● Hey, c'est bientôt Noël et je vous ai même pas encore raconté ma première au Fluff ! Faut vraiment que j'apprenne à décrocher des trucs qui me prennent le temps que je pourrais consacrer à l'écriture... Mais il se trouve qu'un brouillon traînait, et que le voilà en ligne ! Prochain article en 2066 !
Des instants remplis d'une certaine insouciance, de chaleur, de liberté, des concerts en plein air sans aucune crainte de se faire lourdement racoler, embêter… Des instants précieux qu'il nous est de plus en plus difficile de trouver dans notre quotidien. C'est ce qui subsistera toujours en ce festival qui se tient quelque part en République Tchèque, une fois par an, en quelque sorte le paradis des fans de hardcore, de screamo, de crust... Un lieu où règne en quelque sorte la vie rêvée, faite de véganisme et d'amour. Bon, ça sonne un peu cheesy, mais il y a quand même du concret dans tout ça : la nourriture est réellement 100% vegan, tout est fait pour que l'espace du festival soit safe, il y a des stands de libraires / fanzines féministes, anarchistes, vegans... Et puis évidemment, les paroles ou l'engagement personnel de beaucoup de groupes. Quand on va au Fluff Fest, c'est pas seulement pour le line-up, c'est aussi pour vivre des instants précieux, une illustration de ce que serait le monde meilleur pour lequel on se bat. Un endroit où l'oppression, le stress, la compétition n'existent pas. Le pied, non ?
Le lieu où se tient le Fluff n'est, lui, malheureusement pas si idéal que ça: c'est un aérodrome situé au fond d'une petite ville de province tchèque nommée Rokycany, à une heure de train de Prague (le trajet en train Prague - Rokycany fait en revanche beaucoup de bien à la rétine...), une ville paisible avec ses quartiers bourgeois et ses cités. En termes d'espace et de tranquillité, c'est relativement cool. Mais visuellement, ce n'est pas vraiment confortable et rassurant : des petits pavillons en travaux, une route au loin... Mais au final, lorsque l'on est sur les lieux, on y fait abstraction. Quelque chose m'a également un peu irrité : j'ai l'impression que les flics tournaient beaucoup autour du festival cette année. J'ai vu pas mal de voitures de police autour de l'enceinte du festival, voire même à l'intérieur. Je crois qu'il y avait même un hélicoptère qui planait au-dessus du fest, lors du week-end. Auraient-iels eu vent du regain d'insurrection qui s'est élevé dans le milieu punk / hardcore ? Une appréhension de la prise de conscience un peu plus forte encore de la scène face à ce que le vieux monde politique et financier tente encore de nous imposer ? J'en ai eu l'impression. Et quelque part, c'était cool de se dire qu'on leur faisait peur. D'autres nous diraient qu'il s'agissait juste de nous « protéger », d'assurer la tranquillité du voisinage, les prétextes habituels. Quoiqu'il en soit, le Fluff Fest est un lieu où, peu importe la présence policière autour, la liberté est reine.
Cette année, le line-up n'était pas aussi fou qu'il ne l'était lors de précédentes affiches pour le fan de screamo que je suis, mais réservait de belles surprises et se voulait diversifié. Entre des pointures du hardcore tels Burn, Vitamin X ou Chokehold, des légendes du screamo comme City Of Caterpillar ou Heaven In Her Arms, des valeurs sûres telles que Birds In Row, Finisterre, Ruined Families ou d'ores et déjà Chaviré, ou bien de chouettes découvertes comme Modern Love, Rutka Laskier, Past, Cult Values.. C'était le Fluff de la curiosité. Il ne fallait pas avoir peur de se déplacer de tente en tente. Déjà, commençons tout de suite par les évidences, les sujets universels: une chose est sûre, le Fluff 2017 n'a déçu personne pour une chose : LA NOURRITURE. Une légende que l'on m'a longtemps vendu, et qui s'est confirmée : les seitan gyros, les hot dogs, les muffins, le « koala cola », les wrap gyros… Tout était absolument fabuleux. À croire que la bouffe était plus importante que les groupes, haha ! Il était assez facile (et périlleux pour le porte-monnaie) d'aller se resservir, tellement le plaisir gustatif était là… D'ailleurs, je tiens à adresser un grand bravo à celles – ceux qui se démènent en cuisine, car la cadence, ainsi que la qualité des plats, est forcément très dure à tenir, vu le nombre de festivalier.e.s et la demande rien que par personne…
la programmation complète du Fluff Fest 2017, cliquez sur l'image pour zoomer !
