vendredi 22 février 2019

MONPLAISIR - THE AGREEMENT



Ça fait un mois que cette review traîne dans mes brouillons et que j'ai pas super envie de la poster, j'suis pas enthousiasmé.e par ce texte, je sais pas trop pourquoi. Je suppose que si vous arrivez là, c'est que vous aimez me lire un minimum et/ou que vous aimez les reviews non ? Bon, avant de parler de musique, C O N T E X T E (et gauchisme appuyé, en somme) : Selon mes recherches, Monplaisir est un quartier lyonnais "à l'esprit village", faussement authentique, avec des commerces plutôt huppés, un cadre de vie cher, favorisant les classes aisées. Soit tout ce qui me blase quand on me vient à parler d'une métropole. J'y préfère évidemment les quartiers populaires, là où la vie respire plus fort que ces murs ternes d'un modernisme ennuyeux et bourgeois... Lisez plutôt ces quelques lignes issues d'un article paru sur Tribune De Lyon en 2015 : "Le revenu médian par ménage atteint pratiquement les 30 000 euros à Monplaisir, soit 10 000 euros de plus que la moyenne dans le reste du 8ème [arrondissement de Lyon, NDLR]… Résultat : de nombreux-euses habitant-e-s peuvent se permettre de vivre dans de coquettes maisons de ville bourgeoises avec jardin et parking, comme dans les tranquilles rues des Lilas et Neuve, situées derrière la place Ambroise-Courtois. Le marché de l’immobilier avoisine d’ailleurs, dans le quartier, celui des secteurs les plus riches de Lyon. “Nous avons des biens qui s’achètent parfois jusqu’à 5000 euros/m2 contre une moyenne de 2900 euros/m2 dans le reste du 8e”, confirme un agent immobilier du quartier."

Et si on creuse un peu plus loin dans les origines même de Monplaisir, on comprend que c'est embourgeoisé depuis le début : "C'est le châtelain Marie Vital Henry, dit le baron des Tournelles, qui a créé Monplaisir. Ce propriétaire terrien possédait le château des Tournelles, qui dominait la province du Dauphiné, sur l’emplacement actuel de l’hôtel Mercure du cours Albert-Thomas, et dont la dernière tour a été rasée en 1960 par Louis Pradel. En 1828, il transforma son domaine en lotissements. Une opération d’urbanisme sans précédent pour créer 400 parcelles de terre reliées par des rues que le baron nomma alors le Village de Monplaisir. Un nom choisi pour attirer les Lyonnais-es loin du centre-ville, dont l’air était à l’époque difficilement respirable en raison des déchets qui étaient fréquemment déversés dans le Rhône, en l'absence d'égouts. “Les Lyonnais venaient à Monplaisir pour respirer le bon air et beaucoup d’entre eux avaient des résidences secondaires”, raconte un historien du quartier. Certains expliquent aussi ce nom de Monplaisir en raison des nombreuses auberges qui s’étaient installées sur place et dans lesquelles les Lyonnais venaient passer du bon temps."

Ces petits caprices de privilégié-e-s, cette richesse pécuniaire, c'est pas du tout ce qui se perçoit dans le MONPLAISIR dont il est question ici. Celui-là m'évoque quelque chose de bien plus populaire, de bien plus coloré, qui chercherait justement à s'échapper de cette monotonie proprette, chercher de la chaleur en un interstice qu'il se serait constitué tel un cocon. Ce MONPLAISIR-là, je le verrais plutôt traîner vers la Guillotière, tu vois. Mais bon, à Monplaisir, on y a aussi projeté le premier film, en 1895, cimer les frères Lumière... Et c'est cette face de ce quartier lyonnais qui a servi de référence au groupe, en sachant que ce sont de bons cinéphiles. Et parce que Flo et Yoan y vivent, tout simplement ! (et aux dernières nouvelles, ils ne font pas partie de cette bourgeoisie ambiante, malgré leur méga-popularité dans une scène qui est communément vue comme un "emo revival", SPORT n'a pas encore permis à leurs musiciens de s'acheter des villas et un car de tournée haha !)

