Fin 2018, les nantais de HEAVY HEART sortaient leur superbe 2ème album, Love Against Capture. Et il est loin, très loin d'être seulement une pièce musicale très agréable à poser sur sa platine : c'est un manifeste politique, un brûlot face à ce qui régit nos vies et nous séparent. Un autre nœud pour tenter de réparer les liens que nos sociétés détissent, quand elles ne les mettent pas carrément au feu, celui que l'on nous éteint d'une main de fer quand nous faisons feu de tout bois. J'avais envie de vous le raconter, car ce disque m'a touché et je m'y suis reconnu-e, mais j'avais encore ce manque d'énergie, ce flegme terrifiant, et finalement la crainte d'écrire un truc redondant et pas intéressant.
Souvent, dans les reviews, on fait référence à X qui sonne comme Y, on met un peu les groupes en compétition, d'inévitables réflexes de concurrence qu'on retrouve dans nos vies de tout les jours, au taf', devant son écran ou dans les commerces. Des fois, on fait des allusions un peu stylées à des paysages, des situations vécues ou à vivre, des histoires personnelles, pour essayer de sortir un peu du schéma classique d'une chronique, pour la rendre plus pertinente et passionnée, que ce soit plus agréable pour les lecteurs.trices comme pour læ rédacteur.trice... Mais il me semble que les inspirations littéraires sont trop peu mises en avant, alors que c'est souvent le coeur des paroles et du contexte de la composition d'un disque de punk politisé, peu importe le degré de "pop-" compris dedans (d'ailleurs, c'est un faux argument : la pop peut être et a déjà été un fort outil politique).
Souvent, dans les reviews, on fait référence à X qui sonne comme Y, on met un peu les groupes en compétition, d'inévitables réflexes de concurrence qu'on retrouve dans nos vies de tout les jours, au taf', devant son écran ou dans les commerces. Des fois, on fait des allusions un peu stylées à des paysages, des situations vécues ou à vivre, des histoires personnelles, pour essayer de sortir un peu du schéma classique d'une chronique, pour la rendre plus pertinente et passionnée, que ce soit plus agréable pour les lecteurs.trices comme pour læ rédacteur.trice... Mais il me semble que les inspirations littéraires sont trop peu mises en avant, alors que c'est souvent le coeur des paroles et du contexte de la composition d'un disque de punk politisé, peu importe le degré de "pop-" compris dedans (d'ailleurs, c'est un faux argument : la pop peut être et a déjà été un fort outil politique).
Simon, que vous avez pu voir jouer dans ZOMBIES ARE PISSED!, SITUATIONS, et qui est désormais dans COLD HEART DAYS et actif au sein de la Pétroleuse à Caen, a pris le temps d'exprimer son ressenti à propos de ce disque, parle d'évidents noms qui ressortent de certains textes, évoquant toujours les références extra-musicales des nantais, un album dans lequel figure nos envies de vivre plus fort et plus juste, nos désirs de briser les chaînes et les barrières qui nous entravent chaque jour, nos espoirs défaits mais pas défunts, et qu'on sait nécessaires pour tou-te-s pour se tirer vers le haut, d'une corde qu'on aura consolidé ensemble. Ce devait être destiné à Lundi Matin, pour exister ailleurs que sur un post Facebook sur la page de HEAVY HEART, mais il m'a été proposé d'héberger cette chronique, finalement.
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"La façon dont nous construisons nos amitiés, la façon dont nous aimons l'autre, participent d'une politique révolutionnaire." - HEAVY HEART, 2018
● Si la publication en français de l’incroyable biographie de NOFX (vous pouvez vous la procurer ici : http://moncul.org/distro_mon_cul/zines/) a permis à certains gros durs d'arrêter de cacher qu'avant d'écouter de la trap, du gabber, du hardcore ou du crust punk, ils ont, comme beaucoup, découvert leur sensibilité musicale par des disques de punk rock mélodique, les quatre nantais de HEAVY HEART quand à eux affirment plus que jamais une certaine qualité de la mélodie pop dans sa capacité à traduire des émotions. Après leur EP Discoveries qui avait surpris en 2015 et le très plaisant Distance de 2017, le nouvel album des quatre amis vient confirmer que le punk, lui aussi, peut habiter l'émeute en poète.
