Après avoir accueilli Hotel Books quelques jours auparavant pour une prestation bouleversante et intimiste (devant seulement 16 personnes...), La Cantine de Belleville faisait ce soir honneur à un autre groupe en vogue dans le milieu spoken word : Listener. Assez côté dans le milieu hardcore grâce à sa complicité avec les gars de The Chariot (R.I.P) et ayant bénéficié d'une hype bizarrement parallèle à celle de La Dispute, c'est surtout un public issu de ce milieu qui est venu acclamer les américains, pour un show bluffant, extrêmement fort émotionnellement. Récit d'une soirée pleine de partage et de frissons.
Ce sont les parisiens de Odds & Ends qui ont ouvert la soirée. Pour la plupart des spectateurs et pour moi-même, ce fût une découverte ce soir, et elle fût très agréable. En effet, le trio nous a envoûté avec un folk-rock reposant et planant, qui d'après un ami présent avec moi se rapprochait de Eels. J'avoue que je suis assez noob en folk, alors je vous laisse juger vous-même de cette comparaison. Leur premier album Blurry Print était mis à l'honneur ce soir-là, et leur prestation live nous a promis un bon voyage sur disque, un CD que je n'ai pas manqué de me procurer auprès de leur jolie claviériste (je dis ça, je dis rien...). Les harmonies de voix, la légère disto sur les notes tranquilles de guitares, qui ferait parfois presque penser à des instants emo 90's involontairement, puis les atmosphères douces et entraînantes... Tout était propice à une douce échappée, il n'y avait plus qu'à fermer les yeux et se laisser guider par la lumière qui semblait briller aux travers de leurs compositions mélancoliques mais réconfortantes. Je vous conseille d'y tendre l'oreille ! Notre cœur désormais réduit au stade de chamallow, il sera plus tard fondu à petit feu par Dan Smith et ses acolytes...
On s'attendait tous à un show intense, mais sûrement pas à ce niveau. Listener venait ce soir interpréter quelques titres de son nouvel album Time Is A Machine (officiellement, ce concert était leur "release party"), et il les a défendu avec une force extraterrestre. J'ai eu une vision totalement différente de l'album (je l'avais trouvé un peu moins fou que le précédent même si il est bien plus rock) après avoir découvert les morceaux en concert, à croire qu'il est taillé pour la scène. Le côté rock y ressort fichtrement mieux, le groupe n'hésitant pas à faire hurler les larsens, et partir dans des contrées postmachin. Une énergie qui avait de quoi accentuer la chaleur qu'il faisait dans la toute petite salle parisienne. Entre une micro-reprise de "Enter Sandman" de Metallica, une version quasi-reggae de "My Sharona" et des improvisations jazz assez osées ("Always be ready for jazz, always !" nous dira Dan), et des interventions entre blagues et remerciements, c'était également un beau moment de partage, plein de surprises. Tout le monde était plus ou moins en transe, le sourire aux lèvres, et les applaudissements étaient chaleureux et fermes. Nous avons eu le droit également à deux titres du superbe Wooden Heart, leur meilleur album. Dan était en grande forme ce soir, défendant sa "talk music" avec grâce. Sa présence scénique est impressionnante, le gars étant déjà charismatique à la base. Chacune de ses déclamations sonnait comme un coup de poing dans l'âme, encore plus poignantes qu'en studio.
C'est en se prenant à rêver moi et mon poto d'une version live du speech de Dan Smith dans "David De La Hoz" de The Chariot, juste pour l'hommage, mais qui n'arrivera jamais, que le groupe quitte la scène, heureux de l'accueil des français. Ils nous ont nous-même rendu heureux, rendant cet instant précieux et inoubliable.
Merci à En veux-tu ? En V'là ! pour cette superbe soirée, aux groupes, aux copains/copines présents, et aux ventilateurs !
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