Il m'aura été très difficile de chroniquer cet album. Déjà parce que les soucis intestinaux n'ont aucune pitié, ensuite parce que je m'attaque ici à un groupe que je respecte énormément et qui aura énormément compté dans ma culture musicale, et enfin parce qu'il y en avait énormément à dire sur ce troisième album de Devil Sold His Soul, qui s'avère être une suite logique au lumineux et planant "Blessed & Cursed", lui-même ayant surpris après un apocalyptique et destructeur "A Fragile Hope", un premier album qui a totalement mis KO la scène post-hardcore moderne, malheureusement un peu gâché par une production un peu limite. Avant sa sortie, l'album a été encensé par la critique anglaise et est-européenne. Quelques jours après sa sortie, un des chroniqueurs d'AlternativNews lui a même donné 5/5, une note qui aura été controversée. Et je dois avouer que j'en avais un peu peur, car les broadcasts montraient à 90% des passages mélodiques, loin de la lourdeur habituelle du groupe. Alors, vaut-il réellement tous ces éloges ? Est-il à la hauteur de l'énorme attente ?
Eh bien c'est simple, si il n'y avait qu'un mot pour décrire cet album, ce serait : "épique".
"Empire Of Light" s'avère être un condensé de tout ce que le groupe nous a servi jusque là, et une réussite aussi magnifique que surprenante. On navigue aussi bien entre la noirceur et la violence de "A Fragile Hope", et la lumière, les atmosphères de "Blessed And Cursed". Chaque caractéristique du groupe y a été rendue plus puissante que jamais. Ainsi, nous avons le droit à des morceaux complètement cathartiques et dissonants comme "No Remorse, No Regrets", ou "VIII", des expérimentations sinueuses qui flirtent avec le sludge comme "Time & Pressure" (et son explosion étourdissante, hypnotisante, abyssale de noirceur, qui progresse vers des arpèges post-rock magnifiques), à des somptueux morceaux mélodiques comme "A New Legacy", à un morceau d'abord très "metal" et ensuite de plus en plus lumineux dans la pure tradition DSHS ("Crusader"), et à des morceaux épiques comme "The Waves & The Seas" (et son "oh way-oh way-oh oh-way oooh" en chœur qui reste en tête pendant des heures), ou le morceau final de presque dix minutes, "End Of Days". Ça sonne finalement comme du DSHS qu'on aime ("Sorrow Plagues" peut en témoigner: première partie directe et énergique, plans atmosphériques, et une espèce de breakdown final lent et ravageur), avec de nouvelles choses, comme "Salvation Lies Within", un morceau très post-rock, essentiellement dirigé par un synthé, qui peut être en quelque sorte considéré comme une réponse au side-project de Ed Gibbs (Anatomy Of The Bear), ou le morceau "A New Legacy" qui se veut très mélodique, plus accrocheur qu'à l'accoutumée mais toujours très puissant. Puis dans l'ensemble de l'opus, on retrouve des passages soit bien plus directs, soit plus mélodiques. Le groupe ne veut donc pas se reposer sur ses lauriers, et ça se ressent. C'est majestueux, planant comme tout, Ed nous donne parfois l'impression de mimer Craig Owens (en témoigne la frissonnante "It Rains Down", ou "The Verge", ou il y chante comme un Dieu) ou Sam Carter, et nous fout une gifle aller-retour, avec un chant et un cri toujours plus impressionnants de force, de charge émotionnelle, et de beauté. Aussi varié cet opus soit-il, les fans de The Elijah comme de Rinoa, ou de Architects période The Here And Now (j'ai aimé cet album, "je vous emmerde et je rentre à ma maison") pourront s'y retrouver. Le groupe confirme, avec "Empire Of Light", son statut de leader sur la scène post hardcore atmosphérique (parmi d'autres, il est vrai). Je n'ai pas trouvé de défauts à cet album, sincèrement. Et tant mieux!
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Conclusion : Ma conclusion sera sous forme de réponse au 5/5 de Martin d'AlternativNews. Ce sera donc "oui et non". Un grand oui, car DSHS va encore plus loin dans sa musique et nous transporte toujours plus haut (et plus bas?). Le choix de la variété, risqué dans ce genre musical, passe très bien, et c'est clairement un album réussi, qui rend heureux le fan de DSHS que je suis, qui me fait frissonner par la puissance des chants et des instrus. Chaque morceau est un grand moment, promettant des sensations fortes. Mais je réponds aussi "non", car il manque LE déclic, LE petit quelque chose de différent, d'unique, qui jamais n'aura été tenté avant, qui parle à tous les cœurs, pour que le groupe mérite la note suprême, qui pour moi est plutôt à attribuer à un album voué à devenir un classique incontournable du genre, comme l'est devenu le groupe Envy, en étant l'un des précurseurs du mélange entre hardcore et post-rock, et dans une langue si difficile d'accès qu'est le japonais (il est cependant vrai que le public français à eu plus de facilités avec les nippons, étant l'un des plus gros admirateurs du pays au monde, surtout au niveau de la culture moderne). Peut être pour le prochain album, qui sait. Mais ceci dit, le groupe est loin de manquer de personnalité, et nous le prouve avec son empire de lumière, qui laisse passer bien des tempêtes. Un bien bel effort, pour un groupe décidément plein de ressources, prêts à nous faire vivre bien des grands huit émotionnels...
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Tracklist :
01. No Remorse, No Regrets
02. A New Legacy
03.VIII
04. It Rains Down
05. The Waves and the Seas
06. Sorrow Plagues
07. Time and Pressure
08. Salvation Lies Within
09. Crusader
10. The Verge
11. End of Days
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