Ce qu'il faut connaître en préalable, si vous ne connaissez pas ce groupe, c'est que HEAVY HEART réhabilite avec soin une esthétique mélodique, pop, et nostalgique dans le punk rock, loin des clichés du genre aux paroles adolescentes sur les meufs, l'alcool et le skate. C'est peut-être ce qui fait, que l'on comprenne l'anglais ou non, que l'on est touché-e par une intelligence particulière de la composition et une sensibilité telle qu'on s'en trouve soudainement affecté-e. Et ce, bien que les techniciens de la musique, ceux pour qui seule compte l'originalité des compositions opposeront une certaine facilité dans l'écriture musicale. Ceux-là parlent avec raison et ne peuvent comprendre les nantais qui nous parlent en affects. Et c'est d'ailleurs ce qu'expose quelque part le texte qui accompagne ce disque : « Si ce disque participe de quelque chose, c'est bien d’une affirmation politique, personnelle et collective. Il reflète nos existences, nos engagements, nos joies, au même titre que nos doutes, nos peines et nos incertitudes. Il est un condensé ». Condensé également, pour celui ou celle qui saura le lire, des dernières lectures de nantais, tant quelques auteurs que l'on affectionne y transparaissent.
Entre intériorité et extériorité, voilà le champ pris d'assaut par HEAVY HEART. Introduisant ces 11 pistes, un appel à créer des foyers pour la communauté installe cette dialectique. Dans « New Light », en constante ascension comme pour lancer les hostilités et prendre aux tripes, les quatre nantais pointent cette nécessité d'affirmation, affirmation de soi et de nos devenirs, contre l'espoir qui nous éloigne dans l'attente du changement. Il apparaît alors évident, qu'après cette mise en tension, la fin de l'espoir appelle la vie magique. Ce titre, « Magic Life » (dont le clip est réalisé avec des images de "La Grève" de Serguei Eisentstein), est une restitution du changement de perception qui se traduit dans le salariat quand le boulot perd en sens. Manifeste contre le travail, la finesse de la réflexion nous invite à ne pas tomber dans la caricature et à accepter que la désertion n'est pas un chemin si facile, qu'elle nécessite, quand un monde, celui de l'expérience du travail, s'écroule, d'accepter que lorsque l'on fait face à ce nouveau monde surgissent des questionnements sur la façon de remplir l'ennui. Peut-être cela tient-il à ce travail de la totalité décrit par Josep Rafanell i Orra dans "Fragmenter le monde" ? C'est en tout cas l'intuition que l'on suit en lisant « Fragments » : « Their world has always crushed you / You tend to feel lost in their "whole" / […] Our world is full of fragments / Of love, sharing and empathy ».
Le quatrième morceau, « Winter Years » use de la métaphore du froid qui glace. Pas comme un simple hiver de passage, mais comme une ambiance hivernale permanente. Un de ces signes ? L'attente des chants d'oiseaux disparus depuis quelques temps préfigurant l'idée qu'il nous faut réparer le monde. Dans l'hostilité pourtant, on cherche des foyers ou la chaleur nous réveillera, lassé-e-s d'attendre car la nostalgie ne nous sauvera pas, ce que « Out Of Place » confirme. Pour tenir bon, les nantais nous invite dans « Holding On » à nous rappeler que la joie est de notre côté, et nous rappelant que chaque combat est déjà une destitution en ce que nous nous défaisons de l'emprise de l'économie sur notre intériorité et notre production du sens. Opposant la communauté à la solitude, « No Bounds » confirme la posture affirmative des nantais héritée, sûrement, de l'autonomie italienne. C'est en tout cas ce que le titre « Separ/Azione » suggère en appelant – retour à l'intériorité – à tuer le flic et le patron qui campe dans nos têtes et en invitant non pas à s'en contenter, mais à penser chaque geste comme une part de ce que l'on peut appeler « révolution » : « Every move I make, every word I say / Every emotion I feel, every page I fill / Every line I trace, every path I take / Is part of what we call « revolution » ».
