Bon, la raison est simple : P R O C R A S T I N A T I O N . L'anxiété n'est plus vraiment une excuse, alors que je passais mon temps jusqu'à récemment à répondre à n'importe quel•le clampin•e sur les réseaux sociaux à les raisonner sur le coronavirus ou les violences policières. Pro tip : n'essayez pas ailleurs que dans la réalité.
Ce cher Euka, chroniqueur chez Metalorgie spécialisé dans le screamo, m'a contacté•e pour parler d'un disque dont j'étais persuadé•e d'avoir fait des louanges sur ces pages. Sauf que non, j'avais juste écrit un petit truc vite fait sur FB pour dire que ce disque, Origami, m'a sauvé d'une attaque de panique en l'écoutant la première fois alors que j'ai failli faire un malaise vagal en faisant mes courses (le propre du trouble panique). Mais alors qu'Euka a co-produit ce disque pour son label Seaside Suicide (excellente référence btw, que je préfère à celle des italiens, eh oui les o.g !), je me devais de rendre justice à cet album à l'heure où chacun•e dépose son bilan de fin d'année (ou le bilan tout court, vu les temps qui courent...), car c'est vraiment l'un de mes disques phare de mon année, au-delà de la forte valeur émotionnelle qui s'est construite autour de ce disque, pour moi.
Qui dit screamo italien dit généralement l'élite du screamo européen voire mondial, les américain•e•s sont souvent friand•e•s du style local, très mélodique et chaotique en même temps. Cette fois-ci, on est pourtant loin du sosie de RAEIN ou de LA QUIETE. ONE DYING WISH nous plonge dans un univers bien plus personnel, tout autant marqué par l'alternance entre les accalmies, les montées d'adrénaline et les couplets explosifs, très consistants.
Ce disque, composé dans une période étouffante d'anxiété et d'attaques de paniques pour le chanteur et guitariste Francesco, avec qui j'ai pu communiquer pour échanger sur nos souffrances communes, prend tout son sens dans une année somme toute très anxiogène : Les paroles tournent autour de ces problèmes sur lesquels il est finalement très compliqué de s'exprimer clairement sans paraître incompris•e ("Il Mare Minore"), sur la solitude ("Come Origami), autant que de la chute du monde dans lequel on survit et de sa fin certaine par notre faute ("Mediterraneo")...
Dès le premier morceau "Il Mare Minore", je ressens cette alchimie entre énergie hardcore et catharsis emo que l'on peut entendre chez des groupes comme THE SADDEST LANDSCAPE. Le second morceau "Contagio" va même jusqu'à me rappeler les débuts de DEFEATER ? (le saviez-vous ? Derek Archambault a brièvement joué de la guitare et posé quelques voix dans un groupe de screamo, TRANSISTOR TRANSISTOR) Ces influences hardcore parsèment l'ensemble du disque, donnant ce surplus de force dont le disque déborde déjà... Il y a beaucoup de sing-along sur ce disque ! Et c'est un très bon point : plus le temps passe, plus je suis sensible au hardcore plus dur ou plus catchy, qu'au screamo très chaotique et complexe. Le troisième morceau du disque, "Torna Da Me", fait d'ailleurs une balance parfaite entre tout ces éléments. "Mediterraneo" vous fera peut-être penser un peu à THURSDAY avec ses couplets chantés et sa petite réverb' mêlés aux influences emo.
Dans l'ensemble, ça m'a aussi pas mal rappelé ce que j'aime sur mon album préféré d'ENVY, All The Footprints You've Ever Left And The Fear Expecting Ahead. Sur le morceau final, "Come Origami", j'y entends d'ailleurs pas mal d'influs également issues des disques les plus récents des japonais. Ces grandes envolées mélodiques à la frontière du post-rock...
Ce disque est court pour un LP en soi, seulement 6 titres, mais tellement consistants et intenses que ça ne pose finalement aucun problème et qu'on y revient volontiers. C'est de toute façon compliquer de dépasser les 30 minutes sur un disque de screamo sans s'ennuyer. Je vous conseille donc fortement de tendre l'oreille à ce disque, ça vous fera du bien.