Being As An Ocean est un groupe fascinant. Parce qu'avec seulement trois chansons, ils se sont construit une fanbase hallucinante. Ces trois titres, "
Nothing, Save the Power They're Given", "
Dear G-d" et "
The Hardest Part Is Forgetting Those You Swore You Would Never Forget", avaient tout pour plaire : Influences
Pianos Become The Teeth/
La Dispute/
Defeater/
Listener évidentes de quoi offrir un post-hardcore/indie posé et percutant, des émotions débordantes, des thèmes et paroles fortement inspirés par le christianisme (beaucoup de très bons albums viennent de la, mine de rien)... Les deux premiers titres m'ont beaucoup plu. Ils n'inventent rien, mais sont interprétés avec passion. Surtout que la puissance vocale de Joel Quarticcio est impressionnante. Chaque titre se termine par un couplet chanté à la manière de Dan Smith (Listener), comme la morale qui finirait une fable. Beau coup de cœur. Mais au troisième titre présenté, "The Hardest Part [...]", ce fut le drame : Mais bon sang, POURQUOI ces accords djent, POURQUOI ce passage growlé, et POURQUOI ce couplet à la Asking Alexandria ? J’étais là, devant mon écran d'ordi, genre "Mais OMG comment ils se gâchent !" = Abandon du groupe. Mais quelques jours après, j'ai ré-écouté, ne pouvant pas douter du talent du groupe, avec les deux premiers titres. Et si, après tout, c'était juste leur truc, qu'ils voulaient que ça colle à leur morceau sans qu'on ai à troller dessus, sans qu'on les range dans la "hype"... ? J'ai donc gardé ce questionnement en tête, acheté le CD aveuglément, et attendu son arrivée dans ma boîte aux lettres impatiemment. Eh bien finalement, je ne regrette pas l'achat.
L'album commence avec les deux titres que j'avais beaucoup aimé. Maintenant, j'aimerais revenir sur le troisième, ce fameux titre avec lequel j'ai eu TELLEMENT de mal : "The Hardest Part [...]". Ce qui me gêne véritablement, c'est l'incohérence du bloc "passage djent-growl-couplet ultra catchy" avec le reste de l'instru. J'ai réussi à digérer le couplet, les accords djent, mais ce growl TRV3 BR00TAL, j'y arrive vraiment pas. Ça casse la magie et l'atmosphère du morceau. Le titre suivant, "This Loneliness Won't Be The Death Of Me", nous fait voyager dans des contrées bien plus communes au style. C'est plus catchy que les titres précédents sur le début. On sombre doucement dans un doux songe, les déclamations de Joel, pour qu'au final le morceau explose avec des chants en chœur, des guitares puissantes, avant que les accords emo/indie ne reprennent le dessus. Le titre suivant, "The Sea Always Seems To Put Me At Ease" est exclusivement chanté en spoken word qui se veut de temps en temps crié, mais en tout les cas complètement hanté, sur un jeu de batterie toujours très rythmé, avec toujours ces guitares douces, planantes. Magnifique. "Salute E Vita", le titre suivant, est un peu plus direct, mais c'est vraiment ce type de morceau qui fait ressortir au mieux leur talent de composition, leurs émotions. Au morceau suivant, surprise : Un long morceau post-rock ! "It's Really Not As Complicated" nous fait voyager pendant 11 longues minutes. ÇA c'est un interlude ! Il reste basique, mais se veut tout de même joliment joué et puissant, assez pour me faire rêver. Le seul accord utilisé pour l'explosion du milieu de morceau peut à première vue paraître vite ennuyeuse, mais l'accord utilisé et tellement tranchant, incisif, qu'il peut vite faire devenir fou, il bourdonne en tête et hypnotise presque, comme avec du drone. Cette explosion laisse ensuite à place à un discours. Celui de Mohandas Gandhi, qui lit un extrait de son essai "On God", paru en 1931. Ce discours de paix se mêle terriblement bien à l'atmosphère générale du morceau. Et les derniers accords de la fin, ce retour du semi-djent entendu sur "The Hardest Past [...]" est ici très bien placé ! La tonalité des guitares et la tranquillité d'exécution le fait passer vraiment bien sur ce morceau. Bien joué ! Mais voilà, "Humble Servant, Am I" nous rappelle que le groupe manque de cohérence, chose qu'il applique pourtant avec classe sur le morceau précédent. Il est clair que le morceau est magnifique en soi, posé, touchant, mais le problème, c'est cette mosh part toute moche sortie de nulle part, qui à mes yeux gâche le morceau. Les mecs, plus jamais ça ! Ou alors faites comme
Counterparts ou
Stick To Your Guns, amenez le bordel plus finement, et avec un brin de technicité en plus ! Le morceau suivant, "This Room Is Alive" relève considérablement le niveau, en commençant avec un hardcore mélodique furieux, ou viendra ensuite se mêler des passages plus posés comme le groupe sait très bien les faire. Ce n'est pas "We Will Never Be The Same" qui nous dira le contraire, revenant aux expérimentations entre Listener et Defeater des deux premiers premiers titres. Le dernier titre, "If They're Not Counted, Count Me Out" reprend le principe de "The Sea Always Seems [...]", à savoir un chant parlé qui se veut de plus en plus intense au fur et à mesure que le morceau, très reposant, avance.
Conclusion : Sur ce premier essai, Being As An Ocean réussit à s'imposer, à montrer ce dont il est capable, tout en puissance, mais fait preuve d'incohérence avec sa base musicale, en s'essayant à des passages métallo-brutaux très mal maîtrisés qui, la plupart du temps, sont complètement hors-sujet par rapport aux sons emo/indie et post-hardcore atmosphérique du groupe. Vraiment dommage, car en dehors de ça, la musique du groupe est surprenante de force, d'inspiration et de sérénité ! Avec un peu de travail sur la cohérence, et en faisant évoluer leurs compos quelquefois basiques, le groupe aura ainsi de quoi devenir un vrai indispensable de la nouvelle scène post-hardcore. Amen.
Tracklist :
01. Nothing, Save The Power They're Given
02. Dear G-d
03. The Hardest Part Is Forgetting Those You Swore You Would Never Forget
04. This Loneliness Won't Be The Death Of Me
05. The Sea Always Seems To Put Me At Ease
06. Salute e Vita
07. It's Really Not As Complicated As You're Making It Out To Be
08. Humble Servant, Am I
09. This Room Is Alive
10. We Will Never Be The Same
11. If They're Not Counted, Count Me Out
"Dear G-d" se choppe ici, ou bien ici.