mardi 31 mai 2016

Avec "Slow", Sport prend son temps mais ne s’essouffle pas.



Le sport, ça a jamais été mon truc, mais quand même un peu au final. Quand j'étais gamin, j'adorais la Formule 1. Je cassais les pieds à toute ma famille pour me brancher sur TF1 chaque Dimanche aprème de Grand Prix, j'étais un méga-supporter des écuries qui étaient motorisées par Renault, parce que "c'était nous les plus forts !", les pilotes avaient la classe, ils allaient super vite sur des circuits super grands, y'avait des chants glorieux à chaque podium, puis y'avait tellement d'argent dans ce sport qu'ils se douchaient avec le champagne qu'on leur offrait et buvaient au goulot en direct à la télé, même que desfois quand ils arrivaient deuxième, ils tiraient des gueules d'enterrement alors qu'ils recevaient des trucs en argent, ils se permettaient tout, trop bien ! Mais maintenant que j'écoute du punk et que je trouve qu'être saoul c'est généralement chiant, bah j'aime plus la Formule 1. C'est un sport de frimeurs machistes qui capitalisent à l'aide de marques de clopes et d'entreprises pétrolières, et qui célèbrent leur victoire avec des hymnes souvent tachées de sang. Le combo breaker du destructeur de la Terre, en gros.

Pareil pour le foot qu'on voit a la télé, y'a qu'à voir la corruption à la FIFA, ou les propos de Zlatan Ibrahimovic lors de son départ du PSG : "Je suis arrivé comme un Roi, je repars comme une légende". Bien les chevilles ? Puis le foot c'est comme la Formule 1, c'est des frimeurs machistes, en plus d'être de formidables comédiens quand il s'agit de simuler une blessure grave pour que l'adversaire soit sanctionné, préférablement viré du terrain. Par contre mine de rien le PSG c'est rigolo, l'imagerie de la tribune Boulogne me rappelle le public de Providence ou du beatdown allemand, du coup je me demande si les mecs de Danforth ou de Cordier Street sont des ultras eux aussi... Même les cyclistes c'est rien que des drogués, les dealers doivent faire du lové sévère à chaque Tour de France ! J'aimerais bien savoir quelle catégorie lève le mieux en I leur vélo, tiens. Puis y'a le culturisme, ça transforme les gens en massifs montagneux moches, ou alors le tennis qu'est vraiment trop long : jusqu'à l'an dernier mon papi se laissait mourir chaque été en se perdant devant les matchs interminables du Roland-Garros, maintenant son cerveau a décidé de le faire mourir dans une petite chambre d’hôpital et sans se rappeler de ses proches, pauvre papi. Le rugby ? Y'a que des mecs de droite et des amateurs de charcuterie qui suivent ça, cependant les rugbymen feraient d'excellents frontmen de groupes de viking metal ou de sludge, mais si je fais une mêlée avec eux je finis brisé en 1000... Nan vraiment, le sport c'est cool que quand c'est du badminton ou dans l'emo. Les meilleurs équipes sont dans l'emo jeu, les copains/copines : American Football, Football etc., et cocorico : Sport.

Dans le championnat de France d'emo, actuellement, Sport domine par défaut. Beh oui, parce qu'en France, dans ce milieu, tout le monde fait du screamo, personne ne joue de musique qui rappelle Latterman ou Algernon Cadwallader. Y'avait Avion à Paris qui rappelait ouvertement American Football, mais il me semble bien qu'ils aient arrêté le groupe. Et Sport, ça fait quand même depuis 5 ans qu'il est sur le terrain. Pendant mon après-midi quelque peu ennuyeux du Vendredi 13 Mai 2016, les lyonnais ont mis en ligne leur album, sans prévenir personne, reprenant avec talent et subtilité le Radiohead style imposé ces derniers jours. C paske c le vendredi 13 c un cou de chance mdr. Ce nouvel album s'appelle Slow, et il dévoile une face plus délicate et adulte de la musique des garçons. Premièrement, un bon point pour cet artwork qualité, sur lequel on reconnaît entre mille la patte Julien Paget (Daïtro, Baton Rouge...). Je cherche encore le rapport à l'album de la photographie, signée Hugo Janody, représentant une fête foraine établie au beau milieu des cités de Pogradec, Albanie, un décor quelque peu insolite et au contraste significatif. Celui de la tendresse et de l'insouciance de l'enfance face à la routine, l'ennui et le déclin de l'âge adulte, peut-être. Mais j'ai une petite idée : si en fait, être adulte ne signifiait pas perdre inévitablement la flamme de la jeunesse, que ce monde n'est pas si gris et triste qu'on voudrait le penser une fois qu'on a entamé sa vingtaine ? Et si c'était pas si stressant et oppressant, d'être adulte ?