Dans MONPLAISIR, on retrouve donc Flo (guitare/chant) et Clément (batterie/backing vocals), qui jouaient auparavant dans SPORT, dont Slow prédisait quelque peu ce qui allait se faire ensuite dans ce nouveau projet : c'était plus moody, plus doux, avec un certain accent mis sur les textures sonores plus que sur le tapping... Alors quand MONPLAISIR a sorti sa démo en 2016, on était sur un terrain familier, lumineux et chaleureux, mais encore un peu plus doux et introspectif que ce qu'était devenu SPORT. Grosso modo, on y retrouve le même sens du riff qui tricote, mais ça prend plus le temps de se développer... Tiens, et si on pouvait y voir une sorte de réponse à "Trompe l'ennui", qui disait avec passion : "Ou est le mal à vouloir prendre le temps ?"... MONPLAISIR, c'est des jeunes trentenaires qui n'ont pas cessé d'être des punks mais qui ont mûri en même temps, qui s'amusent avec leurs influences de toujours, avec une certaine dose d'insouciance et de spontanéité (le chant a d'ailleurs été enregistré en une seule prise), tout cela se ressent dans ces morceaux chargés de beaucoup de mélancolie, d'intime, de sensibilité. C'est une alchimie magique entre tout ce qu'ils ont écouté, vécu, et ce qui leur reste à vivre après tout, parce que y'a encore un long chemin devant eux. En témoigne l'intense quart d'heure quasi-instrumental de "Hey John", dernier titre de The Agreement. Mais ne grillons pas les étapes :).

Ce disque a été enregistré au Mikrokosm Studio, à Villeurbanne (bah hey, quand on parlait de quartiers populaires !), là où leurs camarades de BÂTON ROUGE ont enregistré Totem, et également là où le THURSTON MOORE GROUP (grosso modo la suite de SONIC YOUTH avec Debbie Googe, bassiste de MY BLOODY VALENTINE, à la place de Kim Gordon) a composé et enregistré un titre inédit, "Transcendent Transaction", pour une Mikrokosm Session (leur épisode 11, visible par ici !)... Vu comment Totem sonne, et vu l'atmosphère de The Agreement, ce choix fût fort judicieux

Aucun morceau n'est vraiment indépendant de l'autre, et semble avoir le même fil conducteur : ça tourne autour d'un même élan de mélancolie comme dit plus haut, de douceur. Un fil de souvenirs récupérés ça et là, nés dans divers endroits de Lyon comme le suggère le titre de "Tête d'Or (Le Parc)" ou les paroles de "Rainy May", dans divers errances lors de nuits passées devant des écrans, ou bien les yeux à divaguer dans le noir au lieu d'y trouver le sommeil. Le souhait de vouloir se vider la tête de toutes ces choses qui nous minent sans en trouver la cause, mais essayer de trouver par soi-même ces petits remèdes qui nous font du bien sans vraiment que ça nous guérisse, mais qu'on sait peut-être meilleurs que tout ce qu'on nous propose... 

"I'm naming every pain after anything I read on a webpage. I don't sleep well, too much anxiety piled up in me. I speed read my screen for techni-color dream and smoother nights". - "Pliocène".

Ce disque demande du temps devant soi, et/ou un chouette paysage ou son canapé sur lequel s'allonger, pour l'écouter tranquillement, en saisir toutes les subtilités. Il s'écoule dans un ruissellement délicat de mélodies, qui quelquefois se précipitent, en témoignent la pièce maîtresse de ce disque, "Queen Size Sea". Un habile, subtil dosage de tout ce que The Agreement propose en 7 minutes envoûtantes. Si on doit rapprocher ce disque à d'autres groupes, ce sera bien évidemment SONIC YOUTH, du moins son côté le plus juvénile, incandescent et catchy, puis aussi ces groupes de post-hardcore des années 90's qui jouaient avec les boucles, les progressions, les montées d'adrénaline, les hérissements, tels LUNGFISH à leur période Indivisible / Artificial Horizon, via leur retenue bouillonnante, ou UNWOUND. Puis naturellement, on retrouve des similitudes avec les local heroes de BÂTON ROUGE, qui partagent pas mal de leurs influences au-delà de leurs affinités personnelles...