Je suis arrivé sur les lieux Jeudi soir, sous un magnifique soleil couchant… Et alors qu'on apprenait tou.te.s une nouvelle inattendue : le suicide par pendaison de Chester Bennington. Une nouvelle plombante, très probablement survenue à cause de la dépression et du lourd vécu du chanteur… On peut dire ce qu'on veut de Linkin Park, que c'est devenu nul, aseptisé, que c'est devenu de la pop FM (Linkin Park a arrêté le metal après Meteora, ACCEPTEZ-LE), on ne doit pas pour autant minimiser, et encore moins moquer cet acte. Saleté de maladie. C'est sous les blasts et les riffs atmosphériques de Solbrud que je suis arrivé au niveau des tentes. Le temps de découvrir les lieux de mes yeux quelques peu ébahis d'être enfin ici, j’ai malheureusement loupé leur set… Mais j'en ai entendu attentivement quelques parties, et ça sonnait vraiment bien. Puis de toute façon, j'allais les revoir la semaine suivante à Paris avec Wildernessking (EDIT : Je n'ai même pas pu voir Solbrud à Paris, tristesse…), le groupe qui allait jouer juste après eux ce soir-là. Je ne suis pas très fan de leur musique, mais c'était bien cool de les voir en live. Une belle énergie, une simplicité et une honnêteté très chouette à voir, une certaine différence de l'ensemble de la scène black metal : ni trop cliché ni « hipster », une atmosphère qui allait parfaitement de pair avec le temps, le soleil couchant… Un chouette set à vivre, et une bonne mise en bouche pour le véritable départ des festivités le lendemain. Il est temps pour moi et mes deux compagnon.ne.s de voyage (et de toujours !) de rentrer dans notre hôtel, une barre d'appartements modestes située à 10mn à pied de l'aérodrome, pour dormir un peu, après ces longs voyages en avion, train et bus depuis Prague… Eh oui, nous n'avons pas choisi de camper. L'idée nous mettait mal à l'aise... Je ne pense pas que l'on aura ce privilège l'an prochain d'ailleurs, haha !
Le premier jour officiel du Fluff s'annonçait plutôt maussade aux premiers abords, le ciel était couvert, on avait peur de se retrouver les pieds dans la boue. Pas idéal pour le pied-bouche et le pique-nique, mais yo, mes chaussures de rechange étaient dans le sac à dos pour ça ! Mais au final, le temps s'est dégagé, et c'était ciel bleu et maximum chaleur. Le premier groupe que je suis allé voir était Worst Days, à la tent stage. Leur hardcore chaotique, propulsant l'audience entre mathcore et metalcore, a réveillé de manière assez brutale les fluffien.ne.s, avec un frontman au regard insistant, ne quittant pas des yeux le public. Ce n'est plus vraiment un style que j'aime écouter au casque, mais c'est toujours passionnant et éprouvant à vivre en live, et Worst Days maîtrise bien leur sujet. Peu de temps après le Fluff, ils ont sorti un EP avec des influences screamo... Juste après leur set, il fallait affronter le soleil cuisant qui s'abattait sur la main stage pendant plusieurs heures, pour voir une belle liste de groupes qui se sont démenés tant bien que mal malgré la température. Le premier d'entre eux était Geraniüm, a.k.a le crust de salon strasbourgeois. Je ne les avais jamais vu auparavant, et la claque fût proportionnelle à mes attentes. Le soleil n'a guère affecté les crusties (y compris le batteur et son splendide baseball tee à l'effigie de Johnny Hallyday), qui nous ont proposé une demi-heure de d-beat, de blasts et de riffs sombres en cascade. Pas de poses, juste du gras ! Juste après eux, c'est Nine Eleven qui a enchaîné, et nous n'étions pas dépaysé : ils ont joué l’album Sentinels -techniquement un morceau concept- au complet, malgré quelques problèmes avec la guitare de Richard. Antoine (batterie) se démenait tant bien que mal, dans son élan