dimanche 3 octobre 2021

One Step Closer vient de sortir le deuxième album de Turning Point.



Voilà, merci, bonne écoute !

Non, plus sérieusement, ce disque va heureusement plus loin que ça. Il y a énormément de groupes qui ont été inspirés par les légendes du hardcore straight-edge Turning Point, ou qui le sont encore aujourd'hui (je pense souvent à cet excellent groupe US nommé Search For Purpose, notamment). Ils sont arrivés à la fin des années 80 avec un son relativement classique, mais qui avec le temps allait prendre un tournant (lol), mêlant un hardcore youth crew aux influences d’une scène emo qui continuait à grandir et à se construire. Ainsi, leur titre phare, « Behind This Wall », compte parmi l’un de leurs titres les plus emo, au chant finalement assez proche des groupes de chez Dischord Records comme Embrace, Rites Of Spring ou Dag Nasty. Et c’est cette facette du groupe qui a été la plus résonnante dans leur scène.

One Step Closer fait partie de ces groupes récents qui se réclament ouvertement de la formation originaire du New Jersey, et qui proposent un hardcore aussi puissant et intense que le fût celui de Turning Point. Actifs depuis 2016, cette inspiration assumée s’entendait déjà fortement sur leur première démo sortie en 2017, puis a évolué au fil des releases. Sur leur EP From Me To You paru en 2019, les kids de Wilkes-Barre, Pennsylvanie, montraient déjà un son plus personnel, et ce fût un tremplin énorme pour eux, tant le disque a bien été reçu.

This Place You Know est un album inspiré par la ville natale, la vie en périphérie des grandes villes, le rapport avec le chez-soi et nos lieux de vie. Il parle aussi de dépression saisonnière, de deuil, mais également de straight-edge (de manière relativement subtile dans le dernier morceau, "As The City Sleeps", en featuring avec le chanteur des excellents Magnitude) et de la vie en tournée. Des thèmes finalement aussi courants dans le hardcore que dans l'emo. Il pioche également énormément dans le hardcore mélodique intense à la Have Heart, sans abuser de son côté "anthémique" cependant. Et sur le "Record Selection" de Run For Cover Records consacré à One Step Closer, leur chanteur nous apprend que Diary de Sunny Day Real Estate a été une influence majeure du groupe : déjà dans les liner notes de From Me To You, ce groupe figurait dans leurs inspos. Il est facile de cerner la puissance émotionnelle que dégage ce disque culte de l'emo dans celui des kids de Wilkes-Barre.

À vrai dire je ne m'attendais pas à ce que ces influences ressortent autant sur cet album, on aurait pu s'attendre à quelque chose de plus "cliché" des groupes signés chez Run For Cover, à savoir un revirement shoegaze ou indie, mais pas du tout ! C'est vrai que One Step Closer essaie des nouvelles choses sur ce disque, comme cette inattendue ballade qu'est "Hereafter". Mais globalement, ça reste très fidèle à ce que l'on connait du groupe jusque là, et ils ont simplement fait passer leur musique à un pallier supérieur en termes d'intensité et de songwriting.

Cet album est très bien équilibré entre brûlots hardcore et morceaux plus "emo" dans l'esprit, s'illustre cependant avec une intensité constante, sans jamais qu'on se sente saturé•e par ce flots d'émotions. Une belle réussite, qui remet sur le devant de la scène des sonorités un peu mises de côté sur la scène hardcore aujourd'hui : pas d'effets de guitare à outrances, pas de forçage sur le côté rétro/90's, c'est spontané et ça fait vraiment plaisir à entendre.


dimanche 5 septembre 2021

LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURES #3 : KOYO, HAWAK, MILITARIE GUN...


C'est définitif : je vais finir par plus parler de hardcore à proprement parler que d'emo, et encore plus de screamo... Je ne sais pas vraiment expliquer ça mais j'écoute pas beaucoup de skramz en ce moment. Alors non, je ne suis pas en colère contre cette scène ou quoi, mais ça me fait plaisir et même grandir personnellement et politiquement de découvrir d'autres scènes, et de plonger un peu plus loin dans le milieu straight-edge, D.C hardcore, les groupes des années 80/90 etc... Alors attendez-vous à ce que je vous parle plus de ces styles de musique, mais en trichant un peu, parce que y'a toujours une connexion avec des groupes emo ou de la musique emo à l'arrivée ;).


HAWAK - nước

C'est l'un des disques les plus attendus de la scène screamo cette année, après beaucoup de teasing ces derniers mois et un retard de parution dû à des problèmes de qualité sur le pressing initial de cet album, qui sera peut-être vendu à peu cher. Une fois le problème réglé, HAWAK s'est empressé de partager nước, 10 titres d'un screamo virevoltant entre des bourrasques de riffs tricotant des mélodies aussi entrainantes que dissonantes, enveloppé d'un grain sonore saturé et érodé. Un ensemble qui vous rappellera avec bonheur LOMA PRIETA et KIDCRASH, ou éventuellement DANIEL STRIPED TIGER. Il y a même un petit air de TRACHIMBROD sur "Shattered Mirror". Peu de disques catalogués "screamo" me procurent les mêmes sensations en ce moment, et le mood est suffisamment prenant pour m'avoir fait m'endormir lors d'un trajet en TGV, sous ces bourdonnements sonores et ces accalmies délicates. C'est sorti chez Zegema Beach Records et Left Hand Label, deux labels sûrs de la scène emo/screamo internationale.



INSTEP - Demo 2021

Vous aimez TITLE FIGHT aussi fort que moi ? Vous devriez adorer cette démo. les québécois de INSTEP, avec entre autres un membre des excellents FRAIL HANDS, nous proposent un worship assumé de l'époque The Last Thing You Forget / Kingston des américains, en mettant en avant le côté hardcore. Cette démo est également présentée comme "four LIFETIME worship tracks", ce qui je pense est une description légitime de l'objet. C'est une très chouette première démo, et il me tarde d'entendre la suite !




HOLLOW SUNS - Process Of Losing

Vous aimez toujours TITLE FIGHT aussi fort que moi ? Je cherchais leur équivalent japonais il y a quelques jours, parce qu'au niveau des musiques catégorisées shoegaze et emo, le Japon s'illustre remarquablement bien, mais je n'ai aucune connaissance de leur scène influencée grunge ou alternative rock des 90's, en gros de ce qui pourrait sonner comme si un groupe de leur scène voudrait signer chez Run For Cover. Eh bien HOLLOW SUNS est apparu dans ma vie en fouinant sur les comptes Instagram de certains acteurs du Tokyo Straight Edge, et ça correspond un peu à ce que je cherchais ! Ils viennent de sortir Process Of Losing, une compilation regroupant toute leur discographie. C'est pas non plus incroyable mais c'est bien stylé, c'est à cheval entre BASEMENT, JIMMY EAT WORLD et FOO FIGHTERS avec un background hardcore qui se fait sentir régulièrement surtout sur les titres les plus anciens. La compile est dispo en entier sur Spotify, mais voici le dernier 12" en date du groupe sur leur page Bandcamp.




FEVERCHILD - S/T

Une chouette recommandation faite par Hiroshi de ASTHENIA. Tous les membres jouent dans la scène hardcore belge dans des groupes comme ANIMAL CLUB, MINDED FURY ou FORCE), mais se sont rejoints pour jouer un emo mid-90's bien inspiré de SUNNY DAY REAL ESTATE ou TEXAS IS THE REASON. De chouettes vibes légèrement hardcore s'ajoutent à leur univers chaleureux et mélodique, histoire de bien nous ramener back in the day.




KOYO - Drives Out East

"emo's back", c'est ce que clame KOYO sur de grandes bannières et sur leurs flyers promotionnels. D'un point de vue médiatique et dans le mainstream, c'est vrai ! Et dans le hardcore qu'on peut qualifier de vénère, c'est vrai aussi, et c'est trop cool. Ce groupe, c'est 6 mecs dont 3 armoires à glace qui ont choisi de sortir un worship éhonté de TAKING BACK SUNDAY ou de SENSES FAIL, des groupes qui seraient facilement classés dans la catégorie scene ou MySpace-core, mais qui en réalité ont de chouettes disques derrière eux (j'adore les deux groupes). Le background hardcore est bel et bien présent comme sur Painting Words Into Lines, le songwriting est impeccable, le groove de la section rythmique est bien là, les guitares cisaillent aussi impitoyablement qu'elles sont hyper catchy, ça tabasse bien comme il faut !





