Cher(e) lecteur/lectrice. Cette chronique est spéciale pour moi. Je l'ai rédigée le jour de ma rupture avec ma chère et tendre. Et je pleure toutes les larmes de mon corps en la rédigeant. La beauté du travail du jeune Aidan C. Feliciano alias "Gifts", multi-instrumentaliste, et de deux amis, fait face à ma peine. Son EP, nommé également "Gifts", l'aura libérée. Il aura scellé la fin d'une histoire qui s’annonçait si belle, et que j'aurais donc gâché. Il débute par "Poem", qui comme son nom l'indique est introduit par un poème, déclamé en spoken word, qui laisse ensuite la place à une douce instru emo/indie, et à "Music". 3 minutes d'un emo instrumental classieux, mélancolique, enivrant, et mine de rien, dansant. 3 minutes qui laisse la place aux souvenirs de chacun. 3 minutes qui me rappellent presque 2 ans de joies, d'anecdotes, de sourires, son sourire. Lorsque je rédige cette chronique, il pleut dehors, mais les gouttes qui tombent sur mon téléphone ne viennent pas du ciel. S'en suit "Keep You From Everything". Instrumentalement, on reste sur la lancée de "Music", en un peu plus posé, mais Aidan nous délivre sa plus belle voix. Brumeuse, posée, on se laisse séduire facilement. Ses mots relatent tout ce que j'ai pu faire et vouloir dire à Lora. "Yea, I'm trying hard to tell you. I'm trying everything. Watch me make mistakes". "So I'm building a palace / to keep you from everything. And building a fortress. Somewhere you can't see". Pour moi, la forteresse s'est effondrée. J'ai échoué. Le morceau suivant, "That's Better", se veut acoustique, tout en douceur. C'est toujours rempli de mélancolie, toujours plein de déclarations, d'aveux. Ensuite, nous avons "Wring Me Out", qui se veut plus ensoleillée et un peu plus lourde au niveau des guitares sur certains plans. Un petit peu de baume au cœur, pourrait-on dire. Ce que j'apprécie, c'est la longueur du morceau, un peu plus de 5 minutes. C'est assez rare qu'un morceau emo-indie dure aussi longtemps, de nos jours. L'émotion et les atmosphères qui ressortent de ce morceau ont ainsi le temps de nous emporter, de nous faire rêver, sourire, pleurer, choisissez la mention utile. L'EP se termine avec "In My Grasp", qui reprend à peu près le même schéma que "Wring Me Out". Le morceau terminé, il y a ces inévitables quelques secondes de silence. L'EP vient de se terminer, et je me rends compte qu'il a exorcisé ma peine en lui. Je l'ai ré-écouté une fois, et j'ai eu un surplus de souvenirs, de nostalgie. William Bonney a prévenu son public sur Facebook, c'est un artiste hors pair que nous avons la. Il n'as pas tort. Le garçon arrive à nous extirper toutes nos peines de cœur, ou nos joies diverses, pour nous laisser nous vider au travers de ses compos mélancoliques et tranquilles. Il n'a nul besoin d'échappées math-rock ou d'envolées post-rock pour nous faire décoller et/ou sauter comme des fifous.
Je m'en vais écouter un autre album sur mon téléphone, et je tombe sur un certain "Look Up". Je n'ai pourtant jamais entendu parler de ce groupe auparavant. Le nom de l'album est "Gifts". Enfaite, ce sont 5 autres morceaux qui sont inclus dans l'EP, à l'achat sur Bandcamp, mais qui ne sont pas en streaming. Il s'agit en quelque sorte d'un "prototype" de ce qu'est devenu Gifts aujourd'hui, un projet qu'avait lancé Aidan avec un ami quelques années auparavant, et qui préfigurait la direction musicale qu'il a pris aujourd'hui. Ce fut une bonne surprise. Ces 5 titres un poil lo-fi sont plus bruts, plus expérimentaux. Le premier titre, "Open", sonne comme certains titres des EPs "Here, Hear" de La Dispute. Un titre exclusivement chanté en spoken word, qui se veut monotone et triste, touchant, accompagné d'une instru emo-indie acoustique. S'en suit "Running In And Out Of Things", ou l'on retrouve les caractéristiques de la musique de Gifts, mais avec un chant plus éthéré, agressif, parlé-hurlé, et quelques phrases chantées. La voix de Aidan est frissonnante, puissante et à fleur de peau... Le titre suivant, "Tumbling", plus ensoleillé, rappelle les excellents Tawny Peaks, avec son rythme entraînant, sa technicité, et sur quelques intonations de voix. Nous avons ensuite "Pedal Harder", une autre petite perle d'emo/indie, qui se termine tout en beauté, Aidan hurlant toutes ses tripes sur les dernières secondes. Le morceau final, "Beautiful World Girl", revient aux fondamentaux : de l'emo punk à fleur de peau, et des spoken words à la fois, et à la fois éthérés et violents, qu'on dirait presque sortis des cordes vocales de Guy Picciotto. Sur certains plans, ce morceau ressemble d'ailleurs fortement à ce que l'on pouvait entendre sur le fameux S/T du légendaire groupe Rites Of Spring, créateur du mouvement emo. Et dire qu'il commence tout en douceur, le fourbe.
Conclusion : Je n'aimerais ne jamais avoir eu à finir cette chronique, au vu de ce qu'elle représente... Cet opus est flagrant de sincérité, pour un musicien passionné, talentueux, et décidément très inspiré (c'est également valable pour ses amis). Il m'a accompagné dans ce moment extrêmement difficile que je traverse actuellement, et restera important dans ma vie. Les émotions qui découlent de sa musique à fleur de peau sont communicatives, et on se retrouve, se perd, dans son chant puissant, à bout de souffle. Gifts aura certainement sa place dans la galaxie de l'emo/indie moderne, en tout cas je l'espère.
Et moi j'espère retrouver une place dans la galaxie de Lora.
Tracklist :
01. Poem
02. Music
03. Keep You From Everything
04. That's Better
05. Wring Me Out
06. In My Grasp
(Look Up)
07. Open
08. Running In And Out Of Things
09. Tumbling
10. Pedal Harder
11. Beautiful World Girl
L'EP est disponible sur la page Bandcamp de Gifts. Les titres de Look Up sont disponibles uniquement à l'achat.
Guillaume.
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