mercredi 13 février 2019

55 DELTIC, un manifeste slowcore cheminot ?



Je commence à écrire ceci, sans le faire exprès, à 13h12.  ( ͡° ͜ʖ ͡°)

C'est un Lundi où pour une fois, je ne bosse pas. Je me suis réveillé-e tranquillement, pour ne pas qu'un nouveau mal de tête ne pourrisse mon après-midi (ce qui a fini par arriver) qui s'annonce sous le signe du "rien faire", ce qui est plus que reposant pour l'esprit. Et je suis parti-e pour écouter ce disque en repeat, que j'ai découvert un peu au hasard, je ne sais plus comment, c'était sur Facebook.

55 DELTIC viennent de Notthingham, UK, et c'est l'un de ces groupes dont stricly no capital letters, le label qui co-produit ce disque avec Barely Regal Records et Kingfisher Bluez, a la spécialité : ce genre de disque qui invitent au voyage depuis son canapé, en fermant les yeux. Aussi ce genre de trucs que tu écoutes en te baladant en forêt. Je suis heureux-se d'avoir découvert ce groupe. En l’occurrence, il semblerait que ce soit aussi fait pour l'écouter dans le train, le thème autour duquel semble tourner le groupe. Tiens, pour une fois que c'est pas de l'emo français qui parle de trains !

Ce "mostly vegetarian, DIY, rail renationalisation band"  (55 Deltic est également un modèle de train diesel, histoire d'appuyer leur worship du rail) vient de sortir You Could Own an American Home, son premier album, où figurent les morceaux de la démo sortie en Août 2016. Et il se trouve qu'écouter leurs morceaux dans le train, ça marche pas mal, effectivement. D'ailleurs, une coïncidence marrante : dans l'après-midi où je rédige cet article, je vais aller chercher l'un de mes frères à la gare de Plaisir-Grignon, où il travaille. Ma journée va donc se passer sur le thème du rail à priori t'sais. De toute façon, ce disque semble m'être destiné-e : tout ce qui tourne autour des trains, c'est quelque chose qui me touche depuis la plus tendre enfance, j'ai grandi autour des trains, j'ai vécu longtemps près de la gare de Trappes et sa gare de triage, et passé du temps à explorer les friches autour, j'ai passé une année entière à évacuer mes peines et une intense solitude à errer dans les trains de banlieue pour fuir un lycée bourgeois où j'étais rejeté-e, moqué-e. Enfin bref.

Ce disque, il est riche en douceur, en introspection, comme ces groupes moitié emo, moitié slowcore, savent si bien le faire aux UK et en Ecosse. Alors du coup, les paroles ne sont pas dans le militantisme et la revendication cheminot-e : on est dans des thèmes vachement plus personnels et intimes, qui vont tout de même de pair avec la musique et la thématique du groupe, qui se laisse volontiers savourer en regardant les paysages défiler à travers la fenêtre du train... La poésie de "Tangen" m'a touché-e, mise en valeur par ses guitares mélodieuses, sucrées, ce violon qui vient encore ajouter davantage à la beauté et la sensibilité qui règne sur ce titre. "Didcot, Newbury & Southampton Railway", déjà présente sur la démo de 2016, et mon morceau préféré du groupe jusque là, avec une légère touche post-rock, me rappelle ce que j'adore chez CLOAKROOM, pas surprenant quand on sait que eux et 55 DELTIC partagent les mêmes influences : DUSTER, CODEINE, RED HOUSE PAINTERS...

Et il y a cet espèce de breakdown émotionnel à la fin de "Eden Valley Line", ce final hurlé, frissonnant, presque bouleversant. Ce morceau m'a rappelé DYM, cet intriguant groupe d'emo 90s londonien rempli de fractures de la sorte.

Sur ce disque, j'ai l'impression qu'une certaine attention a été portée sur le rendu des parties les plus heavy des guitares, sur la façon dont les mélodies s'enchaînent, sur le moindre petit effet de son. Il me semble que l'un des guitaristes compose de l'ambient et du drone/doom dans d'autres projets, et cela se ressent dans l'atmosphère générale du disque. Il ne s'agit pas seulement de balancer de la réverb, du feedback et du fuzz partout parce que ça sonne bien, ou que ce serait cool, tout ça. Non, c'est vraiment quelque chose qui marque nos tympans, nos esprits, des sons qui ressemblent à des nuances et des couleurs particulières... C'est en ça que ce disque en devient atypique, malgré ses influences évidentes qui ressortent.