SINKING - Only Echoes

Un autre groupe de hardcore kids qui ont la bonne idée de jouer une musique plus mélodique mais pas moins heavy. Ici, c'est d'ex-membres de RESTRAINING ORDER ou PIECE OF MIND, qui jouent un emo lorgnant allègrement vers le space rock ou le shoegaze. Si vous aimez CLOAKROOM, il y a de fortes chances que vous appréciez Only Echoes, leur premier LP sorti en 2020.




BLAIR - Tears To Grow

J'ai découvert ce groupe via les flyers de tournée de FIDDLEHEAD, et c'est le genre d'emo raw et qui chante faux qui me manquait ! On est assez proche de groupes rock alternatif des années 90 comme MODEST MOUSE dans le chant, et de quelque chose de pur et de brut à la HUMAN HANDS musicalement, et il y a un petit feeling à la THE WORLD IS A BEAUTIFUL PLACE AND I AM NO LONGER AFRAID TO DIE. Leur batteuse, très expressive, est issue du monde du jazz et du hip-hop. Le groupe est majoritairement composé de personnes racisées, et n'hésite pas à exprimer leur vécu dans "Promise", et leurs espoirs quand à ce qu'iels sont et leur légitimité. Un chouette disque qui fait suite à une série de singles et un premier disque éponyme sorti en 2019 dans la même veine, quoique un peu plus lumineux dans les mélodies, et avec quelques notes de synthé (ou de piano ?) en plus.




MILITARIE GUN - All Roads Leads To The Gun

Parmi les multiples side-projects des membres de DRUG CHURCH et REGIONAL JUSTICE CENTER, on compte les excellents MILITARIE GUN. Un chouette concentré de hardcore sauce Dischord Records, avec quelques influences noise rock. La série d'EPs que les américains ont préparé en 2021, All Roads Leads To The Gun, fait toujours la part belle à ce cocktail, avec un feeling différent sur les vocaux, autant scandés qu'aboyés. À l'heure où je boucle cet article, le second volet de cette série d'EPs n'est pas encore paru. Mais un titre est en streaming et il est très cool !


dimanche 4 juillet 2021

SLOW FIRE PISTOL nous offre le premier disque de screamo sorti chez Triple B.


Oh bah mince, j'allais oublier de vous parler d'un disque que j'ai beaucoup attendu : Rabbit Town Blues de SLOW FIRE PISTOL. Annoncé comme un 12", je m'attendais à ce que ce soit l'album que beaucoup attendaient de leur part. Mais c'est finalement un EP 5 titres (dont un morceau instrumental) que nous présente le groupe d'Atlanta, comptant en son sein des membres de FOUNDATION et de DEAD IN THE DIRT. Un line-up qui peut surprendre, mais qui me fait personnellement bien plaisir. Ce disque est sorti via Tiger Records (le record store de James Siboni, bassiste de LOMA PRIETA et de BANE pour le live) et Triple B Records. Un contexte également assez hors du commun pour du screamo mais qui fait du bien.


Rabbit Town Blues confirme ce que SLOW FIRE PISTOL sait si bien faire depuis sa première démo : un emo/hardcore abrasif, sinueux, spastique. Mais on note l'apparition de quelques éléments mélodiques supplémentaires, comme ces quelques notes de chant clair sur "Who Decides". Mais je le trouve un chouia en-dessous de son prédécesseur, dans sa globalité. Je m'attendais peut-être à plus de punch, avec une sortie chez Triple B. Bon, y'en a déjà pas mal en soi évidemment, mais j'attendais plus de background hardcore des musiciens dans le songwriting. Du "Sever Myself" ou du "Circles & Squares" un peu plus souvent en gros. Mais ils ont pris le parti de rester fondamentalement sur une veine emo, avec cependant les mêmes vocaux très typés 90's mi-scandés mi-parlés qu'on retrouve finalement souvent dans le hardcore et le metalcore (coucou FOUNDATION), et ça rend très bien ! Mais ouais, j'admets ma frustration... En même temps, Love Riddled With Conditions est imbattable.


Je ne sais pas si un album est prévu à l'avenir ou non, mais c'est peut-être avec des disques courts mais intenses que le groupe s'illustrera le mieux. C'est ce qui fait leur force jusque là, et ce serait dommage que ça se perde. Alors j'ai hâte d'entendre le prochain EP / split !

samedi 26 juin 2021

Les plus courtes sont les meilleures #2 : FIDDLEHEAD, SORCERER, WORKING THROUGH RUST, AU BOUT DE MES LÈVRES...



Ah la lecture de chroniques, c'est comme un France - Suisse (inter)minable : On a hâte que ça se finisse ;). Mais je continue quand même, parce que vous parlez de mes coups de coeur et leur filer un coup de pouce ça donne plus ou moins un sens à ma vie. Comme à mon habitude, je mets très longtemps à poster un article que j'ai commencé y'a quelques semaines. Que voulez-vous, le chômage c'est un travail harassant. Mais bon, je vous ferais quand même découvrir des trucs cool même un peu en retard, je l'espère. Il y a du hardcore qui tabasse mais un peu emo 90's sur les bords, du screamo touchant, un des meilleurs disques de post-hardcore de l'année à coup sûr, et quelques autres chouettes trucs.


AU BOUT DE MES LÈVRES - Malgré la nuit

Ce groupe n'a pas seulement tiré son nom d'une chanson de DAÏTRO, il a réussi à extraire toute la puissance et le catharsis phénoménal des compos des lyonnais et à nourrir leur musique de ce nectar, tout en ajoutant à cela encore plus de tristesse, et en ponctuant le tout d'une pincée d'ambiances et de textures sonores habiles, envoûtantes, le tout vous prenant à la gorge comme un lourd chagrin. Malgré la nuit, c'est le nouveau fruit tombé de cet arbre écorché, hurlant à la face du monde une poésie aussi douce que tragique. Chaque nouvel essai est un recueil d'histoires éphémères et poignantes, et celui-ci traite "de ces conjonctures nocturnes desquelles l'on ne revient jamais entièrement; je crois que certaines nuits sont en elles-mêmes toute une vie, une sorte de passage obligé, comme le sont les rêves.", pour citer la personne à l'origine des textes. Des mots accompagnées de compositions tout autant tourmentées, dans le fond comme sur la forme : d'un screamo virulent et perçant, à la limite de l'épique, on passe à des ambiances lo-fi lancinantes, qui ne contrastent finalement pas tant que ça. La cohérence est frappante, et le voyage n'en est que plus prenant. L'un de ces petits trésors que l'on prendra plaisir à écouter la nuit, dans nos errances attristées.




WORKING THROUGH RUST - Words About The End :

Le nom de Tom Schlatter ne vous dit peut-être rien, mais cette personne est une légende de la scène emo/hardcore américaine. Il a joué dans de multiples formations de qualité telles que YOU & I, BLACK KITES, CAPACITIES, LESS LIFE, et joue aujourd'hui dans HUNDREDS OF AU, EVERY SCAR HAS A STORY, et occasionnellement dans WORKING THROUGH RUST. C'est vraiment un projet pour le fun, et ce nouvel EP a été enregistré à distance. Mais à la grande différence des 2 autres EP sortis jusque là, celui-ci est une immense claque qu'on dirait tout droit sorti de la scène "Bremencore" des années 90, celle qui a vu éclore ACME, MÖRSER ou encore SYSTRAL. 4 titres, 4 coups de poing enflammés, avec une petite influence CONVERGE sur "Friend" ? Ecoutez ceci et évitez de casser le premier truc en face de vous de peur de le regretter, choisissez-le avec parcimonie.