Ça tombe bien, cet album est reposant et lumineux. Les précédentes releases de Sport étaient déjà pleines d'entrain, mais tout allait très vite, on se prenait en pleine face des tonnes d'accords de guitare et de paroles scandées à l'unisson, c'était clairement la fête, et les lives disponible sur Youtube ne font d'ailleurs que confirmer mes dires. Sur ce disque, tant pour la composition que pour le contenu en lui-même, les lyonnais ont choisi de prendre leur temps, de laisser couler leur son plus tranquillement, et l'adoucir, sans que son essence profonde en soit extraite. Dès le premier titre, "Deadfilm", ils entament sur ce ton tranquille mais toujours influencé math-rock une réflexion assez sombre qui m'a directement frappé l'esprit, réveillant quelque peu mon anxiété existentielle. "When everything is over, your body is lifeless and destroyed. What kind of magic made the thing that was 'you', could be some kind of random talks or cells in the brain? Or is there something like a soul? Like formless emotions, that made you the only one. I guess it's like a movie, the projector's broken, it's a dead film.". Après ça, je me suis senti moins seul à me poser des questions sur le fait d'être et de disparaître sans rien pouvoir y faire, ça fait du bien.

Allez, on est pas là pour broyer du noir, du moins nous sommes là pour voir du bien là où c'est possible d'en voir. Le côté adulte de cet album est présent dans cette réflexion sur le temps et l'âge, mais est imagée et racontée de sorte à ce que l'on y trouve de la poésie, de la sérénité. C'est ce qu'évoque "Nod", qui là encore rappelle que dans ces questionnements, personne n'est seul. "And it feels OK, I don't need no word cause I just like to see you nod, when I'm nodding. It speaks in silence.". La solitude y est aussi racontée dans le calme et mélancolique "Leaves". "Winter sun's silently warming the fallen leaves to soil. Strange life for the one who finds the great truth of solitude. Keep my head close to the ground. Sweet enjoyment of my city". Une allusion discrète à ces feuilles jaunies par le froid humide dont parlent les voisins de scène de Bâton Rouge sur le titre "Côte du Py" ?

Et puis voilà qu'arrive le point culminant de l'album : "Trompe l'ennui". Chanté en français, en plus de ça. Un titre plein de vie, le plus énergique du disque, où le groupe fait clairement allusion à la crise de la trentaine, revenant sur la thématique du temps. Mais cette fois-ci, ce n'est pas pour la diaboliser, mais pour tout le contraire : prends ton temps, l'issue sera de toute façon la même si tu vis à 100 à l'heure. "Des idées noires pour le deuil des vingt ans, où est le mal à vouloir prendre son temps ?" Moi qui écoutait en boucle "Mourir à 20 ans" des Betteraves quand j'étais ado, et qui veut vivre plus que jamais à l'approche de mes 24 balais, ça me remet aussi en question. Ce disque se termine sur un morceau instrumental, qui défile dans un même élan de tendresse et de tranquillité que celui qui caractérise les autres morceaux, où l'on retrouve Bâton Rouge dans l'idée de faire un genre de post-rock un peu noisy, de montrer qu'ils ont aussi grandi avec Sonic Youth, entre autres.

Les chansons de Sport ont toujours eu ce côté intime et sensible, mais Slow semble aller encore plus loin dans l'introspection, le tout renforcé par ces compositions paisibles et toujours aussi ensoleillées, nourries de vibraphone, de feedbacks et d'effets d'ambiance, encore un peu plus distant du punk, mais avec ce petit élan mathy toujours intact, qui donne toujours envie de danser. Parce que hey, le groupe s'appelle quand même Sport, faudrait quand même pas faire croire qu'ils sont feignants… Bien que "Rébuffat" donnerait presque envie de danser un slow. LOL.

Un grand merci à ces messieurs pour cet album qui fait tout simplement du bien au cœur et à l'esprit, qui fera partie de la playlist des étés qui me restent à vivre. Y'en a encore pas mal, mais combien à vivre en pleine forme ? Le temps c'est la merde en fait.



Bisous.



YOU CAN READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos" ! :)

vendredi 20 mai 2016

Knola, l'emo qui a grandi mais qui n'a pas perdu son âme d'adolescent.