impressionnant mais habituel, j'en avais presque de la peine pour lui, haha ! Il m'a expliqué au stand de bouffe pourquoi il a morflé plus que d’habitude, je le laisserais se justifier à qui le voudra, c’était pas grave mais c'était rigolo ;) Pour marquer le coup, les gaziers ont filé le micro à l'énergique frontwoman de LØVVE et Sisterhood Issue, pour chanter quelques mots. Un gros plaisir que de la revoir chanter avec 9/11, je me souviens de sa prestation avec le groupe à Paris comme si c'était hier, c'était fou ! Iels devraient enregistrer des morceaux ensemble, ça aurait vraiment de la gueule…
Après ce set bien cool de Nine Eleven, se sont présentés à la main stage l'un des groupes phares du screamo japonais… Mais Heaven In Her Arms sont en réalité bien plus que ça ! Au croisement du post-metal, du screamo, du post-rock et même du noise rock, les japonais -dont le nom est issu de la chanson de Converge du même nom- ont su rassembler au fil des années un public très large, et influencer des formations de divers courants musicaux. Cela s'est vérifié au sein du public venu nombreux assister à leur set. Quel meilleur endroit pour les voir que cette mainstage, au soleil couchant ? Entre classiques et morceaux issus de leur dernier, riche et surprenant nouvel album, White Halo, HIHA nous a dans l'ensemble émerveillé, et personnellement fait un peu rire avec cette esthétique propre aux groupes japonais, qui veut que le groupe soit toujours bien placé sur scène, avec un genre de sur-jeu de passion, avec un code vestimentaire spécifique… Mais quand même, on sait et on sent que les garçons sont réellement très passionnés par ce qu'ils jouent, et ne font pas semblant à ce niveau-là. Une superbe démonstration de force pour le groupe qui risque de prendre le dessus sur un Envy qui s’essouffle clairement et n'est plus que l'ombre de lui-même sans Tetsuya, dans le futur… Et il fallait au moins ça, pour préparer nos cœurs et nos yeux à ce qui allait suivre : les retrouvailles avec City Of Caterpillar ! Eh oui, je les avais déjà vu, la veille de mon départ à Prague, à Paris, dans un Point Ephémère complet, et avec Birds In Row en première partie, rien que ça. Deux prestations époustouflantes, mais occultées par une chaleur insupportable. On respirait quand même un peu plus à Rokycany, surtout que le soleil se couchait lorsque les skramzers sont montés sur scène. Le seitan gyros bien consistant, pris en attendant leur set avec les copains - copines, nous a fait du bien et nous a donné des forces pour entamer la soirée. CoC ont l’air d’être des garçons bien timides, surtout Brandon Evans. C'est marrant quand on y pense, vu l’influence qu'ils ont sur la scène screamo, et l’assurance qu'ils ont en jouant. Ce sont juste des gens comme les autres, se présentant sur scène en toute humilité et lucidité, impressionnés par la foule venus les voir en masse, pour la seule et unique fois pour beaucoup. Ils nous ont joué tous les tubes de leur répertoire, y compris les deux morceaux issus de leur dernier EP en date, Driving Spain Up A Wall, provoquant évidemment beaucoup de sing-along, de stage-dive… Bref, la fête ! Un gros plaisir que de les avoir retrouvés, en forme et plus à l'aise qu'à Paris, et de surcroît avec Kevin (guitare) qui portait un des nouveaux t-shirts de Birds In Row…