J'aime profondément ce disque, qui a ce pouvoir de réconfort et d'oubli de soi (dans une bonne optique) que j'aime tant ressentir à l'écoute d'un album. J'espère que vous ressentirez la même chose en l'écoutant, ça décuplera votre appréciation de The Agreement. En tout les cas, si vous aimez ces disques sucrés et noisy des 90's, un peu plus complexes que la plupart des gros disques de rock alternatif de cette époque mais trop pop pour être réellement classés dans l'indie-punk ou l'étiquette, un peu fourre-tout il est vrai, du post-hardcore (mais quand même véridique pour le coup), foncez écouter ce nouveau LP.




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It's been a month that this review drags in my drafts and I don't really want to post it, I'm not satisfied by this text, I don't know why, maybe I'm afraid that it's not giving justice enough to this album ? I guess if you get there, that's because you appreciate to read my emo thoughts about music and / or that you like reviews, right? Well, before talking about music, here's some C O N T E X T (and some leftist analysis): According to my research, Monplaisir is a district Lyon "in a village spirit", falsely authentic, with rather upscale shops, an expensive living environment, favoring the wealthy classes. That's all that bothers me when it comes to speak of a metropolis. I obviously prefer popular neighborhoods where life breathes stronger than the dull walls of a boring and bourgeois modernism...  The Tribune De Lyon published in 2015 an interesting description of Monplaisir : "The median income per household reaches almost 30,000 euros in Monplaisir, 10,000 euros more than the average income in the rest of the 8th district of Lyon... Result: many people can afford to live in bourgeois cozy houses with garden and parking, as in the quiet streets of Lilas and Neuve, located behind the Place Ambroise-Courtois. The real estate market is also, in that neighborhood, approaching the ones of the richest areas of Lyon. We have properties that are sometimes bought for up to 5000 euros / m2 against an average of 2900 euros / m2 in the rest of the 8th district", confirms a real estate agent of the district."

And if we dig a little further into the very origins of Monplaisir, we understand that it's gentrified from the beginning: "It's the castle owner Marie Vital Henry, a.k.a the Baron des Tournelles, who created Monplaisir. He owned the Tournelles castle, which dominated the province of Dauphiné, on the current location of the Mercure hotel of the Cours Albert-Thomas, and which his last tower was razed in 1960 by Louis Pradel. In 1828, he transformed his estate in subdivisions: an unprecedented planning operation to create 400 parcels of land connected by streets that the baron then named the Village of Monplaisir, a name chosen to attract the Lyonnais-es far from the city center, where the air was, back in the day, difficult to breathe because of the waste that was frequently dumped in the Rhône, in the absence of sewers. "Lyonnais-es came to Monplaisir to breathe some fresh air and a lot of them had second homes", says a historian of the neighborhood. Some also explain the name of Monplaisir because of the many inns that was settled on the site and in which the Lyonnais-es came to spend a good time."

These little whims of privileged people, this pecuniary wealth, are not at all what we can perceive in the MONPLAISIR which I'm actually talking about here. This one evokes something much more popular, much more colorful, which would seek precisely to escape from this monotony, to seek heat in an interstice that he would have constituted, like a cocoon. I would rather see this MONPLAISIR hanging towards the Guillotière. But hey, at Monplaisir quarter, we also screened the first film, in 1895, s/o to the Frères Lumière... And it's this face of this Lyon neighborhood that served as a reference for the band, knowing that these are good cinema enthusiasts. And because Flo and Yoan live there, simply! (and in the latest news, they aren't part of this ambient bourgeoisie, despite their mega-popularity in a scene that is commonly seen as an "emo revival", SPORT hasn't yet allowed their musicians to buy villas and a huge tour bus haha!)