Lequel/laquelle d'entre vous n'a pas eu ses instants "feels" en écoutant William Bonney, Merchant Ships ou Midwest Pen Pals, ces trois groupes montés par des adolescents puis de bien jeunes adultes, presque cultes au sein de la scène emo actuelle, dont les kids parlent encore avec un grand respect ? Probablement pas grand monde, pour les emokids qui liraient ces pages. À ma très grande surprise, j'ai découvert grâce à un bien gentil lecteur le nouveau projet de Jack Senff, chanteur de ces trois formations, accompagné du batteur de Midwest Pen Pals à la basse, et du bassiste du génial groupe Xerxes (meilleur groupe screamo influencé post-punk de tout l'univers) à la batterie. Et c'est depuis l'an dernier que ce projet a émergé avec le déjà superbe EP The Black Beach. Ça s'appelle Knola, et c'est tout simplement BEAU.

To The Rhythm ne se contente pas d'être un disque d'emo/indie tendre et émouvant comme a pu l'être l'EP. Il est relevé par des effets d'ambiance et de réverb' disposés par-ci par-là par Jack, qui a probablement lui aussi revu ses classiques shoegaze entre temps (d'ailleurs, l'interlude "Earth Noise" aurait pu être composée par This Will Destroy You). L'ambiance générale reste cependant toujours centrée sur une musique simple, sans artifices, sortie du cœur. L'emo tel qu'on l'aimait il y a 5-6 ans, quand Count Your Lucky Stars Records était the place to be. Les garçons ont grandi, mais l'âme reste assurément adolescente, la voix aussi d'ailleurs. Et puis lyricalement, on retrouve des thèmes récurrents sur lesquels on a tous nos repères quand il s'agit d'emo : le doute de soi, les peines de cœur, l'anxiété...


"I wish I could tell you the truth. But I don't want to let you down. And I wouldn't know where to start. How do I say, 'I want escape' from the perfect life we lead? That I can't play house forever. That there's somewhere else I should be. I wish there was a way for you to see inside my chest. That my heart's still for you, but if I leave it's 'for the best'." - "House"


C'est vraiment pas objectif, mais sérieusement, ce disque : quel bonheur... Et un gros +1 pour la production très propre de cet album, laissant entendre clairement chaque instrument, aucun sentiment d'étouffement ne vient gêner l'écoute. Ce qui donne encore plus de bonheur. Avec le léger fuzz de la guitare qui ajoute de la chaleur à l'ensemble, ce disque est un petit bout de fragilité, de sentiments mis à nu, de voyage, de soleil, qui consolera n'importe quelle âme en peine en venant te faire un câlin virtuel. J'ai quasi-compulsivement acheté ce disque le lendemain de la découverte de ce dernier, c'était plus fort que moi (d'autant plus qu'un titre bonus est présent sur le vinyle et uniquement sur celui-ci). Si vous voulez quelque chose de sensible, doux et ensoleillé pour redonner quelques couleurs à ce printemps pas très éclatant jusque là, allez sur le champ écouter ce disque. Qui n'aime pas les câlins en 2016 ?

Bisous.

YOU CAN READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos" ! :)



samedi 14 mai 2016

Miss The Stars Fest III : report du pays des étoiles, 2ème partie.



1100 km en bus, ça uuuse, ça uuuse ! Bah ouais hey, 14 heures assis sur un siège difficilement réglable, être réveillé toutes les 3 heures par le chauffeur de bus parce que c'est obligé par la loi (si tu arrives à dormir), je suis désolé mais c'est extrêmement fatiguant. Mais il nous en fallait bien plus, à moi et à mon compagnon de voyage (coucou David !), pour nous décourager : on a tenu toute la 1ère journée du Miss The Stars Fest OKLM, on a tenu debout jusqu'à 3h du mat', et le lendemain, c'était debout 10H pour marcher jusqu'au Goodies le plus proche pour le déjeuner, et ensuite se rendre chez Bis Aufs Messer. Un marathon diront certain.e.s, moi je te dirais juste : YOLO. We sleep when we're dead yo, il fallait profiter un max du temps qu'on avait, et on l'a fait. Avec quelques nouveaux disques et l'estomac bien rempli, nous voila ainsi prêt pour vivre la 2ème journée du fest, qui a commencé par le concert de They Sleep We Live, dont je n'ai pu voir que le dernier morceau. Ces messieurs remettent au goût du jour un screamo quelque peu old school, avec un cri rauque plus orienté crust, entre passages instrumentaux mélancoliques et explosions lentes mais intenses. Leur seul release disponible à ce jour s'appelle "And the curtains falls...", un titre qui figure sur un 7" split avec Vi Som Alskade Varandra Sa Mycket. Le peu que j'ai entendu de la bande m'a cependant envie d'en entendre davantage, eux aussi seront à surveiller de près !

