Aujourd'hui, c'est Mardi Gras. Il fallait bien l'honorer avec une bonne crêpe ;) Alors je me la joues "gastro-chronique". C'est donc le premier EP des Parisiens de Merge, Transmission, qui passe sur la table. L'artwork a été réalisé par Robin Huqueleux, chanteur dans l'absolument fabuleux groupe Branson Hollis. Alors, du happy meal ou de la haute gastronomie ? Sortez les couverts, et à table, le dîner va être servi !
On pourrait facilement se dire que Merge est un groupe de plus qui s'immisce dans la mouvance en abusant des clichés à la mode du style et nous délivrer un truc à la Shoot The Girl First, un CD sans consistance, sans sincérité, ni travail de fond, comme il en faut pour réussir à faire un "beau" post-hardcore. Mais la, c'est une surprise de taille qui m'attendait avec cet EP.
Celui-ci débute par le morceau "Calypso". Ca tabasse sévèrement dès le début : des riffs imparables, une grosse mosh part, un scream grave et gras. Et voilà qu'Anthony nous délivre sa plus belle voix claire. Quelle surprise ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas entendu une si belle voix dans le genre, et surtout en France. Sa voix nous emmène vers une partie instrumentale digne d'un Envy, une des nombreuses influences du groupe. Quelques secondes de calme, avant que le chant ne revienne. Je n'ai jamais entendu une si belle cohérence entre chant clair et mélodies atmosphériques, de quoi titiller les maîtres de l'exercice, The Elijah, Jonny Craig (certainement en beaucoup plus sérieux), et Daryl Palumbo ne sont pas loin ! Le tout nous emmène délicatement vers l'explosion des guitares, des voix claires et hurlées, pour une fin toute en douceur. Magnifique mise en bouche ! Après l'entrée passée, passons maintenant au plat de résistance. "In This Ghost Town" poursuit sur cette lancée, ca démarre fort, et Anthony sublime l'ensemble de sa voix, les mélodies s'entremêlent, ca bastonne, et les passages atmosphériques sont parfaitement intégrées. Victor, à la batterie, se démêne comme un beau diable. Soulignons tant qu'on y est le boulot formidable sur cet EP de Julien et Brice, les guitaristes, et le (très bon) jeu de basse de Kazu, bien audible, ce qui fait du bien ! On enchaîne sur "Ecclesiast", un morceau plus direct, plus aggressif. C'est plus commun, mais très maîtrisé, c'est carré, et on sent la patte aérienne du groupe qui change tout. Le petit spoken word crasseux sur la fin est bien classe, j'adhère ! Vient ensuite le digestif. "In Details", bien plus qu'un interlude, un chef-d'oeuvre de 2mn30 composé par Kazu, également tête pensante du groupe. Histoire de le savourer au mieux, ce morceau est arrivé pile au bon moment dans mes oreilles : sous un plein soleil doux, avec le chant des oiseaux, en passant devant tout un tas d'arbres nus. Ce morceau est juste... Merveilleux. Sobre, doux, et putain, tellement beau et atmosphérique. Imaginez-le avec la voix d'Anthony, une lente montée en puissance menant vers une explosion de guitares, une batterie martelée jusqu'au dernier souffle... Les mecs, jouez nous des morceaux avec ce type d'ambiance sur le prochain CD, c'est un ordre ! Celui-ci est bien trop court... Mais bon, c'est comme ça les desserts, toujours trop petits ;) ! Alors moi j'en réclame un autre ! Et c'est "Twelve/Nine", dernier morceau, qui s'en charge. Un départ du feu de Dieu, Anthony qui nous balance sa meilleure voix, sur une musique décidément bien à eux, toujours aussi entraînante et reposante à la fois.
Conclusion : Quel délicieux repas! L'EP se dévore vite... Beaucoup trop vite ! On en redemande, et du coup on fait tourner le skeud encore et encore... La recette fonctionne à merveille, le tout sonne comme une évidence, c'est d'une cohérence rare dans le genre, ça balance parfaitement entre ambiances et agressivité (le groupe le dit lui-même, leur musique n'est pas faite pour faire du mosh, c'est plutôt à écouter avec son casque, les yeux fermés, posé tranquillement chez soi ou dans le bus/train), c'est moderne, minutieux, et ça sonne surtout pas cliché pour un sou. Le rendu est digne des influences revendiquées par nos frenchies. On sent toute l'envie, la passion et l'acharnement du groupe dans chaque morceau, ainsi que la sincérité, d'ou à mon avis le high level de chaque musicien, et ça joue beaucoup pour l'appréciation des compos. Il faut plusieurs écoutes pour déceler toutes les perles que nous offrent l'opus, et pour apprivoiser le chant. Ensuite, ça passe tout seul ! Je vais faire mon chiant pour une chose : Un tout petit peu de travail sur les voix à l'avenir serait parfait (et encore, ça a son charme, je dis ça en bon fan d'emo midwest que je suis), déjà que la barre est haut placée, mais bon, le groupe est tout jeune, on peut pas demander la Lune non plus, et déjà, un tel EP pour un groupe né il y a un an, c'est juste phénoménal ! Voilà donc un nouvel, et grand espoir du post-hardcore français. Le chemin risque d'être long mais l'envie est là, et les retours montrent que le groupe trouvera rapidement son public ! J'attends donc Merge de pied ferme sur un CD que j'espère plus consistant et dans le même esprit, en misant encore plus sur le côté ambiant pour allonger les morceaux et leur donner encore plus de saveur, de quoi caler notre faim jusqu'au bout ! ;)
Tracklist :
1. Calypso
2. In This Ghost Town
3. Ecclesiast
4. In Details
5. Twelve/Nine
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