SORCERER - Joy

Toujours dans un registre "THIS is hardcore", SORCERER nous viennent de Paris (et d'Orléans), et propose avec leur premier EP Joy un mix atypique de metalcore dévastateur en -TION à la FOUNDATION / INCLINATION, d'influences KICKBACK évidentes (j'arrive toujours pas à apprécier ce groupe : je supporte pas l'attitude de ses membres, mais je dois reconnaître leur influence sur la scène française), sûrement INCENDIARY, et même "by some 90's european screamo & emo", à en croire leur bio Spotify. Et c'est vrai que les voix ont un gros côté emo. Cependant je les rapprocherais plus d'un groupe comme BLINDFOLD que des classiques de l'emo 90's. Ce premier disque est archi-efficace, solide, et montre déjà une certaine assurance quand à leur univers musical. J'ai hâte d'en entendre davantage de leur part, en espérant qu'ils continueront à creuser ce sillon emo / screamo peu commun dans la scène hardcore qu'on peut qualifier de "bas du front", et pourquoi pas s'inspirer des travaux de tonton Schlatter ou de SLOW FIRE PISTOL (ce supergroupe screamo avec des membres de FOUNDATION et DEAD IN THE DIRT) entre autres ? Alleeeez, je veux un BLACK KITES revival! :(




IN SHAMBLES - Vicious Cycles

Malheureusement, je vais devoir vous le dire : Ne vous fiez pas à la pochette de ce disque de IN SHAMBLES. Les morceaux de cet album sont vraiment cool, mais la pochette est quelconque, c'est vraiment dommage. Vicious Cycles est un chouette disque de screamo influencé par les sonorités chaotiques et noisy de MOHINDER, avec pas mal d'éléments hardcore, un côté plus direct et percutant qui tranche avec les saccades habituelles du style. Un mélange malin et efficace, cette idée de rendre la musique des pionniers du post-hardcore plus mélodique et directe fonctionne parfaitement. Le chant semble également venir tout droit des expérimentations 90's de l'emo, ni chanté ni crié, quelque part entre les deux. Bref, c'est original, c'est plutôt frais, je vous le recommande !




COLISION - Lost Ghosts Vol.1

Sur ma précédente grande chronique, celle du superbe Fixed It All de PAERISH, j'évoquais les nombreux autres groupes français qui donnaient un coup de fouet à la scène rock alternatif / shoegaze nationale. Et cette niche est loin de se développer seulement à Paris, preuve en est COLISION, basés à Bordeaux. Déjà auteurs d'un très fort 1er EP, Healing Is Not Linear, ce second opus nous offre 3 titres dans la droite lignée des précédents, profondément influencés par NARROW HEAD et NOTHING : ça joue très fort, la réverb est omniprésente, et on est plongé·e·s dans un son aussi lazy que hazey entre grunge et shoegaze, bien sûr évocateurs de FAILURE ou HUM, un son que cette scène "tumblrcore" dont je parle avec amour dans ma chronique du PAERISH fait revivre depuis une dizaine d'années, tout en le teintant de hardcore ou d'emo, une scène dans laquelle COLISION semble pleinement se nourrir pour développer leur univers sonore aussi dreamy qu'agressif. Il me semble reconnaître une influence TOUNDRA sur "Swim While It Rains", sur l'intro et l'outro du morceau au riff de batterie percutant. "Hell Will Wait", le morceau d'ouverture de ce nouvel EP, en est définitivement le highlight, la parfaite balance entre tout ce que propose les bordelais musicalement, au niveau de "Knees" sur le précédent EP. J'ai bien hâte d'entendre le deuxième volume, tant le premier séduit par sa spontanéité, sa délicatesse certaine, l'amour du gros son qui découle de ces riffs puissants.



TENACE - Des marques sur nos mains

Les doux TENACE viennent agrémenter le screamo jeu parisien d'un premier long-jeu sans prétentions, personnel mais universel. Ca vous plaira à coup sûr si vous aimez les classiques comme DAÏTRO où le dernier BIRDS IN ROW en date. Ils confirment le potentiel dévoilé sur leur EP de 2018, affûtant leurs riffs et leurs cris. À noter le featuring de Fabien EUX sur la superbe "Sombre Tableau", qui va droit au but face à la haine que nous balance les Zemmour et compagnie sur nos écrans et qui influencent beaucoup trop nos sociétés, qui soulignent le fait que la lumière et l'espoir fait peur à ces gens. Même si c'est évidemment super dur de s'accrocher à quelque chose à une époque où tout se dérobe et nous déçoit, c'est bien de ça dont ils ont peur. Alors continuons à être à l'écoute les un•e•s des autres, bon sang.



FIDDLEHEAD - Between The Richness

Après leur immense premier album Springtime and Blind, autant en termes musicaux qu'émotionnels, le "supergroupe" qui comprend des membres de HAVE HEART, BASEMENT et YOUTH FUNERAL entre autres, revient avec un second disque tout aussi poignant, Between The Richness, mais le ton de ce disque est beaucoup plus "joyeux", même si les paroles traitent encore de deuil et de manque, de façon très poétique et imagée. Le climat des chansons est moins chargé de mélancolie mais reste profondément intime et cathartique. Pat Flynn s'adresse à ses enfants autant qu'à ses parents, sur ces nouvelles chansons. De nouvelles confessions à fleur de peau, de nouveaux morceaux de sentiments répétés et scandés avec passion, accompagnées par des instrus lumineuses. Certain·e·s voient en ce groupe un nouveau TITLE FIGHT, je comprends pourquoi mais FIDDLEHEAD propose un mood un peu différent, qui lui est propre, même si leurs influences FUGAZI et ARCHERS OF LOAF sont palpables. Un grower qui finira dans bien des tops de fin d'année, mais peut-être pas aussi marquant que le premier LP.


HUNDREDS OF AU - Acting From Remote Satellites

Un nouveau LP pour HUNDREDS OF AU, et une nouvelle correction infligée par l'un des nombreux projets de Tom Schlatter, qui n'a décidément pas chômé pendant les confinements successifs imposés aux USA à cause du coronavirus, à l'image de saon comparse Shawn Decker avec qui il collabore dans certains de ces projets (comme le superbe EP de LACRIMA). Acting From Remote Satellites nous propulse toujours dans un screamo/hardcore connoté 90's très abrasif et intense à la UNION OF URANUS ou PORTRAITS OF PAST, flirtant allègrement avec le metalcore de CONVERGE. Hormis la dense et aérienne "Identity Theft" qui s'étire sur 7 minutes, c'est un véritable ouragan que nous propose encore une fois le groupe, qui passera malheureusement encore bien inaperçu dans le paysage hardcore, même si le chant sonne pourtant presque comme du KICKBACK ??



MANNEQUIN PUSSY - Perfect

Tout ce que le producteur Will Yip touche devient de l'or, et cet EP de MANNEQUIN PUSSY ne déroge pas à la règle. Perfect synthétise parfaitement l'univers musical du groupe, quelque part entre post-hardcore, rock alternatif et riot grrrl, superbement mis en valeur par une production de haute qualité. Rien à ajouter de plus, si ce n'est que c'est une douceur pour les oreilles. Le morceau d'ouverture, "Control", est sublime...



FREE THROW - Piecing It Together

Les kids ressortent les skates, le pop-punk revient grâce à tout ces emorappers qui basiquement font du pop-punk avec des beats 808 ou Travis Barker en featuring... Une occasion parfaite pour FREE THROW de sortir un disque comme Piecing It Together, sublimé par une production Will Yip évidemment, à mi-chemin entre un emo chaleureux et délicat et un pop-punk catchy et direct. Je pense que ce disque met d'ailleurs en relief leurs influences plus "pop", ce qui est un bien grand mot tant leur musique reste tout de même brute en soi, mais le rythme est plus lent, leur musique un peu plus accessible. J'ai une préférence pour leurs releases précédentes, mais Will a parfaitement compris où ils voulaient en venir avec ce nouveau disque et les a bien aidé.



ANGRY SON - 3 songs demo
GENZENKAN - split with ZEAMI + S/T
ZEAMI - demo

Voilà quelques petites releases screamo venues du Japon que j'ai eu le plaisir d'écouter, et je pense qu'elles vont plairont grandement si vous aimez ces contrastes entre mélodies et chant parlé presque susurrées, et éruptions soudaines de catharsis. ANGRY SON et GENZENKAN se ressemblent beaucoup, mais chacun a son petit chouïa de différence qui les caractérisent dans les voix et le rythme. ZEAMI est peut-être encore plus axé sur la mélodie et avec un peu d'originalité, sans temps mort, c'est rapide et concis. Les amateurices de SAETIABELLE EPOQUE, ou bien d'autres groupes japonais tels que KOMUSŌ ou ASTHENIA vont être ravi·e·s !







mardi 27 avril 2021

Avec "Fixed It All", PÆRISH sort LE disque du "tumblrcore" parisien.