Les messieurs qui ont succédé au jeune groupe allemand se sont discrètement mais assurément fait un nom dans leur scène, et nous viennent de Belgique. Ce pays à qui l'on doit Isaiah, Amen Ra, The Black Heart Rebellion... On va désormais le remercier pour Mont-Doré. Le quintet s'amuse à construire et déconstruire des univers musicaux, à tracer des chemins cassants, rugueux, à nous surprendre, à ne jamais faire dans la dentelle. Et surtout, ils s'appliquent à rendre leur musique toujours plus personnelle et introspective. Leurs concerts et leur musique ne font qu'un, mêlant habilement visuels et sons. Nous noyant entre un rouge clair et un noir profond, le groupe nous a interprété quelques titres de son écrasant nouvel album, Fractures, mélangeant habilement screamo, neo-crust, post-hardcore allant aussi bien piocher chez Helmet que chez Botch, et même quelques accents black metal. Un melting-pot des ténèbres envoûtant, et même éprouvant, appuyé par ces couleurs aussi captivantes qu'oppressantes. Le frontman de la bande se pliait littéralement en 4 pour nous raconter ses paroles, s'approchant le plus possible du public, hurlant à s'en arracher les cordes vocales, se retrouvant les genoux à terre. Une prestation qui nous a directement mis dans le vif du sujet, un gros parpaing dans la tronche auquel We Had A Deal avait la lourde tâche de succéder. Le trio allemand n'est pas né de la dernière pluie, et sait faire bouger les foules avec son hardcore mélodique teinté de screamo, nourri par quelques samples. Leur frontman est assez impressionnant dans sa manière de fixer le public (ou de fixer le vide, on ne sait pas), mais se démène lui aussi pour assurer le spectacle, dans un enthousiasme certain, allant de pair avec la musique axé "combat et esprit posi" de la musique de son groupe, sommes toutes assez classique mais pêchue et efficace. de quoi nous garantir de garder la forme, bien qu'un passage aux stands de nourriture (utiliser le terme "bouffe" serait clairement vulgariser les denrées qu'on nous proposait) était quand même nécessaire... Ce qui nous a malheureusement valu de louper le dernier show européen de Careless... Il fallait malheureusement faire un choix, et nous ne voulions rien rater de la suite de la soirée.




Car le meilleur restait encore à venir : Crows-An-Wra. AAAAAH, J'AI VU CROWS-AN-WRA ET C’ÉTAIT TROP BIEN. Sérieusement, Kalopsia était presque le meilleur album de 2014, cet espèce de screamo progressif venu de l'espace avec toute la folie vocale du chanteur noyée sous des tonnes de réverb' et le skill deluxe du guitariste Gregory Milne de feu-Crocus/Ravachol (un pote a d'ailleurs eu une exclu concernant Ravachol après le concert de Crows-An-Wra mais chut, je les laisse faire le boulot :D), ces rythmiques ultra-dansantes et cassantes à la fois, ce petit quelque chose à la At The Drive-In, ça existe nulle part ailleurs, c'est dément ! Et ils ont correctement tenu leur rang, les bougres. Un set explosif, plein d'énergie, mené par MONSIEUR Jacob Porter, ce frontman de feu, qui a visiblement choisi l'humour et l'ironie en se pointant avec une magnifique chemise manches courtes à fleurs  accompagné du short slim court noir de rigueur, contrastant évidemment avec les 98% de personnes vêtues de noir présentes au fest. Il commençait déjà à faire assez chaud, ces messieurs en ont allègrement rajouté, Jacob se mouvant dans tout les sens, complètement hanté par sa musique, n'hésitant pas par ailleurs à ouvrir sa chemise, ce qui lui aura valu quelques remarques négatives de la part de spectateurs très sensibles qui ont vu cet acte d'un mauvais œil, mais juré, il n'y avait pas de machisme dans l'air, juste de la spontanéité et de la sueur. Autant je ne suis vraiment pas fan de leur tout dernier 7", Kakotopia, qui a perdu tout son côté "spacey" à mon sens, autant il rend 10000 fois mieux en live. MERCI messieurs, j'espère vous revoir au plus vite, oh oui !