Dans « Geography », on ne parle pas de Reclus ou Bakounine, mais de Deleuze. Au milieu d'un rhizome, HEAVY HEART invite à éclater les codes et à dessiner une nouvelle géographie depuis nos lignes de fuite. Et sans aucun doute, ceci passe par la nécessité de se défaire des questions qui nous paralysent, de changer les termes de la discussion, notre victoire ne dépendant, au final, que de notre capacité à faire naître un régime de vérité antagonique – nous disent-ils dans « Truth ». Et puisque le disque a commencé par un appel à nous affirmer, il conclut de la même manière par « Undisguised » nous enjoignant d'assumer nos souffrances, car c'est d'elles, peut-être que peut naître notre capacité à les déployer dans la joie.
Ce deuxième album de HEAVY HEART est une véritable respiration. Il témoigne d'une sensibilité certaine et on l'écoute déjà en pensant à ces moments de doutes, de blues post-mouvement, de déconvenues au turbin ou dans nos vies. Si on peut y lire un repli sur l'intériorité, les références témoignent en réalité d'une volonté offensive. HEAVY HEART place des mots sur ce qu'on ressent. Non pour parler à notre place, mais pour nous lier. Plus aisée sera alors la mise en joie de ces maux, plus rapide peut-être aussi leur mutation en gestes posés contre ce monde.
Simon Le Roulley.
Le manifeste de HEAVY HEART, à propos de Love Against Capture :
● Si ce disque participe de quelque chose, c'est bien d’une affirmation politique, personnelle et collective. Il reflète nos existences, nos engagements, nos joies, au même titre que nos doutes, nos peines et nos incertitudes. Il est un condensé. C’est que nous n’avons jamais imaginé qu’un groupe de musique pouvait être autarcique, coupé du quotidien, de la réalité, hors-sol, ou qu’il nous permettrait une quelconque suspension, qu’il nous ouvrirait un trou dans lequel s’enterrer à côté de l’individualisme, du cynisme et du carriérisme ambiants. Il n'y a aucune révolution à faire seul dans notre coin. Car, comme nous l’avons déjà dit et comme nous continuerons à le dire, la musique n'a jamais été pour nous une fin en soi : elle est un moyen de lutte politique, un terrain d’expérimentations où l'entraide, l’amitié, la complicité et la solidarité priment. Elle offre une possibilité : la création ouvre de nouveaux espace-temps, de nouveaux fragments dans lesquels nos désirs prennent forme, notre puissance croît et à partir desquels notre rage se déploie.