Que ce soit au niveau du respect des Droits de l'Homme, de sociologie ou des trends musicales, c'est bien connu que la France a toujours une bonne dizaine d'années de retard en moyenne. Essaie par exemple de deviner ce que ça donnerait dans l'opinion générale si demain, Christiane Taubira ou Danièle Obono annonçaient leur candidature pour les présidentielles de 2022 ? Sinon, bah observez le cas Aya Nakamura hein, ça fait des dizaines d'années que des rappeurs sortent des disques avec du verlan et mille et une manières de ré-inventer la langue, et aujourd'hui quand une personne noire sort un disque avec le même procédé : scandale médiatique, alors que quand c'est une personne blanche qui le fait : silence radio. Je vous invite à regarder cette excellente analyse de Linguisticæ à ce propos, sur les notions de "culture légitime" notamment, un principe très franco-français qui existe depuis très longtemps, mais que la re-banalisation actuelle des opinions d'extrême-droite tend à raviver.


Pour une fois, un groupe français, PÆRISH, basé à Paris, sort un disque bien après la hype de leur scène et qui s'avère attachant, ancré dans son époque et, je pense, indémodable tant sur le fond que la forme. Un album composé par ce que les boomers appellent encore des geeks, des millenials auxquels beaucoup de personnes peuvent s'identifier en France dans leur scène mais pas que, qui ont manifestement composé le disque fort de leur vie. Ca s'entend, ça se ressent, c'est super beau. Par contre, j'ai quasi-aucune culture ciné, alors je leur laisserais le loisir de vous parler de leurs films préférés (ca a déjà été fait en 2017 par ici).


Sans transition, mais avec un certain rapport avec le sujet principal de cet article et le fait que l'individu·e français·e fait les choses à la bourre, quand j'ouvre mon Tumblr aujourd'hui je suis assez nostalgique de ces lyric quotes sur fond "landscape" de tel groupe emo qui sonne un peu grunge ou de ces obscurs mais esthétiquement irréprochables groupes de screamo signés chez Topshelf Records, qui se faisait beaucoup il y a 10 ans (déjà), et apportait beaucoup à l'esthétique générale de la scène. Parce que ce genre de repost n'existe tout simplement plus, que l'esthétique même de ce microcosme semble avoir laissé sa place au retour du jean bootcut (sérieusement les kids, pourquoi ?), mais que la scène que j'appelle affectueusement "tumblrcore" (ma playlist Spotify disponible par ici) n'a heureusement jamais disparu, malgré des biais de communication aujourd'hui totalement différents pour parler d'eux (à l'époque où TikTok s'impose pour diffuser les nouvelles tendances). Certes, la plupart des acteurs•trices de cette scène se sont mis à faire de l'emo rap, du post-punk ou de la britpop et TITLE FIGHT (a.k.a le meilleur groupe du monde) a splitté à demi-mots mais hey, TIGERS JAW sont encore là à sortir des pépites d'emo/indie rock, et l'héritage de cette scène vit encore aujourd'hui en NARROW HEAD, GLEEMER, FIDDLEHEAD ou MOVEMENTS entre autres...


Et à Paris, on a peut-être plus de comptes Tumblr (où alors on le garde pour le souvenir car c'est globalement moins honteux que nos skyblogs et on y retourne une fois par an pour vérifier que son thème est pas parti en vrille) mais on a jamais arrêté d'écouter Magnolia ou Colourmeinkindness entre le moment où c'est sorti et maintenant, et le nouvel album de PÆRISH semble bien le confirmer. Je ne sais pas si ce groupe est calé sur la question du décolonialisme ou si il apprécie les chansons d'Aya, mais il se fiche de sortir en 2021 un disque qui aurait pu sortir il y a 10 ans chez Run For Cover, et pour ça je les aime fort. Après un premier album, Semi-Finalists, plein de belles choses, avec 2 ou 3 tubes mais sur lequel j'avais du mal à accrocher dans son ensemble, peut-être à cause des influences FOALS / BLOC PARTY que je trouvais un peu superflues, les voilà de retour après de longues années de préparation avec ni plus ni moins qu'un mastodonte. Oui, j'ose le terme. Je ne m'attendais vraiment pas à avoir un tel coup de cœur, et les singles sortis jusque là ont été suffisants pour me faire réclamer l'album à l'un d'eux avant sa sortie pour pouvoir vous en parler aujourd'hui tant que c'est tout frais. Et aussi pour me faire plaisir personnellement, j'avoue. Après avoir dépensé 40 balles en frais de port pour me faire importer le pressage trop cool de leur label américain. Je suis un•e pigeon•ne ? Certainement.


Semi-Finalists avait déjà été masterisé par Will Yip, ce producteur qui a participé à TELLEMENT de disques de cette fameuse scène "tumblrcore" avec laquelle eux et moi, on a fini nos adolescences et entamé nos jeunes vies d'adultes dans un monde vachement plus compliqué à vivre que prévu (à croire qu'on a réellement atterri dans "Terre", le reality show créé par des extra-terrestres dans South Park). Eh bien sur Fixed It All, Il a tout simplement produit le disque du début à la fin. Et c'est un petit évènement : c'est juste le premier groupe européen avec qui Will a travaillé sur un album. C'est à classer à la même échelle que BIRDS IN ROW et leur signature chez Deathwish Inc. en termes de reconnaissance et d'opportunités, et j'espère qu'ils auront autant de succès qu'eux à l'avenir. Les parisiens sortent d'ailleurs ce deuxième LP chez SideOneDummy, un label qui a vu éclore ni plus ni moins que TITLE FIGHT, PUP, ou encore GOGOL BORDELLO. Oklm, comme dirait l'autre.


Bon alors, je ne vous parle ici clairement pas de quelque chose qui sonne "trve emo", même si on a des connaisseurs en la matière chez PÆRISH. Ici, c'est plutôt passion rock 90's avant tout. WEEZER, SMASHING PUMPKINS, HUM ou encore SILVERSUN PICKUPS avec qui ils ont eu l'honneur de tourner en 2016, répondent présents pour ce qui est de la "FFO list" de Fixed It All, un disque résolument plus sombre que le précédent, franc et puissant dans tout les sens du terme, dont le mood se développe doucement et brillamment. Mais ce n'est pas pour autant une copie de ces groupes, il y a une touche plus "moderne" et personnelle dans leur musique.


Les novices du shoegaze vont vite se croire dans un morceau de MY BLOODY VALENTINE en entendant l'intro de "Fixed It All", un morceau qui pose joliment le thème général de cet album. "412" sonne à peu de choses près comme les meilleures chansons de Colourmeinkindness de BASEMENT, et c'est pas du tout pour me déplaire, c'est un potentiel tube. "Archives" m'évoque aussi la musique des Anglais sur certains couplets. Le riff d'intro de "Violet" aurait pu figurer dans un morceau de BLINK-182 mais ça bascule direct dans un morceau bien typé space rock/post-hardcore. Un couplet de la sombre et assez CITIZEN-esque "You & I" est sublimé par Patrick Miranda de MOVEMENTS, un joli flex de la part du groupe qui apporte du punch au morceau, mais moins étonnant quand l'on sait que PÆRISH a également tourné avec eux en 2018 et que des liens se sont crées entre les 2 groupes. Il y a également l'excellente et très aérienne "Albert Suffers", mon morceau préféré du disque et sûrement inspiré par le film français du même nom sorti en 1992 et dont les PIXIES assuraient la B.O, que les fans de NOTHING apprécieront sûrement. La douce "Mike + Susan" au refrain génial devrait également parler aux personnes qui suivent Desperate Housewives j'imagine ? Et on relèvera "Journey Of The Prairie King", qui évoquera d'agréables ou de pénibles souvenirs aux gamers qui passeront par ici ;) . Un peu de contexte : le nom de ce morceau est également un mini-jeu qui peut se jouer dans le "Stardrop Saloon", une salle d'arcades qui se trouve dans la map de Stardew Valley, un RPG sorti en 2016 sur la plupart des consoles et disponible également sur smartphone. C'est un jeu qui invite au chill, au farming, au graphisme pixel très doux qui appelle à la nostalgie, qui nous suit au quotidien, dans la lignée d'Animal Crossing.


Les parisiens sont toujours fidèles à leur amour pour l'univers du cinéma, des séries, des jeux vidéos... Des univers qui sont un infini puits d'inspiration, et qui ajoutent une vraie plus-value à cet album, qui nourrissent les paysages et les histoires qui nous viennent en tête quand les morceaux défilent, et qui fera également découvrir de nouvelles choses à regarder ou jouer en bonus (je réclame un morceau avec un hommage à Super Mario World ou Yoshi's Island). J'aime également le fait qu'on est pas uniquement sur quelque chose de fondamentalement heavy et sombre. C'est un disque très accessible au final, axé sur les mélodies, qu'elles soient douces ou blindées d'overdrive.


C'est simple : plus j'écoute ce disque, plus je l'aime. Les morceaux restent en tête, y'a quelques punchlines qui se retiennent même si le disque aborde des thèmes personnels, et j'adore les compos. Avec Fixed It All,  PÆRISH arrive à nous faire nous évader un peu de cette partie de Jumanji infernale qu'est la vie sur Terre en racontant des choses assez universelles en termes émotionnels, mais avec un thème sonore qui me rappelle ce que j'adore avec NOTHING : cette nonchalance qui traduit une fureur de vivre tout autant que de vouloir parfois directement arriver au game over. J'aurais pour toujours le gros seum de ne jamais avoir pu voir SUPERHEAVEN en live, eh bah je pense que je pourrais me consoler avec PÆRISH quand les concerts seront à nouveau possible, c'est très clairement leur équivalent français désormais.


Alors que la scène française voit éclore de plus en plus de chouettes groupes niveau shoegaze / rock alternatif 90's comme JESSICA 93WATERTANK, MASCARA, PENCEY SLOE (dont la chanteuse assure des backing vocals sur "You And I"), COLISION, HALLOWED GROUND, ELLAH A.THAUN, WONDERFLU ou encore APPLETOP, PÆRISH vient poser sa pierre à l'édifice, avec un background particulier et surtout une production aux petits oignons made in USA, chose finalement assez rare en France. Aucun groupe français n'avait bossé avec Will Yip auparavant, et j'espère que cette opportunité se présentera pour d'autres groupes locaux, tant cette personne sait mettre en relief les meilleures caractéristiques de la musique du groupe qui bosse avec lui.


Allez tiens, vous savez quoi ? Une belle lyric quote 100% Tumblr illustrée ci-dessous, cadeau :



 

mercredi 14 avril 2021

KOMAROV / OUR FUTURE IS AN ABSOLUTE SHADOW : un split à la hauteur des temps qui courent.


Encore un autre banger sorti des bacs de Zegema Beach Records (et co-produit avec WITCH ELM Records, Clever Eagle Records et Fresh Outbreak Records) ! KOMAROV revient à ma grande surprise avec un split qui m'a direct mis·e d'accord. Le groupe anglais, qui comprend des membres de CADY, THISISMENOTTHINKINGOFYOU, SOLANAS et YURI et qui est l'un des groupes de screamo les plus heavy du monde post-covid, sort deux nouveaux morceaux avec les excellents OUR FUTURE IS AN ABSOLUTE SHADOW, formé notamment par des (ex) membres de OLD SOUL, CLOUD RAT, 3 ans après leur dernière release.

Sur leur premier morceau, "A Poison In Print", les influences BATTLE OF WOLF 359 sont flagrantes, pour nous assurer une totale déflagration auditive. Quel pied de retrouver ce genre de sonorité sur un groupe screamo actuel ! Si vous aimez les vétérans ONE EYED GOD PROPHECY, ou même TEMPEST, vous allez très sûrement adorer ce morceau. J'en suis fan personnellement ! Le bon vieux screamo raw qui blaste et qui râle. "Live On In Filth" nous embarque toujours dans un univers musical accordé très bas, avec une intro un peu plus chaotique et dissonante, mais exit les gros breakdowns : jouer lent et gras est suffisant, pas besoin de superlatifs. Une vibe neo-crust entoure ces titres, tant dans l'atmosphère que dans les sonorités. C'est une évolution qui me semble naturelle dans la musique des anglais. J'ai hâte d'entendre de futurs morceaux dans cette vibe !

OUR FUTURE IS AN ABSOLUTE SHADOW propose ici ce qui semble être leurs deux morceaux finaux, après un unique EP paru en 2020, et c'est bien dommage. Les américains nous proposent une formule globalement toute aussi sombre (avec un nom pareil, on pouvait difficilement imaginer quelque chose de plus lumineux) et dense, faisant écho au climat étouffant des Anglais. Mais il y a par contre une bonne mais discrète dose de mélodie dans leur cascade de réverb', de feedback et de cris, qui les différencie des anglais, le premier titre "The Most Important Lesson That I Learned In School Occurred When My Marketing Professor Broke Down and Wept In the Middle of Class" en est le parfait exemple. Le second morceau du split, "The Landfill Equation (simple as fuck)", qui commence sur une note également aérienne, me fait penser à du black metal dans l'intention, le mood, voire la prod... De quoi finir ce split dans l'apothéose promise dès le départ.

On ressort globalement sonné·e de ce split, décontenancé·e par autant d'intensité et de rage balancée à la tronche en aussi peu de temps. C'est assurément un des splits screamo qu'on retiendra cette année, que je vous recommande si vous voulez passer un moment catharsis efficace.


jeudi 4 mars 2021

Les plus courtes sont les meilleures #1 : LACRIMA, YOUTH NOVEL, TEENAGE WRIST, ANOTHER FIVE MINUTES, RAINMAKING

Hello ! Nouveau format mais même intentions : je vous fais toujours une sorte d'article-playlist façon MUSIC OVERLOAD / EMOTIONS OVERFLOW, mais avec moins de lecture ;) Je sais qu'en ce moment, c'est super compliqué de se concentrer sur de la lecture, à moins d'être lecteur·trice assidu·e. Alors j'ai décidé de vous raconter mes coups de coeur sans écrire de gros pavés, en gardant l'essentiel de mon propos. En plus, j'ai ENFIN un PC performant, qui tourne avec 16Go de RAM, vachement plus pratique pour écrire des articles directement sur Blogger ;)

Hello! New format but same intentions: I always write a MUSIC OVERLOAD / EMOTIONS OVERFLOW-style article-playlist, but with less reading I guess ;) I know that at this particular moment of our lives, it's super complicated to concentrate on reading, unless you are an avid reader. So I decided to tell you about my favorites without writing big blocks, while keeping the essence of my point. In addition, I FINALLY have a powerful PC now, which runs with 16GB of RAM, really more practical for writing articles directly on Blogger ;)



LACRIMA - Cartography

Voilà une très chouette surprise venue des USA, un projet formé par Christopher Rodriguez de MASSA NERA, Shawn Decker (COMA REGALIA et plein d'autres chouettes projets), Tom Schlatter (YOU AND I, HUNDREDS OF AU, THE ASSISTANT, BLACK KITES, CAPACITIES...) et Seth Baab (FUNERAL DINER, TAKARU). C'est déjà mon EP préféré de l'année, un screamo exactement comme je l'adore, qui me rappelle beaucoup l'album No Difference de DANIEL STRIPED TIGER, et pas mal ce qui se fait globalement sur la scène européenne : très mélodique, mais en même temps saturé, virulent et avec un certain mood.

Ce disque a été composé à distance, entre deux confinements, sans prétention, mais le résultat est évidemment un peu raw au niveau de la production, mais dans l'ensemble superbe. Il est sorti chez Zegema Beach Records, Middle-Man Records et React With Protest, soit 3 des meilleurs labels emo/screamo sur Terre, aucune excuse pour ne pas louper cet EP. Plus de morceaux devraient voir le jour cette année d'après Shawn, et j'ai déjà très hâte de les écouter...

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Here's a very nice surprise from the USA, a project formed by Christopher Rodriguez from MASSA NERA, Shawn Decker (COMA REGALIA and many other great projects), Tom Schlatter (YOU AND I, HUNDREDS OF AU, THE ASSISTANT, BLACK KITES, CAPACITIES ...) and Seth Baab (FUNERAL DINER, TAKARU). It's already my favorite EP of the year, screamo exactly the way I love it, which reminds me a lot of DANIEL STRIPED TIGER's No Difference LP, and quite a bit of what is done globally on the European scene: very melodic, but at the same time saturated, virulent and with a certain mood.

This record was composed distancially, between lockdowns, unpretentiously. The result is obviously a little raw in terms of production, but superb overall. It was released on Zegema Beach Records, Middle-Man Records and React With Protest, which are 3 of the best emo / screamo labels on Earth: no excuse to miss this EP. According to Shawn, more songs should be released this year, and I'm already looking forward to hear them...



YOUTH NOVEL - S/T

Un nouvel et ultime album pour les américain·e·s dont je n'avais aucune idée de sa genèse avant sa sortie en Février. Un éclatant disque de screamo virulent quelque part entre SAETIA et les premières sorties de FUNERAL DINER, flirtant allègrement avec l'emoviolence d'ORCHID, et parfois avec le metalcore, me rappelant pas mal YOUTH FUNERAL dans son esthétique. Les classiques ont bien été digérés, et le groupe apporte sa petite touche personnelle, entre longues pistes riches en mélodies, et brûlots plus chaotiques et étouffants. On peut entendre quelques sonorités qui se font plutôt rares sur la scène américaine et qui m'évoque même fortement des groupes français comme AMANDA WOODWARD ou BELLE EPOQUE (notamment sur "XV"), voire du MIHAI EDRISCH sur "XVI". Bref, c'est en tout les cas un excellent moment de screamo lancinant, intense et qui file très souvent la chair de poule. Maya (chant/guitare) joue également dans BLUE NOISE, un superbe projet de black metal/screamo.

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A new and final record from the American screamo band of which I had no idea of ​​its genesis before its release in February. A brilliant, virulent record somewhere between SAETIA and the first releases of FUNERAL DINER, flirting with the emoviolence of ORCHID, and sometimes with metalcore, reminding me a lot of YOUTH FUNERAL in its aesthetic. The classics have been well digested, and the band brings its own little personal touch, between long tracks rich in melodies, and more chaotic and suffocating shots. We can hear some stuff which are rather rare to hear on the American scene and which even strongly reminds me of French groups like AMANDA WOODWARD or BELLE EPOQUE (notably on "XV"), or even MIHAI EDRISCH on "XVI". In short, it's in any case an excellent moment of throbbing, intense screamo which very often give goosebumps. Maya (vocals / guitar) also plays in BLUE NOISE, a great black metal / screamo project.




RAINMAKING - S/T

Que se passe-t'il quand THE SKY ABOVE AND EARTH BELOW se reforme sous un autre nom, un groupe contenant au passage des membres de CARRION SPRING ? Eh bien ça donne RAINMAKING. Ce nouveau projet s'inscrit dans la lignée des virtuoses du screamo que sont MAHRIA ou FRAIL HANDS, et forcément, j'adore. J'adore ces groupes qui proposent une surenchère de riffs super mélodiques, qui jouent un truc à la limite de ce qu'on pourrait appeler du screamo progressif. N'importe quel·le amateur·trice d'emo/hardcore mélodique et plein de riffs ravageurs et catchy vont adorer cet EP, je vous le recommande chaudement. 

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What happens when THE SKY ABOVE AND EARTH BELOW returns under another name, a band which contains members of CARRION SPRING? Well it gives RAINMAKING. This new project is in line with the screamo virtuosos like MAHRIA or FRAIL HANDS, and of course I love it. I love these bands that offer an overbid of super melodic riffs, which play something you could somewhat called progressive screamo? Not as progressive as GOSPEL tho. Any fan of melodic, devastating and catchy emo / hardcore riffs will LOVE this EP, I highly recommend it.





TEENAGE WRIST - Earth Is A Black Hole

OK, je vous défie de trouver un disque de shoegaze aussi catchy que celui-ci en 2021 et même au-delà. Le désormais duo pioche encore plus fortement dans ses influences les plus emo, pour offrir un album peut-être un chouia cheesy, mais mon coeur de tumblr kid en redemande. On dirait cet emo de stade que nous propose JIMMY EAT WORLD depuis Futures, mais qui aurait beaucoup plus écouté MY VITRIOL que de la pop. Puis ça me fait également pas mal penser au deuxième album de BALANCE & COMPOSURE (en moins "grunge" cependant). C'est un disque parfait pour danser sur les ruines du monde, et les titres "Wasting Time" et "Earth Is A Black Hole" sont des tubes.

OK, I challenge you to find such a catchy shoegaze record as this in 2021 and beyond. The duo now draw even more heavily from their most emo influences, to offer an album that may be a bit cheesy, but my tumblr kid heart is always down for it. It sounds like this "stadium" emo that JIMMY EAT WORLD offers us since Futures, but which would have listened to MY VITRIOL much more than pop. Then it also makes me think a lot about the second album of BALANCE & COMPOSURE (less "grunge" however). It's a perfect record for dancing on the ruins of the world, and the tracks "Wasting Time" and "Earth Is A Black Hole" are straight hits.




ANOTHER FIVE MINUTES - Fil Rouge

Après quelques très chouettes EPs, très influencés par la scène dite "The Wave" et par des pontes du screamo moderne tels que LOMA PRIETA, les strasbourgeois de ANOTHER FIVE MINUTES reviennent après 5 longues années de silence avec Fil Rouge, un album très attendu de leur part (mais est-ce que tout le public qui les suivaient entre 2013 et 2015 est encore au rendez-vous...), qui montre un groupe qui a grandi, n'hésitant pas à rendre leur musique plus aérienne et légère. On sent qu'ils ont pas mal écouté de shoegaze ces derniers temps (j'entends pas mal de NEWMOON !), et il me semble que l'ombre de SELF DEFENSE FAMILY plane sur cette voix désormais beaucoup plus scandée que criée. Mais évidemment, les influences emo/screamo sont toujours là : les guitares incisives mais claires me font beaucoup penser à SHIROKUMA, et TITLE FIGHT semble les avoir influencés autant avec Hyperview qu'avec leurs disques plus emo/punk-rock. Y'a même un chouette instant d'indie-emo très "nostalgie du soi-disant revival 2005-2010" sur "Don't Follow Me".

C'est un disque assez long, 40 minutes, mais qui mérite d'y tendre l'oreille.

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After some very nice EPs, very influenced by the "Wave" scene, and by modern screamo representatives such as LOMA PRIETA, the Strasbourg residents of ANOTHER FIVE MINUTES are back after 5 long years of silence with Fil Rouge, a highly anticipated album from their part (but is all the audience who followed them between 2013 and 2015 still there...), which shows a band that has grown, who not hesitate to make their music lighter and more aerial. We feel that they have listened to a lot of shoegaze lately (I hear a lot of NEWMOON in there!), And it seems to me that the shadow of SELF DEFENSE FAMILY hangs over this voice now much more chanted than shouted. But obviously the emo / screamo influences are still there: the incisive but clear guitars remind me a lot of SHIROKUMA, and TITLE FIGHT seems to have influenced them as much with Hyperview as with their more emo / punk-rock records. There's even a nice indie-emo moment very "nostalgy for the so-called revival 2005-2010" on "Don't Follow Me".

It's a fairly long record, 40 minutes, but worth listening to.


mercredi 24 février 2021

MOTHER sera-t'il le premier groupe européen à signer chez Triple B ?


Oui oui, rien que ça. C'est le seul groupe européen que j'estime actuellement capable de prétendre à ce titre, car la scène anglaise se suffit à elle-même. MOTHER nous vient d'Italie, et on dirait pourtant qu'ils viennent de Washington D.C, et c'est typiquement le genre de groupe qu'on pourrait aujourd'hui retrouver chez Run For Cover, New Morality Zine ou Triple B.

Ils m'ont envoyé par mail leur premier titre sorti en vinyle, sur un joli flexi 7" doré, mais qui n'est pas leur tout premier morceau : "Dillydallying". Et wow, c'est vraiment super bien. Ca fleure bon l'indie rock 90's tout autant que le post-hardcore de chez Dischord Records, du Revolution Summer, de GIVE, ça me rappelle également fortement FIDDLEHEAD... C'est juste frais en fait, et ça me donne un peu de nostalgie. Ca fait du bien d'entendre quelque chose d'aussi agréable en ces temps sombres pour tout le monde.

Avec un premier titre aussi catchy, lumineux et touchant, impossible de leur résister. Le clip est également très cool, illustrant l'intimité et la sensibilité du protagoniste. Mais ils ont également sorti avant cela un EP nommé Love Vision en 2019, qui illustrait un panel un peu plus large de leurs influences, allant du hardcore au grunge en passant évidemment par la scène de D.C. Et je ne comprends pas pourquoi les italiens n'ont pas eu le buzz mérité.