Un chouette moment de communion et d'émotions, qui bientôt sera tranché avec beaucoup de gras et colère. Juste après le set de CoC, les concerts s'enchaînaient sous la tent stage : Crevasse venait de monter sur scène, et je m'y suis très vite rendu. Je ne connaissais pas vraiment ce groupe, mais je le voyais passer assez souvent sur mes internets, les blogs, les distros… J'avais alors affaire à un genre de metal hardcore très sombre et gras, très influencé par le crust, avec une chanteuse qui occupe tout l'espace de la scène à elle toute seule de par sa hargne, son enthousiasme. Une force assez impressionnante se dégage de ses cris, de sa façon de se mouvoir sur scène, de son regard. De quoi complètement nous immerger dans l'univers de Crevasse, déjà pas si évident que ça à comprendre et apprécier. Mais définitivement, j'ai pris une sacrée claque, et visiblement le public était plus que réceptif, à voir tous les pogos et sing-alongs. Juste après leur set, je me suis empressé d'aller à la Psychtent, que j'ai vraiment trop peu visité cette année : je ne voulais absolument pas louper le set de Cult Values, l'une de mes grosses découvertes post-punk de l’année dernière, qui injecte dans leur musique pas mal d'influences hardcore. J'ai pu voir une bonne grosse moitié de leur set, ponctuée par de la fumée artificielle, et des gens ivres autour… C'est confirmé, c'est un très chouette groupe, qui ne ment pas sur l'énergie et la folie présente sur le S/T. À ne pas manquer et à découvrir ! Mais Ruined Families allait commencer, je ne voulais surtout pas les manquer, encore moins être relégué au fond de la tente… Ruined Families, c'est un concentré pur de colère, de frustration, de révolte, à cheval entre un screamo à la limte de l'emoviolence et du metalcore à l'ancienne. Les dignes héritiers de Majority Rule sont arrivés à la tent stage avec leur rage et leur conviction habituelle, entraînant d'emblée des sing-alongs et beaucoup d'agitation dans la fosse. Leurs paroles sont plus que jamais dans l'air du temps, et vont complètement de pair avec les idéaux du Fluff Fest. Pas grand monde s'est retenu de festoyer, de danser, d'hurler avec eux. Une journée déjà une riche en émotions… Et en achats, qui annonçait du bon pour les jours suivants. Mais j'ai malheureusement loupé Tapestry, un groupe d'emo venu de Singapour, qui vient de sortir un disque chez Middle-Man Records à l'heure où j'écris ces lignes, j'étais curieux de les voir jouer et de découvrir leur musique que je connaissais trop peu, mais qui d'après un ami sonnait tout doux et chaleureux comme j’aime.
Le deuxième jour du Fluff fût celui de la cuisson en plein jour : quelle chaleur ! Mais un Fluff ensoleillé, on ne va pas s'en plaindre… Une bonne crème solaire, et c'est parti ! Je plains celles et ceux qui ont eu l'idée de se tatouer pile avant le Fluff, j'en connais certain.e.s ^^ ! Au deuxième jour, on se sent à la maison, on a pris nos marques la veille, on a pris des habitudes, ça fait du bien. En se dirigeant vers l'enceinte du Fluff, sur la route du camping, une copine nous interpelle : « On joue à 14h sur l’open stage ! » C'était Mélanie, chanteuse de Jarod. Tellement cool de les voir jouer ici ! Elle m'en avait parlé quelques semaines auparavant, qu'iels allaient essayer de passer sur cette scène… Et les voilà devant nous, heureux.euse et un peu stressé.e.s au début, forcément. Leur set a rameuté pas mal de monde, et le groupe a été très bien reçu par l'audience ! Les petit.e.s potes étaient ému.e.s, c'était trop cool pour elle et eux... Mais pas l'temps d'niaiser, direction la tent stage pour voir Hyena. C'était quand même vachement plus agréable de les voir en plein air et en ces chouettes lieux qu'à Paris, non pas que le Collectif 23 était un mauvais endroit, bien au contraire, mais la fumée de clope et la pluie de bière n'étaient pas vraiment plaisants… Et définitivement, iels sont chouettes. Un peu trop de soleil et de chaleur pour leur emocrust triste, mais il fallait ça pour garder la tête haute et rester posi ! Mais pas d'inquétude, iels le sont de toute façon, chez Hyena.
