J'ai souvent eu, et j'ai encore beaucoup de frissons en écoutant son premier disque, Breathe, dont tu peux lire ma chronique par ici. J'aime beaucoup l'écouter quand je vagabonde dans les RER et les bus de banlieue, ou quand il faut se rendre au boulot. Ça donne un goût de poésie et d'abstraction à ma routine. J'espère toujours qu'il sera un jour pressé en vinyle... En attendant, Miles Oliver te propose de rêver encore un peu plus, de sortir un peu la tête de la brume, pour te faire voyager plutôt vers la rosée du matin, celle qui reflète des couleurs orangées. Voici I Miss Boredom, quelques nouvelles pages retranscrites en musique du journal intime du garçon, un (pas très) ancien activiste de la scène hardcore parisienne désormais assagi, expiant ses démons au travers d'une indie-folk atypique, profondément mélancolique, et complètement intimiste.
Tu ne le verras que très rarement jouer sur une scène plus grande qu'une superficie de 5m² (je te renvoie d'ailleurs à mon live-report du concert Rotters Damn / Miles Oliver / Throw Me Off The Bridge qui fût un instant de vie beaucoup trop cool). Un petit bar ou une petite scène lui suffit à délivrer sa musique aussi douce et suave que sombre et parfois grave. Et ça tombe bien, car I Miss Boredom suit scrupuleusement le chemin tracé par son prédécesseur, en se voulant néanmoins un peu plus ambiant musicalement, voire un peu plus abstrait. Je n'écoute que trop peu de folk, alors je ne saurais dire à quoi peut bien ressembler la musique de ce cher Miles Oliver. Peut-être à Vic Chesnutt ? Je retrouve un peu de Fog Lake, dans ce côté très vaporeux et brumeux, et c'est un très bon point. Mais sinon, ça ne ressemble à pas grand chose de ce que j'écoute, et au pire on s'en fout, l'important étant de se laisser aller à cet univers délicat, presque tendre.
Quand j'écoute "Take My Feather", en exagérant un peu, j'ai l'impression d'entendre un crossover entre trap de type s a d b o y 2 0 0 1, et le tout simple mais très beau titre "Portland", issu de Breathe. Y'a un petit flow saccadé balancé d'un ton grave qui me fait penser à Bones, ce rappeur fan de black metal qui sort presque un album par mois et qui doit compter une trentaine de disques dans sa discographie, puis le petit beat final ne trompe presque pas. Cependant, je ne pense pas que 1) Miles connaisse ce monsieur et que 2) Miles soit prêt à troquer ses trucker hats et son t-shirt Loma Prieta contre un survêt' Adidas et un bob, mais c'est pas plus mal ainsi.
Quand j'écoute "Seaside Report", je me sens lentement dériver vers une mer calme mais déserte, rien à l'horizon, seulement la sérénité et le vide. Contraste. Quand j'écoute "Are You Living Far", j'ai l'impression d'entendre un soubresaut punk même si c'est joué d'une simple guitare acoustique. L'énergie, les dissonances et la tension n'y sont pas un hasard. Quand j'écoute "Cold Blood", mes poils s'hérissent, je rêvasse. J'aime d'amour cette chanson, elle rayonne, je sais pas comment l'expliquer, même si le texte est loin d'être posi. Puis la façon dont s'emporte Miles pour déclamer son texte, avec passion, force... Presque avec insistance en fait. Bah moi ça m'émeut.
"How long man will kill for nothing twice?
One masterpiece, one sacrifice,
waiting for the news to say his work will last, but crime won't pay." - "Cold Blood".
One masterpiece, one sacrifice,
waiting for the news to say his work will last, but crime won't pay." - "Cold Blood".
10 morceaux de "lo-fi poetry folk" comme il le dit lui-même, très personnelle, d'où le fait que ce soit aussi touchant. On s'imagine des histoires dans nos têtes, on aimerait les vivre parfois, tant ces expériences semblent avoir marqué le bonhomme. Des titres qu'il compose tout seul comme un grand, usant de loopings, de reverbs et divers effets pour densifier, aérer, magnifier son univers sonore. Vous comprendrez ainsi la private joke ci-dessous. Tu sais maintenant ce qu'il te reste à faire : réserve-toi une demi-heure au moment où le soleil se couche, écoute ce disque avec un café ("THE COFFEE'S NOT STRONG ENOUGH, BUT YOU TEARS AND YOUR FEARS ARE SO ROUGH!"), laisse-toi aller, tout simplement.
Bisous.
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I often had (and I still have) chills listening to his first album, Breathe, which you can read my review here. I love to listen to this record when I wander through the suburbian train, or when I have to go to work. It gives some poetry and abstraction in my routine. I still hope that he will be pressed on vinyl one day... Meanwhile, Miles Oliver suggest you to dream a little more, to get out the head of the mist, to make you rather travel by seeing the morning dew in your way, the one that reflects orange sky. Here's I Miss Boredom, some new pages of the diary of the boy, a (not very) old activist of the Parisian hardcore scene now appeased, expiating his demons through a unique indie-folk, deeply melancholic, and completely intimate.
You'll see very rarely this dude play on a bigger stage than a small bar or a small stage, it's enough for him to deliver his music as soft and sweet as she can be pretty dark. And that's good because I Miss Boredom scrupulously follows the path set by his predecessor, maybe a little more ambient musically, even a little more abstract. I really don't have a strong knowledge in folk, so I can't concretely say what artists are similar to the music of Miles Oliver. Maybe Vic Chesnutt? I found some Fog Lake influences in this very misty and foggy side, and that's a very good point. But otherwise it sounds like nothing of what I listen to, and hey, we don't care : the important thing is to let ourself go at this delicate universe, almost tender.
When I listen to "Take My Feather", by exaggerating a little, I seem to hear a crossover between sadboy 2 0 0 1-style trap, and the simple yet beautiful song "Portland", from Breathe. There's a little jerky flow swung in a serious tone that reminded me Bones, this black metal fan rapper who released almost an album per month and must have thirty records in his discography, and the final small beat almost can't take us wrong. However, I don't think that 1) Mr. Miles knows the existence of Bones and 2) Miles is ready to swap his trucker hats and his Loma Prieta shirt against an Adidas sweatsuit and a bob.
When I listen to "Seaside Report", I feel slowly drifting towards a quiet but deserted sea, with nothing on the horizon, just serenity and emptiness. Contrast. When I listen to "Are You Living Far" I have the impression to hear a punk blip, even if it's played with a simple acoustic guitar. This energy, these dissonances and this tension aren't accidental. When I listen to "Cold Blood", my hair stands on end, I daydream. I love this song, she radiates, I don't know how to explain it. Even if the lyrics are far from being posi. The way Miles gets carried away while he declaims his words, with passion, strength... Almost done with insistence. Well, it touched me.
10 pieces of "lo-fi folk poetry" as Miles says himself, very personal, hence the fact that it was so touching. We imagine stories in our heads, we would like to live sometimes these experiences which seem to have marked the man. He composes these songs alone, by using loops and reverbs and other effects to densify, airing, magnifying his sound universe. You will understand the private joke above. Now you know what you have to do: Keep you half an hour when the sun sets, listen to this LP with a coffee ("THE COFFEE'S NOT STRONG ENOUGH, BUT YOUR TEARS AND YOUR FEARS ARE SO ROUGH !"), let yourself go, period.
XOXO.