Nous n'avons pas cherché à écrire des slogans à gueuler le poing en l’air, ni à nous fixer de thèmes que tout·e bon·ne militant·e se doit d’aborder. En un mot nous ne voulions pas composer de programme politique, mais plutôt parler à partir de là où nous sommes, à partir d’expériences collectives et singulières, aborder des sujets qui nous tiennent à cœur, car liés à nos affects, à nos sensibilités, à nos expériences, à notre entourage, à notre vécu. Ce qui nous touche, ce qui nous procure de la joie, ce qui nous émeut, ce qui fait vivre nos sens, ce pourquoi nous sommes sensibles. Des choses à dire, nous en avons. Mais la forme « paroles-de-chanson » souffre de multiples contraintes : il est difficile d’être clair, de réussir à tout dire, de la meilleure des façons, sans être ni caricatural, ni simpliste, ni donneur de leçon, ni maladroit. Nous ne prétendons pas à la pureté révolutionnaire. Nous ne prétendons pas parler pour, ni à la place de qui que ce soit. Nous prétendons contribuer, à notre échelle, à renverser l’ordre des choses existant. Mais parler d’échelle ici ne signifie pas glorifier l’entre-soi, se complaire en déjà-perdants magnifiques ou mettre sur un piédestal les minuscules brèches dans lesquelles il est parfois possible de s’engouffrer. Parler d’échelle revient à se poser les questions suivantes : D'où parlons-nous ? D'où pouvons-nous avoir prise sur le présent ? Qui sont nos ami·e·s ? Comment les reconnaître et s’organiser ensemble ? Et ensuite, comment adopter un regard oblique sur les choses ? Comment penser et agir de façon transversale ? Comment faire avec ? Comment ne pas se laisser confisquer les questionnements sur les stratégies et les alliances – parfois insolites – à nouer ? Quels sont les mondes désirables auxquels nous voulons contribuer ?
Love Against Capture, donc. C'est que, sans l'avoir particulièrement recherché, ce disque semble tourner autour d'une idée fixe, d'une exigence, d'un message qu'on se crierait à nous-mêmes, comme pour mieux le mettre à profit, comme pour mieux se l’intérioriser, le mettre en pratique et le rendre réel : resserrer les liens qui nous unissent, aller à la rencontre, prendre soin des relations qui nous font vivre une situation commune, qui nous font exister ensemble dans des mondes en constante reconfiguration. L’amour comme arme face à la fatalité et à la médiocrité. L’amour pour échapper à la capture de ce monde qui nous oppresse, qui exige de nous des choix infaisables, qui bousille nos existences, qui nous sépare quand nous cherchons plutôt à se séparer de lui, ce monde de la totalité qui voudrait nous unifier, nous piéger, nous intégrer pour annihiler nos désirs de sécession, de désertion, de fragmentation, de création de mondes dans lesquels nous désirons vivre. Car, s’il est une vérité à laquelle nous tenons, c’est que la création est de notre côté, quand le pouvoir ne peut que contrôler, réagir et, in fine, nous capturer.
Si nous utilisons une formule binaire ici, au risque de tomber dans la facilité, c'est qu'en elle réside un sens fort. Il s'agit de devenir insaisissable, imperceptible, jamais là où on nous attendrait, face au pouvoir qui prévoit tout, qui nous impose des normes absurdes et qui s’immisce partout : au sein de nos villes, de nos relations, de nos vies, de nos cerveaux, de nos corps. Cette formule, probablement discutable au demeurant, esquisse une idée, peut-être juste une intuition : la façon dont nous construisons nos amitiés, la façon dont nous aimons l'autre, participent d’une politique révolutionnaire. Il s'agit d'en prendre conscience.
"Le point le plus intense des vies, celui où se concentre leur énergie, est bien là où elles se heurtent au pouvoir, se débattent avec lui, tentent d’utiliser ses forces ou d’échapper à ses pièges." - MICHEL FOUCAULT, La vie des hommes infâmes.
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At the end of 2018, HEAVY HEART released their brillant second album, Love Against Capture. And it's far from being only a very pleasant musical piece to play on its turntable: it's a political manifesto, a fire against what governs our lives and separates us. Another knot to try to repair the bonds that our societies are always trying to unravel. I wanted to write something about this album because it touched in many ways, but back in the day I still had this lack of energy, this terrifying phlegm, and finally the fear of writing something redundant and not interesting.
Often, in reviews, we refer to X who sounds like Y, we put the bands a little in competition, inevitable reflexes of competition that we find in our lives every day, at work, in front of our screens or in the shops. Sometimes, we make allusions to landscapes, situations lived or to live, personal stories, to try to leave a little of the classic scheme of a review, to make it more relevant and passionate, whether more pleasant for the readers as for the editor... But it seems to me that the literary inspirations are not put forward too much, whereas it's often the core of the lyrics and the context of the composition of a a politicized punk record, no matter how "pop-" he's influenced (by the way, it's a false argument: pop can be and has already been a strong political tool).
