Nous sommes très nombreux à penser que notre monde est tout pourri, que la société c'est caca, qu'il fait moche en France, baise les gens, tout ça. Façon de penser plus ou moins legit lorsque l'on voit la situation globale actuelle sur notre chère Terre... Or il existe une solution toute simple pour voir les choses plus positivement que cela, puisque personne n'est foutu de se bouger le cul pour changer les choses : La musique. Et il se trouve justement qu'un groupe américain ose affirmer à travers son nom que... The World Is A Beautiful Place & I Am No Longer Afraid To Die. À travers divers EP et un split avec Deer Leap, le groupe nous a montré une musique remplie de ce contraste happy-sad cher à leur genre msuical, avec une certaine habilité dans le mélange entre emo "heartfelt" et post-rock puissant et onirique. C'est avec une mixité musicale encore plus marquée que le groupe revient avec un Whenever If Ever qui pour beaucoup d'internautes est déjà certifié AOTY ("album of the year").
À en juger par le formidable succès de l'album (un album emo dans le Billboard Top 200, qui l'eu cru !), on ne peut pas douter de cela. Sa pochette illustre un enfant se jetant dans une rivière, sous un temps ensoleillé. C'est un peu l'illustration de ce que contient l'album : Un grand saut vers la fraîcheur, la sérénité, la joie de vivre, et une certaine innocence. Le point de départ à cette échappée se nomme "Blank #9". Les petites notes emo entremêlées à un violoncelle calme et gracieux qui composent ce morceau introduisent ce disque. Ces quelques sons de gratte tout doux, ainsi que l'écho sur les cordes lorsque les doigts du guitariste glissent dessus m'ont curieusement fait penser aux couplets de "At The Hospital" de Dead Sailors. Les grands esprits se rejoignent... C'est après cette tranquille mise en bouche que l'on entre clairement dans le vif du sujet avec "Heartbeat In The Brain". Ce morceau est, comment dire... Un coup de pied retourné dans ta mèche, toi jeune emokid. Quoique la plupart des fans d'emo masculins actuel sont plutôt peu chevelus ;). Et pourquoi donc cet effet "OMG EPICNESS AT ITS BEST ?" On.commence par quoi, le chant clair ? Les chœurs ? Le cri tout pile placé pendant l'explosion punk du morceau ? Parce que c'est ma chronique et que juste pour ça c'est un album cool ? Je vais répondre plus sérieusement : Parce qu'en un titre, le groupe montre une habilité déconcertante à mixer un emo radieux et rugueux, mêlé à un post-rock encore plus beau et puissant qu'auparavant. Et pour une fois, le violoncelle prend plus le parti de l'emo enjoué que des nappes post-rock. Le voilà enfin, le groupe qui a compris comment caler du violon avec brio dans ce genre de musique ! Et non content de nous jouer une sorte d'emo/post-rock neo-classique (WOUHOUUU VIVE LES ÉTIQUETTES !), des nappes de synthé qui tirent carrément vers le pop-punk se joignent à l'instru. Un morceau génial, tubesque, enivrant, naviguant parfaitement entre les ambiances... Voilà, je suis déjà fan de l'album, et le groupe réussi en un titre à redéfinir ce genre musical. Incroyable. Le morceau suivant, "Fightboat", est d'ailleurs un pas supplémentaire vers la totale soumission à la musique du groupe. Outre le fait qu'il incarne un big up RPZ aux fans d'American Football avec sa trompette, il se veut plus direct que le prédécesseur (une touche punky supplémentaire). On retrouve toujours le clavier qui fleure bon le pop-punk qui intervient de temps en temps qui ajoute un peu plus de joie à l'ensemble. Et la t'as juste envie de jumper et de chanter en sing-along toutes les paroles. Les interventions d'un chant féminin ajoute également au côté "intime" de ce nouveau tube potentiel.
