pas à leur musique. Si on était un peu plus nombreux (ou moins flemmards), on aura déjà plus de chance de voir nos groupes favoris passer par nos petits bars miteux ou petites salles de banlieue ou il y fait bon vivre quand on est tous ensemble, que ce soit autour d'une pinte ou d'un verre d'eau. Bon sang, faites vivre votre scène, ne soyez pas persuadé d'avoir tout vu, venez aux concerts, venez faire de belles découvertes, puis on s'amuse bien au final dans ces petits shows...