À peine ce set génial était-il fini, que moi et l'autre petite pote présente avec moi pour ce fest nous sommes précipités au Basement pour voir un groupe qu'elle ne voulaît absolument pas rater et que je ne connaissais pas de nom : La Petite Mort / Little Death. Je me demande toujours pourquoi le groupe a choisi de se répéter dans son nom, mais c'est pas très important au final, car leur musique était tout aussi surprenante. Entre post-hardcore plein de tension, screamo cathartique nourri à hautes doses de mélodies, et le flow impressionnant du frontman/guitariste, le jeune trio s'est démené pour nous offrir un set également plein de surprises pour quiconque ne connaissait pas encore leur musique, ce qui fût mon cas. Et hop, une petite découverte en plus, merci Mélanie ! Et ce n'est pas fini, car un autre petit groupe allait jouer sur la minuscule scène 20 minutes plus tard : Scared Of Everything. Dans le line-up de ce groupe anglais figure Steffen, guitariste chez Solanas, un autre groupe anglais de screamo qui aurait mangé de la cold-wave sur son chemin dont je vous parlerais bientôt. Eh bien avant que le set de Scared Of Everything ne commence, ce monsieur m'a offert une tape du dernier EP de ce groupe, comme ça, pour le plaisir. Ça m'a franchement fait plaisir et presque intimidé, je fus joie et félicité ! J'avais totalement oublié qu'il jouait dans SOE... Agréable surprise de le voir dans le line-up de ce groupe qui a tout simplement remporté l'award des meilleurs t-shirts de groupes : Steff portait un t-shirt Cassus, leur batteur avait un t-shirt de Tool, et le chanteur avait ce FANTASTIQUE t-shirt de xDEVOURx, soit l'un des meilleurs groupes de metalcore straight-edge au monde, avec écrit au dos un glorieux et agressif "DEATH TO FALSE METALCORE", prends ça dans ta gueule le fan de Parkway Drive, suce ta whey et bois de l'eau minérale ! Bref, assez d'élucubrations, le set de Scared Of Everything, c'était LE screamo. Sérieusement, je me suis cru dans ces vieux live d'il y a 10-15 de groupes comme Saetia, ou le groupe et la foule ne font qu'un, hurlant tous à l'unisson, au bord des larmes, avec un frontman qui n'hésite pas à foncer dans le public (je l'ai appris à mes dépends, mais pas de problème dude c'est cool !). Une énergie et une communication avec le public au sommet, une prestation d'une intensité assez folle, la meilleure manière de se faire découvrir. Un grand bravo messieurs, et encore un bisou, Steff.

BIEN. Ça fait déjà un paquet de beaux concerts, et je suis toujours autant frustré que Sport ne soit pas de la partie... Mais c'est encore loin d'être fini ! On file vite vers la Mainstage pour voir ce qui sera le dernier set, genre le toute dernier ever, de What Price, Wonderland?, petite légende de la scène UK, en plus d'être des copains des grands patrons de la soirée, j'ai nommé Raein. Avec eux, on est clairement dans un registre post-hardcore dans lequel semble s'être spécialisée la scène anglaise via des groupes tous aussi fantastiques les uns les autres, tels que Human Hands, Plaids, Carson Wells ou encore une fois Crows-An-Wra. Du math-rock enjoué par ci, un ton confident entre deux cassures rythmiques par-là, des riffs totalement skramz par surprise... Et c'était propre, net, sans bavure ! Un dernier concert au top de la part d'un groupe que pas mal de personnes découvraient ce soir-là. De plus, leur merch était au rabais, une petite queue s'était formée devant leur stand pour leur chopper les derniers LPs et t-shirts qui leur restait. Une demi-heure pour prendre l'air et faire un dernier tour des distros, et voici qu'arrive messieurs dames le set de ██████... Oui oui, ce groupe n'a pas de nom ! Enfin sur Facebook, ils s'appellent "nic". Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un groupe envoyant un crossover entre black-metal, sludge et hardcore d'un registre stellaire et épique, en témoigne le fabuleux disque qu'ils partagent avec Old Soul. La demi-heure de set qu'ils nous ont offert paraissait en durer 2 de plus, tant leur univers sonore semblait avoir arrêté le temps. Même si il y avait un peu trop de lumières et de distance avec le public à mon goût, ça n'en était pas moins puissant et prenant. La prestance du grand, TRÈS grand frontman était un petit plus.

   

 Nous balancer autant de noirceur et de massifs sonores avant le dernier groupe de la soirée qui joue sur un registre bien plus mélodique était un peu risqué, mais c'est finalement passé crème. C'est la headline facile d'un festival emo-related, le groupe culte de la scène de ces 15 dernières années , le groupe à voir au moins une fois dans sa vie : RAEIN !

