vendredi 27 février 2015

La rigolade est terminée : Envy va sortir un nouveau disque au printemps.


C'est peut-être déjà LA nouvelle de 2015. Ça faisait plus d'un an que je soupçonnais que ça allait se faire, mais le groupe est tellement peu loquace que ce n'était finalement qu'un espoir vain de mec dévoué au quintet. Mais là, ça y'est, c'est du concret : Envy nous prépare un nouvel album pour le 13 Mai 2015. Les samouraïs du screamo jeu viendront ainsi remettre les pendules à l'heure. Pas plus d'infos pour le moment, mais ça ne va pas tarder.

Alors, est-ce qu'ils vont toujours nous sortir un disque plus avant-gardiste que tu le crois, toi qui râle à chaque nouvelle sortie du groupe parce que c'est pas aussi épique et chaotique que All The Footprints [...] ? À en croire le morceau paru sur un obscure site internet japonais qui présente une sorte de web-série assez étrange, il y a des chances qu'un retour aux sources se profile. La question est de savoir si ce morceau est bien un inédit, ou simplement une chute de studio que les créateurs du site ont pu utiliser parce qu'ils sont potes avec les musiciens. Il n'en reste pas moins génial, ce son. Ouais.



Généralement, qui dit nouvel album, dit tournée. Et c'est également ce qu'ont prévu les nippons. Pour l'instant, seulement des dates au Japon et un entre-deux au Hellfest (donc oui, une date en France, pour ceux qui se rendent à la grand-messe METOOOL de l'année) sont prévus. Mais une vraie tournée européenne devrait suivre, en espérant qu'ils penseront à donner une date en France dans un lieu plus intime, et surtout sans qu'on soit obligé de dépenser 200 balles... Je vous donnerais ces dates dès qu'elles seront annoncées. Quoiqu'il en soit, j'ai extrêmement hâte de pouvoir écouter ce nouveau disque, en espérant qu'il sera tout aussi magique que les précédents.

Bisous.

jeudi 26 février 2015

Syrtis Major, ou ce genre de postmachin dont seul Paris a le secret.


Je n'aurais sûrement jamais entendu parler de ce projet sans que Vincent (chant, guitare) vienne me le présenter. Un dude que je connais depuis que j'ai vu l'un de ses groupes en live, j'ai nommé Hier. À savoir qu'il excelle aussi dans la photographie de trucs complètement random dont le sens est à potasser pendant un quart d'heure. Ce projet, c'est Syrtis Major. Ça vient de banlieue parisienne, et comme je l'indique dans le titre, c'est l'un de ces groupes parigots qui font du post-rock pas comme les autres, qui savent y caler de l'originalité, qui a cette dose d'intimisme à fleur de peau que j'aime tant, comme avec Bien À Toi. Le groupe a mis en ligne le mois dernier un premier disque éponyme. Et ce disque, c'est l'art de faire chavirer l'âme avec douceur.

Il faut prendre le temps de se laisser emporter par ce tumulte aussi tendre que troublant. Parce que sur 4 chansons, il y en a une, "statue", qui dure pas moins de 28 minutes. Ça m'a fait extrêmement peur au début, parce que c'est seulement avec du cascadian black metal ou avec Jesu que je tolère de telles durées, autrement tu as 90% de chances de te faire excessivement chier. Mais ici, la magie à opéré : c'est un voyage dans la nature, entre diverses couleurs, une invitation à une ballade dans une forêt ensoleillée par un soleil d'automne, celle d'une douce chaleur, comme celle qui te réconfortera (ou te bouleversera) tout le long de ce disque, qui pourtant se veut assez sombre lyricalement. Tu seras emporté par l'harmonie de ces voix pleines de mélancolies et de délicatesse, tant par celle de Sonia que celle de Vincent (qui n'arrêtera jamais de me percer le palpitant), soutenues par des petites notes de guitares introspectives inspirant la quiétude, et des riffs qui ne font que monter crescendo, pour atteindre doucement leur point culminant, devenant toujours plus musclés, mais jamais violents, ça reste toujours apaisant, obsédant.

Les trois autres compositions se veulent toutes aussi belles, dans ces contrastes entre une certaine tristesse, et la sérénité. L'une d'entre elles, "明日", est chantée en japonais. Il me semble que Vincent aime pas mal le folklore musical alternatif nippon, du coup ce choix ne m'étonne pas. Le morceau le plus court de l'album, qui est suivi par "aeon", nous lançant sur 13 minutes d'une nouvelle soundscape introspective sonnant comme une brise d'été qui virerait de temps à autres à la bourrasque.

Je parlais de l'aspect sombre des paroles tout à l'heure. ça se vérifie tout simplement lorsque l'on lit le texte de "aeon" : "Day, soothe and empty, cold and clear. Light feeds anger. Soon Void will come and swallow me. Dog ate dog when Nephilim was born. Full moon is reflecting Earth's wounds. Soon Void will come and save me, save me...". Il y a aussi quelques références à l'astronomie (et ce jusqu'au nom du groupe, je vous laisse chercher la raison), à la religion, qui donne ce côté mystérieux et encore plus personnel à l'ensemble. Mais cette obscurité, voire ce fatalisme, est contrastée par cette instrumentation "ciel de traîne", ce qui donne au final une alchimie qui fonctionne au poil. Oui, les mêmes qui s'hérissent sur ton crâne et tes bras. Te cache pas, je te vois !

Ce premier album, c'est un de ces disques ou aucun titre ne peut se dissocier, ou tout doit s'écouter d'un bloc, ou chaque pièce est le chapitre d'un conte. Ça tombera sûrement dans l'oubli de la galaxie infinie de la musique, mais je suis heureux d'avoir pu découvrir ceci et de faire partie de ce microcosme qui fera vivre l'opus, tant ce disque fait du bien. Ouais, ça détend. Certes, il demande de l'effort, mais pas par sa complexité car c'est quelque chose de très pur. Mais plutôt parce qu'il ne faut pas avoir peur de donner du temps à quelque chose d'autre qu'à la médiocrité dans laquelle tu survis chaque jour. Ceci est un câlin, ceci est le meilleur de tout tes cafés, même si en lisant les paroles, il semblerait que ce soit le réconfort par le désarroi. Mais c'est ça qu'on aime, pas vrai ? (hashtag homme fragile)

"Dust inside my lungs 
I am breathing sand, it hurts"

Bisous.

samedi 21 février 2015

Live report : Throw Me Off The Bridge + Miles Oliver + Rotters Damn (La Dame de Canton, Paris, le 18/02/2015)



Je suis un mec qui a du mal à s'exprimer devant les gens. J'aime pas ma façon d'être. À la fois trop expressif, trop nerveux et trop timide. Après le concert que je te raconte aujourd'hui, j'ai voulu aller voir Quentin, revoir Flo, et les autres, pour leur dire merci. Mais voilà, j'avais pas les mots, et j'avais cette timidité qui me rongeait. Puis en plus, il ne fallait pas que je rate ce bus de substitution interminable pour rentrer dans ma sale banlieue yvelinoise à 2h du mat. Dans ce quartier-là, que je compte quitter ce mois-ci. Alors pour les remercier, puis parce que je tenais à te raconter ce live, je laisse mes doigts parler pour ce cœur qui a la nausée à cause du conducteur fou de mon bus de nuit qui me reconduit bien trop vite chez moi, mais adouci par cet instant intimiste et intense que m'aura permis de vivre ce soir des artistes qui ont joué un peu plus que de la musique ce soir.

C'était un jour de Février, quelques jours après la St-Valentin, les feels tout frais. Ce matin-là, il y avait beaucoup de brouillard, de quoi te glacer le sang, faisant se fondre les tours des cités dans cette épaisse couche de gouttelettes. Les prémices de ce qui s'annonçait pour ce soir. La tristesse, les paysages pluvieux, les arbres d'automne, la mélancolie, l'égarement... Ouais c'est ça, des trucs niais et qui font même pas rire, mais de temps en temps, ça fait du bien de replonger en soi, de faire une catharsis, pour en ressortir vidé, et en quelque sorte tout neuf.

C'est la Dame de Canton qui accueillait ce soir les maîtres à bord d'une soirée, faisant chavirer l'âme autant que cette demoiselle à flots s'amusait à nous faire tanguer sur ses eaux crasses d'une Seine qui porte bien mal son nom. Le cadre était très agréable : une péniche sur les quais de Seine, une toute petite salle de concert qui ne faisait qu'un avec les couverts. C'est ici qu'allait se jouer le théâtre de sentiments à fleur de peau, qu'a ouvert Rotters Damn. Je ne connaissais pas du tout ce groupe avant cette date, alors j'ai décidé d'attendre le concert pour découvrir leur univers. Et bien m'en a pris : c'est un folk rock puissant qui nous était proposé par ces garçons, qui se voulait parfois progressif, montant toujours plus en intensité, emmené par le chant hanté et rauque de Timothée. Le groupe a choisi de finir son set au milieu du public, entièrement en acoustique, et avec un tambour. Histoire de prolonger l'expérience d'une prestation riche en émotions. Une bien donne découverte que je vous conseille d'aller écouter, et que je demande à revoir. Quelle voix, Timothée !

C'est Throw Me Off The Bridge qui a ensuite pris le relais, dans ce lieu insolite mais très chaleureux. Quentin Sauvé, l'homme à l'origine de ce projet, et l'hyperactif de la scène hardcore de Laval, semble avoir été dans son jour de chance : une place de parking n'attendait plus que son van tout près de la péniche, et il y avait plus que monde que d'habitude dans les concerts qu'organisent Old Town Bicyclette. Et il y avait aussi quelques nouvelles têtes ! C'est avec une claviériste, un second guitariste (qui assurait également le xylophone) et un batteur qu'il nous a joué les titres de son récent album Blindfolded Traveler. De ballades mélancoliques à des histoires contées sur un ton plus joyeux, tout ce que Quentin exprime sur disque s'est retrouvé décuplé en live, jusqu'à ce final qui s'est joué sur ton presque aussi pesant et tendu que sur un disque d'As We Draw... Déjà qu'en écoutant le LP, j'ai les frissons qui viennent assez facilement, alors je vous laisse imaginer ce qu'il en a été devant la scène. De la joie au désespoir, de la peur à la fragilité, des peines aux sourires, tout aura été ressenti, partagé. Un voyage dans les tréfonds de l'âme, qui aura marqué les esprits, tous extrêmement captifs du début à la fin.

Et enfin, c'était à Miles Oliver (ce fameux Flo dont il est question plus haut) d'investir la petite salle. Lui, il joue tout seul, tranquillement, sereinement. Il te joue ses textes sombres et poétiques assis sur son tabouret, et t'invite à un voyage tout en douceur, avec parfois quelques turbulences. Il aura invité les personnes qui sont restés pour assister à sa prestation de s'asseoir avec lui, pour partager au mieux ce qu'il avait à nous partager ce soir. Il nous a offert des morceaux de son prochain album, qui suivra la lancée de Breathe, mais avec une ambiance plus brumeuse encore... La même que celle qu'il y avait ce matin-là, dans ma banlieue yvelinoise. Ça faisait penser à Fog Lake, à ce mélange de folk et de dream pop... Je pense notamment à ces deux dernières chansons que j'ai trouvé vraiment belles, tant dans la narration de Flo, que dans les atmosphères variées et envoûtantes, Evidemment, il nous a joué son petit tube, "The Rat", et "Just Swallow The Pill" qui aura eu un sens tout particulier ce soir, car ses parents étaient là pour le voir jouer, alors que le morceau parle de mamans. C'est sûr que maintenant que fiston a arrêté de jouer du hardcore pour quelque chose de bien plus calme, il peut les inviter sans risquer de leur détruire les oreilles. Un moment simple, dépouillé, une belle manière de terminer cette soirée.

Voilà, c'est ce genre de petites soirées qui fait de temps en temps beaucoup de bien. Surtout quand les musiciens qui étaient là ce soir, sans le faire exprès, racontent sur quelques chansons des histoires que j'ai pu moi aussi vivre, que t'as pu toi aussi vivre. Si tu as la possibilité de les voir un jour en live, fais-le. Chacun de ces artistes se donnent avec passion sur scène, et savent réveiller tes sentiments les plus profonds.

Bisous.

dimanche 15 février 2015

N'aies pas peur d'aller écouter Un Automne De Plus, c'est mieux que ce que tu crois.



Je dis ça parce que quasi-personne ne se soucie de ce qu'il sort, ou a souvent eu de sales à-priori comme j'ai pu en avoir en écoutant leurs premiers sons, mais bon Dieu que c'est beau à voir en live. Romain (guitare/chant/des ordinateurs bizarres qu'il utilise avec le pied) et "Moon" (batterie) forment ensemble le duo Un Automne De Plus. Concrètement, c'est un screamo/post-rock plutôt old school rythmé par des samples de film, reportages, docus... Un peu comme si Microfilm s'accouplait avec le Envy d'il y a 15 ans. Après quelques essais qui étaient VRAIMENT des essais, mais qui montrait un potentiel certain dans tout ce fouillis d'idées qu'a posé Romain, qui est le compositeur principal du projet, lui et sa nouvelle batteuse ont décidé de passer à la vitesse supérieure avec le nouvel EP, qui concrétise 4 années de boulot, de remise en question, de recherches, de tripes mises à bout : Qu'adviendra-t'il de nos souvenirs ?

Les compositions sont en règle générale bien plus abouties et fignolées, la production est plus propre, c'est ainsi un vrai bel opus à se mettre sous la dent qui nous est proposé. Il démarre avec "Presque Mort", un titre qui surprend par le galon qu'à pris le duo. Romain est plus que jamais hanté par ses lyrics, les hurlant avec ce fatalisme et cette passion que t'entendais il y a 15/20 ans dans le screamo français première génération. L'EP se poursuit sur piste entièrement instrumentale, "Explosion", un peu répétitive, mais sur une tonalité complètement skramz, un compo simple mais aérienne qui suffit à foutre le mort. Et puis il y a "Que nous reste-t'il", le tout meilleur titre de l'opus, qui peut sans problème plaire à tout ces kids que je vois souvent sur les Internets en ce moment, qui font actuellement la transition entre le trve norvegian bläck metol et le screamo de classe moyenne parisienne, avec cette voix crue et acerbe qui résonne comme quand tu cries dans un hall d'immeuble, et cet esprit général assez "froid". Mais c'est surtout mélodique, mélancolique, notamment sur le final avec cette petite montée crescendo. J'ai du mal sur le beat électronique du titre final qui s'annonce comme une bonus track : "Le temps qui passe". C'est dommage, parce que sinon, cette petite mélodie qui se prolonge le long de ce second titre instrumental est toute jolie. Après, c'est peut-être parce que je suis râleur, faut se dire que ce morceau est le plus doux de l'EP, et je trouverais ça peut-être vachement cool d'ici quelques écoutes supplémentaires. L'arrivée récente de Moon à la batterie (big up à ce t-shirt avec écrit au marqueur "make music not war" qu'elle a posé sur ses fûts, en pleine période post-attentats de Paris, lors du dernier live de UADP début Janvier avec No Place Like RoadRemote et les fous furieux de chez Toboggan) a vraiment décuplé par 47568 la force des morceaux de UADP, d'autant plus qu'elle y va pas à moitié, la jeune fille. Ça sonne désormais vraiment organique, bien plus percutant.

Même si sur les précédents disques, il y a des parties qui me déplaisaient et c'était en quelque sorte du "prototype", l'ensemble de la discographie du duo (qui a sûrement été retravaillée entre temps pour ressortir sous son meilleur jour) se vit en concert, là ou Romain, ce dude qui a l'air de "monsieur tout le monde" mais qui dans sa tête semble bien plus atypique que ça, vient gueuler ses textes au milieu du public avec toute la passion et la rage du monde, même si il n'y a que 20 personnes dans la salle qui ne connaissaient pas le groupe avant d'en avoir vu le nom sur l'affiche du concert du soir. Tu sais, c'est un peu à la manière d'Andy Maddoxx (The Saddest Landscape). Vraiment, c'est beau à voir et à vivre, alors ne loupes pas ces deux petits gens quand ils passeront près de chez toi.

Bisous.



IMPORTANT : Bandcamp bride les écoutes d'albums. Si tu veux l'écouter sans limite, tu peux le télécharger à prix libre, ce sera bien mieux ainsi ! :)

vendredi 13 février 2015

Arrêtez tout, un nouveau morceau de Football, etc. est en ligne !


La voilà, la nouvelle que j'attendais depuis longtemps ! Football, etc. revient bientôt pour me faire pleurer, et toi avec. Le trio de chez Count Your Lucky Stars Records va sortir le 17 Mars un nouvel EP, nommé Disappear. En attendant ce nouveau témoignage sacré de la vérité prophétique, tu peux écouter un extrait de celui-ci, nommé "Sunday". C'est tout aussi délicat et confessionnel que les précédents disques, tu pourras difficilement faire plus emo que ça en 2015, et j'ai vraiment envie de les revoir à Paris, ces petit(e)s-là. Et je dis pas non une after aussi "what the fuck" que celle que j'ai vécu après leur passage l'an dernier avec les excellents Bitpart et Papermoons, durant laquelle le contenu d'une boîte à couture à retapissé tout le Passage Thiéré avec des mecs rigolos de quelques groupes de hardcore dont je tairais le nom.

Bisous.

jeudi 12 février 2015

Ca y'est, le nouvel album d'Adventures est arrivé, plus besoin d'attendre l'été pour avoir chaud !



Il fait froid, très froid. La Saint-Valentin arrive, t'es célibataire, et t'as probablement le mort. Mais les petit(e)s potes, on s'en fout, parce que ça y'est, le nouvel album d'Adventures, Supersonic Home, est en streaming et il va te faire le meilleur câlin du monde ! C'est sûrement l'un des disques qui sera parmi les plus fragiles de l'année (dans le sens "babtou fragile" du terme, pour ceux qui vivraient dans une grotte), un parfait opposé de la violence froide et écrasante du groupe principal de 3 des 4 membres de la formation indie/emo, j'ai nommé les méchants Code Orange. Un disque tout en mélodies chaleureuses et "heartfelt", avec des doubles voix féminines à tomber par terre de beauté et de sensibilité, et c'est ultra catchy. Le rythme est plutôt tranquille, on est pas dans le twinkle game, plus dans l'emo pantouflard. Mais ça se savoure sans modération. Tu aimes l'indie rock sucré des 90's ? Tu aimes Superchunk ou Into It. Over It. période Proper ? Prends toi une demi-heure tranquillou, pose-toi avec un café ou un thé, et écoute ce disque. Et si t'es pas content (et que tu le vannes parce qu'il est roux), Joe (basse) va venir te défoncer la gueule avec ses rangers. Oui, ce type me fait toujours autant peur.

Bisous.


mercredi 11 février 2015

Ephemera, un témoignage exceptionnel de la Swedish skramz mafia.


C'est l'un de mes blogs favoris, (We Built The World And) Miss The Stars, qui m'a fait découvrir cette gemme aujourd'hui, qui est d'un niveau d'epicness que tu ne seras jamais prêt à affronter. Ephemera porte très bien son nom, puisque il s'agit d'un projet voué à être éphémère, qui réunit le temps d'un EP, qui sortira bientôt chez Ödebygd Records, plusieurs musiciens de la scène screamo suédoise, une scène hors du commun. Cet EP éponyme propose 3 chansons, et chaque chanson est jouée par un line-up différent. Et à chaque fois, c'est d'une force folle.

Cette idée est née grâce au guitariste de Heart On My Sleeve, Gabriel Bergman Lavobary. qui a choisi avec ce groupe de réunir sur ces titres plusieurs musiciens avec qui il a eu le plaisir de jouer ces dernières années. De quoi montrer l'unité forte qui semble régner au sein de la scène hardcore suédoise... Auquel s'est joint le batteur de Coma Regalia, qui lui est américain, petite exception ! Certains diront qu'il manque un membre de Suis La Lune dans ces morceaux, mais ça aurait été trop facile, puis tout ce petit monde montre ici qu'ils ont aisément pu s'en passer.

De superbes mélodies, aussi bien lumineuses que lacrymales, des paroles fortes (dont certaines sont même chantées en français, merci Vivien de Rainmaker !), des vocaux passionnés : le screamo sous son plus beau jour. Ce disque montre définitivement que c'est vers la Suède qu'il faut désormais se tourner pour voir comment le screamo évoluera... Un EP à ne surtout pas louper, et à savourer. Vivement que ce disque soit pressé en vinyle, il me le faut !

Regarder ses pieds s'enfonçant dans la terre,
Laisser la bourbe monter jusqu'à son cou,
Traîner les bras, l'humérus écrasant le sol,
Un amas poussiéreux d’envies trempées. 
Les doigts s'écartent et l'esprit s'égare,
Oublier de respirer, arrêter de respirer ,
Il est temps d'ériger l'échine, car,
À trop peu jouer avec le feu, on finit par se noyer. 

Le sang n'est plus qu'un emblème, les stigmates de nos peines, des cicatrices et des cernes. 

Bisous.

Bonus super duper cool : le line-up de chaque morceau

Stormen / We´ll find comfort in the waves
Chant : Mattias Musikka (iisole/Feeble/Suffocate For Fuck Sake) / Arvid Ringborg (Vi Som Älskade Varandra Så Mycket) / Henrik Dahlqvist (Totem Skin)
Basse : Emil Lundblad (Sore Eyelids)
Batterie : Tomas Persson (Shirokuma)
Guitares : Karl Nilsson (Anemone/Via Fondo) / Gabriel Bergman Lahovary (Heart On My Sleeve)

Des cicatrices et des cernes :
Chant : Johan Dyrssén (Trembling Hands) / Vivien Westwood (Rainmaker)
Basse : Daniel Thorisson (ex Rainmaker)
Batterie : Shawn Decker (Coma Regalia)
Guitare : Gabriel Bergman Lahovary (Heart On My Sleeve)

Darkness Within :
Chant : Johan Dyrssén (Trembling Hands) / PC (Disembarked)
Basse : Daniel Thorisson (ex Rainmaker)
Batterie : Sebastian Engström (Totem Skin)
Guitare : Gabriel Bergman Lahovary (Heart On My Sleeve)

Toues les chansons ont été mixées et masterisées par Michael Nordström (Heart On My Sleeve)




English version :

This is one of my favorite blogs, (We Built The World And) Miss The Stars, who introduced me to this gem today, which is a level of epicness that you will never be ready to face. Ephemera is very well named, because it’s a project destined to be short-lived, which includes for the time of an EP (which will soon be released by Ödebygd Records) several musicians of the Swedish screamo scene, a scene out of the ordinary. This self-titled EP features three songs and each song is played by a different line-up. And each time, it shows a crazy force.

The idea was born in the mind of the guitarist Heart On My Sleeve, Gabriel Bergman Lavobary. who chose for these songs several musicians with whom he had the pleasure of playing in the last years. Something who shows a strong unity that seems to exist in the Swedish hardcore scene... In Ephemera, there's also the drummer of Coma Regalia, an american guy, the small exception! Some will say that it lacks a member of Suis La Lune, but it would have been too easy, then all these people here shows that they could easily do without.


Beautiful melodies, as bright as possible to the point that they will possibly make you cry, strong words (some even sung in French, thank you Vivien of Rainmaker!), passionate screams… Screamo in his best day. This record definitely shows that it is to Sweden that we now have to turn to see how the screamo will evolve... An EP not to miss. This one will soon be pressed on vinyl, I must have it!



lundi 9 février 2015

"Hyperview" de Title Fight est d'abord hyperchiant, puis hyperbien.



Salut à toi, fan de melodic hardcore. Te souviens-tu des sing-alongs que tu pratiquais sur les titres "27" et "Symmetry" de Title Fight ? Te souviens-tu de ce sentiment trve pop-punk que tu avais en écoutant Shed ? Et bien ce temps est désormais révolu. Ne vous attendez plus à faire du stage-dive ou à manger des pizzas (même vegan) sur leur nouvel opus, Hyperview se veut un peu plus adulte, et beaucoup plus trouble et délicat, dans un univers musical qui nous ramène facilement 20 ans en arrière, et qui va déconcerter bien des kids...


Floral Green annonçait déjà la couleur, avec de grosses influences grunge et shoegaze injectées dans un emo punk qui s'était déjà débarrassé des influences hardcore mélodique du début à la Lifetime. Mais là, c'est vraiment un virage à 360 degrés qu'à marqué Title Fight. Les mecs ont sûrement ressorti leurs disques des Smiths avant d'enregistrer Hyperview, qui à la première écoute se révèle décevant... Par rapport à Floral Green. Pourquoi avoir choisi de vider leur musique du fuzz et de la chaleur qui la caractérisait si fort ? Pourquoi s'être autant éloigné d'une recette qui les a propulsé au devant de la scène ? Pourquoi ça pourrait plaire à ta mère ? Explications.

Ce changement, très personnellement, ne me surprend absolument pas, et au contraire je m'y attendais, mais il déstabilise vite. "Murder Your Memory", qui ouvre le disque, est un titre très calme... Trop calme : elle ennuie plus qu'elle ne détend, et nous sommes encore trop habitués à des morceaux d'ouverture pétaradants et euphoriques de la part des américains. N'est pas Seahaven qui veut, les enfants... Heureusement, le single "Chlorine" arrive juste derrière, et la magie opère dès les premières secondes. Des kilos de chorus soutenus par des guitares gavées en distorsion, et un chant posé mais catchy, comme sur "Head In The Ceiling Fan"... Même si le ton est ici plus sombre. À n'en point douter LE meilleur titre de Hyperview. Malgré tout, plus l'on avance dans l'album, plus l'on se rend compte que tout ce que l'on aimait de la bande, il n'en reste manifestement plus grand chose, si ce n'est les voix qui restent quand même fortement teintées d'émotions et de spontanéité... Même le chant crié de Ben Russin a quasiment disparu, audible seulement en backing vocals sur "Hypernight", un titre qui évoque fortement Balance & Composure, et également sur l'ensemble de "Rose Of Sharon". Fais écouter ce titre sans les voix à tes parents, ils te diront "mais je la connais pas cette chanson de The Cure, ils ont viré leur claviériste ?". Mais tout ça, c'est le jugement de la première écoute. Plus l'on écoute ce disque, plus sa véritable substance se révèle...

... Et révèle un disque épatant. Autant par sa production plus affinée et équilibrée, assurée par Will Yip (mettant quelquefois les voix en retrait, dans les règles du l'art du nouveau style musical de la bande), que par la simplicité d'un opus pourtant riche en mélodies acidulées mais pas mièvres, et ma foi délicieux. "Murder Your Memory" que l'on pensait passable au début devient ainsi la douce brise d'aurore qui t'accueille doucement dans cet univers doux/amer noyé sous l'océan d'effets "flanger" des guitares. Un petit fait qui n'est pas si anodin que ça : la seule piste qui garde des consonances punk dans l'aspect purement musical de la chose, c'est "MHRAC", un punk très consensuel mais efficace, toujours noyé sous le chorus, une chanson qui fera très sûrement un effet bœuf à écouter le matin sous l'aube dégagée quand tu as bien dormi. Cet album est un album de détente, un album nocturne, rêveur, encore une fois trouble. Il réserve également des surprises, à l'image du chant de Ned sur "Your Pain Is Mine Now", où dans sa délicatesse fait également surface une justesse assez nouvelle, laissant entendre quelques vibratos.

Il est impossible de juger cette galette et de l'apprécier réellement en une seule écoute, elle en demande plusieurs, devenant ainsi ce qu'on appelle en Amérique un "grower". C'est ainsi que ces nappes de guitares aquatiques, ce chant parfois un peu trop fluet jugeront certains, cette atmosphère très travaillée tantôt sereine tantôt quasi-dépressive, finiront finalement par nous envoûter, donnant une seconde chance à ces 10 titres, dévoilant leur charme et leur force. Chaque nouvelle écoute permet de découvrir des détails supplémentaires dans l'instrumentation et le chant. Il faut se l'avouer, beaucoup de lecteurs qui liront cette chronique, moi y compris, ont aimé les dernières productions de Nothing, Whirr, Seahaven, B&C... Alors ce disque ne pourra pas réellement vous laisser indifférent. Mais il y a également ce côté "trendy" (on pensera à ce revival 90's à la mode) qui agacera certainement ceux qui préféraient l'urgence juvénile des précédents opus... Parce que oui, finalement, les bonhommes de Kingston semblent simplement avoir grandi, pour jouer quelque chose qui leur correspond plus désormais. Jouer ce qu'ils ont envie, et pas ce que les fans attendent. Beaucoup disaient sur les réseaux sociaux que si un pote leur disait qu'un single de Title Fight avait été mis en streaming sur le site internet de Vogue (un magazine de mode américain) 5 ans plus tôt, ils auraient ri au nez de la personne. Et pourtant "Your Pain Is Mine Now" a été mise en ligne sur ce site, faisant (peut-être pas tant que ça) par hasard écho à leur univers musical aujourd'hui en vogue... N'oublions pas que le titre "July The Fourth" titre de Nothing avait également été posté en streaming sur ce site l'an dernier, et que les shoegazers sont un peu plus branchés mode que les hardcore kids, il faut bien savoir cibler un public que leur album semble désormais viser...

Et alors, concrètement, Hyperview : bon ou mauvais album ? Bon album, mais c'est tout simplement pas du tout ce que la plupart des gens attendaient de Title Fight, et pour ceux qui savaient que le groupe allait jouer quelque chose de différent et de bien plus ambiant, un sentiment de linéarité et de facilité peut facilement venir à l'esprit. Cependant, si un groupe de shoegaze ou d'indie rock aurait sorti le même album, on l'aurait probablement adoré dans une toute autre mesure ! Même si on râle, on appréciera quand même beaucoup ce disque, avec pas mal d'efforts, pour son côté hypnotique, ces guitares épurées et éthérées, parfois noisy mais pas lourdingues, sa facilité d'écoute, et le fait que les garçons n'ont aucune gêne à assumer ce changement de fond en comble. Les deux vrais véritables problèmes de ce disque, c'est que le groupe a perdu toute sa personnalité, ce qui aurait pu faire de ce nouvel album un chef-d'oeuvre : garder leur insouciance habituelle, garder ces guitares éternellement mélodiques mais crunchy as fuck, tout en y ajoutant leur nouvelle recette plus délicate. Et c'est également le fait que le disque soit assez répétitif, ce qui risque d'altérer sa durée de vie dans le cœur des kids, si bien que le bug qu'à connu le site NPR sur son stream exclusif de l'album n'a pas choqué grand monde, alors qu'il proposait deux fois la même chanson... Au finl, seul le temps décidera définitivement de la qualité de ce disque : sera-t'il oublié au profit d'autres disques du genre plus atypiques cette année ? Ont-il été des outsiders qui nous surprendront parce que ce disque tournera finalement en repeat sur nos platines ?... Quelques jours après avoir découvert ce disque, c'est la seconde option qui semble se dessiner.

Bisous.


vendredi 6 février 2015

Et pendant ce temps, chez Throatruiner Records...


Les lecteurs qui viennent souvent me lire le savent, j'ai souvent parlé de disques issus du label Throatruiner Records, une petite affaire rennaise tenue par Matthias Jungbluth, un passionné de hardcore, et surtout de hardcore sombre. Ce qu'il sort sur son label, c'est tout ce qui le fait vibrer, tout simplement, que ce soit des copains ou des découvertes personnelles. Preuve que monsieur a bon goût, la plupart de ses sorties sont particulièrement bien reçues par la communauté du hardcore tout noir, à commencer par Birds In Row. Oui, Throatruiner est leur maison française ! Je dois notamment à Matthias des heures et des heures de castagne et de frissons avec ces derniers, ainsi qu'avec son groupe Calvaiire, et No Omega, Direwolves, As We Draw, Plebeian Grandstand, The Phantom Carriage, Death Mercedes... Mais je dois avouer que ces derniers temps, j'ai un peu beaucoup loupé l'actualité du label, alors que j'avais écrit à son maître pour lui dire que j'allais parler du nouveau As We Draw... C'est pourquoi je rédige aujourd'hui cet article, en forme d'excuses mais aussi d'hommage à ce dude, et à tout ces groupes : pour synthétiser ce qui s'est fait de bon chez Matthias ces dernières semaines, et parce que ça m'a manqué de me prendre des tartes dans la gueule.


COWARDS // Rise To Infamy


On commence avec Cowards, un quartet assez discret mais qui a pas vraiment envie qu'on soit trop cools avec eux, ni de l'être avec toi. Quand tu les vois en concert, la gentillesse devient hérésie, la froideur devient plus perçante que dehors en hiver, et une fois le concert fini, tes aux revoirs, tu peux te torcher le cul avec, les mecs ont autre chose à faire. Sur disque, c'est tout aussi douloureux, c'est lourd, c'est cradingue, et ce depuis leur premier disque. Au chant, on retrouve Julien, chanteur de Sickbag, et de Death Mercedes, les rejetons directs de Amanda Woodward. Sur leur nouveau disque nommé Rise To Infamy, les parisiens ont tenu à pousser à l'extrême leur son déjà pas bien réconfortant, le faisant devenir presque gênant à écouter, mais jouissif à pousser à blinde dans les couloirs du métro. À titre d'exemple et sans trop vous teaser pourquoi, "The Birth Of The Sadistic Son" peut déclencher à elle seule la 3ème Guerre Mondiale à mains nues (sinon c'est moins rigolo). Une barbarie sonore, quelque part entre sludge, hardcore et black metal (la version rance et boueuse du style), humant la crame, la haine et la gadoue, ouverte par un "Shame Along Shame" illustrant particulièrement bien cette sauterie meurtrière, ou le frontman s'égosille d'une voix écorchée probablement au cutter imbibé d'acétone, qui lui est parfois hors de contrôle, rappelant parfois les vociférations violentes de chez Kickback (on les a souvent rapprochés à eux avec cet album, et c'est pas moi qui vais briser la chaîne, désolé !), une influence qui ressort aussi dans ces quelques cassures hardcore saccadées qui feront débarquer au galot dans le pit les mecs qui auront passé une sale journée. 10 patates au poing américain rouillé, qui prennent parfois un tournant chaotique ("Never To Shine", ou la véloce "Frustration Is My Girl"), une violence urbaine aromatisée au vitriol, distillée avec une application macabre à la tâche dans un cocktail Molotov que te jette les messieurs en pleine gueule. Un disque qui te met dans un sentiment d'inconfort, le même que quand tu déambules dans les rues de banlieue parisienne à 2h du matin quand t'es seul. Cowards n'évoque pas grand chose de plus, avec eux tu peux oublier les aurores et les mélodies, leur ciel est frelaté et leur univers sonique est putride, asphyxiant, lancinant, du gaz lacrymogène puant qui rentrerait dans tes oreilles pour que ton esprit te fasse entendre des voix disant "va te faire foutre, ton monde est aussi pourri que toi". C'est un album violent, bas du front, crée dans l'unique but d'extérioriser et d'exorciser toute la saleté et la pourriture qui grandit chaque jour en chacun d'entre nous. Le seul truc qui inspire quelque chose de positif chez eux, c'est que dans le line-up, t'as un mec au caractère complètement METOL sur scène, de quoi réconcilier les chevelus à clous avec les hipsters en noir. En gros, si tu as trouvé le I Am King de Code Orange trop gay et que t'en peux plus d'attendre le prochain Xibalba mais que tu trouves les growls un peu too much, ce disque est fait pour toi.




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AS WE DRAW // Mirages



Allons désormais vers des contrées encore plus abruptes, toujours noires, mais pas forcément aussi haineuses et poissardes. As We Draw t'invitera à observer d'innombrables Mirages, le long de 11 titres sinueux, expérimentaux (comme à leur habitude), mais captivants autant par ces mélodies salvatrices que ces cassures rocailleuses. Le disque commence d'emblée avec "The Window", une épique épopée de 10 minutes tout en contrastes, en reliefs, en dissonances et en arpèges, avec même quelques notes d'un synthé Moog qui paraît surprenant voire même incongru à la première écoute, mais qui finalement se mêle bien à cet univers massif, progressif, et qui nourrit les atmosphères mystérieuses et aériennes de "Fata Bromosa" et "Panic". Les Lavallois se sont amusés à construire des soundscapes tout simplement... Lunaires. Oui c'est ça en fait, lunaires. Comme ce que la pochette de l'album illustre à merveille. Mirages, c'est la représentation musicale de la Lune: des cratères, de la roche, de l'apesanteur, de la nuit, du froid, des étoiles. Beaucoup de contrastes, mais seulement du noir et du blanc. Du noir vif ("Denial") tout comme du blanc éclatant. Des montagnes russes façonnées méticuleusement, particulièrement vertigineuses. Au milieu de ces paysages musicaux abruptes, se cachent également un groove sec et saccadé qui plaque l'auditeur au mur, croisant des incursions chaotiques, déstructurées, oscillant également avec des instants de calme introspectif menant vite au trouble ("Blackmail"). Cet album est complexe, n'est pas évident à cerner à la première écoute, fera décrocher plus d'un néophyte. Mais au bout de l'effort de tout ces mirages nauséeux, inquiétants, lancinants, sa beauté sournoise souterraine surgit soudain des roches coupantes couvertes de suie, pour laisser s'échapper des vapeurs de magma, une aura chaleureuse qui vient te lécher la peau comme des larmes qui couleraient sur elle ("Fata Morgana"), parce que finalement, ce disque n'inspire pas seulement la froideur piquante. Un grand bravo aux frères Sauvé et leurs acolytes pour ce disque d'une richesse rare que j'ai d'ailleurs calé dans mon top 2014, et que je dois réellement me chopper un de ces quatre...

EDIT : c'est fait, je l'ai, et je suis JOIE.




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PLEBEIAN GRANDSTAND // Lowgazers


Avec ce nouvel album, les toulousains de chez Plebeian Grandstand nous sert un perpétuel maelström, un oppressant rituel black metal dissonant, bien loin du hardcore chaotique originel de la bande (celui de leur premier album How Hate Is Hard To Define), une masse noire inconfortable, aussi froide et malade que les neiges de banlieue (celle qui pourrait tomber la où traînent les Cowards). Les seules bouffées d'air que nous offre le disque sont frelatées. Tu ressors de ce disque lessivé, ébêté. La violence ne s'exprime plus par des cassures et des déstructurations, mais par des dissonances assassines, des notes parfois cristallines certes, mais d'un cristal coupant, te tranchant la gorge à vif. Un paradoxe vicieux qui se répète sans discontinuer, dans un climat constant de panique, de démence... Ce qui se rapproche finalement de leur premier opus, mais dans un contexte différent. Quelques excursions mathcore viennent toutefois se glisser dans cette mare opaque et glaçante ("Lowlifer"). Je reprocherais simplement à cette oeuvre une trop grande homogénéité qui est quelque peu fatale à la pratique de ce style de musique, mais qui paraît un peu plus forte lorsque l'on se rappelle du passé musical du quintet. Ce n'est absolument pas un disque à écouter lorsque que tu es dans un état de sérénité, ou si tu veux te détendre. C'est plutôt un exutoire à écouter lorsque que tu te sens mal, lorsque tu as envie que le monde brûle sous un feu follet, que les damnés crament la gueule de chaque humain à l'acide préalablement ébouillanté.




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DEATH ENGINE // Mud


Le premier album de Death Engine, originaire de Lorient, est un mur de son bien difficile à gravir, tant par sa densité que sa matière râpeuse. Un grain permanent se disperse dans cet univers grinçant et pesant, comme de petits bouts de soufre qui viendraient t'étouffer. Au milieu de ça, l'éther qui se voudrait soleil devient acide qui se force à être pluie. La musique du groupe fait écho au nom de celui-ci: un amas mécanique rouillé, usé, faisant crisser ses rouages comme un humain hurlerait du fond de ses tripes. En des termes plus concrets, il est difficile de décrire le climat sonore de ce disque. Un post-metal teinté de noise, et de couleurs shoegaze noyées sous ces édifices sonores épais ? Si vous vous êtes un jour imaginé une version moins noire mais tout aussi massive de Cortez, alors vous avez ici trouvé votre muse. Quelques émulsions mélodiques semblent surgir de ces terres érodées tout
au long de ces 7 titres, comme si c'était la lumière blafarde d'un phare noyé, mais réussissent à tenir le cap avec grâce. Le tout forme un ensemble compact, indissociable, pour un disque intriguant, exigeant, sans barrières, et surtout pas celle des décibels.




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DIREWOLVES // Aegri Somnia


Après avoir sorti l'EP Me From Myself, To Banish qu'on rapprochait facilement à Birds In Row et qui a quelque peu fait sensation sur la scène hardcore française, les punks de Lorient (eux aussi) se sont décidés à sortir un full-length ou leur formule entre crust et hardcore sombre mais pas froid a pris du galon. Aegri Somnia va plus vite, tape plus fort, cherchant l'efficacité, le sing-along et les gobelets qui volent dans le pit, que ce soit d'eau ou d'alcool. Parce que oui, même si c'est sombre, y'a des parties mélodiques et des couplets carrément catchy ("Insights") que ne renierait pas un groupe de hardcore mélodique. Mais sinon, c'est la grosse bagarre en slim noir ("The Blindness That Keeps You Warm"). Y'a pas grand chose à reprocher à ce disque, qui va droit au but, qui est spontané, et qui se veut même presque fun au final, dans sa noirceur certaine. Si vous aimez Burning Bright, No Omega et All Pigs Must Die, balancez ce disque à fond chez vous, invitez des potes, et détruisez tout !

mercredi 4 février 2015

Youth Funeral signe ton arrêt de mort avec "See You When I See You".


Youth Funeral. Rien que ce nom déprimant (et assez percutant) suffit à se faire une idée de ce qui nous attend dans la musique du groupe. Les américains ont sorti il y a quelques jours leur second EP, nommé See You When I See You, et putain, ces dudes ont toujours une sacrée mort dans l'âme. De violents cris de panique et de colère, un hardcore au vitriol, 6 brûlots au service de l'autel du skramz, que Raph Bastek (chant/guitare) dessert déjà chez Old Gray. À savoir qu'au moment ou je rédige cette chronique et que je m'écoute l'EP, j'entends en fond la musique de ma collègue de boulot, cette chanson culte de R.E.M qui fait "everyyybody huuuurts, everyyyybody criiiies". De quoi s'assurer un pur moment de fragilité.

Le disque commence avec "Vultures". Bon, si d'entrée on fait voler des vautours autour de toi, c'est que t'es censé crever dans la cinquantaine de secondes que dure ce titre. Et en effet, c'est sans compromis et c'est assez évocateur d'une faucheuse un peu trop excitée. C'est chaotique mais du côté "kleenex" du bordel, c'est crié d'un ton cathartique, presque gênant, dans la parfaite tradition du VRAI screamo de cave humide de bar. Pense à Portraits Of Past, à Jerome's Dream. Alors que ce morceau a déjà creusé ta tombe, le suivant, "Confidante", est un titre tout aussi lancinant, mais juste parce qu'il a la capacité de te faire pleurer. Pour de vrai. Ce ton extrêmement mélancolique, et ce final surpuissant, bouleversant, allant de pair avec ces lyrics désemparées... C'est d'une beauté brute, c'est infiniment touchant. Un des meilleurs titres de screamo que j'ai pu écouter depuis bien longtemps, eh ouais. Le disque continue ensuite dans un élan mélodique mais pas moins musclé sur "I Remember", avant que le chaos ne reprennent ses droits sur l'intro de "When It Pours", qui dans sa lancée laisse se dévoiler une nouvelle fois la face fragile du disque, avec ces mélodies salvatrices. Le contraste entre délicatesse mélancolique et abyme de brutalité se dessine au plus vif sur "Weak But Warm", laissant ensuite la place à l'ultime pièce de l'EP, reprenant le titre de celui-ci. Un morceau lourd, pesant, crissant, faisant se terminer le disque sur note toujours plus pessimiste, brumeuse, résignée.

Ce qui revient souvent à l'écoute du disque et des paroles, c'est la faiblesse mentale, la difficulté de faire face aux souvenirs, à l'oubli, au monde, à ses amours perdus, à soi-même. Une faiblesse à chercher dans le cœur, dans l'âme, dont cherche à s'extirper les musiciens, s'en délivrant au travers de ces 6 témoignages forts. Si il devait un jour y avoir un successeur à Loma Prieta, ce serait probablement eux (d'ailleurs, Brian Kanagaki leur a dessiné un motif pour leur merch). Ils maîtrisent tout aussi bien que leurs compatriotes californiens la balance entre violence saccadée et sensibilité. Il est assez intéressant de constater que ce disque et leurs deux précédents opus se complètent parfaitement, permettant ainsi à l'auditeur un catharsis plus intense encore. Ils se sont payés de luxe de faire produire ce disque par MONSIEUR Will Killingsworth (Orchid, Ampere) qui a su mettre en relief cet univers dépressif et introspectif, ces riffs acérés et éthérés, et ce chant dont la moindre parcelle d'émotion a été capté avec précision. C'est sorti chez Twelve Gauge Records, les dudes du label me l'ont envoyé avec Decade Of Dust de Hellhorse (hardcore punk pas content VS crust sombre sans virer black metöl) en cadeau-bonus-méga-cool, et c'est l'un des grands disques skramz de 2015 à n'en point douter, en attendant que Loma et Ravin sortent le leur.

You know everything,
You know more than me, 
You know how I love, 
You know how I'm weak.

When they ask you, "What did he see?" 
Tell them only the most beautiful things.

Bisous.