Juste après le set des espagnol.e.s, Chaviré allait jouer sur la mainstage… Un choix bien curieux ! Les nantais venaient à peine de sortir leur premier album, Interstices, et voilà qu'on leur propose la grande scène. Autant vous dire que comme Jarod, ils étaient pas mal stressés ! Ils sont habitués aux petites salles, avec un public au plus près d'eux, souvent des potes au premier rang, au minimum des connaissances… C'est pas le genre de gars à vouloir devenir des stars ou des élites du skramz. Lorsqu'ils sont montés sur scène, on ressentait clairement l'appréhension de l'instant. Mais aussi l’excitation et la joie d'être ici, pour pouvoir exprimer leurs frustrations, leur colère, leur vécu à des personnes qui vivent loin de Nantes, qui sont d'un peu partout en Europe, parfois juste un peu plus loin, comme à Paris, Caen, Marseille… Pour simplement qu'on puisse célébrer et extérioriser tout ça tou.te.s ensemble, simplement. Et ça a marché, très bien même. C'était flagrant que les petits gars étaient impressionnés d'être là. Heureux, mais impressionnés. Puis au fur et à mesure que le set s'écoulait, ils se sont sentis de plus en plus à l'aise. Le sing-along des françai.se.s du premier rang les ont aussi aidé, j'imagine ! Un chouette set, plein d’enthousiasme et de force, qui a convaincu les festivalier.e.s qui les découvraient ce jour-là. J'attendais d'être au Fluff pour leur toper leur album, en rentrant chez moi au soir je me suis empressé d'aller lire le booklet. Et j'ai découvert une chouette surprise : un beau vinyle clair / noir marbré, du screenprint DIY, un grand booklet… Un chouette boulot. Vraiment, j’aime beaucoup ces punx :') !
Juste après eux, Finisterre allait leur succéder. Et je venais de comprendre que leur frontwoman est également celle de Crevasse ! Ainsi, je comprenais mieux le ton aussi sombre et grinçant de leur musique. Leur nouvel album était arrivé juste à temps pour le Fluff, et était dispo en édition spéciale pour le festival, à 40 exemplaires. Personne n'avait rien entendu de cet album avant leur set, on allait découvrir ce qu'il contenait pendant le festival, et la surprise fût de taille : leur neocrust est toujours aussi furieux et rageur, Manuela (chant) capture notre attention comme la veille avec Crevasse, avec une musique bien plus ponctuée de mélodies et d'accroches que la veille. Je pense pouvoir dire que ce fût l'un de mes concerts préférés : Manuela lançait des confettis dorés à la foule, le stage-dive était de mise et était relativement raisonnable, les nouveaux morceaux se sont avérés être excellents, et le final que l'on attendait tou.te.s, « Coffee killer » ! Iels ont fait monter sur scène un monsieur avec son vélo pour ce morceau, je n’ai pas compris pourquoi, mais c’était quand même rigolo !
Svffer enchaînait derrière, une suite quelque peu logique : PLUS RAPIDE ! PLUS FORT ! PLUS GRAS ! Eh oui, chez Svffer, on rigole pas, ça grind, ça crust, y'a de l'emoviolence, du metalcore… Leur prestation nous a fait l'effet d'un rouleau-compresseur. Une décharge brute de violence, que l'on attend pas forcément de la part de la frontwoman, qui n'inspire absolument pas le contenu de Svffer… Mais hey, les apparences, tout ça ! Une nouvelle démonstration de force, dont il fallait se remettre pour tenir le reste de la journée… L'une de mes potes voulait voir Rosa Parks, le groupe qui jouait juste après à l'open stage, que je ne connaissais que de nom. J'étais curieux, j'y suis allé, et curieux, ça l'était : on avait affaire à un genre de punk hardcore classique, des accélérations crust très cools, quelques petites pointes de screamo, et un chant qui parfois sonnait même comme du raggamuffin… Assez atypique, pas toujours convaincant, mais c'était malgré tout pas mal à voir.
Après tous ces efforts, la pause fût bien méritée ! Et nous l’avons pris en retrait de la mainstage, à l'ombre des stands de merch, alors que Vitamin X jouait. Avec Alexandre de Nous Étions et Hérésie, on se marrait un peu sur leur musique, qui sonne clairement comme du hardcore un peu cliché bagarre et bômecs musclés. Mais plus les chansons passaient, plus j'y trouvais des accroches, des riffs hyper efficaces, et les vocaux me parlaient bien. Puis j'ai craqué, je suis allé les voir « pour rigoler », et en arrivant, je voyais les gens du public s'échanger des pneus et des crocodiles gonflables, un frontman un peu typique du "straight-edge hardcore dude", partageant la scène avec un crustie à la guitare. Au final, oui je l'admets, j'ai trouvé ce set vraiment cool, c'était plein de fun, de bonnes vibes… Je me suis alors dit que je devais faire une session de rattrapage à la maison !