Les papas, toujours au top de leur forme, sont venus jouer les morceaux issus de leur période "adulte", loin de Il N'y A Pas De Orchestre, celle où le rythme est plus tranquille et serein, mais où la tension et la colère sont toujours vifs, des morceaux de Sulla Linera d'Orizzonte [...], de Perpetuum. Ils ont également interprété le titre "Comete", présent sur le split avec Ampere sorti cette année et qu'ils jouaient pourtant plusieurs mois auparavant, Et évidemment, leur tube ultime, le fameux "Tigersuit", bien timidement accueilli par le public ! Mais ça n'a pas freiné les italiens, qui paraissaient moins dans leur bulle que la dernière fois où je les ai vu, en 2014 à Paris. C'est avec un petit accent festif, des sourires et du riff que s'est déroulé ce dernier show, clôturant la troisième édition d'un festival qui va toujours plus haut, toujours au-dessus de ses promesses.

Un petit festival punk sans prétentions bien trop beau pour ne pas y aller l'année prochaine, c'est ainsi que je peux le résumer le plus brièvement possible, d'autant plus lorsque le soleil y brille. J'arrive pas à trouver un reproche... Bah, le Basement est un peu trop petit, mais hey, c'est les règles du jeu habituelles des caves de bar, c'est fidèle à notre quotidien ;) . Puis bon, un son si propre pour une si petite superficie, c'est quand même assez fabuleux. Aucun reproche possible au final, c'est juste du bon temps, de la bonne musique, les vacances, les vraies. Un grand merci à Alex et toutes les personnes qui l'ont aidé, et rendez-vous est déjà pris pour l'année prochaine !

▶ Mon report de la première journée du fest, c'est par ici !


Bisous.

YOU CAN READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos" ! :)

vendredi 13 mai 2016

Miss The Stars Fest III : report du pays des étoiles, 1ère partie.



Vous connaissez toutes et tous le fameux festival Groezrock, la grand-messe du punk et du hardcore en Europe. Vous connaissez probablement le Fluff Fest, a.k.a le lieu de culte de toute la scène screamo et des sous-genres extrêmes du punk. On peut aussi citer le New Noise Fest, le Cry Me A River, le Ieperfest... Mais connaissez-vous le Miss The Stars Fest ? Lancé il y a 3 ans à l'initiative d'Alex, jeune allemand fondateur et rédacteur du blog (We Built The World And) Miss The Stars, spécialisé dans le domaine de l'emo/screamo, il commence sérieusement à se faire une belle place au sein des grands rassemblements punk du vieux continent. La sélection pléthorique et pointue du blog se retrouve sur chaque line-up depuis la première édition, le tout avec une organisation exemplaire. La 3ème édition qui s'est tenue cette année le 6 et le 7 Mai, toujours à Berlin, a tenu toutes ses promesses, et bien plus encore, même si je suis ultra-frustré que Sport ait annulé sa venue et que je sois maudit avec eux. Esprit DIY, 100% vegan, 0% préjugés, soleil de plomb et ambiance maison : bienvenue dans le nouveau petit paradis annuel du festivalier punx !

C'est quelque part au fin fond de Berlin, derrière ce qui semble être un terminus de la société locale de bus, assez glauque de par sa vétusté et son aspect "parking sauvage", dans un quartier qui semble être relativement prisé du milieu punk/hardcore berlinois et quelque peu équivalent à nos banlieues parisiennes, la ghettoïsation en moins, qu'il fallait se rendre pour assister à cette 3ème édition du petit festival. Plus précisément au Tiefgrund et au Zunkunft am Ostkreuz, deux petits locaux formant une charmante friche aménagée en lieu d'échange culturel (à l'image de ce qu'était la Miroiterie à Paris), ou se déroulent concerts, animations, projections, théâtres, avec même un petit bar/restaurant ouvert au tout-Berlin. Un lieu on-ne-peut-plus approprié pour un rassemblement punk, d'autant plus lorsque il s'agit de mouvements tels que le screamo, où la plupart des acteurs du milieu, le public comme les musiciens et les organisateurs, essaient d'aller au-delà de la musique dans leurs actions quotidiennes pour faire évoluer notre monde. Mais le Miss The Stars Fest n'a aucune portée revendicatrice et politique en tant que tel, c'est un rassemblement peaceful au possible, et c'est génial. Et c'est bien dans un esprit purement familial dans lequel j'ai eu la joie et l'honneur de me plonger pour vivre intensément ces 2 jours d'émotions fortes, de musique épique, de partage et de découvertes.

(n'hésites pas à zoomer pour mieux voir les images, y'a une pixellisation dégueulasse sur les miniatures.)