En complément de titres entraînants et rythmés, et album nous offre également des titres comme "Picture Of A Tree That Doesn't Look Okay", qui se veut plus progressif, et qui me rappelle légèrement les échappées post-rock d'Envy, le screamo en moins. À en juger par le clip, c'est un beau voyage dans la nature que le morceau nous laisse imaginer, au travers des arbres, des saules pleureurs. Une belle introduction tranquille et mélancolique qui explose ensuite en une envolée emo puissante, frissonnate. Et attendez, dans le même délire il y a un titre encore plus beau qui nous attend sur ce disque... On glisse ainsi doucement vers "You Will Never Go To Space", dont les guitares nous rappelle toujours un endroit tranquille ou il fait bon vivre. Tout d'abord une rivière paisible, sans doute celle dont il est question sur l'artwork, s'agitant peu à peu dans les joyeux tourments de cet emo enjoué et touchant, ou se répète d'ailleurs en chœur "Wake up !'. Allez, quitte à parler de joie et de bonne humeur, tous à poil dans l'eau et on rigole comme des cons ! Hmhmm, je m'égare... La piste suivante, "The Layers Of Skin We Drag Around" nous rappelle que l'emo, c'est de l'émotion mélodieuse certes, mais également brute et rapide. Ce titre s'achève avec de nouveaux chœurs qui hurlent à l'unisson : " So cut our hair, we’ll leave it behind !", à filer des frissons. Et ensuite, le voilà ce titre si beau qui nous attendait sur cet album : "Ultimate Steve". "Ultime" est peut-être le bon mot pour qualifier ce disque et ce titre. Une douce montée d'adrénaline lancée par des instruments gracieux, faisant petit à petit monter une petite boule de bonheur au cœur qui explose en plein milieu du morceau, pour un final épique ou chaque phrase est chantée en chœur avec un entrain communicatif, ou les arpèges s'envolent et nous font rêver plus que jamais. On atterrit doucement sur Terre avec un titre plus tranquille, "Gig Life", qui narre d'une certaine manière la vie en tournée. Je n'ai pas pu m'empêcher de relever le "Now it’s just Rival Schools and mewithoutYou on our car rides"... De bons goûts musicaux par ici ! J'aurais ensuite du mal à décrire le titre suivant, tant on change radicalement d'univers. En effet, sur "Low Light Assembly", on entre dans un délire totalement différent... Une chorale ? C'est l'impression que j'en ai. Mais c'est toujours très, très beau. Toujours très intimiste, avec ces douces notes de guitares et ces quelques effets de son, et cet univers très onirique, toujours très tendre. Et c'est encore une fois fédérateur. "The echoes race around the room, they sing together: "We are all the same"." Finalement il me semble avoir réussi à le décrire, ce morceau, FUCK YES !
Nous voilà arrivés sur le morceau final de cet album : "Getting Sodas". On dirait un peu "Heartbeat In the Brain", dans l'idée. Ce départ plutôt indie-emo, ces quelques phrases hurlées, et ce final post-rock galopant... On s'y retrouve, sauf que l'univers est ici plus sombre. C'est en se penchant sur les paroles que ce changement d'univers prend tout son sens, et que l'on prend conscience de sa beauté profonde. Je vais terminer cette chronique en vous laissant réfléchir sur les dernières phrases de ce superbe morceau, qu'elles soient chantés, ou hurlées. Elles font écho au message général du groupe, et à son nom même. À hurler à la face du monde :
"We cut the air and we’ve found to lose your faith in the world is to lose faith in yourself. We are ghosts in your homes. We travel under the floor. And when our voices fail us we will find new ways to sing. When our bodies fail we’ll find joy in the peace that it brings. The world is a beautiful place but we have to make it that way. Whenever you find home we’ll make it more than just a shelter. And if everyone belongs there it will hold us all together. If you’re afraid to die, then so am I."
Conclusion : WOW. D'ou sortent-ils cet album, ces textes, cette musique, cette réunion si réussie d'influences ?! Je comprends désormais aisément l'enthousiasme de leurs fans, des chroniqueurs et des internautes. Cet album est éblouissant. L'objectivité me manque un peu pour le coup, haha ! Sorti un peu de nulle part, il a réellement tout pour devenir un album culte sur la scène emo actuelle. Je l'espère pour eux, car cet album est un vrai concentré d'émotions sincères et réconfortantes, de voyages, de rêves, d'évasions, de réflexions. C'est vrai, on ne peut rien lui reprocher à cet album, tout y est ! Un grand bravo à tout ces musiciens, qui ont produit un disque hyper éclectique, juste vraiment cool à écouter, ré-écouter, chanter seul dans chambre, et j'en passe... Vraiment, je vous le conseille vivement !
Tracklist :
1. Blank #9
2. Heartbeat in The Brain
3. Fightboat
4. Picture of a Tree That Doesn't Look Okay
5. You Will Never Go to Space
6. The Layers of Skin We Drag Around
7. Ultimate Steve
8. Gig Life
9. Low Light Assembly
10. Getting Sodas