En ce 27 Mars au Glaz'art s'est tenu une soirée placée sous le signe du hardcore et de l'obscur, même si le flyer orange pétant laisse croire le contraire. Au programme ce soir, deux têtes d'affiche : Le hardcore complexe et introspectif de Code Orange Kids, et les métalleux refoulés de Twitching Tongues. Ils étaient accompagnés de deux espoirs de la scène française : Gazers et Lodges. Open up this pit !
C'est Lodges qui a ouvert le bal. Ce jeune groupe français, né des cendres de Donkey Punch, était présent pour présenter son premier LP Walking On Hands And Knees. Il nous a dévoilé un hardcore sombre, crasseux et frontal, qui rappelait parfois le crust saturé et écorché de Cursed. Scéniquement, c'était plutôt timide, mais on ressentait bien la froideur, et cette odeur de soufre qui se dégage des morceaux sur disque. Pas une fausse note, ça jouait fort, carré. Une petite dose d'énergie supplémentaire aurait été la bienvenue pour davantage mettre en relief leur univers, mais il faut dire encore une fois que le groupe est jeune, et qu'ouvrir pour un tel line-up a de quoi intimider un peu. On ne peut pas leur reprocher la qualité du set qu'il ont délivré, ils ont bien défendu leur sombre marchandise, mention ! Une bonne découverte ce soir.
C'est ensuite Gazers qui a pris possession des lieux. Depuis l'an dernier, on entend pas mal parler de ce groupe dans le microcosme screamo parisien, par son potentiel, mais également parce qu'on y retrouve à la basse Adrien, le fondateur de Old Town Bicyclette (qui organisait ce concert), et accessoirement par les frasques ce dernier et de Hans, guitariste de cette formation humainement plus ou moins loufoque, mais motivée à en découdre avec son public, avec eux-mêmes, avec la vie. Le quintet venait interpréter ce soir quelques titres de son EP The Decline, qui se veut très lourd, grinçant, boueux, et également de nouveaux morceaux, à la fois plus mélodiques et encore plus violents, plus orientés screamo tout simplement. Sur le plan musical, les parisiens se sont particulièrement bien débrouillés. Le frontman, concentré et inflexible, nous hurlait ses textes avec la même constance tout au long du set. D'ailleurs, sans aucune hostilité, il était amusant d'observer les gimmicks du second guitariste dans sa façon de bouger, qui semblait pour le coup sortir d'un groupe de metalcore. Mais sur le plan scénique, le groupe était moins présent et charismatique qu'il a pu être lors de ses précédents passages dans la capitale avec Loma Prieta, ou encore The Rodeo Idiot Engine. Il manquait de cette sorte de haine palpable, de ce bazar, qui tout deux donnent habituellement la force des prestations des garçons. Cela aurait davantage préparé le public à la bagarre qui les attendait ensuite !
C'est en effet avec Twitching Tongues que l'ambiance aura été la plus chaotique dans le public, et il faut dire que ce fût plutôt une surprise. Une grande diversité nourrissait l'audience, et c'est assez rare dans les concerts de Old Town Bicyclette ! Il y avait du métalleux chevelu, des hipsters fans de screamo (qui eux seuls pouvaient savoir que la plupart des membres de Code Orange Kids ont un side-project emo/indie nommé Adventures), et même un petit gars qu'on a l'habitude de voir mosher (ou presque) dans les concerts deathcore et beatdown de la capitale. Twitching Tongues, c'est un mélange entre hardcore percutant, et extravagances metal : solos, shreds, influences stoner sur certains riffs et certains refrains, et également dans le chant de manière générale... Tout était réuni pour que le mosh pit devienne un ring. Et en effet, ce fût le cas, de grands costauds sont venus mouliner sec lors des quelques breakdowns et des accélérations rythmiques de la musique des américains qui ont tout donné, transmettant leur énergie à leur public qui comptait visiblement de grands fidèles, reprenant leurs paroles à tue-tête ! Musicalement, c'est une formule vue et revue dans pas mal de groupes officiant dans le même genre. Même si l'on est pas forcément sensible à ce style de musique, il faut avouer que sur scène, il y avait une intensité et une force de frappe incontestable. Le groupe a largement contenté ses fans français présents, qu'ils ont d'ailleurs honoré en reprenant "Forever War" de Kickback en guise de final, et s'est sûrement offert de nouveaux auditeurs. Une belle prestation.
Le grand final était réservé à l'un des groupes phares du moment de chez Deathwish Inc., Code Orange Kids. Code Orange Kids en live, c'est pas toujours convaincant, et très frustrant car beaucoup trop court. Ceux qui étaient présents à leur dernier passage à Paris avec Circle Takes The Square, Full Of Hell et Taste The Void ont pu s'en rendre compte. Le set de ce soir n'a pas dérogé à la règle. 20 petites minutes et puis s'en va. A peine devenions-nous quelque peu foufous sur "Flowermouth", le single phare de leur dernier LP Love Is Love//Return To Dust, et hop, au revoir ! C'est vraiment dommage, car le groupe développe une folie extrême en studio qui ne demande qu'à exploser sur scène. Cette violence, on la sentait véritablement dans la gestuelle des kids, dans les screams, mais elle était trop contenue. Pourquoi ne pas la faire exploser ? Une ou deux chansons de plus nous aurait au moins permis de ressortir moins frustré de cet set mi-figue mi-raisin, qui aurait pourtant pu réserver plein de surprises. On pourrait se dire qu'après tout, c'était un concert "à la punk", du genre "on vient, ou joue fort et on se casse", ça marche du tonnerre avec quelques groupes, mais leur musique est également quelque chose de tellement prenant, de tellement fort et mystérieux que de la voir passer telle une étoile filante, c'est quand même grisant. C'est l'effet qu'ils recherchaient sûrement, les saligots !
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