Soyons franc d'emblée, le public du MTS Fest est clairement un microcosme bien établi : 98% du public partage exactement la même culture, les mêms éthiques, est quasi-exclusivement vêtu de noir, avec des t-shirts de groupes (au strict minimum un patch sur un vêtement), des moustaches savamment travaillées et un éventail de coloris capillaires assez vaste. Il faut avouer que ce fût un excellent repère pour trouver la bonne adresse, et pour ne pas vous perdre au LIDL ou aux concessions automobiles d'en face. Mais attention, aucun esprit d'élitisme : ce fût réellement une ambiance bon enfant qui régnait sur ces lieux. Des embrassades chaleureuses (le monde de l'emo/screamo est extrêmement petit en Europe, tout le monde connaît au moins une personne dans ce genre de rassemblement), des fous rires, des centaines de noms de groupes qui se baladaient dans l'air... Une vraie réunion de passionnés ! La plupart venaient d'Allemagne, représentant fièrement des groupes locaux tels que PAAN, The Tidal Sleep, Lingua Nada... Mais d'autres venaient de beaucoup plus loin : Suède, Autriche, Belgique, Angleterre, Espagne... Et bien évidemment la France, pardi ! Mais en nombre très restreint. En ne comptant pas les membres de Mort! Mort! Mort! et Potence qui jouaient sur ce fest, nous devions être 5 français au total (dont moi et 2 amis)... Allez, on prévoit plus de covoiturages pour l'année prochaine !




Mais nous sommes encore bien loin d'y être, concentrons-nous sur l'édition 2016 qui nous a réservé énormément de beaux moments, voulez-vous ? Pour assister au premier concert du festival, il fallait se rendre à la Mainstage, une sorte de hangar aménagé en une salle de concert spacieuse et très chaleureuse, avec des guirlandes de couleur chaude et un lampadaire de style pagode (celui que vos grands-parents ont sûrement dans leur salon) décorant la scène. Une fois passée l'étape de la checklist (le nom des participants était inscrit sur une liste, pas besoin de tickets !), nous empruntions un petit sas ou étaient disposées des superbes sérigraphies en l'honneur du fest et d'autres dessins, artworks et flyers, tous crées par Christian Brix, guitariste de Reason To Care. Et nous voici prêts à assister au set de Years Passing. Plus précisément Henning Runolf, guitariste et chanteur de Suis La Lune et de Sore Eyelids. Sous ce pseudonyme, le suédois nous propose une alchimie tendre, cristalline, presque insouciante, entre emo, shoegaze et ambiant. Quelque part entre les travaux de Hammock et de Astrobrite, nous étions emportés par des nappes sonores tantôt envoûtantes, tantôt bourdonnantes. Musicalement très loin du reste de la programmation, Henning a eu du mal à convaincre l'ensemble du public. Plusieurs personnes sont sorties assez prestement de la salle, quand d'autres sont tout de même restés mais sans avoir été convaincu par ces ambiances douces. Heureusement, certain.e.s se sont volontiers laissés emporter par ce qui sonnait en cette chaude fin de journée comme une brise d'été rafraîchissante et revigorante, quelquefois virant à la tempête... On pouvait y voir une manière d'annoncer la suite des événements : le ton ne fera que monter crescendo au fur et à mesure que la timetable s'écoulera.

Les Singapouriens de The Caulfield Cult ont succédé au suédois, balançant avec entrain leur emo-punk sombre mais enjoué, malheureusement assez faiblard sur disque, mais très efficace en live. D'autant plus que monsieur Runolf est venu déclamer les quelques mots qu'il a enregistré sur l'un des titres du premier album de la bande. Après s'être restauré auprès d'un des stands de restauration vegan présents sur place et avoir goûté à des tacos au seitan tout simplement délicieux, retour dans la grande salle : Shirokuma va nous jouer son skramz typiquement suédois, à savoir jeu de guitare proche du tricot, mélodies lumineuses et atmosphériques, le tout transpercé par le cri arraché, à fleur de peau de Jonathan. Le tout executé avec une énergie et une passion débordante, sous les yeux attentifs d'Henning, en quelque sorte le mentor de la scène screamo suédoise, qui a sensiblement influencé la musique des garçons... Que celui qui ne trouve aucune ressemblance entre Shirokuma et Suis La Lune lève la main ! Par ailleurs, la présence suédoise est forte sur ce festival : un tout nouveau groupe a été invité à ce festival, Det är därför vi bygger städer, formé par quelques visages connus de la scène locale, mais que je n'ai malheureusement pas pu voir. En revanche, pour ce qui est des deux autres groupes nordiques présents sur le line-up, je fus au premier rang, et j'ai eu la chance d'assister dans des conditions idéales à des sets proches de l'héroïsme. Et cela a commencé par Vi som alskade varandra sa mycket. Avec eux, on se prend en pleine face un screamo teinté de dramatisme et de romance, avec des envolées post-rock relevant encore plus la densité de l'ensemble. Malgré des difficultés techniques tenaces pour l'un des guitaristes, le groupe ne s'est en aucun cas découragé pour son deuxième passage sur ce festival, se donnant corps et âme, mettant à dure épreuve la sensibilité du public, qui fût dans sa grande majorité conquis par cette prestation.