Après une longue pause manger, distro et copains-copines, il me restait à aller voir Woodwork, le seul autre groupe de la soirée qui m'intéressait (pensais-je alors jusqu'à la fin de leur set). J'étais content de les revoir, je me suis rappelé que j'ai pas mal aimé leur set lors de leur concert avec Chaviré à Paris au Picolo, et je suis attaché au message très engagé qu'ils délivrent. Et je suis de plus en plus sensible à leur musique, avec le temps… J'ai beaucoup aimé le second guitariste remplaçant, Loïc, et son attitude de chauffeur de salle, haha ! Un set à l'image de leur musique : engagée, percutante, virulente, avec malheureusement quelques attitudes relous de la part de certains moshers. C'est après ce set bouillonnant que mon Samedi s'est fini, avec une petite errance autour des tentes de merch avec les copains - copines, à refaire le monde… ET À LOUPER UNYIELDING LOVE. Avec David et Luna, mes compagnons de voyage, on voulait se reposer et ne pas rentrer trop tard, pour être en forme pour la journée marathon du lendemain, et Val, notre petit pote de Nantes, nous disait qu'il fallait absolument aller voir ce groupe qui d'après lui, et les dires de Alex Miss The Stars, sonne comme du Full Of Hell période Rudiments Of Mutilation, soit leur meilleure période. Mais le groupe a eu plusieurs déconvenues électriques, et leur set fût sans arrêt rallongé… On a choisi de go dodo, au moment où le groupe, animé d'une certaine frustration, ont donné un set énorme, d'après les retours que j'ai eu. J'ai également loupé Pacino que j'ai découvert au retour, un crossover post-hardcore / post-punk bien sympa, qui je pense valait le coup d'être vu en live pour saisir et vivre toute l’intensité de leur musique.
C'est forcément bien reposé.e.s que nous sommes arrivé.e.s au dernier jour du fest, préparé.e.s à un gros enchaînement de concert, du moins pour ma part. Mais de toute façon, pour chacun.e d'entre nous, l'affiche du Dimanche était très chouette et très riche. Mais on a eu quand même un peu peur : il pleuvait averse ! Mais heureusement, c'était littéralement une averse, au final ça n'aura pas duré plus d'un quart d'heure. Elle aura poussé les festivalier.e.s à se réfugier sous leur tente pour les plus téméraires, et sous la tentstage pour les gens de raisons : Sous ce coup de flotte, la journée a débuté avec beaucoup, beaucoup d'amour, grâce à Modern Love, le premier groupe de la journée, et dont le set entre définitivement dans mon top 3 du Fluff 2017. Even, le batteur, jouait auparavant dans Death Is Not Glamorous, l'un des meilleurs groupes de hardcore mélodique du monde, je déclare les bails, YOLO. Modern Love propose une musique irrésistible, au croisement du post-punk, de la britpop et du proto post-hardcore du Revolution Summer, comme si Rites Of Spring s'était empreint de romantisme et d'une certaine classe désabusée. Stonehenge Records a vraiment eu du flair en sortant leur album… Ce fût un set débordant d'émotions, avec un frontman vivant à 800% sa musique et ses valeurs, venant prendre dans ses bras ses ami.e.s et les gens du premier rang, venant chanter le plus possible auprès du public. Les larmes aux yeux et la voix tremblante, il nous a parlé du Fluff et des valeurs qu'il représentait, qu'il fallait les vivre chaque jour qui passe, les imposer au vieux monde. Il nous disait qu'il ne fallait jamais penser au suicide : « Please not fucking kill yourself, you promise? You promise? », sûrement un écho à Chester Bennington… On aurait pu se dire qu'il faisait semblant, que c'était surfait, mais non, il est comme ça tout le temps, me disait Phab de Chaviré. Et c'est beau ! Juste après eux, j'allais voir Past, qui allait être découverte sans trop m'attendre à quelque chose de fou, mais au final j'ai plutôt été conquis par leur post-punk frais mais pas trop froid, ponctué de cold wave. Quelques hits par-ci par-là, une suite bien cool au set de Modern Love, et un bol de fraîcheur qui faisait du bien sous le soleil qui commençait déjà à bien chauffer ! Leur lot d'amour a-t'il permis au ciel de se découvrir via une quelconque puissance spirituelle et astrologique ? Ce serait dommage en un sens, car les mecs sont anarchistes, m'enfin y'a coïncidence quand même, haha !
