L'une des activités préférées des musiciens officiant dans le hardcore, c'est de lancer des side-projects folk. Et très souvent, ça vaut le coup : Alcoa, Throw Me Off The Bridge, This Is Me, Said Goner... Et tant d'autres. Parmi eux, il y a un dude que je connais depuis plus d'un an et que je croise de plus en plus souvent aux concerts parisiens. En vrai, on l'appelle tous Flo. Il jouait à la base dans le groupe Le Dead Projet, qui fût jusqu'à son split l'an dernier l'un des tout meilleurs groupes de la très vaste étiquette post-hardcore, sur la capitale. Après tant d'années passées à bouffer de la route, à jouer dans des squats et des cafés-bar dans la frénésie et l'euphorie d'un public encore vivant dans ce milieu, à déverser des kilotonnes de colères et de dissonances, quand ses collègues sont encore partis sillonner la route et balancer des séismes soniques (le frontman Ben a fondé No Place Like Road juste après la séparation du Dead Projet, et même pendant si tu veux tout savoir), il a choisi de se poser, tout en continuant de jouer de la musique, chose qu'il n'arrêtera probablement d'en jouer... Et même si c'était le cas, il ferait encore jouer des groupes via l'asso avec laquelle il bosse, Old Town Bicyclette. Flo, c'est donc maintenant Miles Oliver. Et sur Facebook, c'est encore quelqu'un d'autre... Je vous rassure, il n'y a aucun cas de schizophrénie ni chez le bonhomme ni dans ses textes.
Désormais seul avec sa guitare, mais toujours accompagné de son pedalboard et de ses t-shirts de groupes obscurs, il vient de sortir son premier album, Breathe. Pour l'avoir déjà vu deux fois en live, je savais que sa musique avait l'air très personnelle, chantée d'une voix sensible, forte mais teintée d'une fragilité qui touche au cœur. Ces caractéristiques, on les retrouve aujourd'hui à ma grande joie sur ces 9 titres, tantôt dépouillés et à fleur de peau, tantôt riches en instrumentations. C'est peut-être parce que je suis obsédé par ce que j'écoute en temps normal ou que ma culture en musique folk est nulle, mais j'ai l'impression que sa musique sonne comme une version acoustique d'un groupe de skramz : les mêmes sonorités, les mêmes rythmes de guitares, mais avec bien plus de douceur et de tranquillité. Breathe s'ouvre avec "Curtains", qui commence avec le son d'une horloge qui tourne. Là ou pourtant, le temps semble s'arrêter lors de ses complaintes aussi tendres qu'éthérées. T'as un cœur à peu près équivalent à celui de Anders Breivik si il ne ressent rien sur "The Sandman", ou sa voix se fait parfois très caverneuse, laissant s'échapper quelques mots qui font écho à cette horloge qui ouvre l'opus.
"A ghost, a boy, a 3 wheels toy to fix, to play, the time to say. The sandman is driving away.
He's just so busy to stay, please wait for a ride, he just stopped for his bride."
Je m'attendais à un truc uniquement guitare-voix, mais il y a de temps en temps la batterie de Boris qui vient soutenir le rythme. Bonjour Boris ! Il y a également l'ovni du disque, "Portland", essentiellement jouée par un synthé comme t'en entendais à outrance dans la musique des 70's. Au début, j'ai trouvé ça étrange. Mais à la deuxième écoute, tu comprends le certain psychédélisme de la chose, toujours en raccord avec la délicatesse et l'introspection qui découle de l'univers musical de Flo. Et ça t'emporte sans que tu comprenne vraiment pourquoi... Puis, il y a le mini-tube de l'artiste, qu'il jouait sur son EP sorti précédemment (et que j'ai à la maison, joie !), que l'on retrouve sur l'album : "The Rat". C'est le morceau que tu verras toujours repris en sing along par une dizaine de gens à chacun de ses concerts... Et peut-être plus un jour, qui sait ?
"The reaper is in town, the stones are raining down,
Silence seems so cold, Your smile gets too old."
Ce monsieur cherche un label pour sortir son disque en CD ou en vinyle. Alors si Breathe vous a ému et que vous voulez participer à son histoire, n'hésitez pas à le contacter sur sa page Facebook. Je vous en remercierais, histoire de pouvoir écouter ces morceaux sur un format physique, ça mérite plus que de rester au format MP3, c'est bien plus vivant que ça. Si tu habites à Paris et que tu vois qu'il se produit en concert (auquel cas pour crâner un peu et jouer le mec trop au courant de l'underground musical parigot tu pourras dire à tes potes "Eh mec, The reaper is in town ce soir, tu viens ?"), ne le loupes pas, tu verras que c'est un mec gentil et abordable.
Bisous.
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