Avec un logo et un message aussi cool, comment voulez-vous ne pas avoir la curiosité de tendre l'oreille à leurs morceaux ? Je me fais pas trop d'espoirs, mais je vais tenter de réparer l'injustice que représente leur trop petite notoriété avec ce modeste post, en espérant vous faire découvrir et aimer MOTHER. Ils comptent bientôt sortir un autre nouveau single axé "youth crew" tout en restant dans leur mood caractéristique. La pandémie de coronavirus a stoppé net leurs possibilités d'écrire de nouveaux morceaux, mais un album est également bien dans les tuyaux, et j'ai déjà hâte ! Dès qu'on me propose un truc aussi emo que hardcore dans l'âme et les riffs, j'achète direct de toute façon...




Yes I'm saying it. It's the only European band that I currently consider capable of claiming this title, because the English scene is sufficient on its own. MOTHER comes from Italy, and yet it looks like they are from Washington D.C, and they are typically the kind of band that we could find today on Run For Cover, New Morality Zine or Triple B.

They emailed me their first track released on vinyl, on a nice golden 7" flexi disc, but it's not their very first track :"Dillydallying". And wow, that's really great. It feels good. 90's indie rock vibes as well as inspirations from Dischord Records-style post-hardcore, Revolution Summer, GIVE, and it also reminds me strongly of FIDDLEHEAD... It's just super fresh, and it gives me a bit of nostalgia. It feels good to hear something so nice in these dark times.

With a first track so catchy, luminous and touching, it's impossible to resist them. The clip is also very cool, illustrating the intimacy and sensitivity of the protagonist. But they also released before that an EP called Love Vision in 2019, which illustrated a somewhat wider range of their influences, going from hardcore to grunge, to obviously the D.C scene. And I don't understand why Italians haven't had the deserved buzz.

With such a cool logo and message, how can you not have the curiosity to listen to their tracks? I don't have too many hopes, but I will try to repair the injustice represented by their too little notoriety with this modest post, hoping to make you discover and love MOTHER. They soon plan to release another new single focused on "youth crew" sound while remaining in their characteristic mood. The coronavirus pandemic has put an end to their possibilities of writing new songs, but an album is also well in the works, and I cannot wait! As soon as I can hear something as emo as hardcore in the soul and the riffs, It's an instant crush for me anyway...

dimanche 31 janvier 2021

PORTRAYAL OF GUILT - We Are Always Alone

 



C'est bien connu, les événements mondiaux les plus graves sont un puits d'inspiration pour les artistes. 2020 fût en elle-même un événement terrible pour le monde entier, entre la dérive totale de Donald Trump et de ses militant•e•s (je me garderais de dire qu'iels sont toustes des fanatiques car ce n'est pas vrai, ce n'est pas +70 millions d'électeurs•trices qui sont allé•e•s tenter de soulever le Capitole), la crise du COVID-19 qui "autorise" les dérives autoritaires, sécuritaires et conspirationnistes les plus épouvantables (le tout déclenchant une détresse psychologique chez énormément de personnes), le réchauffement climatique qui ne cesse de s'accélérer... L'avenir semble bien flou, nos rapports sociaux se sont brutalement arrêtés et déconstruits, on suivait l'évolution (et surtout la récession) du monde sur nos réseaux sociaux, nos petits conforts et acquis ont disparu... Comment ne pas perdre espoir et ne pas se retrouver enfermé•e dans ses angoisses ?

We Are Always Alone, le titre du nouvel album de PORTRAYAL OF GUILT, fait écho à ce constat effrayant. Quoiqu'il se passe dans nos vies, du haut de nos certitudes, on finira tôt ou tard par se retrouver seul•e•s dans nos vies, ou en tout cas se sentir comme tel. Se retrouver seul•e face à ses troubles, face aux écrans et aux flots constants de haine et de mauvaises nouvelles qui défilent (mais pas que, histoire de confirmer que je ne me rapproche pas de la boomer zone), face à son propre chez-soi quand ces confinements et couvre-feux successifs le transforme en prison dorée...


Je suis le compte facebook de Matt King (chant/guitare) sur Facebook. Pendant les différents confinements, je le voyais poster des statuts désespérés sur l'état du monde, l'égoïsme latent, je voyais sa colère et sa peur sur la chute de ce monde. "2020 WILL BURN IN HELL FOREVER", espérait-il lui et son groupe via une vidéo compilant deux singles du nouvel album. Peut-être ont-ils également été affectés par la disparition soudaine de 2 acteurs majeurs de la scène metal/hardcore texane : Riley Gale and Wade Allison ? En même temps, il y avait encore moins à espérer du futur si l'on vit aux USA qu'en France, durant cette année maudite... La musique des Texans n'a jamais été très positive de toute façon. Dès leurs débuts, alors que je les avais repéré au hasard sur Bandcamp mais qu'il s'agissait d'une démo non masterisée destinée aux labels, j'avais été surpris•e par la puissance de leur musique très sombre, percutant et abrasif, se situant bien au-delà des sonorités classiques du screamo.


Le ton n'a jamais changé, "pire" : il s'est affirmé dans la violence et dans une ambiance angoissante, histoire d'illustrer encore un peu plus le climat dans lequel nous (sur)vivons aujourd'hui. Des influences noise et power electronics se sont ajoutées à l'univers musical de PORTRAYAL OF GUILT à partir de leur split avec STREET SECTS en 2018, de quoi ajouter de la texture à leur masse sonore compacte et stridente, qui par la suite allait également se nourrir de grindcore et de black metal. LA FÊTE. Leur premier album Let Pain Be Your Guide laissait entendre un mélange un peu imparfait mais délectable des influences communes des membres du groupe, et l'EP Suffering Is A Gift laissait entendre que les choses allaient se gâter, entre ces interludes noise, cette basse pesante et écrasante, et cette balance géniale entre screamo early 2000's et un fond de black metal. We Are Always Alone laisse voir le groupe se laisser complètement aller à leurs influences black metal ! Leur morceau "The End Of Man Will Bring Peace To The Earth" présent sur leur split avec SLOW FIRE PISTOL était par ailleurs assez clair sur leurs opinions ("I weep at the thought that this is our reality / I'll pray for death / The devil will find me as the world burns to the ground"). Ce nouvel album s'inscrit dans la droite lignée de ce morceau qui à mon humble avis me semble être leur meilleur à ce jour.


Il commence de manière très franche et brutale avec "The Second Coming", où l'on retrouve Chris Taylor de PAGENINETYNINE, TERMINAL BLISS, PYGMY LUSH en featuring (il a également réalisé l'artwork de ce disque), et nous embarque d'emblée dans cette atmosphère très "2020" : nauséeuse, sombre, anxiogène. "Birth, awakening / A life spent suffering / Silence is deafening / The truth is killing me". Dès ce premier morceau, on remarque tout de suite la patte PORTRAYAL OF GUILT : des changements soudains entre cascades de riffs et de batterie et mélodies entourées de delay, rappelant bien sûr l'une des influences majeurs des texans, dont l'ombre plane encore une nouvelle fois sur ce disque : MAJORITY RULE. Il y a aussi ce flow impressionnant au chant, non sans rappeler celui de leurs camarades de scène de BIRDS IN ROW.


Le second morceau, "Anesthetized", invite également à entrer dans un marasme sonore virulent, mais commence de manière beaucoup plus délicate, malgré son ambiance globale rappelant fortement FULL OF HELL, une autre influence majeure (Dylan Walker avait posé un featuring sur leur album précédent). Vient ensuite l'un de mes morceaux préférés du disque, "A Tempting Pain", également l'un des plus black-metal du disque. Un titre qui sent la dépression, une maladie qui illustre également tristement 2020... 



- "I’ve lost myself in solitude
My time is now
Into the grave
My body molds". 


L'autre de mes morceaux favoris est le suivant, "It's Already Over". Beaucoup plus nuancé que les précédents morceaux (peut-être le plus "emo" du disque), je le trouve relativement proche de ce que j'avais adoré sur leur premier EP. Les paroles semblent être en continuité avec celle de "A Tempting Pain". "A life misled. / My body, so still. / The stagnant blood surrounds me / I find peace in silence [...]. I submit myself to what the world chose for me. / My eyes roll back / The terror begins / I follow the light / There’s nothing at the end.". À la surprise générale, il y a un couplet très mélodique sur "My Immolation", auquel on ne s'attend pas du tout à la première écoute, même si les influences emo ne sont jamais très loin.