Nous aussi en (F)rance, on a pas envie que la SNCF devienne un service commercial où la concurrence et la course à la réduction de coûts précariserait les emplois, réduirait la qualité du service... Force et soutien aux salarié-e-s du rail anglais, autant qu'en (F)rance.





I start writing this, without doing it on purpose, at 13h12.  ( ͡° ͜ʖ ͡°)

It's a Monday where for once, I don't work. I woke up quietly, so that new headache will not ruin my afternoon (which eventually happened) that promises to b like "let's do nothing at all", which is more than resting for the mind. And I'm going to listen to this record in repeat, which I discovered a little randomly, I don't know how actually but I know it was somewhere on Facebook.

55 DELTIC are from Notthingham, UK, and this is one of those bands whose stricly no capital letters, the label which co-released this record with Barely Regal Records and Kingfisher Bluez, have the specialty: that kind of record that invite the listener to travel from their couch, while closing their eyes. Also it's that kind of stuff you would probably listen to while walking in the forest. In this case, it seems that it's also something to listen in the train, the main theme of the band. Well, for once it's not French emo! I'm really happy to have discovered this group, british slow punk music is forever.

This "mostly vegetarian, DIY, rail renationalisation band" (55 Deltic is also a diesel train model, here's another point to rely their rail worship) has just released You Could Own an American Home, his first album, which features songs from the demo released in August 2016. And it turns out that listening to their tracks on the train works pretty well. Moreover, here's a funny coincidence: in the afternoon when I am writing this post, I will rejoin one of my brothers at the Plaisir-Grignon station (in the parisian suburbs) where he works. Yeah, you get it, my day will be centered on the theme of rail lol. Anyway, this record seems to be made for me: everything that revolves around trains had an influence on me from the earliest childhood, I grew up around trains, I lived near Trappes station and its marshalling yard, and spent time exploring the old railways and wastelands around, I spent a whole year to evacuate some pains and an intense loneliness to roam on the suburban trains to runaway from a bourgeois high school where I was rejected, mocked, and where I had the worst thoughts about what I wanted to do against myself. Anyway.

This album is rich in softness, in introspection, as all these half emo, half slowcore bands know so well hod to do it in the UK and in Scotland. Well the lyrics are not about activism and railwaypersons rights and stuff: they are rather themed on more really personal and intimate topics, which fits well with their music and their main theme anyway, but which is something to drown into, while looking at the landscapes scroll through the window of the train... The poetry of "Tangen" touched me, highlighted by its melodious and sweet guitars, this violin that adds even more to the beauty and sensitivity that reigns on this song. "Didcot, Newbury & Southampton Railway", already featured on the 2016 demo, and my favorite song of the band so far, with a slight post-rock touch, reminds me of what I love about CLOAKROOM, not surprising when you know that them and 55 DELTIC share the same influences: DUSTER, CODEINE, RED HOUSE PAINTERS... All the good o.g slowcore shit.

And there's that emotional breakdown at the end of "Eden Valley Line," the shuddering, almost overwhelming outro, which singer is screaming his lungs out. This song reminds me of DYM, this intriguing 90s emo band from London, which is filled with that kind of sonic fractures.

On this disc, I have the impression that some attention has been paid to the rendering of the heavier parts of guitars, the way the melodies are linked, on the smallest effect of sound. If I'm correct, I found out that one of the guitarists already released ambient and drone/doom records with other projects, and this is reflected in the general atmosphere of the record. I mean it's not like just throwing reverb and feedback here and there to look cool and weird and shit, it's really something that have an impact in our eardrums, our minds, our skin. That's why this album becomes atypical, despite its obvious influences that emerge from their sound.

Here in France, we also don't want the SNCF to become a commercial service where competition and the race to reduce costs would deteriorate working conditions and the jobs themselves, reduce the quality of service... Strength and support to employees of the English rail, as well as French ones.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire