Il existe beaucoup de groupes de hardcore/screamo, en France, qui passe plus ou moins aux oubliettes. Je pense à Revok, Brume Retina (merci à "eLNA", fidèle lecteur, pour le précieux rappel de ces deux énormes groupes), Mon Autre Groupe, I Am A Curse, Nous Danserons Sur Vos Ruines, Myra Lee, Kiss The Bottle... Le groupe dont je parle aujourd'hui, Birds In Row (LE power trio), en faisait partie jusqu'à il y a quelques semaines. Et c'était une erreur FATALE. Ses 2 premiers EP's, "Cottbus" et "Rise Of The Phoenix", de superbes condensés de punk hardcore blindé d'émotions, de blues et de hargne, avaient fait des émules mais dans un cercle très fermé de la scène. Les plus conquis savaient que le groupe avait un énorme potentiel à faire exploser, et que le jour ou il se sera révélé, tout le monde sera d'accord. Deathwish Inc., le label hardcore le plus prestigieux actuellement, ne s'y est pas trompé... Le label de Jacob Bannon (monsieur "je crie, j'écris et j'illustre pour Converge") a donc remarqué le potentiel de ce groupe, et lui a réservé une place dans son roster. Résultat, un premier album enregistré fissa, qu'on pouvait déjà imaginer de haute volée dès leur signature chez ce label. Un peu rapide comme jugement, mais bon, soyons francs, est-ce qu'un seul des albums sortis sur ce label a été mauvais ? Bref, voilà donc ce premier opus aujourd'hui sorti, sous le nom de "You, Me, And The Violence". Cet album était très, très attendu par la scène hardcore en général. Alors, nos Lavallois ont-ils sorti un opus à la hauteur de l'écurie Deathwish, ou mieux, à la hauteur d'eux-mêmes ?...
Mieux, ils ont sorti une oeuvre d'art qui influencera le hardcore émotionnel de demain.
Toujours produit par Sylvain Biguet et Amaury Sauvé, l'un des meilleurs producteurs de hardcore en France, on pouvait s'assurer que le groupe conserverait un son authentique, lourd, puissant. C'est le cas sur cet album, qui commence très fort avec "Pilori", et une rythmique complètement folle, un cri hanté. On se prend tout de suite une gifle monumentale. "Bastard ! Fucking bastard !" Nous hurle Bart (chanteur et guitariste du groupe) avec une rage folle, avec un cri plus rauque, encore plus possédé, raclé au fond de la gorge que sur les EP, mais également toujours aussi fou, et vif. Le morceau navigue entre un hardcore mélodique mais sans compromis à la Touché Amoré ou à la Defeater, et des contrées plus chaotiques, à l'image de Converge ou leurs potes de chez Loma Prieta. Les larsens qui ponctuent ce morceau, comme la plupart de ceux qui composent l'opus, ne font qu'accentuer l'effet de chaos, de puissance, de désespoir. J'ai d'ailleurs été assez énervé et stupéfait de voir certains chroniqueurs rejeter cet aspect chaotique de la musique du groupe... Ensuite, "There Is Only One Chair In This Room" nous balance dès les premières secondes une cavalcade magnifique de guitares hurlantes, avant de laisser éclater la déclamation au rythme effréné du chanteur, suivi d'un martèlement de batterie destructeur, et une progression post-hardcore de toute beauté. "There is only one chair in this room and it does not wear my name". "Cages" est loin de calmer la meute, en jouant à fond la carte du hardcore. Un morceau court, très rapide, mais mélodique. Du screamo pur et dur pourrait-on dire. Efficace et destructeur. "For every encaged hope there is a reason to struggle. For every damaged heart there is a reason to fight. For every enclosed life there is a reason to struggle. And it doesn’t take much courage to just say no!" "Guillotine" poursuit sur cette lancée, en un peu plus posé et sombre. On a le temps d'entendre le discours de Bart, qui nous délivre une performance parfaite, comme toujours sur cet album. "Walter Freeman", le morceau suivant, continue sur le chemin screamo sinueux in-your-face qu'on lancé les morceaux précédents. Mais toujours avec ces quelques notes lumineuses qui changent tout... J'aime beaucoup le final lourd, mais joué de manière toujours aussi vindicative et puissante. "Doctor please, I need a new hope". Et la, mon Dieu. "Last Last Chance". Un morceau totalement différent de ceux entendus jusque là... Il nous transporte loin, avec de discrets mais lourds accords bluesy, très planants. Avant que Bart nous délivre quelques phrases chantées de sa plus belle voix, éraillée, pleine d'émotions. "See I'm losing all my poems into one single flame, watching all the livings stare at the skies like waiting for some help. But do we know where our feet are when we think about giving in? Do we know where our feet are when we give up the last little chance ?" Ces quelques phrases caressent l'instru très reposante. On s'imagine quelque part dans le désert, seul, faisant une halte dans un vieux motel chargé de vécu et de mystère, en fermant les yeux. Pour ma part, ce morceau m'a fait ressurgir tellement de souvenirs... J'ai chialé. Je n'ai rien pu faire, c'est venu tout seul. Ce magnifique morceau se révèle finalement être la meilleure