Le Miss The Stars Fest a aussi pour vocation de faire découvrir des petits groupes prometteurs à un public généralement très curieux (à la très grande exception de la France...). C'est dans la seconde et très petite salle de ce lieu hétéroclite, nommée pour l'occasion le "Basement" (reconstituant en quelque sorte l'environnement habituel dans lesquels on a l'habitude de voir des groupes de screamo), que se produiront des jeunes formations tout autant animées par la passion que par les groupes plus "grands". Juste après le set de Vi Som Alskade Varandra Sa Mycket, en allant flâner au stand de merch et au bar, la musique virulente et ultra condensée de Rêche se faisait entendre depuis le sous-sol. Ce petit goût d'Orchid et de Beau Navire m'a flatté les oreilles, et je me suis ainsi empressé de descendre. Bien m'en a pris : Rêche ne plaisante pas, c'est court mais extrêmement concis, c'est taillé à la serpe, ça envoie en rafale des dissonances et des saccades qui viennent tailler le cœur et l'esprit, sans aucun répit, sans aucune pitié. Autant de force de frappe et de convictions que les aînés, il ne manque plus que l'originalité. Presque essoufflant à vrai dire, et pour sûr une découverte à suivre... En attendant de retourner plus tard dans ce petit lieu, nous voilà revenu vers la Mainstage pour ne surtout pas louper le groupe français du line-up, car oui, il y en a un, et pas des moindres : Mort! Mort! Mort!, a.k.a Aussitôt Mort avec un membre en moins, éternels comparés à Amanda Woodward, mais qui ne cesse pourtant de s'en différencier. Personne ne sera laissé indifférent ni épargné par leur post-hardcore aux effluves de sludge boueux et d'influences dub semant le trouble et donnant de la densité et de l'écho à l'épais brouillard que distille le groupe... Et ces vibrations, c'est toujours aussi bon.


   


Mais il fallait partir en milieu de set si l'on voulait être idéalement placé pour assister à ce qui s'est avéré être le meilleur concert de la soirée, sinon LE concert de cette édition 2016 du Miss The Stars Fest : Le concert de re-formation de The Hope And The Failure. Et devinez quoi ? Ils sont suédois. Je vous le dis souvent sur mes chroniques, la Suède est le nouveau meilleur pays de la scène dans le monde, en voici une preuve de plus. The Hope And The Failure fût le tout premier groupe d'Ina, qui officie depuis 2012 dans Heart On My Sleeve. Avec tout autant de force et de dévouement, mais avec une instrumentation moins vive. Ils n'ont sorti qu'une démo 6 titres absolument introuvable que ce soit en physique ou en digital, sinon via YouTube ou quelques utilisateurs de Soulseek... Et via une quinzaine de cassettes disponible au stand de merch ce soir-là. De futurs collectors ! Ainsi, le groupe fraîchement reformé nous a offert les titres de cette fameuse démo, en passant par une reprise poignante du "Love Will Tear Us Apart" de Joy Division, avec toute la rage, la force et la passion avec lesquels ces chansons ont été enregistrées (et même improvisées, selon Ina), plus de 10 ans en arrière. Ina paraissait tiraillée par ses propres paroles, les hurlant ou les racontant tel un catharsis, avec une peine visible mais un soulagement de confier tout cela face à un public réceptif, attentif, compatissant, qui a chaleureusement applaudi le groupe à la fin de son set bouleversant et mémorable.








Si vous pensiez que nous avions déjà atteint le summum des capacités émotionnelles du Miss The Stars Festival, eh bien vous vous trompez, messieurs dames. Le second jour nous a réservé bien d'autres surprises, toujours sous un franc soleil, toujours avec un état d'esprit général "détente et copains"... J'ai cependant un ÉNORME regret : celui de ne pas avoir pu voir le set de Potence, il y avait beaucoup trop de monde dans le Basement...

YOU CAN READ THE ENGLISH TRANSLATION BY CLICKING ON "Plus d'infos" ! :)