Bonus non négligeable : À l'image de groupes similaires comme MALEVICH, DAWN RAY'D, RAGANA ou RYLOTH, on peut écouter PORTRAYAL OF GUILT sans stresser sur leurs opinions politiques et leurs mœurs (à ceci près que si le nihilisme ne vous parle pas trop, c'es dommage pour vous haha !). C'est chouette de pouvoir écouter du black metal sombre et à l'effet vitriol sans se demander si c'est facho ou pas. Bon, c'est pas non plus du CELTIC FROST même si la géniale "Masochistic Oath" me fait penser à eux dans cette idée de mélanger du black metal et du doom avec des inspirations d-beat façon DISCHARGE.


C'est un retour très attendu, finalement sans trop de surprises, mais très efficace que nous propose PORTRAYAL OF GUILT sur ce second disque, composé pour être aussi violent qu'accessible, paradoxalement (à lire sur cette interview du groupe postée sur Austin Chronicle), en témoigne l'envoûtante "My Immolation". Chaque morceau est fait pour se suivre et se compléter, racontant les mêmes histoires de désolation et de peur. Il nous embarque précisément dans l'univers mental qui a caractérisé sa composition et son message. Dans la détresse d'un monde aussi bien interne que celui dont le sort s'acharnait, dehors, alors que nous étions enfermés dans deux prisons : nos appartements et notre corps. Il a effectivement un effet catharsis, ce disque : en l'écoutant en pensant à cette situation sans fin, alors qu'on pensait peut-être en voir le bout avec l'arrivée des vaccins, mais que ces fichus variants ont bouleversé la donne, on se retrouve finalement moins seul•e•s à maudire ce moment terrible de nos vies, qu'on souhaitait pour le moins du monde. En espérant que toutes ces frustrations communes aideront à refaire un "monde post-covid" plus juste et moins désespérant.





It is well known that the most serious world events are a source of inspiration for artists. 2020 was in itself a terrible event for the whole world, between the total drift of Donald Trump and his fans (I would be careful not to say that they are all fanatics because it is not true, it is not +70 million voters who went to try to raise the Capitol), the COVID-19 crisis which "authorizes" the most appalling authoritarian, security and conspiratorial abuses (all triggering psychological distress for a lot of people), global warming which continues to accelerate... The future seems very blurry, our social relations suddenly stopped and deconstructed, we followed the evolution (and especially the recession) of the world on our social networks, our little comforts and achievements have disappeared... How not to lose hope and not find yourself locked in our fears?


We Are Always Alone, the name of PORTRAYAL OF GUILT's new album, echoes this frightening observation. Whatever happens in our lives, from the height of our certainties, sooner or later we will end up alone in our lives, or in any case feel like it. Finding yourself alone in the face of our fears and pains, facing the screens and the constant streams of hatred and bad news unfolding (but not only, just to confirm that I am not getting close to the boomer zone lol), facing your own home - when these successive confinements and curfews change it into a golden prison...


I follow Matt King's (vocals / guitar) facebook account on Facebook. During the various lockdowns, I saw him posting desperate statuses on the state of the world, about latent selfishness, I saw his anger and his fear on the fall of this world. "2020 WILL BURN IN HELL FOREVER", he hoped him and his band via a videoclip compiling two singles from the new album. Maybe the guys were also affected by the loss of two important members of the Texas metal/hardcore scene : Riley Gale and Wade Allison? At the same time, there was even less to hope for the future if you live in the USA than in France, during this damn year... The music of the Texan band has never been very positive anyway. From their early days, when I had spotted them randomly on Bandcamp but it was an unmastered demo intended for labels, I had been surprised by the power of their music, very dark, punchy and abrasive, lying well beyond the classic boundaries of screamo.

The tone has never changed, and "worse": it asserted itself in violence and in an agonizing atmosphere, just to illustrate a little more the climate in which we live (and survive) today. Noise and power electronics influences naturally came to the musical universe of PORTRAYAL OF GUILT starting from their split with the industrial punk band STREET SECTS in 2018, enough to add texture to their compact and strident sound mass, which would later also be fed by grindcore and black metal. Their first album Let Pain Be Your Guide was a somewhat imperfect but delectable mix of common influences from the band members, and the EP Suffering Is A Gift hinted that things were going to get louder, between these noise interludes, this heavy and overwhelming bass, and this brilliant balance between early 2000's screamo and a growing black metal background We Are Always Alone lets see the band completely indulge in their black metal influences! By the way, their song "The End Of Man Will Bring Peace To The Earth" which figures on their split with SLOW FIRE PISTOL was quite clear on their opinions ("I weep at the thought that this is our reality / I'll pray for death / The devil will find me as the world burns to the ground"). This new album is in line with this track which in my humble opinion seems to me to be their best to date.


He begins in a very frank and brutal way with "The Second Coming", where guest vocals are assured by Chris Taylor of PAGENINETYNINE, TERMINAL BLISS, PYGMY LUSH (he also did the artwork for this record), and takes us straight away in this very "2020" atmosphere: nauseating, gloomy, anxiety-provoking. "Birth, awakening / A life spent suffering / Silence is deafening / The truth is killing me". From this first track, we immediately notice the PORTRAYAL OF GUILT touch: sudden changes between torrents of riffs and drums, and melodies surrounded by delay, recalling of course one of the major influences of the band, whose shadow still hovers again on this record: MAJORITY RULE. There is also this impressive flow on vocals, which could be inspired by that of their fellow scene friends from BIRDS IN ROW ?


The second track, "Anesthetized", also invites you to enter a virulent sonic slump, but begins in a much more delicate way, despite its overall atmosphere strongly reminiscent of FULL OF HELL, another major influence (Dylan Walker had posed a featuring on their previous album, Let Pain Be Your Guide). Then comes one of my favorite tracks from the record, "A Tempting Pain", also one of the most "black-metal songs" on the record. A track that smacks of depression, an illness that also sadly illustrates 2020...


Another favorite of mine is the following song, "It's Already Over". Much more nuanced than the previous songs (perhaps the most "emo" song on the record), I find it relatively close to what I loved on their first EP. The lyrics seem to be in continuity with the ones in "A Tempting Pain". "A life misled. / My body, so still. / The stagnant blood surrounds me / I find peace in silence [...]. I submit myself to what the world chose for me. / My eyes begins roll back / The terror / I follow the light / There's nothing at the end.". There is a very melodic verse on "My Immolation" that I didn't see coming at all at first listen, although the emo influences are never far away. A very refreshing moment, which gave to this song 2 different but not opposed moods...


A significant bonus point: Like similar contemporaries such as MALEVICH, DAWN RAY'D, RAGANA or RYLOTH, you can listen to PORTRAYAL OF GUILT without stressing about their political opinions (except that if nihilism doesn't speak to you too much, sorry for you haha!). It's nice to be able to listen to a harsh and broodling black metal with a vitriolic effect without wondering if it's made by fascist hipsters or not. Well it's not CELTIC FROST neither even if the brilliant and dissonant "Masochistic Oath" reminds me of them in this idea of ​​mixing black metal and doom with DISCHARGE-style D-beat inspirations.


PORTRAYAL OF GUILT offers us a highly anticipated comeback, without too many surprises, but very effective on this second record, composed to be as violent as it is supposed to be accessible, paradoxically (You can read the band talking about it in this interview posted on Austin Chronicle), as evidenced by the almost bewitching "My Immolation". Every track are made to follow and complete each other, telling the same stories of desolation and fear. It takes us precisely into the mental universe which characterized its composition and its message. In the distress of a world as well internal as the one whose infernal fate persisted, outside, while we were locked in two prisons: our apartments and our bodies. It does indeed have a catharsis effect, this record: by listening to it while thinking of this endless situation, when we perhaps were about to see the end of it with the arrival of vaccines, but these damn variants have upset the situation. But while listening to We Are Always Alone and drowning in it, it looks like we finally find ourselves less alone in cursing this terrible moment in our lives. Hopefully all of these common frustrations will help make a more just and less hopeless "post-covid world", which will be explosive for sure.