Simon, whom you could see playing in ZOMBIES ARE PISSED!, SITUATIONS, and who is now in COLD HEART DAYS and active at La Pétroleuse in Caen, took the time to express his feelings about this album, found obvious names that emerge from certain texts, always evoking the extra-musical references of the band, an album that speaks about our desires to live stronger and better, our desires to break the chains and the barriers that hinder us every day, our hopes defeated but not dead, and which we know they are necessary for all to pull themselves up, of that rope that we have consolidated together. It was originally written for Lundi Matin, to exist elsewhere than on a Facebook post on the HEAVY HEART Facebook page, but they asked me if I wanted to host this text. So here it is!
If the publication in French of the incredible biography of NOFX (you can get it here: http://moncul.org/distro_mon_cul/zines/) has allowed some tough guys to stop hiding that before listening to trap, gabber, hardcore or crust punk, they have, like many, discovered their musical sensibility by melodic punk rock records, the four peeps of HEAVY HEART (from Nantes, [F]rance) are affirming more than ever a certain quality of the pop melody in its ability to convey emotions. After their EP Discoveries which had surprised in 2015 and the very pleasant Distance of 2017, the new album of the four friends confirms that punk, too, can live the riot as a poet.
What you need to know in advance, if you don't know this band, is that HEAVY HEART rehabilitates with care a pop, nostalgic and melodic aesthetic in punk rock, far from the clichés of the genre, the teenage-esque lyrics about girls, alcohol and skateboarding. It's perhaps what makes, whether we understand English or not, that we are touched by a particular intelligence of the composition and a sensibility so strong that we find ourselves suddenly affected by it. And this, although the technicians of music, those for whom only the originality of the compositions matters, will oppose a certain facility in the musical writing. They speak with reason and can't understand the people of Nantes who speak to us in affects. And this is also what the text that accompanies this disc explains in some way: "If this record is part of something, it's a political statement, personal and collective. It reflects our lives, our commitments, our joys, as well as our doubts, our sorrows and our uncertainties. He is a condensed". Condensed also, for the ones who will know the references, the last readings of the band.
Between interiority and externality, this is the field taken by HEAVY HEART. Introducing these 11 tracks, a call to create homes for the community installs this dialectic. In "New Light", in constant ascension as to launch hostilities and take guts, the band point this necessity of affirmation, affirmation of oneself and of our becoming, against the hope which keeps us away while waiting for change. Then it becomes clear that after this tensioning, the end of hope calls a magic life. This title, "Magic Life" (whose clip is made with images of "The Strike" by Serguei Eisentstein), is a restitution of the change of perception that results on wage earners when the job loses in meaning. Manifesto against work, the finesse of reflection invites us not to fall into caricature and to accept that desertion is not an easy path, that it requires, when a world, that of work experience , is collapsing, to accept that when faced with this new world, arise questions about how to fill the boredom. Perhaps this is due to the work of the totality described by Josep Rafanell i Orra in "Fragmenting the World"? It's in any case the intuition that we feel while reading the lyrics of "Fragments": « Their world has always crushed you / You tend to feel lost in their "whole" / […] Our world is full of fragments / Of love, sharing and empathy ».
In "Geography", we don't speak of Reclus or Bakunin, but of Deleuze. In the middle of a rhizome, HEAVY HEART invites to explode the codes and to draw a new geography from our vanishing lines. And without a doubt, this means the need to get rid of the questions that paralyze us, to change the terms of the discussion, our victory depending ultimately only on our ability to bring about a regime of antagonistic truth - it's what they tell us in "Truth". And since the record began with a call to affirm us, it concludes in the same way by "Undisguised" enjoining us to assume our sufferings, because it's from them, perhaps that can be born our capacity to deploy them in joy.
