Youth Funeral. Rien que ce nom déprimant (et assez percutant) suffit à se faire une idée de ce qui nous attend dans la musique du groupe. Les américains ont sorti il y a quelques jours leur second EP, nommé See You When I See You, et putain, ces dudes ont toujours une sacrée mort dans l'âme. De violents cris de panique et de colère, un hardcore au vitriol, 6 brûlots au service de l'autel du skramz, que Raph Bastek (chant/guitare) dessert déjà chez Old Gray. À savoir qu'au moment ou je rédige cette chronique et que je m'écoute l'EP, j'entends en fond la musique de ma collègue de boulot, cette chanson culte de R.E.M qui fait "everyyybody huuuurts, everyyyybody criiiies". De quoi s'assurer un pur moment de fragilité.
Le disque commence avec "Vultures". Bon, si d'entrée on fait voler des vautours autour de toi, c'est que t'es censé crever dans la cinquantaine de secondes que dure ce titre. Et en effet, c'est sans compromis et c'est assez évocateur d'une faucheuse un peu trop excitée. C'est chaotique mais du côté "kleenex" du bordel, c'est crié d'un ton cathartique, presque gênant, dans la parfaite tradition du VRAI screamo de cave humide de bar. Pense à Portraits Of Past, à Jerome's Dream. Alors que ce morceau a déjà creusé ta tombe, le suivant, "Confidante", est un titre tout aussi lancinant, mais juste parce qu'il a la capacité de te faire pleurer. Pour de vrai. Ce ton extrêmement mélancolique, et ce final surpuissant, bouleversant, allant de pair avec ces lyrics désemparées... C'est d'une beauté brute, c'est infiniment touchant. Un des meilleurs titres de screamo que j'ai pu écouter depuis bien longtemps, eh ouais. Le disque continue ensuite dans un élan mélodique mais pas moins musclé sur "I Remember", avant que le chaos ne reprennent ses droits sur l'intro de "When It Pours", qui dans sa lancée laisse se dévoiler une nouvelle fois la face fragile du disque, avec ces mélodies salvatrices. Le contraste entre délicatesse mélancolique et abyme de brutalité se dessine au plus vif sur "Weak But Warm", laissant ensuite la place à l'ultime pièce de l'EP, reprenant le titre de celui-ci. Un morceau lourd, pesant, crissant, faisant se terminer le disque sur note toujours plus pessimiste, brumeuse, résignée.
Ce qui revient souvent à l'écoute du disque et des paroles, c'est la faiblesse mentale, la difficulté de faire face aux souvenirs, à l'oubli, au monde, à ses amours perdus, à soi-même. Une faiblesse à chercher dans le cœur, dans l'âme, dont cherche à s'extirper les musiciens, s'en délivrant au travers de ces 6 témoignages forts. Si il devait un jour y avoir un successeur à Loma Prieta, ce serait probablement eux (d'ailleurs, Brian Kanagaki leur a dessiné un motif pour leur merch). Ils maîtrisent tout aussi bien que leurs compatriotes californiens la balance entre violence saccadée et sensibilité. Il est assez intéressant de constater que ce disque et leurs deux précédents opus se complètent parfaitement, permettant ainsi à l'auditeur un catharsis plus intense encore. Ils se sont payés de luxe de faire produire ce disque par MONSIEUR Will Killingsworth (Orchid, Ampere) qui a su mettre en relief cet univers dépressif et introspectif, ces riffs acérés et éthérés, et ce chant dont la moindre parcelle d'émotion a été capté avec précision. C'est sorti chez Twelve Gauge Records, les dudes du label me l'ont envoyé avec Decade Of Dust de Hellhorse (hardcore punk pas content VS crust sombre sans virer black metöl) en cadeau-bonus-méga-cool, et c'est l'un des grands disques skramz de 2015 à n'en point douter, en attendant que Loma et Ravin sortent le leur.
You know everything,
You know more than me,
You know how I love,
You know how I'm weak.
When they ask you, "What did he see?"
Tell them only the most beautiful things.
You know everything,
You know more than me,
You know how I love,
You know how I'm weak.
When they ask you, "What did he see?"
Tell them only the most beautiful things.
Bisous.
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