mardi 15 juillet 2014

Découverte : More Dangerous Than A Thousand Rioters (punk hardcore/screamo/révolte, Strasbourg)



J'aime beaucoup les surprises, spécialement quand il s'agit de musique. Une bonne m'est tombé dessus il y a quelques semaines, grâce à un petit blog copain que je soutiens chez qui vous pouvez lire une interview du groupe dont il est question ici : Ça tourne à l'orage. A savoir qu'au moment ou j'écris ça, une présentatrice météo a dit synchro : "ça tourne à l'orage". Bon, on s'en fout, on est là pour causer de More Dangerous Than A Thousand Rioters. Par contre, j'aime beaucoup moins les noms à rallonge. Ce groupe, c'est une furieuse envie d'en découdre avec l'oppression, la société, les préjugés, le malheur, et les injustices, comme le raconte le titre "1961, October 17th" présent sur l'EP History Isn't An Endless Circle, qui raconte qu'ils n'oublient pas la terrible répression orchestrée par les autorités françaises qu'ont subi les manifestants d'origine algérienne qui se sont révoltés pacifiquement dans les rues parisiennes en ce jour, luttant pour obtenir l'indépendance de leur pays à l'époque de la colonisation, une répression sanglante que le pouvoir français a reconnu beaucoup trop tard, ce qui explique encore aujourd'hui pourquoi pas mal d'algériens vivant ici refusent d'adhérer au mode de vie français... Passons. C'est fou comme je m'égare moi ! Tout ces sujets sont abordés par les strasbourgeois de la manière la plus frontale possible, quand il est de plus en plus dur de se faire entendre aujourd'hui.

Du premier EP au S/T sorti en Juin dernier, les petits gars ont eu le luxe de faire masteriser leur disque par Jack Shirley, à l'Atomic Garden Studio (on lui doit notamment la production des derniers disques de Deafheaven, State Faults et de son groupe Comadre, entre autres). Et c'est notamment avec leur nouvel album que je les ai découvert. Un disque produit et mixé par Amaury Sauvé. Si avec tout ça, vous trouvez que la prod est naze, c'est soit que vous êtes sourds, soit que vous bossez chez Pitchfork, bisous et tendresse. Sur ce disque, la tension et la colère arrivent à leur paroxysme, chargé d'un élan mélodique et mélancolique plus important que le précédent opus, jusqu'à céder sur deux points de rupture, deux titres ainsi nommés, chantés en français, ou ça transpire le ras-le-bol. Tu sens que les gars sont prêts à en découdre, à cracher leur dégoût, prêts à l'assaut, les poings serrés, la gueule grande ouverte, les drapeaux autant en feu que les cordes vocales, des mecs qui veulent que le bonheur en France aille plus loin que des feux d'artifice (j'écris cette chronique un lendemain de fête nationale). Je pense que prendre Amanda Woodward comme référence pour parler d'eux n'est pas un luxe pour le coup. Les rimes sont assassines, le flow raclé du fond de la gorge. Les textes de ces deux morceaux pourraient d'ailleurs hyper bien sonner dans une version rap... Non ?

"Il est temps d'aller croiser le fer ailleurs, et quitte à y perdre des plumes, et pas qu'un peu : ça m'fait pas peur, OK ?
J'ai les nerfs, mais c'est la guerre, instinct grégaire.
Saurais-je assurer la force nécessaire pour renverser la situation ?"

Et d'ailleurs, le second point de rupture, corrosif, incisif, se termine en apothéose, sur un gros passage 2-step qui laissera à coup sûr éclater la colère, la frustration, de tout un public, d'un groupe qui délivre un catharsis.
More Dangerous Than A Thousand Rioters, c'est du Refused infusé au screamo, ça rappelle également Verse. C'est un hardcore punk qui résonne comme un mégaphone au service d'orateurs lucides sur la situation mondiale, sur notre décadence. Un témoignage important, et un disque déroutant. A ne pas surtout pas manquer, ni laisser de côté comme nos libertés acquises et trop peu protégées. Bravo les gars, ne lâchez rien.


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