Et il fallait rester sous la tente, à l’abri de ce plein soleil, pour voir ce qui s'avère être ma plus grosse claque / découverte du Fluff. Rutka Laskier ont tout simplement remporté le Fluff Fest jeu, point. Un screamo / post-hardcore avec beaucoup de nuances, de surprises, de tension, rappelant des groupes comme Kidcrash ou Carson Wells. J'ai quand même l’impression que ça sonne vachement mieux en live qu'en studio, mais définitivement, quelle rouste ! Les riffs et les rythmiques n'arrêtaient pas de s'enchaîner et de nous sauter à la figure, de nous faire danser, hocher de la tête, de nous faire sourire… Un moment intense, je dois dire.
Toujours sous la tente, Time To Heal jouait après les tchèques, et ce fût l'instant hardcore bas du front que je ne voulais manquer pour rien au monde cette année (et pourtant, j'en ai loupé plein au final :( !). Il s'agit du side-project youth crew de Gabriel, batteur de No Omega. Et là aussi, quelle claque ! Une décharge sèche d'énergie au travers de brûlots hardcore simples mais avec des lyrics accrocheuses et des riffs bien sentis, et surtout un public extrêmement hypé, je ne m'y attendais pas ! Le sing-along était puissant, la chanteuse et son superbe t-shirt Tokio Hotel était pleine de ressource et vivait l'instant intensément et en se marrant, un chouette instant de good vibes !
Le point Suède du festival s'est poursuivi avec la délégation de la swedish skramz mafia, que je représentais avec un t-shirt que j'ai fait imprimer à trop cher à Paris, à Citadium… Complètement débile, mais que voulez-vous, quand on est fan… Plus sérieusement (lol), c'était hors de question que je loupe un concert d'un groupe suédois ! C'est donc Young Mountain qui a succédé à Time To Heal, un groupe que j'avais déjà vu en Mai au Miss The Stars Fest 2017 et qui m'avait laissé une très chouette impression, me rappelant pourquoi j'ai tellement les frissons en écoutant We're Drowning In Slowmotion… Je crois que c'était encore mieux au Fluff. Les nouveaux morceaux sont superbes, l'un d’entre eux est surnommé « Kebab » donc est forcément génial, c'est toujours aussi euphorisant et puissant qu'en studio. C'est juste un peu perturbant de vivre cet instant en journée et en plein soleil, Young Mountain est plutôt quelque chose à écouter de nuit, dans un espace clôt, ou sombre… Ou juste éclairé par des guirlandes. Pas de répit, il est temps de vite s'extirper de l'océan de feels dans lequel les suédois nous ont noyé, pour aller voir The Tidal Sleep. J'avais pas encore vraiment écouté leur dernier album, Be Water, à ce moment-là (et après deux / trois écoutes, il m'a bien plu !), puis j'étais un peu stressé. Ça jouait bien, ça jouait très carré (malgré des problèmes de guitare), et ça joue toujours TRÈS fort, si bien qu'avec mes pauvres bouchons de mousse, le son paraissait juste hyper étouffé, et ça gâchait un peu tout... Mais hey, ce fût vraiment un chouette ressenti de les voir sur la mainstage, de les voir prendre autant de plaisir, c'est toujours hyper efficace en live. Et puis, je pense que j'étais trop marqué par l'impatience de la suite pour réellement m'imprégner du set : je voulais manquer le moins possible du set de Shizune, l’une de mes grosses attentes du Fluff, et elle fût comblée. Leur screamo arraché, passionné, sonnait comme en studio, avec la classe à l'italienne en live… Je vais sans doute en faire hurler plus d’un.e, mais Shizune en live c'est quand même vachement mieux que Raein haha ! Mais voilà, il fallait que j'abandonne les italiens au milieu d’un excellent show pour ne pas louper Shirokuma. Un peu perturbant de les voir en mainstage en soi, car comme avec Chaviré, c'est pour moi le genre de groupe qui se savoure dans des lieux beaucoup plus intimistes. Jonathan semblait d’ailleurs aussi un peu intimidé. Mais comme je m'y attendais un peu au final, ce fût une chouette prestation, un chouette moment d'émotions et de voyage pour moi, même si j'ai vraiment préféré les voir au Miss The Stars Fest 2016. Les garçons ont pioché un peu partout dans leur discographie, entre l'EP Empty Squares & Thinner Lines, le split avec Suis La Lune et leur album Sun Won't Set.