In MONPLAISIR, we find Flo (guitar / vocals) and Clément (drums / backing vocals), who previously played in SPORT, which Slow somewhat predicted what would happen in their new project: it was more moody, more soft, with a certain emphasis on sound textures more than tapping and ALGERNON CADWALLADER-ish stuff... So when MONPLAISIR released its demo in 2016, we were on a familiar ground, bright and warm, but a little more softer and introspective than what already became SPORT. Basically, we find the same skills of knitting riffs, but with more time took to make them evolve in the song... Maybe we can see here some kind of answer to "Trompe l'ennui", who passionately said : "What's wrong about wanting to take the time?"... You can't know how much this song saved my life when Slow came out. MONPLAISIR is still-young peeps in their thirties (oh well, and being in our thirties definitely doesn't mean becoming fucking old, for fuck sake), who haven't stopped being (emo)punks but who have matured at the same time, who have fun with their main influences, with a certain dose of spontaneity (vocals were recorded on one-take), all this can easily be felt in these pieces loaded with a lot of melancholy, intimacy, sensibility. It's a magical alchemy between everything they've listened to, lived through, and what's left to live after all, because there's still a long way to go before them, as evidenced by the intense quarter-hour, quasi-instrumental "Hey John", last song of The Agreement...

This LP was recorded at Mikrokosm Studio, Villeurbanne (hey, when we talked about popular neighborhoods and how we can classify MONPLAISIR in it, here's a good, but somewhat accidental as well I guess, indicator about where the spirit compass of the band is directed), Where their comrades of BÂTON ROUGE recorded Totem, and also where the THURSTON MOORE GROUP (roughly the continuation of SONIC YOUTH with Debbie Googe, bassist of MY BLOODY VALENTINE, instead of Kim Gordon) composed and recorded a new song, "Transcendent Transaction", in one afternoon for a Mikrokosm Session (episode 11, visible here!)... Knowing how Totem sounds, and considering the global atmosphere of The Agreement, this choice was very judicious.

No song is really independent of the other, and seems to have the same main thread: it revolves around the same momentum of melancholy as said above, of sweetness. A thread of memories recovered here and there, born in various places of Lyon as the name of the song "Tête d'Or (Le Parc)" suggests as well as "Rainy May" lyrics, in various wanderings during nights spent in front of screens, or with the eyes wandering in the dark instead of finding sleep. A wish to want to clear our head of all these things that undermine us without finding the cause, but trying to find by ourselves these little remedies that do us good without really actually healing, but better for us than anything doctors and stuff are prescribing...

"I'm naming every pain after anything I read on a webpage. I don't sleep well, too much anxiety piled up in me. I speed read my screen for techni-color dream and smoother nights". - "Pliocène".

This album requires time, and / or a nice landscape or our sofa on which to lie down, to listen quietly to the record, to grasp all its subtleties. It flows in a trickle of melodies, which sometimes rush, as testified by the centerpiece of this record, "Queen Size Sea". A clever, subtle mix of everything The Agreement offers in 7 mesmerizing minutes. If we must compare this to other bands, it will obviously be SONIC YOUTH, at least its most youthful, glowing and catchy side, and as these post-hardcore bands of the 90's that were playing with loops, progressions, adrenaline rushes, such as LUNGFISH at their Indivisible / Artificial Horizon era, via their boiling restraint, or UNWOUND. Then naturally, there are similarities with the local heroes BÂTON ROUGE, which share quite a lot of their influences, beyond their personal affinities ...

I deeply love this record, which has the power of recomfort and to allow a forgetfulness of self (in a good perspective) that I like to feel while listening to an album. I hope you'll feel the same way by listening to it, it will increase your appreciation of The Agreement. Anyway, if you like these sweet and noisy albums of the 90's, a little more complex than most of the big alternative rock records of this era but too pop to be really classified in the indie-punk spectrum or in the little tote post-hardcore label (but accurate tho), go to listen to this new LP.

3 commentaires :

  1. Visiblement, tu ne connais pas beaucoup la ville.
    Villeurbanne a aussi ses quartiers huppés et La Guillotière n'est pas tellement plus populaires que Monplaisir.

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    1. Je ne dis pas que Villeurbanne est entièrement populaire, la bourgeoisie est présente partout où elle le peut. De plus, La Guillotière souffre malgré elle d'un phénomène de gentrification qui s'accélère, contre lequel lutte ses habitant-e-s.

      - https://www.facebook.com/Assemblee.Guillotiere/
      - https://www.lyonplus.com/actualite/2019/01/15/ils-disent-stop-a-la-transformation-de-la-guill?fbclid=IwAR0_IvGKHcmVXd4wNf6kLtkT04XJRmfQ6UL1euacMGMf5YZAQ1W-NvvgkJ8

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  2. MA REGION MA VILLE MON QUARTIER OI!

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