This second HEAVY HEART album is a real breath. It shows a certain sensitivity and we already listen to it thinking about these moments of doubts, of post-movement blues, disappointments at work or in our lives. If one can read a retreat on the interiority, the references testify in reality of an offensive will. HEAVY HEART places words on what we feel. Not to speak for us, but to bind us. Then it will be easier to translate these wounds into joy, perhaps even more quickly their mutation into actions against this world.
Simon Le Roulley.
The HEAVY HEART's manifesto, about Love Against Capture:
● "Would that record pertain to anything, it would be a political declaration, personal and collective. It reflects our existences, our commitments as wells as our doubts, sorrows and uncertainties. It is a digest. We have never thought a band could be self sufficient, cut off of everyday life, of reality, groundless, or that it could allow us to dig a hole to bury ourselves in next to the prevailing individualism, cynicism and careerism. There is no revolution to be achieved alone. Because, as we’ve said it before, and as we will keep on saying, to us music has never been an end in itself : it is a mean to political struggle, a field for experimentation where mutual aid, friendship, bond and solidarity take precedence. Music offers a possibility : creation opens new space-times, new fragments in which our desires are shaping, our power rises and our rage spreads.
We neither tried to write slogans to be sang with you fist up high, nor to settle on themes that every activist has to broach. In a word we did not want to compose a political program but to talk from where we’re at, from collective and singular experiences. We wanted to broach subjects we care about, because they are connected with our emotions, our sensitivities, our entourage, our experience. What affects us, what gives us joy, what moves us, what makes our senses live, what makes us sensitive. We do have a lot of things to say. But the “lyrics” form suffers with many constraints: it is complicated to be clear, to manage to say everything, in the best possible way, without being caricatural, simplistic, know-it-all, or clumsy. We don’t aim for revolutionary purity. We don't aim to speak for everyone, or instead of anyone. We aim to contribute at our level, to overturn the existing way of things. But talking about our level does not mean glorifying staying amongst ourselves, wallowing in our roles of magnificent losers or putting on a pedestal the small breaches in which we can slip sometimes. Talking about our level comes to ask the following questions: From where do we talk? From where can we have a grip on the present? Who are our friends? How can we recognize them and organize together? Then, how can we cast a sidelong look at things? How can we think and act in a cross-disciplinary way? How can we make do? How can we prevent the confiscation of the investigation on the strategies and alliances, sometimes unusual, that we can build? Which are the desirable worlds we want to contribute to?
Love Against Capture then. Because this record seems to revolve around an idée fixe, a demand, a message we shout to ourselves, like we wanted to make the most of it, to internalise it, to put it into practice in order to make it real: tighten the bonds that join us, try to meet others, look after the relationships that allow us to live a common situation, to exist together in ever reconfiguring worlds. Love as a weapon against fatality and mediocrity. Love to escape the capture from this worlds that oppresses us, that requires us to make impossible choices, that crushes our existences, that pulls us apart while we are trying to pull away from it. That world of wholeness that aims to unify us, trap us, integrate us to annihilate our desires of secession, desertion, fragmentation, of creation of worlds in which we desire to live. Would there be one truth to hold on to, it would be that creation is on our side while power can only control, react and in the end, capture us.
At the risk of becoming schematic we use this binary statement because it hold a strong meaning. We have to become elusive, inappreciable, always where we’re not expected because we are facing a power that predicts everything, imposes absurd standards, and meddles everywhere: in our cities, our relationships, our lives, our brains, our bodies. That statement, even though questionable, draws an idea, may be just a hunch: the way we build our friendships, the way we love each other pertain to a revolutionary practice. It is a matter of becoming aware of it.
“The most intense point of lives, the one where their energy is concentrated, is precisely there where they clash with power, struggle with it, ordeavour to utilise its forces or to escape its traps.” – MICHEL FOUCAULT, The Lives of Infamous Men.