Et voilà qu'arrive la dernière halte nourriture du Fluff… LE DERNIER GYROS. J'aurais voulu embarquer des caisses entières de ces divins sandwiches à la maison… J’en ai profité pour prendre quelques desserts, du brownie et des cupcakes, chose que je n’avais pas encore fait jusque-là… Et j’ai bien fait, car non seulement c’était délicieux, mais il fallait prendre des forces pour finir une soirée qui s’annonçait toujours plus riche en émotions…
Je ne vais pas être hyper objectif pour le coup je pense, mais bon… Vous l’aurez deviné, l’avant-dernier groupe à jouer sur la mainstage cette année fût Birds In Row. A force, je connais par cœur la configuration live du groupe, mais on ne va pas se mentir, c’est toujours un plaisir de les voir. Surtout avec leur nouveau set, qu’ils nous avaient déjà proposé à Paris la veille de mon départ à Prague, et que j’ai retrouvé avec un énorme plaisir : il propose une nouvelle chanson qui traite de toute la merde politique et électorale qu’on a vécu en rance en 2017, des classiques de You, Me & The Violence, des chansons du split avec WAITC, et quelques chansons de Cottbus… Dont l’une des chansons ultimes de ma vie, « A Kid Called Dreamer ». Ce concert a réuni énormément de monde, et probablement tou.te.s les françai.se.s du Fluff, dans un élan cathartique propre aux concerts des lavallois. Un moment très intense, un peu pénible au niveau des stage-dive beaucoup trop nombreux ceci dit, mais très chouette concert.
Et le grand final du fest aura été pour moi Cassus, un peu le groupe modèle d’un groupe qui joue au Fluff... Ce qui s’avère également être l’un des groupes les plus intéressants et représentatifs du screamo actuel nous ont proposé, à la lumière de leurs guirlandes réconfortantes, contrastant avec la nuit noire, un show intimiste, explosif, ébouriffant, très rapide, le tout comme toujours me direz-vous. Le groupe n’est pas très bavard, mais à l’arrivée, le groupe remercie toujours avec beaucoup d’amour le public.
Alors on arrive à ce moment où je dois dire si mon expérience avec le Fluff était cool ou non… Bah, quelle question ?! Evidemment que c’était cool. Pour être honnête, j’aurais aimé connaitre ces affiches où il y avait plus encore de groupes screamo, mais j’ai franchement aimé la diversité de l’affiche. J’ai enfin compris la légende de la « Fluff food », l’ambiance était au top sans surprise, le café était excellent, je me suis ruiné en disques et en merch, et puis la météo a été très clémente avec nous, et ça c’est précieux ! J’ai un regret cependant : l’hygiène des toilettes… Je sais que c’est pas évident de tenir propre des sanitaires ambulantes, surtout sans arrivée d’eau. Je pense que c’est également un problème de respect de la part de certain.e.s festivalier.e.s (sur lequel on peut argumenter au vu des dizaines de canettes abandonnées au sol sur les lieux du fest…). Mais un petit effort d’organisation à ce niveau-là, et un effort au niveau des festivalier.e.s, je pense que ce sera pas vraiment du luxe.
Mais en tous les cas, pour maintenir un festival de la sorte en vie, en totale autonomie, avec des partis pris risqués pour elles / eux, il faut derrière une organisation et un courage incroyable. Un grand bravo à tou.te.s, bénévoles ou orga, pour ce boulot énorme, pour nous permettre de vivre cette bouffée d’air frais chaque été. Pour ma part, j’essaierais d’y revenir l’an prochain… Ça vaut vraiment, VRAIMENT le déplacement, ne serait-ce que pour l’ambiance, ET LA BOUFFE.
Bisous.