des transitions au brûlot hardcore qui suit, reprenant le titre de l'album, qui est peut-être l'une des chansons que j'ai préféré tant les paroles me parlent, et pour tout ce qui le compose enfaite : "You, Me, And The Violence". De la violence, il y en a dans ce titre, urgent et vindicatif, rien que dans le chant, un véritable catharsis, qui se finit en un rouleau compresseur sonore, un mur de guitares, accompagné d'hurlements en cœur. "I'm sitting back in place and watching the world declining slowly as a grandpa", une des nombreuses superbes phrases de ce titre criant de vérité. S'en suit "Grey Hair", un morceau plus progressif, envoûtant, mais pas moins sombre. Le calme avant la (nouvelle) tempête dont il sert d'intro, "Cold War Everything". Un morceau entre hardcore et chant semi hip-hop qui fleure bon La Dispute, avec un chant déclamé et hurlé à s'en racler la gorge, avec un rythme entraînant, une basse lourde, et des choeurs qui hurlent à l'unisson. Et BOUM! Du black metal, carrément, qui tabasse en pleine tronche dès les premières secondes de "The Illusionist", une intro démentielle qui nous emmène vers une suite plus lourde, plus mélodique (à s'en rapprocher de "Defeater", encore), avant le final qui nous ramène au black démentiel du début. C'est d'ailleurs sur le même schéma qu'est basée "Police & Thieves", sur la même intensité. Et voilà. "Lovers Have Their Say", 12mn52 d'un morceau absolument hypnotisant, complètement différent de l'album. Minimaliste, noisy, très orienté post-hardcore. Il commence par une progression typique du genre, et un cri lointain, hanté, totalement désespéré. Avant que l'instru n'explose discrètement. Bart n'a pas besoin d'en faire plus, il donne déjà tout, avant que le morceau ne s'apaise, et se meurt dans de longs accords et larsens de guitares. Pour nous tuer avec. C'est aussi envoûtant et hypnotisant que du drone... "We are the betrayal to a two thousand year old question".
Après ce titre, on se rend doucement compte que l'album est fini. Je me suis demandé pourquoi... Cet album se veut être un bijou de spontanéité, de maîtrise, d'humanité. Au niveau des paroles, si l'on parle uniquement de groupes français, on est proches d'un Amanda Woodward : c'est punk, engagé, désespéré, imagé. C'est simplement un album incroyable, qui j'en suis sûr fera date dans l'histoire de ce que l'on appelle "screamo".
Après ce titre, on se rend doucement compte que l'album est fini. Je me suis demandé pourquoi... Cet album se veut être un bijou de spontanéité, de maîtrise, d'humanité. Au niveau des paroles, si l'on parle uniquement de groupes français, on est proches d'un Amanda Woodward : c'est punk, engagé, désespéré, imagé. C'est simplement un album incroyable, qui j'en suis sûr fera date dans l'histoire de ce que l'on appelle "screamo".
Conclusion : Sur les EP's, Birds In Row montrait qu'il était largement à la hauteur des plus grands, et de ses modèles. Avec cet album, il arrive à les dépasser. A la fois soit plus violent, soit plus calme que les deux précédents efforts, cet album propulse Birds In Row au sommet de la scène hardcore/screamo internationale, et devient une vraie fierté française, qui fera sans doute partie à l'avenir des groupes qui ont compté pour cette scène, aux côtés de Daïtro, Amanda Woodward, et j'en passe et des meilleurs. Explorant beaucoup de genres musicaux sans aucune barrière et avec talent, Birds In Row ne se classe nulle part, et sera sans doute un modèle pour pas mal de jeunes formations. Je ne me serais jamais attendu à une claque pareille. Je savais que l'album allait être bon, mais à ce niveau, c'est pas simplement un bon disque, c'est simplement un chef d'oeuvre, qui touche au plus profond de l'âme de chaque personne un temps soit peu déçue par le monde qui l'entoure, et fan de musique extrême et sensible. Cet album doit être encore plus puissant en live, et je sais bien que nos Lavallois assurent sur scène. Je les remercies pour cet album formidable, que je ne regrette pas d'avoir acheté à la fois en digital et en CD haha ^^.
Tracklist :
01. Pilori
02. There Is Only One Chair In This Room
03. Cages
04. Guillotine
05. Walter Freeman
06. Last Last Chance
07. You, Me and The Violence
08. Grey Hair
09. Cold War Everyday
10. The Illusionist
11. Police & Thieves
12. Lovers Have Their Say
"You, Me, And The Violence" s'achète en CD ou en vinyle chez Throatruiner Records, ou bien en digital ici.
Tracklist :
01. Pilori
02. There Is Only One Chair In This Room
03. Cages
04. Guillotine
05. Walter Freeman
06. Last Last Chance
07. You, Me and The Violence
08. Grey Hair
09. Cold War Everyday
10. The Illusionist
11. Police & Thieves
12. Lovers Have Their Say
"You, Me, And The Violence" s'achète en CD ou en vinyle chez Throatruiner Records, ou bien en digital ici.
Je Plussoie : ce BIR est une tuerie totale.
RépondreSupprimerSuperbe article.
(merci pour la citation :)
eLNA.
Merci beaucoup pour ce compliment !
SupprimerEt je t'en prie, pour cette citation :)